Les mots sonnent parfois creux lorsqu'il faut se justifier pour expliquer une défaite. Surtout lorsque l'abnégation et la volonté permettent de rester très longtemps à flots. Et puis, au moment de conclure, le ballon devient plus lourd, le geste plus hésitant et l'adversaire en profite. Pour sa 1ère participation au Final Four de la Ligue des Champions, le PSG battu par Kielce (28-26) jouera ce dimanche la petite finale de consolation contre les Allemands de Kiel.
D'un de nos envoyés spéciaux à Cologne, Yves MICHEL
Dans la continuité de la fin d'un match qui se termine sur une énorme déception. Dans le confinement de cette zone dite mixte où est parquée la cinquantaine de journalistes qui attend le passage des joueurs, dans le camp français, les mines sont graves. Le même sentiment de frustration traverse l’ensemble des joueurs du PSG.
D’habitude si loquace et disponible pour tous, Nikola Karabatic meurtri dans sa chair décline poliment toute sollicitation. Dans son sillage, Mikkel Hansen le regard dans le vide, ne s'est même pas arrêté. Le Danois a tracé illico vers le vestiaire où pendant quelques minutes, il va pouvoir s'isoler.
Inévitablement lorsque Luka Karabatic apparait, le pivot est accaparé par une meute de stylos, micros et caméras, avides de savoir.
Luka, quel sentiment prédomine ?
De la déception bien-sûr. Surtout au vu de la physionomie du match qui ne bascule qu’à la fin. On a les ballons pour l’emporter, parfois en 2ème période, on a l’occasion de se mettre à l’abri et on ne la saisit pas et à la fin, cela nous retombe dessus. Cela se joue vraiment à pas grand-chose.
En fin de 1ère et début de seconde, vous restez plus de 11’ sans marquer…
Probablement que ça nous fait mal. Je pense que c’est normal d’avoir des temps faibles dans ce type de match, ce qu’il faut c’est essayé de les gérer au mieux, c’est vrai que si on avait été plus performants en attaque peut-être que le score aurait été différent. On a pas réussi à être plus tueur lorsqu’on était devant.
Avant ce match, on avait parlé d’expérience collective, c’est ce qui vous a manqué ?
Peut-être. L’avenir nous le dira si on a la chance de revenir sur un Final Four. Ils ont c’est vrai un peu plus d’expérience que nous… après, sur ce match, cela ne s’est pas vraiment vu car la décision se fait sur des détails, des petites fautes techniques. En tout cas, c’est aussi avec des défaites comme ça qu’on construit notre groupe.
Le seul titre national sera votre récompense cette saison, il va manquer quelque chose au PSG ?
Nous, on n’est jamais satisfait. Ce n’est pas parce qu’on reste sur deux défaites (Luka oublie le revers en LNH face à Créteil, certes sans enjeu pour Paris) qu’il faut tout remettre en question mais par contre on sait que nous avons beaucoup de travail avant de devenir une équipe de tout 1er rang.
Il reste un match à jouer, pour la 3ème place de ce Final Four
C’est vrai que la saison est longue et qu’elle est loin d’être terminée (pour les internationaux qui participent aux Jeux de Rio) mais quand tu as la chance de disputer un Final Four, il faut jouer jusqu’au bout. Donc ce match demain (ce dimanche) est important. Même si évidemment il n’aura pas le même goût qu’une finale. On va essayer de récupérer, continuer à engranger de l’expérience. Veszprém ou Kiel peu importe (ce sera Kiel), ce sont deux équipes qu’on a affrontées mais à ce niveau, on veut juste bien jouer.
Samedi dernier, Thierry Omeyer était largement passé à côté de sa finale de coupe face à Montpellier. Les jours suivants, le loup solitaire avait tenté de persuader le plus grand nombre que son absence n’était que passagère. A Cologne, on a retrouvé le "Titi" qu'on aime voir. Seize arrêts dont un pénalty... cela n'a pas suffi. Le money-time a été fatal et le gardien de l'équipe de France a véritablement pris un gros coup au moral.
« Quand je sors d’un tel match où ça se joue à vraiment pas grand-chose, avec beaucoup de combat et de duels, forcément c’est difficile d’accepter la défaite. Ça bascule à la fin, Kielce joue bien le coup, c’est vraiment désolant mais c’est comme ça. On est fatigué car on a mis beaucoup d’intensité et d’engagement, on a été devant, on a été derrière, il a fallu s’accrocher lorsqu’en début de 2ème, c’était plus difficile pour marquer, on savait que cela allait se jouer sur des petits détails, et ça s’est joué ainsi. »
Daniel Narcisse sera le dernier à passer à la moulinette des questions (parfois) récurrentes. Le capitaine parisien qui dispute sa 3ème Ligue des Champions, ne fera pas la passe de trois succès (après avoir remporté avec Kiel les éditions 2010 et 2012).
« On ne passe pas loin. Par moments, on a eu l’impression d’avoir la maîtrise du match mais aussi être en difficultés deux minutes après et avoir du caractère pour revenir au score. Tout le monde s’est bien battu mais des fois, cela ne suffit pas. Il va falloir se remettre au travail, apprendre de tout ce qu’on a pu vivre tout au long de ce week-end pour être meilleur la saison prochaine. Kielce a réalisé un super match avec le demi-centre Zorman qui a tout le temps pesé. On savait que c’était un élément important de leur attaque. Dans les moments-clés, il nous a manqué d’un peu plus d’agressivité… presque rien pour rester devant. Une faute défensive, un tir raté, un ballon perdu voilà à quoi ça tient. »
Dans le camp des vainqueurs, vous imaginez quelle pouvait être la tonalité des réactions mais les Polonais n'étaient pas dans une euphorie malsaine. La satisfaction était contenue. Basculer en finale de la Ligue des Champions (pour la 1ère fois dans l'histoire du club) ne suffisait pas à leur bonheur. « On peut parler de véritable combat, relève le capitaine Michal Jurecki (notre photo). Aucune des deux équipes ne voulait lâcher. De chaque côté, l'avantage au score n'a jamais été très élevé, enfin, suffisamment pour se mettre à l'abri. Heureusement, à la fin nous avons été en mesure de contrôler nos nerfs et jouer efficacement en attaque. Il y a quelques années, chacun d'entre nous rêvait d'être ici. On a passé un cap et on s'est mis à rêver de finale. Désormais, on ne veut pas s'arrêter là. Il nous faut monter sur la plus haute marche.» Et pour une finale totalement inédite dans l'histoire de la Ligue des Champions, Kielce retrouvera les Hongrois de Veszprém, si chers au cœur de notre ami (ex gaucher de Nîmes, Chambéry et Villeurbanne dans les années), Attila Borsos.