C'est l'avant-dernière marche qu'il faut gravir pour parvenir à l'apothéose et entrer pour les uns dans la légende (3ème titre en 3 olympiades consécutives) ou pour les autres dans la postérité. France-Allemagne dans le tournoi olympique, c'est une gourmandise, une affiche qui aurait pu annoncer la finale dominicale. On s'en contentera en demi, ce vendredi à 20h30 !
par Yves MICHEL
L’avis est quasi unanime. Cette demi-finale entre la France et l’Allemagne aurait très bien pu être l’affiche ultime du tournoi olympique. Une sorte de Trophée des Champions entre la meilleure équipe mondiale et olympique en titre et le lauréat du dernier Euro. Le tirage au sort en a voulu autrement. A force de s’éviter depuis trois ans et demi (dernier rendez-vous au Mondial espagnol), les deux formations qui ont marqué à leur façon les deux dernières compétitions majeures se retrouvent pour un duel au sommet. «L’Allemagne confirme à Rio sa résurrection, valide Daniel Costantini. Avec Sigurdsson, son entraîneur qui est pour moi le meilleur du monde en ce moment. En Allemagne, ce n’est jamais facile car on brûle vite ce qu’on a adoré. Il a fait des miracles à l’Euro avec une équipe décimée, là ils sont plus complets, beaucoup plus en place, excepté le faux pas contre le Brésil. Cette formation m’impressionne surtout dans cette religion que les joueurs vouent à leur coach qui peut tout se permettre et il sait que les mecs vont le suivre. » Dans leur groupe respectif, les deux équipes ont eu un parcours quasi identique avec un accroc pour quatre succès et un quart de finale que la Mannschaft a franchi avec plus d’aisance que les Tricolores. Ce qui n’a pas perturbé la sérénité du staff tricolore. « On n’était pas dans l’effet immédiat, martèle Claude Onesta, mais plutôt en mode rouleau compresseur. Il fallait juste rester efficaces offensivement pour faire un écart quand les Brésiliens baisseraient de pied physiquement. » Et cette gestion qui après coup peut être présentée comme une tactique élaborée à l’avance, a très bien fonctionné. Faudra-t-il être autant calculateur avec l’Allemagne ? Sans doute. Enfin, il ne faudra pas lui laisser l’initiative. « La pression sera sur les épaules des Français qui sont légitimement favoris car ils ont un palmarès plus avéré que celui de leur adversaire du jour, fait remarquer Daniel Costantini. Les Allemands qui reviennent avec de l’ambition n’auront rien à perdre et ça, cela peut être un avantage pour eux. Les jeunes par définition n'ont pas le poids du passé sur leurs épaules, ils jouent totalement décomplexés. » La France aura la faveur du pronostic mais cela s'annonce serré, tendu, âpre, rugueux. Depuis le début de la compétition, les équipes qui ont réduit leurs temps faibles, ont eu plus de facilités à s’en sortir. « La France, poursuit le mentor des champions du Monde 1995 et 2001, doit avoir le moins d’inquiétudes de ce côté-là car elle a toujours une solution de compensation. Elle n'est plus uniquement basée sur une défense forte et c'est tant mieux. Et puis franchement lorsque tu as dans ton équipe un gars comme Daniel Narcisse qui dès qu'il entre, pèse sur le match, ce n’est plus pareil.» Le capitaine du PSG est en effet, sur son petit nuage et le rôle d’impact-player qui lui est désormais réservé lui convient à merveille. Le fait d'être ménagé par le staff est un luxe que d'autres équipes ne peuvent pas s'offrir. Et quand il est utilisé, il apporte sa fraîcheur, sa puissance et sa clairvoyance. Avec lui, tout le monde se sent en sécurité. « Daniel est comme le bon vin, il s’embellit avec l’âge, se réjouit Claude Onesta. Les autres sont là pour affaiblir le taureau et lui est plutôt précieux dans la mise à mort. » Les Allemands sont donc prévenus. Le début de la corrida est programmé ce vendredi à partir de 20h30 (heure française).
L’autre demi-finale, un peu plus tard dans la soirée et même dans la nuit (1h30) opposera la Pologne, la miraculée, au Danemark qui avance masqué. « Je n’aurai jamais imaginé que les Polonais se retrouvent là, avoue Daniel Costantini. Dujshebaev l’entraîneur y est pour beaucoup. Il a pris le risque de garder quelques vieux et d’injecter des jeunes et l’osmose s’est faite. Concernant le Danemark, il n’avait rien montré dans le tour préliminaire et c’est l’expérience qui a payé en quarts. Si personne ne leur marche dessus, ce sont eux qui vont le faire. Je suis quand même déçu pour les Slovènes qui manient bien le ballon mais qui ont un peu manqué de kilos et des tireurs de loin pour faire la différence. » L’équipe danoise n’a jamais décroché de médaille olympique, la Pologne elle, n’est montée qu’une seule fois sur le podium, il y a quarante ans à Montréal. Les deux affiches du carré final seront donc inédites. La finale le sera tout autant.
Le tableau de bord des demi-finales (après 6 matches)
|
Allemagne |
France |
Danemark |
Pologne |
attaque |
187 |
186 |
173 |
169 |
défense |
153 |
153 |
157 |
167 |
buteurs |
Gensheimer (32) |
Guigou (30) |
L. Svan (44) |
Bielecki (45) |
|
Reichmann (30) |
Porte (25) |
Hansen (36) |
Daszek (25) |
gardien |
Wolff (54 à 31%) |
Omeyer (48 à 33,5%) |
Landin (34 à 28%) |
Wyszomirski (32 à 29%) |
2 min. |
38 |
15 |
25 |
25 |
rouge |
1 |
1 |
2 |
1 |
7 m |
Gensheimer (14) |
Guigou (17) |
Hansen (12) |
Bielecki (18) |
France-Allemagne, les arbitres seront... danois
Martin Gjeding et Mads Hansen auront donc la responsabilité de diriger la 1ère demi-finale du tournoi olympique. Sept mois après, ils retrouveront l'Allemagne puisqu'ils avaient dirigé la finale du dernier Euro polonais entre la Mannschaft et l'Espagne. En espérant qu'ils ne soient pas aigris contre les Français qui depuis l'Euro ont battu leur sélection nationale à trois reprises.