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JO : Une évolution de la règle qui fait débat

Jeux Olympiques

samedi 20 août 2016 - © Yves Michel

 4 min 16 de lecture

Remplacer le gardien par un 7ème joueur de champ est une nouveauté dans le handball moderne. Depuis le 1er juillet, tous les entraîneurs de la planète ont rajouté cet ingrédient à leurs schémas tactiques. Pourtant, aux Jeux Olympiques de Rio, la France est une des rares équipes à ne pas utiliser systématiquement cette évolution de la règle. Le débat est donc ouvert. 

par Yves MICHEL

Depuis le début des Jeux, cinq nouvelles règles ont été introduites dans le handball (voir le détail, ici). Une en particulier a retenu tout particulièrement l'attention et commence à susciter quelques controverses. Les équipes ont désormais la possibilité de faire entrer un 7ème joueur de champ à la place du gardien à n'importe quel moment d'une phase offensive, sans qu'il y ait pour cela une infériorité numérique. Le cadre est particulier et le spectacle, permanent puisqu'après une récupération en défense et plutôt que d'aller vers l'attaque, le gardien ou un de ses partenaires va tenter de catapulter le ballon dans les cages adverses qui du coup, ne sont plus protégées. Sauf que là, c'est à plus de 30 m et il s'agit plus d'un jeu d'adresse qu'autre chose. « Au départ, l'idée m’a plutôt plu, surtout parce qu’on ne sort de moins en moins cette chasuble ridicule qui ne ressemble à rien, s'enthousiasme Daniel Costantini. Par contre, je suis surpris que tant de coaches l’utilisent de façon systématique. Pour faire du 7 contre 6, sans que leur équipe ne soit en infériorité numérique. En tout cas, cette nouveauté ne dénature pas le jeu, elle le transforme. D’ailleurs, chez les féminines, l’entraîneur de l’équipe espagnole a dû regretter de ne pas l'avoir plus utilisée surtout lorsque son équipe menait de 7 buts à la mi-temps face à la France en quarts de finale. Comme le hand a besoin de changement, pourquoi pas ? J’attends de voir le jour où sur un même match, le gardien aura marqué 4 buts. » Andreas Wolff, le portier allemand a atteint ce total mais sur les 7 rencontres que sa formation a disputées.



Sur la demi-finale France-Allemagne par exemple, les stats parlent d'elles-mêmes. Le staff tricolore a plutôt fait dans le traditionnel. Thierry Omeyer n'a cédé sa place à un joueur de champ qu'à sept reprises mais après une exclusion temporaire d'un de ses partenaires. La Mannschaft elle, a multiplié ce type de rotations. 23 fois dont cinq après un "2 minutes" ! « Les Français sont pratiquement les seuls à ne pas le faire, constate François-Xavier Houlet. Les autres ne s'en privent pas. Qu'on aime ou pas, il va falloir s'y habituer. » Comment donc expliquer que Claude Onesta et Didier Dinart, si friands des évolutions du handball n'aient pas emboîté le pas de leurs collègues danois, croates, polonais ou allemands ? Les deux techniciens français ont surtout évoqué le manque de temps pour une bonne mise en place du dispositif. « C'est une explication qui peut être prise en compte, acquiesce l'ancien international désormais consultant sur beIN Sports, mais c'est aussi peut-être par calcul car au final, l'un dans l'autre, ce n'est pas forcément profitable. L'équipe qui a recours à cette possibilité et qui perd le ballon s'expose aussi à prendre un but très rapidement. » Les gardiens réduits à un rôle de spectateur depuis le banc de touche sur les phases offensives vont-ils en être les principales victimes ? On imagine déjà en LNH, la frustration de certains, habitués à la relance jusqu'au centre du terrain ! D'où l'idée du Chambérien Yann Genty, un des tous meilleurs portiers de notre championnat. « La solution idéale serait que le gardien devienne le 7ème joueur de champ quand c'est nécessaire. Déjà, cela effacerait la perte de temps causée par sa sortie et son retour. Cela implique aussi que dans la formation des jeunes, il faille leur apprendre à savoir utiliser le ballon en attaque. A contrario, comme la chasuble n'est pas interdite, il faut inciter ceux qui la mettent à avoir des réflexes de gardien. L'équipe attaquante va peut-être sous-estimer le joueur de champ qui s'est installé dans les cages.» L'ère du joueur-gardien ultra-polyvalent est amorcée !

La portée d'une telle stratégie peut aussi avoir une conséquence sur le mental. «Une équipe qui se sait en supériorité numérique mais sans gardien peut avoir des joueurs qui vont se sentir en insécurité, renchérit F-X Houlet. Elle va peut-être jouer avec le frein ou se dépêcher de prendre le tir. L'autre aspect, c'est le gardien. Certains vont être capables régulièrement de mettre un but de loin, d'autres moins. Cela peut avoir des conséquences. Si le ballon entre dans la cage adverse, tu prends 20% de confiance, si tu tires à côté, c'est l'inverse qui peut se produire et cela peut se retourner contre toi.» La prise de risque ne fait-elle pas partie du sport en général et comme cette évolution a été également introduite pour ajouter du spectacle, son adoption apparaît comme une évidence. A quand le trophée du meilleur buteur à 35 m ?

JO : Une évolution de la règle qui fait débat 

Jeux Olympiques

samedi 20 août 2016 - © Yves Michel

 4 min 16 de lecture

Remplacer le gardien par un 7ème joueur de champ est une nouveauté dans le handball moderne. Depuis le 1er juillet, tous les entraîneurs de la planète ont rajouté cet ingrédient à leurs schémas tactiques. Pourtant, aux Jeux Olympiques de Rio, la France est une des rares équipes à ne pas utiliser systématiquement cette évolution de la règle. Le débat est donc ouvert. 

par Yves MICHEL

Depuis le début des Jeux, cinq nouvelles règles ont été introduites dans le handball (voir le détail, ici). Une en particulier a retenu tout particulièrement l'attention et commence à susciter quelques controverses. Les équipes ont désormais la possibilité de faire entrer un 7ème joueur de champ à la place du gardien à n'importe quel moment d'une phase offensive, sans qu'il y ait pour cela une infériorité numérique. Le cadre est particulier et le spectacle, permanent puisqu'après une récupération en défense et plutôt que d'aller vers l'attaque, le gardien ou un de ses partenaires va tenter de catapulter le ballon dans les cages adverses qui du coup, ne sont plus protégées. Sauf que là, c'est à plus de 30 m et il s'agit plus d'un jeu d'adresse qu'autre chose. « Au départ, l'idée m’a plutôt plu, surtout parce qu’on ne sort de moins en moins cette chasuble ridicule qui ne ressemble à rien, s'enthousiasme Daniel Costantini. Par contre, je suis surpris que tant de coaches l’utilisent de façon systématique. Pour faire du 7 contre 6, sans que leur équipe ne soit en infériorité numérique. En tout cas, cette nouveauté ne dénature pas le jeu, elle le transforme. D’ailleurs, chez les féminines, l’entraîneur de l’équipe espagnole a dû regretter de ne pas l'avoir plus utilisée surtout lorsque son équipe menait de 7 buts à la mi-temps face à la France en quarts de finale. Comme le hand a besoin de changement, pourquoi pas ? J’attends de voir le jour où sur un même match, le gardien aura marqué 4 buts. » Andreas Wolff, le portier allemand a atteint ce total mais sur les 7 rencontres que sa formation a disputées.



Sur la demi-finale France-Allemagne par exemple, les stats parlent d'elles-mêmes. Le staff tricolore a plutôt fait dans le traditionnel. Thierry Omeyer n'a cédé sa place à un joueur de champ qu'à sept reprises mais après une exclusion temporaire d'un de ses partenaires. La Mannschaft elle, a multiplié ce type de rotations. 23 fois dont cinq après un "2 minutes" ! « Les Français sont pratiquement les seuls à ne pas le faire, constate François-Xavier Houlet. Les autres ne s'en privent pas. Qu'on aime ou pas, il va falloir s'y habituer. » Comment donc expliquer que Claude Onesta et Didier Dinart, si friands des évolutions du handball n'aient pas emboîté le pas de leurs collègues danois, croates, polonais ou allemands ? Les deux techniciens français ont surtout évoqué le manque de temps pour une bonne mise en place du dispositif. « C'est une explication qui peut être prise en compte, acquiesce l'ancien international désormais consultant sur beIN Sports, mais c'est aussi peut-être par calcul car au final, l'un dans l'autre, ce n'est pas forcément profitable. L'équipe qui a recours à cette possibilité et qui perd le ballon s'expose aussi à prendre un but très rapidement. » Les gardiens réduits à un rôle de spectateur depuis le banc de touche sur les phases offensives vont-ils en être les principales victimes ? On imagine déjà en LNH, la frustration de certains, habitués à la relance jusqu'au centre du terrain ! D'où l'idée du Chambérien Yann Genty, un des tous meilleurs portiers de notre championnat. « La solution idéale serait que le gardien devienne le 7ème joueur de champ quand c'est nécessaire. Déjà, cela effacerait la perte de temps causée par sa sortie et son retour. Cela implique aussi que dans la formation des jeunes, il faille leur apprendre à savoir utiliser le ballon en attaque. A contrario, comme la chasuble n'est pas interdite, il faut inciter ceux qui la mettent à avoir des réflexes de gardien. L'équipe attaquante va peut-être sous-estimer le joueur de champ qui s'est installé dans les cages.» L'ère du joueur-gardien ultra-polyvalent est amorcée !

La portée d'une telle stratégie peut aussi avoir une conséquence sur le mental. «Une équipe qui se sait en supériorité numérique mais sans gardien peut avoir des joueurs qui vont se sentir en insécurité, renchérit F-X Houlet. Elle va peut-être jouer avec le frein ou se dépêcher de prendre le tir. L'autre aspect, c'est le gardien. Certains vont être capables régulièrement de mettre un but de loin, d'autres moins. Cela peut avoir des conséquences. Si le ballon entre dans la cage adverse, tu prends 20% de confiance, si tu tires à côté, c'est l'inverse qui peut se produire et cela peut se retourner contre toi.» La prise de risque ne fait-elle pas partie du sport en général et comme cette évolution a été également introduite pour ajouter du spectacle, son adoption apparaît comme une évidence. A quand le trophée du meilleur buteur à 35 m ?

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