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Euro : Claude Onesta "que voulez-vous qu’on leur dise"

Euro

jeudi 28 janvier 2016 - © Cathy Tachdjian

 5 min 58 de lecture

Alors que les joueurs sont invités à se déplacer à Wroclaw pour disputer dans un quasi anonymat (il n'est même pas sûr que les quelques supporters français affrontent les 600 km aller-retour du trajet), la déception est encore sur tous les visages français après ce qui a lieu d'appeler "la déconvenue norvégienne". Et pourtant, il va bien falloir continuer. Surtout que l'année internationale n'est pas terminée puisque cet été les J.O se profilent à l'horizon. La France est pour le moment, la seule équipe européenne directement qualifiée.

Retour sur quelques échanges avec les protagonistes....

Claude Onesta, manager de l'Equipe de France

C’est une déception comme ces cadres qui passent à côté ?
Evidemment, pour eux d’abord, les plus malheureux, ce sont quand même les joueurs et après il faut effectivement regarder ce qui nous manque. Soit on arrive à être dominant sur les matchs et à partir de là, on a une vrai capacité à faire déjouer l’adversaire, à les pilonner. Quand on ne domine on est tout de suite fragilisé, on perd de la lucidité, de la confiance, on joue au ralenti. On est à 7- 4 longtemps et on rate beaucoup de tirs faciles, si on est capable peut-être de faire un écart plus conséquent, c’est eux qui vont rentrer dans une phase de doute et de difficultés. On n’a pas su le faire. On a trop de déchets à la finition. Ensuite le match s’inverse, ils nous dominent et on essaie de faire ce qu’on peut mais aujourd’hui, ce n’était pas assez.

On n’a pas trop vu les pivots ?
On n’a pas vu les pivots, pas les tireurs ou pas souvent. Quand tu prends aussi régulièrement ce qu’on a pris en défense, c’est difficile d’aller aborder la phase offensive avec enthousiasme. Tu te fais marcher dessus, tu subis, tu as l’impression à tous les coups même en surnombre, tu finis par en prendre. Sur le rythme à un de plus, ils ont réussi à nous déborder. Ils faisaient des grandes courses, les enchainaient, finissaient par nous faire plier. Après, en attaque, tu te dis, si on ne marque pas on est cuit car les autres marquent à tous les coups. Après on peut analyser, on a manqué de dynamisme, d’enthousiasme un peu, mais ce n’est pas faute d’avoir voulu, essayé. Il faudra analyser le match de la Pologne et celui-ci qui se ressemblent beaucoup. A chaque fois qu’on se met dans ces situations-là et il n’y a pas de raison lorsqu’on se mette dans ces situations-là qu’on ne paie pas la note.

Le match de classement ? C’est une « punition » ?
Cela va être plus compliqué à gérer, ce n’est pas la fin de compétition qu’on espérait, maintenant on pourra relativiser avec un peu de temps. L’équipe qu’on avait, les soucis, il y a un mois et le parcours réalisé, notamment en emmenant avec nous certains joueurs qui ont progressé, et qui pour l’avenir. Se re-concentrer pour ce match sera compliqué mais chacun devra bien terminer cette aventure faite de qualité, de beaucoup de plaisir à être ensemble. Ce n’est pas ce qu’on était venu chercher, donc forcément on est déçu.

Cet échec doit-il être comparé à celui de 2012 ?
Non, non pas du tout ! En 2012, on était en faillite permanente. Les matchs réussis resteront des référents dont on pourra se servir. Il faut analyser ces deux défaites conséquentes, mais ce n’est pas un dérapage. Cela a été souvent bien géré, bien contrôlé, le travail a été de qualité. Ce qui nous manque, c’est un peu de flamme et d’efficacité surtout. On a trop de joueurs référents qui sont aujourd’hui dans un rendement qui est insuffisant pour pourvoir gagner à ce niveau-là. On ne va pas leur jeter la pierre. Ce sont les mêmes qui étaient brillants la veille alors que voulez-vous qu’on leur dise ?

Nicolas Karabatic, demi-centre des Bleus

Ta main blessée t'a-t-elle gênée ?
Oui je ne pouvais pas bien défendre, j’ai essayé d’attaquer, ce n'était pas bien non plus. Cela fait partie du jeu, je n’ai pas eu de chance, c’est comme cela.

Quand on est habitué à gagner, c'est plus dur d'encaisser ?
C’est peut-être bien, comme cela on va déshabituer les gens un petit peu. On les avait habitués à l’exploit. J’ai lu que le handball, c’était facile quand l’équipe de France dominait trop. Cela va laisser les autres gagner et la prochaine fois que l’on gagnera les gens s’étonneront un peu plus et on sera un peu plus considéré.

Les Jeux restent l’objectif principal ?
Oui c’est clair mais on est déçu, même si on savait que ce serait dur, cet Euro avec les nombreuses blessures, mais on avait confiance en nous, même si on avait moins de rotations. On jouait bien. Tout n’est pas à jeter, on a fait des très, très belles performances, des belles séquences. On a deux matchs qu’on joue très mal où on n’a pas réussi à revenir. Cela c’est décevant. Ce n’est pas un Euro catastrophique pour nous, cela laisse des promesses pour la suite. On voulait rentrer dans ce dernier carré. On n’y est pas, il faut se remettre au travail, finir avec les clubs. Et revenir dès cet été. On a notre ticket pour les JO, c’est le grand objectif de toutes les équipes. Il faut analyser, passer outre et avancer vers cet été.

Le match de classement, il est compliqué à jouer ?
Oui c’est un exercice encore plus compliqué il faut jouer la 5/6, tu n’as rien à jouer. On m’a dit que c’était le Danemark qui a perdu ce soir. Mais bon, tu as le maillot de l’équipe de France, tu ne peux pas ne pas être à fond. Je ne sais pas du tout comment les coachs vont gérer ce match. Il faut faire un beau match et bien finir cette aventure et je le répète tout n’est pas négatif.

Michael Guigou, ailier gauche des Bleus

Vous avez été surpris par la Norvège ?
Oui, elle a énormément progressé. Sur notre 5/1 on n’a pas forcément été à l’aise sur un pivot. Myrhol n'avait marqué que trois buts depuis le début de la compétition et là ils ont été très bien servis. C’est une équipe qui joue bien. Ils nous ont bien écartés. Quand tu joues une équipe en confiance, tu sais que cela va être dangereux. En tout cas, félicitations à la Norvège qui fait un beau match.

Les rotations ont beaucoup joué ?
Non on n’a pas fait le meilleur match qu’on devait faire à ce moment-là, individuellement et collectivement. On est passé à côté.

C’est une immense déception, il faut que la France apprenne à perdre ?
Qu’on apprenne à perdre, on sait perdre ! Justement c’est parce qu’on a perdu qu’on a réussi à gagner par la suite. Je pense que sur ce tournoi, on était largement capable d’aller au bout. Il nous a manqué peut être de la fraîcheur, des rotations, de sortir le grand match quand il le fallait. On l’a sorti contre les mauvaises équipes.

Euro : Claude Onesta "que voulez-vous qu’on leur dise" 

Euro

jeudi 28 janvier 2016 - © Cathy Tachdjian

 5 min 58 de lecture

Alors que les joueurs sont invités à se déplacer à Wroclaw pour disputer dans un quasi anonymat (il n'est même pas sûr que les quelques supporters français affrontent les 600 km aller-retour du trajet), la déception est encore sur tous les visages français après ce qui a lieu d'appeler "la déconvenue norvégienne". Et pourtant, il va bien falloir continuer. Surtout que l'année internationale n'est pas terminée puisque cet été les J.O se profilent à l'horizon. La France est pour le moment, la seule équipe européenne directement qualifiée.

Retour sur quelques échanges avec les protagonistes....

Claude Onesta, manager de l'Equipe de France

C’est une déception comme ces cadres qui passent à côté ?
Evidemment, pour eux d’abord, les plus malheureux, ce sont quand même les joueurs et après il faut effectivement regarder ce qui nous manque. Soit on arrive à être dominant sur les matchs et à partir de là, on a une vrai capacité à faire déjouer l’adversaire, à les pilonner. Quand on ne domine on est tout de suite fragilisé, on perd de la lucidité, de la confiance, on joue au ralenti. On est à 7- 4 longtemps et on rate beaucoup de tirs faciles, si on est capable peut-être de faire un écart plus conséquent, c’est eux qui vont rentrer dans une phase de doute et de difficultés. On n’a pas su le faire. On a trop de déchets à la finition. Ensuite le match s’inverse, ils nous dominent et on essaie de faire ce qu’on peut mais aujourd’hui, ce n’était pas assez.

On n’a pas trop vu les pivots ?
On n’a pas vu les pivots, pas les tireurs ou pas souvent. Quand tu prends aussi régulièrement ce qu’on a pris en défense, c’est difficile d’aller aborder la phase offensive avec enthousiasme. Tu te fais marcher dessus, tu subis, tu as l’impression à tous les coups même en surnombre, tu finis par en prendre. Sur le rythme à un de plus, ils ont réussi à nous déborder. Ils faisaient des grandes courses, les enchainaient, finissaient par nous faire plier. Après, en attaque, tu te dis, si on ne marque pas on est cuit car les autres marquent à tous les coups. Après on peut analyser, on a manqué de dynamisme, d’enthousiasme un peu, mais ce n’est pas faute d’avoir voulu, essayé. Il faudra analyser le match de la Pologne et celui-ci qui se ressemblent beaucoup. A chaque fois qu’on se met dans ces situations-là et il n’y a pas de raison lorsqu’on se mette dans ces situations-là qu’on ne paie pas la note.

Le match de classement ? C’est une « punition » ?
Cela va être plus compliqué à gérer, ce n’est pas la fin de compétition qu’on espérait, maintenant on pourra relativiser avec un peu de temps. L’équipe qu’on avait, les soucis, il y a un mois et le parcours réalisé, notamment en emmenant avec nous certains joueurs qui ont progressé, et qui pour l’avenir. Se re-concentrer pour ce match sera compliqué mais chacun devra bien terminer cette aventure faite de qualité, de beaucoup de plaisir à être ensemble. Ce n’est pas ce qu’on était venu chercher, donc forcément on est déçu.

Cet échec doit-il être comparé à celui de 2012 ?
Non, non pas du tout ! En 2012, on était en faillite permanente. Les matchs réussis resteront des référents dont on pourra se servir. Il faut analyser ces deux défaites conséquentes, mais ce n’est pas un dérapage. Cela a été souvent bien géré, bien contrôlé, le travail a été de qualité. Ce qui nous manque, c’est un peu de flamme et d’efficacité surtout. On a trop de joueurs référents qui sont aujourd’hui dans un rendement qui est insuffisant pour pourvoir gagner à ce niveau-là. On ne va pas leur jeter la pierre. Ce sont les mêmes qui étaient brillants la veille alors que voulez-vous qu’on leur dise ?

Nicolas Karabatic, demi-centre des Bleus

Ta main blessée t'a-t-elle gênée ?
Oui je ne pouvais pas bien défendre, j’ai essayé d’attaquer, ce n'était pas bien non plus. Cela fait partie du jeu, je n’ai pas eu de chance, c’est comme cela.

Quand on est habitué à gagner, c'est plus dur d'encaisser ?
C’est peut-être bien, comme cela on va déshabituer les gens un petit peu. On les avait habitués à l’exploit. J’ai lu que le handball, c’était facile quand l’équipe de France dominait trop. Cela va laisser les autres gagner et la prochaine fois que l’on gagnera les gens s’étonneront un peu plus et on sera un peu plus considéré.

Les Jeux restent l’objectif principal ?
Oui c’est clair mais on est déçu, même si on savait que ce serait dur, cet Euro avec les nombreuses blessures, mais on avait confiance en nous, même si on avait moins de rotations. On jouait bien. Tout n’est pas à jeter, on a fait des très, très belles performances, des belles séquences. On a deux matchs qu’on joue très mal où on n’a pas réussi à revenir. Cela c’est décevant. Ce n’est pas un Euro catastrophique pour nous, cela laisse des promesses pour la suite. On voulait rentrer dans ce dernier carré. On n’y est pas, il faut se remettre au travail, finir avec les clubs. Et revenir dès cet été. On a notre ticket pour les JO, c’est le grand objectif de toutes les équipes. Il faut analyser, passer outre et avancer vers cet été.

Le match de classement, il est compliqué à jouer ?
Oui c’est un exercice encore plus compliqué il faut jouer la 5/6, tu n’as rien à jouer. On m’a dit que c’était le Danemark qui a perdu ce soir. Mais bon, tu as le maillot de l’équipe de France, tu ne peux pas ne pas être à fond. Je ne sais pas du tout comment les coachs vont gérer ce match. Il faut faire un beau match et bien finir cette aventure et je le répète tout n’est pas négatif.

Michael Guigou, ailier gauche des Bleus

Vous avez été surpris par la Norvège ?
Oui, elle a énormément progressé. Sur notre 5/1 on n’a pas forcément été à l’aise sur un pivot. Myrhol n'avait marqué que trois buts depuis le début de la compétition et là ils ont été très bien servis. C’est une équipe qui joue bien. Ils nous ont bien écartés. Quand tu joues une équipe en confiance, tu sais que cela va être dangereux. En tout cas, félicitations à la Norvège qui fait un beau match.

Les rotations ont beaucoup joué ?
Non on n’a pas fait le meilleur match qu’on devait faire à ce moment-là, individuellement et collectivement. On est passé à côté.

C’est une immense déception, il faut que la France apprenne à perdre ?
Qu’on apprenne à perdre, on sait perdre ! Justement c’est parce qu’on a perdu qu’on a réussi à gagner par la suite. Je pense que sur ce tournoi, on était largement capable d’aller au bout. Il nous a manqué peut être de la fraîcheur, des rotations, de sortir le grand match quand il le fallait. On l’a sorti contre les mauvaises équipes.

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