Claude Onesta a pris tout son temps pour enfin livrer la liste des 17 joueurs qui demain monteront dans l’avion vers la Pologne afin de participer dès vendredi à l’Euro. Parmi les éléments qu’il avait à sa disposition, le sélectionneur a écarté le Nantais Nicolas Claire. En revanche, son partenaire de club Théo Derot fera bien le voyage.

par Yves MICHEL

Claude Onesta aime brouiller les cartes, temporiser et faire patienter les journalistes pour ne livrer la liste des (finalement) 17 joueurs qu'après un délai de 24H par rapport au timing initialement prévu. Le groupe a passé son lundi après-midi à l’INSEP avec pour certains, des tests d’évaluation et pour d’autres, une séance de récupération. Et ce n’est qu’après toutes ces péripéties que le sélectionneur a rendu son verdict. Il embarque dans son sillage vers Cracovie, les incontournables et tous les joueurs de la jeune génération qu’il avait sous la main depuis Capbreton dont les deux derniers arrivés, Nédim Rémili et Théo Derot. En revanche, Nicolas Claire dont Claude Onesta regrettait la veille, ne pas savoir à quel poste le mieux l’utiliser, ne fera pas le déplacement.

Une première pour Théo Derot

Que demander de plus lorsqu'on figure parmi les invités de dernière minute et que le nombre de sélections (3) est aussi mince que les chances d'être dans un groupe d'étoiles appelées dès cette semaine à disputer l'Euro polonais. Et pourtant, Théo Derot (notre photo de tête) a beau se pincer, son nom figure en bonne place sur la liste du chef. « C'est beaucoup de joie, c'est une très belle compétition et la faire avec l'équipe de France de handball qui est pour moi la plus grande équipe de ces 20 dernières années, c'est une fierté. Quand je pense que le 15 décembre dernier, j'étais tranquille chez moi, j'organisais le retour en famille pour les fêtes de Noël et mes vacances. Le lendemain, pendant une séance de muscu avec Nantes, j'apprends que je pars en stage avec l'équipe de France, c'est fou. Derrière, tout s'est enchaîné. » Et c'est à Bercy, devenu son nouveau jardin que le bizut a pu donner un aperçu de son talent. Un but face au Qatar et dix trop courtes minutes passées sur le parquet et le lendemain, face au Danemark, il mettra le feu d'entrée s'illustrant à trois reprises en à peine quatre minutes. « Je suis entré sans pression avec le désir de croquer le moment. Didier et Claude m'ont fait confiance en début de match et j'ai juste essayé de leur rendre. Il y a eu des bonnes choses, d'autres un peu moins bien, quelques hésitations, j'ai joué à fond et c'est le principal. Maintenant tout ce qui arrive ne sera que bonus. » Et cet instant, Théo Derot l'a certainement imaginé dans ses rêves les plus fous. Au moins depuis qu'il a pris conscience que le handball ferait totalement partie de sa vie d'homme. A 23 ans, même si sa présence en France A n'est conditionnée que par les circonstances, il franchit là une nouvelle étape. Comme l'été dernier, lorsqu'il a décidé de rallier Nantes et quitter le cocon istréen où Gilles son père, ancien international aux 167 sélections (entre 1984 et 1992), l'a fait progresser. « Il était à Bercy au 6ème rang et il n'a rien loupé (sourires). On a pu discuter un peu après, il était bien-sûr très content de me voir et de pouvoir aussi être là. On n'a pas vraiment parlé handball, il m'a juste dit de profiter et de prendre le plus de plaisir possible avec cette équipe.» Le conseil sera scrupuleusement suivi. Chez les Derot, le handball est une affaire de famille avec donc le papa (entraîneur d'Istres en pro D2) mais aussi les deux oncles Jean Louis, joueur de bon niveau à la fin des années 80 et... un certain Christian Gaudin, gardien de l'équipe des Barjots, double champion du Monde en 1995 et 2001 et actuellement entraîneur de Sélestat (pro D2).

Le retour d'Honrubia 

En sélectionnant 17 joueurs, Claude Onesta reste cohérent par rapport au discours qu'il tenait la veille en conférence de presse. Il a la possibilité d'aligner au maximum 16 éléments sur la feuille et devra en laisser un dans les tribunes. D'ici vendredi, il aura fait son choix. Tout dépend surtout de la rapidité avec laquelle Adrien Di Panda retrouvera ses sensations. L'entraîneur compte sur le Raphaélois qui de son côté ne part pas en Pologne pour faire du tourisme.

Samuel Honrubia lui, est donc remis en selle et ce n'est pas plus mal ! La révélation des Jeux Olympiques de Londres a traversé depuis la fin de l’été 2012, plus de bas que de hauts. Le boulet traîné après une mise en examen dans l’affaire des paris, un temps de jeu de plus en plus réduit au PSG, un Mondial au Qatar tronqué où il passera le plus clair de l’épreuve dans les tribunes ne lui ont pas apporté toute la sérénité requise pour aller de l’avant. Tout en restant dans son strict périmètre, l’Héraultais de naissance a toujours su trouver des raisons d’espérer. En fin de contrat avec Paris, il vient de changer d’agent pour mieux se relancer… dans un club sans doute moins clinquant mais où il pourra s’exprimer pleinement. La Pologne peut être pour lui une terre de... résurrection.

La liste des 17 joueurs tricolores pour l'Euro masculin (Cracovie - Pologne)