L'échéance approche. Le PSG est arrivé dans la soirée à Cologne et a rejoint Kiel, Veszprém et son 1er adversaire Kielce dans le même hôtel, à proximité de la Lanxess Arena. Même s'il a commencé à engranger de l'expérience, ce Final Four sera une découverte pour Luka Karabatic. Tout excité à l'idée d'y participer.
par Yves MICHEL
Ils sont sept joueurs du PSG à avoir déjà goûté à la magie du Final Four de Cologne depuis sa création en 2010. Quatre d’entre eux se sont imposés en finale. A deux reprises pour Daniel Narcisse et Thierry Omeyer avec Kiel (en 2010 et 2012), une fois pour Igor Vori avec Hambourg (en 2013) et Nikola Karabatic avec Barcelone (la saison dernière). Pour les autres dont Luka Karabatic, ce sera en quelque sorte, le baptême du feu. A quelques heures de quitter Coubertin et prendre ses quartiers dans cette ville de plus d’un million d’habitants située en bordure du Rhin, le plus jeune de la fratrie nous a fait part de son excitation à découvrir une épreuve atypique qui rassemble les quatre meilleurs d’Europe. L’état d’esprit de l’équipe notamment après la lourde défaite en finale de la coupe de France samedi dernier face à Montpellier, sa forme du moment, son approche de l’évènement et des Polonais de Kielce, adversaires en demi-finale, autant de questions auxquelles Luka a bien voulu répondre avec cette assurance qui désormais le caractérise.
Comment digère-t-on ce qui s’est passé samedi ?
En fait, la chronologie des évènements ne nous donne vraiment pas le temps de nous retourner sur ce qui vient de se passer. Le Final Four est là, c’est notre centre d’intérêt, donc c’est mitigé. On ne peut pas se permettre de trop cogiter et en même temps, on ne peut pas totalement occulter cette finale de coupe parce que cela a été une contreperformance.
Qu’est-ce qui est le plus gênant dans ce type de défaite ?
C’est notre absence de réaction. On n’a jamais eu par exemple, un temps fort qui aurait pu nous permettre de revenir dans le match. On n’a pas réussi à retrouver la confiance mais il faut aussi reconnaître que Montpellier a très bien joué.
Une reconstruction est-elle possible en une semaine ?
Je n’emploierai pas ce terme. Tous les groupes, même les plus réputés connaissent des défaites au cours de la saison. Tout n’est pas à jeter, il faut trouver le bon équilibre entre le fait de se remettre en question par rapport à cette finale et d’un autre côté, garder la confiance accumulée depuis le début. On a vraiment mérité de disputer ce Final Four et il ne faut pas gâcher la fête et arriver à Cologne en ayant tout remis en question.
Est-ce qu’il y a une certaine responsabilité à participer à ce Final Four ?
Oui, bien-sûr et c’est évident qu’on a passé le cap d’être simplement contents d’y être. On a tous conscience d’être à la veille de quelque chose de fabuleux, on sait aussi que l’équilibre peut être fragile. Tout peut arriver et souvent par le passé, ce sont les équipes qui n’étaient pas attendues, qui ont réussi à s’imposer. On est très fiers d’être le 1er club français à pouvoir y prendre part mais cela ne nous suffit pas. On veut faire quelque chose de bien.
Le PSG y participera pour la 1ère fois. Est-ce un handicap ?
En tant que groupe, cela ne peut pas nuire d’y avoir déjà goûté. Après, si le groupe est remanié d’une saison sur l’autre, cela ne veut pas dire grand-chose. A Paris, nombreux sont les joueurs à y être allés donc cela peut compenser ce manque d’expérience collective.
Kielce, c’est l’adversaire que vous n’avez jamais rencontré. Sauf en amical en août dernier (match nul 32-32 en Pologne).
On ne peut tirer aucun élément révélateur de cette rencontre. C’était en fin de prépa, on se construisait en tant qu'équipe, donc ce n’est pas sur ce type de match qu’on fera l’analyse vidéo.
Que t'évoque Kielce ? Un énorme engagement physique ?
C’est une équipe très solide qui a progressé au fil du temps et qui est parvenue à se hisser parmi les meilleures d’Europe. Je pense qu’ils sont prêts à pouvoir remporter une Ligue des Champions. On n’est pas étonné de les retrouver dans le carré final, ils ont fait des gros coups comme aller gagner à Barcelone (en phase de groupe en décembre, 31-33), il y a de la qualité à tous les postes, des ailiers qui se projettent vite, des joueurs très costauds et puissants, dangereux de loin, ils n’ont a priori pas vraiment de faille. A nous d’en trouver.
Individuellement ces derniers temps, tu as eu un petit coup de moins bien..
Oui c’est vrai, la fin de saison a été un peu compliquée pour moi. J’ai vécu une année pleine avec énormément de temps de jeu et j’avais sans doute perdu l’habitude d’enchaîner toutes ces compétitions. Tout simplement parce qu’auparavant, je ne jouais que le championnat et en sélection, je ne faisais que défendre. Maintenant, j’ai plus de responsabilités mais mon corps m’a un petit peu lâché, j’ai eu une alerte en fin d’année.
Avec deux blessures en très peu de temps…
C’est la 1ère fois où en l’espace de deux semaines, je me fais une petite déchirure au mollet et une entorse à la cheville. Pour retrouver le haut niveau, cela n’a pas été évident. Le fait d’avoir ce type de blessures au moment où on a de gros objectifs, ce n’est pas évident à gérer. Soit tu te soignes pour pouvoir être prêt, donc il te faut t’économiser, soit il te faut t’entraîner un minimum pour avoir du rythme.
Tout le monde ne s’appelle pas Nikola….
(sourires) Oui, c’est vrai. On se rend compte que cette année, personne n’a évité les pépins… Certains se remettent plus vite que d’autres.
Quand il y a un Final Four au menu, on oublie rapidement les bobos ?
Bien-sûr ! On pense à autre chose parce qu’on a tous envie de jouer et avec l’adrénaline, tu arrives à dépasser beaucoup de choses.
Pour le PSG, à quoi ressemblerait un Final Four réussi ?
Difficile d’envisager un scénario. Il est évident que si on ne se retrouve pas au moins en finale, on sera déçu. Après, si on n’y arrive pas, ce ne sera pas non plus catastrophique. Mais bon, on ne se pose pas ce genre de question, on a vraiment envie de s’investir à fond, de livrer un gros match et de cette façon, on peut avoir de très bonnes chances de l’emporter.
Il y a une espèce de jubilation de ta part ?
Plus ça approche et plus on y pense, forcément. Le fait aussi de l’avoir regardé à la télé pendant toutes ces années, ça donne envie et là de pouvoir en être un des acteurs, c’est vraiment excitant. C’est aussi une chance car Cologne c’est aujourd’hui la Mecque du handball et ce n’est pas rien dans une carrière de pouvoir prendre part à ce genre d’évènements.
Avec Niko qui peut gagner une 4ème LDC, sous un 4ème maillot différent…
Ni lui, ni moi ne pensons à cela. Vraiment.
Cela souligne quand même la qualité de son palmarès…
(sourires) A mon niveau, je n’ai pas besoin qu’il remporte une 4ème Ligue des Champions avec un autre club pour savoir qu’il est devenu une légende de notre sport. Mais c’est sûr que cela montrerait à quel point il marque la discipline et qu’il a un impact énorme sur toutes les équipes dans lesquelles il évolue.
Dujshebaev, le talent qui inspire du respect
Parfois il va monter dans les tours, piquer une colère, énerver son entourage jusqu’à se faire détester puis l’orage va s’éloigner et tout va rentrer dans l’ordre. Talant Dujshebaev ne laisse personne indifférent. Ni ses collègues entraîneurs, ni les présidents de club, encore moins les joueurs qu’il a sous sa direction. Pour Didier Dinart qui a passé neuf saisons à Ciudad Real au contact du Russo-espagnol, le mentor de Kielce est la référence, l’exemple à suivre. « Il a un très fort charisme et partout où il passe, il imprime sa marque. Kielce s’identifie à lui comme désormais le Vardar à Raul Gonzalez et Szeged à Pastor.» Lorsqu'il est arrivé dans le meilleur club polonais en janvier 2014, il est même allé jusqu’à changer certaines mentalités. Cela a mis du temps à se mettre en place mais après avoir échoué d’un cheveu (égalité avec Rhein Neckar Löwen mais les Allemands qualifiés au nombre de buts inscrits à l’extérieur) en 8èmes de LDC en mars, le travail a commencé à payer. Depuis, l’équipe composte régulièrement son billet pour Cologne. Elle y avait déjà participé en 2013 mais avait été recalée en demi par Barcelone. Il y an, les Catalans avaient été de nouveau leur bourreau mais les Polonais avaient progressé en s'imposant dans le match pour la 3ème place face à Kiel. «Talant, insiste l’adjoint de Claude Onesta, c’est quelqu’un de très minutieux qui ne néglige aucun détail. Il a une démarche très pragmatique. Il sait parfaitement analyser un rapport de force et en tirer le meilleur avantage pour son équipe. Il n’y a pas beaucoup de défauts dans cette équipe de Kielce. Je place quand même Paris parmi les favoris même après son échec en coupe de France. » La partie d’échecs entre le bouillant Dujshebaev et le sage Serdarusic peut donc commencer.
Au niveau des forces en présence, l’arrière droit croate Denis Buntic et l’arrière gauche Jurkiewicz qui sont blessés ne participeront pas à la fête, le souci de la semaine à Kielce a tourné autour de l’état de santé de Marin Sego. Le binôme de Slawomir Szmal dans les cages a été touché au genou dimanche dernier en finale de la coupe de Pologne. Les diagnostics ont divergé mais apparemment la lésion est moins grave qu’annoncée. Par précaution, Markowski, le 3ème gardien âgé à peine de 18 ans fera le voyage à Cologne mais Sego qui la saison prochaine a signé à Szeged, devrait tenir sa place.
Le 7 de base de Kielce
gardiens: Szmal ou Sego
arrière droit: Krzysztof Lijewski
demi-centre: Zorman
arrière gauche: Michal Jurecki
ailier droit: Cupic ou Reichmann
pivot: Aguinagalde
ailier gauche: Strlek