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Onesta: "on ne prépare pas les Jeux en restant sur son lit "

Jeux Olympiques

jeudi 21 juillet 2016 - © Yves Michel

 12 min 23 de lecture

Claude Onesta vit ses derniers instants à la tête de l'équipe de France. Les Jeux en août, sans doute le Mondial en France en janvier 2017 et le patron des Bleus pourra tourner une page déjà bien remplie. Avant de participer à sa 4ème aventure olympique, le technicien toulousain a bien voulu nous livrer ses réflexions à la veille de l'Eurotournoi. 

Par Yves MICHEL

C'est devenu une tradition. Depuis 2000 et les Jeux de Sydney, la préparation olympique de l'équipe de France masculine passe par Strasbourg et l'Eurotournoi. Et les trois dernières éditions lui ont plutôt bien réussi puisqu'à chaque fois, elle s'est imposée au Rhénus. Avant le rendez-vous de Rio et le 1er match du dimanche 7 août contre la Tunisie, l'étape alsacienne offrira deux confrontations aux Bleus. Ce vendredi contre l'Egypte, le champion d'Afrique et dimanche, soit contre le champion d'Europe allemand, soit contre le Danemark des Parisiens Hansen et Mollgaard. Il s'agira-là des deux seules oppositions que l'équipe de France pourra mettre à profit pour effectuer les derniers réglages avant de partir pour le Brésil.

Claude Onesta est plutôt satisfait du travail que ses joueurs ont accompli jusque-là. Le patron des Tricolores qui vit ses dernières sensations à la tête de l'équipe qu'il dirige depuis juin 2001 a bien voulu répondre à nos questions et faire le point sur l'état de sa troupe.  

Doit-on être satisfait du travail accompli après trois semaines de prépa ?
Oui, plutôt car on a atteint une bonne partie de la charge qu’on espérait réaliser. Il n’y a pas eu trop de pépins à déplorer donc dans le tableau de marche, c’est plutôt satisfaisant.
 
Le seul petit grain de sable, c’est le forfait de Nédim Rémili…
Je dirai que ça fait partie des choses auxquelles on doit s’adapter. On est aussi rassurés car c’est un poste sur lequel on a été très longtemps en difficulté et aujourd’hui, le fait d’être toujours opérationnel alors que des joueurs conséquents ne sont pas là (Xavier Barachet, Kévynn Nyokas) montre la réserve de cette équipe.

Neuf joueurs n’ont jamais participé à des J.O, est ce un handicap ?
On l’assume. On est toujours concentré sur l’équipe qui nous permettra de gagner les prochains matches mais en même temps, on a l’obligation de préparer celle du moyen terme. Parmi tous ces joueurs qui ne connaissent pas les Jeux, certains sont devenus importants dans leur club. Je pense à Valentin Porte, Luka Karabatic, Kentin Mahé... et on ne peut pas dire que Mathieu Grébille et Timothey N’Guessan soient de nouveaux joueurs. Bref, je pense avoir une équipe expérimentée.

Et beaucoup sont polyvalents...
Je dirai que c'est une nécessité. Parce que quand on réduit la liste, il faut trouver le même éventail de solutions. Cela va nous permettre aussi de continuer à être opérationnels, quels que soient les aléas.

Que peut apporter l’EuroTournoi ? Y’a-t-il encore des réglages à faire ?
Oui, bien-sûr. La préparation olympique qui s’avère très spécifique, a été identifiée par étape. Elle dure un mois de plus que d’ordinaire. A plus de 15 jours du 1er match à Rio, on ne brûle aucune phase.

Mais ces oppositions peuvent-elles donner des indications ?
Ce qui nous est proposé, c’est une 1ère évaluation en situation compétitive et c’est nécessaire parce que jusqu’à maintenant on a beaucoup travaillé sur nous, fait des réglages mais il faut voir ce que cela donne en situation. Cela va nous servir à identifier nos points forts, ce qui s’apparente encore à des points faibles et ce qui pourrait ressembler à une équipe-type et les gens à qui on va plutôt affecter un rôle de remplaçant.

On pourra donc tirer de véritables enseignements dimanche soir ? 
Ce ne sera pas définitif car il reste un temps de travail qui viendra influer sur notre organisation mais ces deux oppositions vont nous amener à valider un certain nombre de choses, des associations de joueurs et identifier les rendements défensifs. Il y a donc une volonté de s’évaluer au plan collectif mais aussi de mesurer le degré d’efficacité des individus eux-mêmes.

Attends-tu un total investissement de la part de chacun ?
On ne peut pas empêcher des joueurs d’avoir une petite arrière pensée sur le risque de blessure. Inconsciemment, tout le monde se dit que plus les jours avancent et plus il serait dommage de rater l’avion pour Rio. Pour autant, chacun sait qu’il va devoir s’engager et qu’on ne prépare pas les Jeux en restant sur son lit ou dans un fauteuil pour éviter de se blesser. Il nous appartient aussi de gérer l’effectif pour éviter de surcharger certains et les fragiliser. 

Un 3ème succès olympique est-il envisageable ?
On y travaille. Pour la France, je pense que c’est un parcours suffisamment exceptionnel  en termes de résultats et de performances et il est bien évident que même dans des rêves complètement fous, personne n’aurait imaginé une réussite aussi totale. Je crois qu’on s’habitue à ces choses-là, à la responsabilité que cela confère mais aussi on se doit de rester le plus lucide possible pour aborder une nouvelle étape.

C’est le message qu’il faut faire passer ?
Oui mais bon… autant il y a un certain nombre d’individus qui ont cumulé 4 participations à des Jeux, autant il y en a pour qui cela sera la 1ère fois. Il est évident que ceux qui ont accumulé cette expérience vont devoir aussi encadrer ceux qui n’en ont pas. La jeunesse, c’est aussi l’opportunité de l’enthousiasme et de la fraîcheur. Quand on voit la performance des Allemands à l’Euro, c’est aussi lié à une forme d’insouciance. A nous de faire basculer cela du côté positif.

En Pologne, tu voulais passer le flambeau… Depuis, t’es-tu ravisé ?
Euh... non !  En fait, la transmission est quelque chose qui se prépare progressivement. On a essayé d’accélérer le processus mais on s’est rendu compte qu’à vouloir parfois le faire trop vite, on pouvait le faire mal. L’idée pour moi n’est pas de reprendre tout en main parce que je sais qu’à brève échéance, je n’aurai plus rien dans les mains mais j’ai le devoir de mettre en scène les choses pour que ça continue à être opérationnel après moi.

Qu’est ce qui a changé ?
On a un peu réajusté le fonctionnement. Même si je continue à beaucoup déléguer et si Didier a beaucoup de latitudes dans la construction du jeu, l’organisation de l’entraînement, j’ai repris les rênes de l’ensemble et je continue à être celui à qui appartient la décision finale. En fait, on s’est rendu compte que le fait d’avoir libéré un peu trop d’espace générait plus de difficultés et d’incompréhensions. Il fallait retrouver une certaine dynamique à l'intérieur du staff et vis à vis du groupe de joueurs et cela s’est fait tout naturellement.

Le sportif est souvent dépassé et cela oblige à relativiser. Comme face à la tragédie de Nice, il y a une semaine...
Il y a longtemps que j’ai relativisé tout ce qui m’entoure. J’ai un âge où je suis plus préoccupé de savoir à quoi ça sert que de savoir comment le faire. C’est sans doute un passage de la vie où on gagne en sagesse et on est capable d'évaluer les évènements au regard de leur degré d’importance.

Les athlètes aux Jeux peuvent être des cibles, non ?
Sûrement… mais tout le monde a bien compris qu’aujourd’hui, il faut s’habituer à vivre avec ce type de problèmes. Et on a beau tout prévoir, on est toujours à la merci d’un fou capable de faire des actes inconsidérés. On ne peut vivre constamment en restant caché. Je pense que plus on sera dans la notion de "vivre ensemble", moins on donnera de prise à ces gens qui se marginalisent. D’une certaine façon, le village olympique est un modèle de tolérance, de cohabitation, sans préoccupation de race, de religion ou autre. Même si la concurrence et la compétition sont présentes.



Les rendez-vous du week-end

Eurotournoi

vendredi

18h

France - Egypte

 

 

20h30

Allemagne - Danemark

Eurotournoi

dimanche

15h30

Egypte - Allemagne ou Danemark

 

 

18h

France -  Allemagne ou Danemark

Onesta: "on ne prépare pas les Jeux en restant sur son lit "  

Jeux Olympiques

jeudi 21 juillet 2016 - © Yves Michel

 12 min 23 de lecture

Claude Onesta vit ses derniers instants à la tête de l'équipe de France. Les Jeux en août, sans doute le Mondial en France en janvier 2017 et le patron des Bleus pourra tourner une page déjà bien remplie. Avant de participer à sa 4ème aventure olympique, le technicien toulousain a bien voulu nous livrer ses réflexions à la veille de l'Eurotournoi. 

Par Yves MICHEL

C'est devenu une tradition. Depuis 2000 et les Jeux de Sydney, la préparation olympique de l'équipe de France masculine passe par Strasbourg et l'Eurotournoi. Et les trois dernières éditions lui ont plutôt bien réussi puisqu'à chaque fois, elle s'est imposée au Rhénus. Avant le rendez-vous de Rio et le 1er match du dimanche 7 août contre la Tunisie, l'étape alsacienne offrira deux confrontations aux Bleus. Ce vendredi contre l'Egypte, le champion d'Afrique et dimanche, soit contre le champion d'Europe allemand, soit contre le Danemark des Parisiens Hansen et Mollgaard. Il s'agira-là des deux seules oppositions que l'équipe de France pourra mettre à profit pour effectuer les derniers réglages avant de partir pour le Brésil.

Claude Onesta est plutôt satisfait du travail que ses joueurs ont accompli jusque-là. Le patron des Tricolores qui vit ses dernières sensations à la tête de l'équipe qu'il dirige depuis juin 2001 a bien voulu répondre à nos questions et faire le point sur l'état de sa troupe.  

Doit-on être satisfait du travail accompli après trois semaines de prépa ?
Oui, plutôt car on a atteint une bonne partie de la charge qu’on espérait réaliser. Il n’y a pas eu trop de pépins à déplorer donc dans le tableau de marche, c’est plutôt satisfaisant.
 
Le seul petit grain de sable, c’est le forfait de Nédim Rémili…
Je dirai que ça fait partie des choses auxquelles on doit s’adapter. On est aussi rassurés car c’est un poste sur lequel on a été très longtemps en difficulté et aujourd’hui, le fait d’être toujours opérationnel alors que des joueurs conséquents ne sont pas là (Xavier Barachet, Kévynn Nyokas) montre la réserve de cette équipe.

Neuf joueurs n’ont jamais participé à des J.O, est ce un handicap ?
On l’assume. On est toujours concentré sur l’équipe qui nous permettra de gagner les prochains matches mais en même temps, on a l’obligation de préparer celle du moyen terme. Parmi tous ces joueurs qui ne connaissent pas les Jeux, certains sont devenus importants dans leur club. Je pense à Valentin Porte, Luka Karabatic, Kentin Mahé... et on ne peut pas dire que Mathieu Grébille et Timothey N’Guessan soient de nouveaux joueurs. Bref, je pense avoir une équipe expérimentée.

Et beaucoup sont polyvalents...
Je dirai que c'est une nécessité. Parce que quand on réduit la liste, il faut trouver le même éventail de solutions. Cela va nous permettre aussi de continuer à être opérationnels, quels que soient les aléas.

Que peut apporter l’EuroTournoi ? Y’a-t-il encore des réglages à faire ?
Oui, bien-sûr. La préparation olympique qui s’avère très spécifique, a été identifiée par étape. Elle dure un mois de plus que d’ordinaire. A plus de 15 jours du 1er match à Rio, on ne brûle aucune phase.

Mais ces oppositions peuvent-elles donner des indications ?
Ce qui nous est proposé, c’est une 1ère évaluation en situation compétitive et c’est nécessaire parce que jusqu’à maintenant on a beaucoup travaillé sur nous, fait des réglages mais il faut voir ce que cela donne en situation. Cela va nous servir à identifier nos points forts, ce qui s’apparente encore à des points faibles et ce qui pourrait ressembler à une équipe-type et les gens à qui on va plutôt affecter un rôle de remplaçant.

On pourra donc tirer de véritables enseignements dimanche soir ? 
Ce ne sera pas définitif car il reste un temps de travail qui viendra influer sur notre organisation mais ces deux oppositions vont nous amener à valider un certain nombre de choses, des associations de joueurs et identifier les rendements défensifs. Il y a donc une volonté de s’évaluer au plan collectif mais aussi de mesurer le degré d’efficacité des individus eux-mêmes.

Attends-tu un total investissement de la part de chacun ?
On ne peut pas empêcher des joueurs d’avoir une petite arrière pensée sur le risque de blessure. Inconsciemment, tout le monde se dit que plus les jours avancent et plus il serait dommage de rater l’avion pour Rio. Pour autant, chacun sait qu’il va devoir s’engager et qu’on ne prépare pas les Jeux en restant sur son lit ou dans un fauteuil pour éviter de se blesser. Il nous appartient aussi de gérer l’effectif pour éviter de surcharger certains et les fragiliser. 

Un 3ème succès olympique est-il envisageable ?
On y travaille. Pour la France, je pense que c’est un parcours suffisamment exceptionnel  en termes de résultats et de performances et il est bien évident que même dans des rêves complètement fous, personne n’aurait imaginé une réussite aussi totale. Je crois qu’on s’habitue à ces choses-là, à la responsabilité que cela confère mais aussi on se doit de rester le plus lucide possible pour aborder une nouvelle étape.

C’est le message qu’il faut faire passer ?
Oui mais bon… autant il y a un certain nombre d’individus qui ont cumulé 4 participations à des Jeux, autant il y en a pour qui cela sera la 1ère fois. Il est évident que ceux qui ont accumulé cette expérience vont devoir aussi encadrer ceux qui n’en ont pas. La jeunesse, c’est aussi l’opportunité de l’enthousiasme et de la fraîcheur. Quand on voit la performance des Allemands à l’Euro, c’est aussi lié à une forme d’insouciance. A nous de faire basculer cela du côté positif.

En Pologne, tu voulais passer le flambeau… Depuis, t’es-tu ravisé ?
Euh... non !  En fait, la transmission est quelque chose qui se prépare progressivement. On a essayé d’accélérer le processus mais on s’est rendu compte qu’à vouloir parfois le faire trop vite, on pouvait le faire mal. L’idée pour moi n’est pas de reprendre tout en main parce que je sais qu’à brève échéance, je n’aurai plus rien dans les mains mais j’ai le devoir de mettre en scène les choses pour que ça continue à être opérationnel après moi.

Qu’est ce qui a changé ?
On a un peu réajusté le fonctionnement. Même si je continue à beaucoup déléguer et si Didier a beaucoup de latitudes dans la construction du jeu, l’organisation de l’entraînement, j’ai repris les rênes de l’ensemble et je continue à être celui à qui appartient la décision finale. En fait, on s’est rendu compte que le fait d’avoir libéré un peu trop d’espace générait plus de difficultés et d’incompréhensions. Il fallait retrouver une certaine dynamique à l'intérieur du staff et vis à vis du groupe de joueurs et cela s’est fait tout naturellement.

Le sportif est souvent dépassé et cela oblige à relativiser. Comme face à la tragédie de Nice, il y a une semaine...
Il y a longtemps que j’ai relativisé tout ce qui m’entoure. J’ai un âge où je suis plus préoccupé de savoir à quoi ça sert que de savoir comment le faire. C’est sans doute un passage de la vie où on gagne en sagesse et on est capable d'évaluer les évènements au regard de leur degré d’importance.

Les athlètes aux Jeux peuvent être des cibles, non ?
Sûrement… mais tout le monde a bien compris qu’aujourd’hui, il faut s’habituer à vivre avec ce type de problèmes. Et on a beau tout prévoir, on est toujours à la merci d’un fou capable de faire des actes inconsidérés. On ne peut vivre constamment en restant caché. Je pense que plus on sera dans la notion de "vivre ensemble", moins on donnera de prise à ces gens qui se marginalisent. D’une certaine façon, le village olympique est un modèle de tolérance, de cohabitation, sans préoccupation de race, de religion ou autre. Même si la concurrence et la compétition sont présentes.



Les rendez-vous du week-end

Eurotournoi

vendredi

18h

France - Egypte

 

 

20h30

Allemagne - Danemark

Eurotournoi

dimanche

15h30

Egypte - Allemagne ou Danemark

 

 

18h

France -  Allemagne ou Danemark

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