Le champion olympique en titre contre le vainqueur du dernier Euro, telle est l'affiche de la 1ère demi-finale olympique, ce vendredi à 20h30 (H.F). La France n'a plus rencontré l'Allemagne depuis le Mondial 2013 et dans le carré final, depuis le rendez-vous de Cologne en 2007 lorsque les arbitres avaient influencé l'issue de la rencontre. Joël Abati (notre photo de tête), le médaillé olympique de Pékin et présent un an plus tôt en Allemagne s'est plongé dans ses souvenirs sans oublier d'évoquer le contexte actuel.
Par Yves MICHEL
Cela fait neuf ans que Français et Allemands ne se sont plus croisés en demi-finale. Neuf ans après ce fameux rendez-vous du Mondial 2007 et ce match qui se termine dans la confusion la plus totale après que les arbitres suédois aient refusé à Michaël Guigou une égalisation parfaitement valable dans les ultimes secondes de la 2ème prolongation, qui aurait pu envoyer les Tricolores vers la séance de tirs au but. Ce vendredi, les rescapés de Cologne ne seront que cinq à entrer sur le parquet de Rio. A l'époque, Daniel Narcisse, Nikola Karabatic, Luc Abalo, Thierry Omeyer et Michaël Guigou auxquels il faut rajouter Claude Onesta avaient été tous meurtris. Certains avaient parlé de scandale, d'autres de vol, le coach lui, de complicité de l'IHF. «Cette défaite a été salvatrice, tempère Joël Abati, l’ancien arrière droit de Montpellier acteur lui aussi de cette rencontre. Sur le coup oui, c’était légitime d’être déçus et c’est toujours navrant de perdre suite à une décision arbitrale. Mais pour autant, il n’y a pas eu de rancœur, cela a été en grande partie oublié car par la suite la France a tout gagné. Cela nous a porté pour les Jeux un an après, on s’est forgé un moral de conquérants car ce match-là, on l’avait totalement maîtrisé. Donc, on n'avait rien à se reprocher.» Paradoxalement, les Allemands ont payé au prix fort les retombées de ce titre qu'ils décrocheront en finale contre la Pologne. Pendant neuf ans, alors que les Tricolores ramassent tout ou presque, ils vont s'engager dans une traversée du désert. « Ils n’ont pas su renouveler leur jeu, Heiner Brand l’entraîneur est resté en gardant pas mal d’anciens. Ils se sont endormis sur leurs acquis et cela leur a porté préjudice. C’est aussi pour cela qu’ils ont perdu beaucoup de temps.» Depuis 2007, si les esprits se sont apaisés et les deux nations ne se sont rencontrés qu'à cinq reprises (voir plus bas), les rapports entre les deux plus grosses entités du handball n'ont pas trop évolué. Il y a toujours la même méfiance de l'un vis à vis de l'autre.
Les pages Brand puis Heuberger, son adjoint ont enfin été tournées après une série d'échecs (qualif' ratée pour les JO 2012 et l'Euro 2014) et Sigurdsson est arrivé en août 2014. Sur un champ de ruines, l'Islandais retrousse les manches pour reconstruire. Grâce à un coup de main plutôt douteux de l'IHF, la Mannschaft est repêchée pour le Mondial qatari. L'équipe est rajeunie avec l'apparition des Drux (19 ans), Erik Schmidt (22), Pekeler (23) et autre Sellin (24). Elle sera stoppée en quarts par... le Qatar. Un an plus tard à l'Euro polonais, Sigurdsson a soldé tous les comptes du passé mais doit pallier quelques absences sur blessure (Wiencek, Gensheimer, Groetzki) mais qu'importe, il convie d'autres jeunes comme Kuhn (photo ci-dessus), Wiede ou Lemke ! « Et contre toute attente, ils gagnent l’Euro puisque le pronostic était largement en faveur de l’Espagne, s’étonne Joël Abati. Avec que des jeunes dont certains évoluent en 2ème division ! Mais ce sont des Allemands ! Ils ont cette capacité à se transcender et si l’adversaire ne trouve pas des solutions face à leur grosse défense, ils prennent le pas. Mais il ne faudra pas tout miser sur le défi physique car ils vont nous user.» N'empêche qu'à Rio, même s'ils terminent en tête de leur poule, ils ont concédé une défaite face à l'hôte brésilien (33-30). Tout s'annule donc avec leur adversaire français qui avait chuté face à la Croatie. «Vu comme les Français maîtrisent leur sujet, on va être tenté de les placer dans le rôle des favoris. Mais attention, c'est un match couperet et on ne sait jamais à l'avance quel joueur peut sortir du chapeau. Ils n'ont rien à perdre face à nous qui sommes tenants du titre. Je pense que (vendredi) c'est carrément leur finale parce qu'ils savent qu'en s'imposant, ils assureront une médaille. Il faudra s'en méfier car ils sont capables de tout. » Tout comme les Français qui ont l'habitude de ce genre de rendez-vous au sommet. Le duel entre l'expérience tricolore et la jeunesse allemande est désormais lancé.
Mondial 2013 - dernier face à face entre la France et l'Allemagne en Espagne
Les oppositions face à l'Allemagne les plus importantes de l'ère Onesta
La 2ème demi-finale opposera le Danemark à la Pologne, dans la nuit de vendredi à samedi à 1h30. Une confrontation de style entre deux équipes qui aux Jeux ne sont jamais montées sur les deux 1ères marches du podium. Les Polonais avaient obtenu le bronze aux Jeux de Montréal en 1976 et les Danois avaient échoué au pied de la boîte à Los Angeles en 1984.