LNH: Alex Lynggaard et ses lunettes à longue portée

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jeudi 11 février 2016 - © Yves Michel

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Epique dans la (jeune) histoire de St Raphaël ! Pour la 1ère fois depuis qu'ils sont en LNH, les Varois sont allés s'imposer à Montpellier (27-28). Et ils doivent la conclusion de leur exploit à leur pivot danois Alexander Lynggaard qui a inscrit le dernier but dans des conditions dantesques.

par Yves Michel et l'envoyée spéciale à Montpellier, Anne Champion

Ils attendaient cela depuis longtemps, depuis même très longtemps puisque tout simplement, cela n’était jamais arrivé ! Saint Raphaël n’avait jamais battu Montpellier sur ses terres (9 tentatives - 9 défaites). Mais cette 1ère historique, on s’en souviendra longtemps. Il y a le résultat bien-sûr mais il y a la façon dont cette victoire a basculé dans le camp varois. Alors que tout le monde s’apprêtait à quitter Bougnol sur un score de parité (27-27), il y a eu ces fameuses trois dernières secondes. Dans un tel contexte, difficile d’imaginer que le score évolue… et pourtant !

La possession est varoise. Sur l’engagement, le pivot Alexander Lynggaard n’esquisse aucun pas. Du rond central, le puissant bras du Danois catapulte un "scud" vers la cage de Vincent Gérard. Surpris par la trajectoire du ballon qui se loge en pleine lucarne, le gardien montpelliérain reste cloué sur place. L’impensable vient d’avoir lieu. Ce but venu de quasiment nulle part envoie l’équipe de St Raphaël au 7ème ciel et lui permet de s’installer seule à la 2ème place de la LNH avec désormais 4 points d’avance sur… Créteil et Montpellier. « C’est vrai que dans une telle position, cela ne m’était pas arrivé souvent de marquer, avouera Lynggaard. En fait, DiP (Adrien Di Panda) voulait que je lui mette un kung-fu. On n’avait pas le temps. J’ai vu Gérard un peu avancé et j’ai tiré. » Aussi simple à raconter, pas évident à réaliser.

Ce succès, les Azuréens ne l’ont volé à personne. Montpellier n’a que trop rarement pesé sur la rencontre et lorsque les joueurs de Patrice Canayer ont décidé de réagir, il était bien trop tard. Avec une entame aussi capricieuse que brouillonne, une défense qui va mettre dix bonnes minutes à trouver le bon ajustement, Montpellier ne s’est pas mis dans les meilleures conditions pour imposer son rythme (1-6 après 5’). La rentrée de Michaël Guigou et un changement défensif temporaire vont contribuer à stopper l’hémorragie. Derrière, les arrêts de Vincent Gérard (notre photo) feront le reste. Et par deux fois, à 7 mètres, Dragan Gajic ramènera un peu plus de sérénité dans son camp. Pour l’égalisation (8-8 à la 16ème), pour la prise en mains des opérations, deux minutes plus tard. Mais Montpellier malgré une double supériorité numérique ne va jamais parvenir à avoir plus de deux buts d’avance. Et alors que Guigou venait de quitter le terrain en boitillant (il reviendra peu après), St Raphaël un temps en manque de solutions offensives va remettre le couvert (12-14 à la pause).

Deux buts à remonter, en d’autres circonstances, qui plus est à dans leur antre, les Montpelliérains auraient largement rempli le contrat. Le début du second acte ne les mettra pas en confiance. La rentrée de Jure Dolenec (blessé avant la trêve) va entretenir l’illusion et les parades de Vincent Gérard (21 sur l’ensemble) vont retarder l’échéance. L’attaque héraultaise ira à maintes reprises s’encastrer dans le bloc défensif varois talentueusement orchestré par le duo Hmam-Di Panda. Diego Simonet aux abonnés absents (du moins pendant 50'), Aymen Toumi vendangeant à la suite deux buts faciles face à un excellent Djukanovic, il n’en fallait pas plus pour que St Raph’ reste devant. Dans le marasme ambiant, seuls "Mika" Guigou et Vincent Gérard parvenaient à garder la tête hors de l’eau (20-23 à la 47ème). Ce dernier quart d’heure sera une offrande pour les amateurs de sensations fortes.

St Raphaël va tout simplement rester très concentré sur son sujet. Même si Montpellier parvenait à refaire son retard de trois buts et égaliser à 10 secondes de la fin. Joël Da Silva, l'entraîneur varois commençait à se mordre les doigts de ne pas avoir posé un temps mort plus tôt, la table de marque perdait le fil et le chrono. Il restait en fait, trois secondes à jouer. Trois secondes cruelles pour les Héraultais... à cause d'un Danois de 2 mètres et de 100 kg né à Koge en 1990 sur les bords de la Baltique. Le Danemark sera encore dans les têtes azuréennes ce dimanche avec le 1er match de phase de groupe de l'EHF à Silkeborg. Une fois l'euphorie de la soirée montpelliéraine évacuée, il va falloir se remettre sur l'ouvrage. Pour Montpellier, la suite, c'est la réception de Barcelone en LDC. Chaleur !

Les réactions d'après-match:

Adrien Di Panda, arrière droit de St Raphaël: « C'était un match très engagé physiquement, à la fin on sent bien que les deux équipes étaient très éprouvées. On savait que le début de match serait important, qu'il ne fallait pas courir après le score pour tenir sur la longueur. Et même s'ils sont revenus, on a su garder le fil et au final, ce sont eux qui ont payé leurs efforts. Ce dernier but, je crois que s'il n'y a pas un grain de folie pour gagner à Montpellier, c'est impossible de gagner. Ce grain de folie, on l'a eu ce soir mais on ne l'aura pas deux fois ici. Peut-être que c'est parce qu'on méritait la victoire.»

"Micha" Djukanovic, gardien de St Raphaël: « C'est une bonne reprise, en espèrant que ça va continuer. Le début de match qu'on fait nous permet de souffler un peu. On est content, c'est notre première victoire à Montpellier.Après on a un calendrier compliqué jusqu'à fin mars. J'espère qu'on va récupérer les blessés (notamment les deux Roumains Simicu et Popescu) parce qu'on va beaucoup voyager. On doit se concentrer sur le championnat mais on va voir comment ca se passe aussi en Coupe d'Europe. J'espère qu'on va garder ce sourire jusqu'à la fin du championnat. »

Michaël Guigou, capitaine de Montpellier: « On rate complètement notre entame, Saint-Raphaël a vraiment fait un beau match et il faut les féliciter. On sait depuis un moment que le tournant de la saison a eu lieu. Avec les différents départs, on s'adapte mais très franchement, c'est difficile. On a des rotations mais on n'a pas de tireurs. Après mathématiquement tant pis, on est à la place qu'on mérite et par rapport à l'équipe qu'on a actuellement, on fait ce qu'on peut. Ce n'est que le début de la 2ème phase de championnat mais j'ai l'impression qu'on est déjà fatigués, ça va être long et difficile.»