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France M18: la relève dorée frappe à la porte !

Euro

lundi 22 août 2016 - © Yves Michel

 6 min 22 de lecture

Les "Minots" de moins de 18 ans voulaient terminer leur été en beauté. Ils y sont parvenus de la plus belle des façons en s'imposant en finale de l'Euro face à la Croatie. Dans le sillage de la génération précédente, la relève du hand masculin français est donc parfaitement assurée.

par Yves MICHEL

Alors évidemment, si les caméras du monde entier étaient braquées sur Rio et les Jeux Olympiques et qu’en pleine torpeur dominicale, tous les passionnés de handball attendaient la finale entre la France et le Danemark, la performance des "minots" de moins de 18 ans qui sont allés au bout de leur rêve en battant dans leur finale à eux la Croatie sur son propre sol (40-38), a failli passer inaperçu. « On se doutait bien qu’un évènement de l’importance des JO écraserait tout autour, reconnait un des entraîneurs, Pascal Bourgeais. La frustration vient moins du fait que les médias en aient très peu parlé même si les gamins le méritent que de la difficulté à suivre les Jeux. On était dans une compét’ qui se déroulait pendant et en plus, on avait demandé à nos joueurs d’être totalement concentrés sur leur objectif et de ne pas être tout le temps devant la télé. » La consigne a été respectée puisqu'à l’exception d’un seul match contre le Danemark (28-32) au tour principal, les petits Bleus ont bien négocié leur championnat d’Europe. Mais les moments les plus intenses, ils les ont vécus lors des matches à élimination directe avec des remontées spectaculaires contre l’Allemagne (-9) en demie et en finale contre la Croatie (-6). Leur force de caractère a été exceptionnelle car jamais dans ces situations critiques, ils n’ont lâché l’affaire. « C’est l’atout de cette équipe, acquiesce le technicien qui est aussi le responsable du pôle espoir de Boulouris. On n’a jamais senti l’ombre d’un mouvement de panique chez les joueurs même si on ne va pas se mentir, contre notamment les Allemands, c’était assez mal embarqué. Mais ils se sont convaincu qu’ils étaient capables de remonter. Et ils y sont parvenus. »  Parmi les favoris en début de tournoi, la France a du faire face à une très forte concurrence.


        Pascal Bourgeais (à gauche) et Eric Quintin prennent du plaisir à coacher les moins de 18

Déjà dans cette tranche d’âge (17-18 ans)  alors que les joueurs amorcent à peine leur apprentissage dans le haut niveau, les nations majeures du hand européen commencent à déployer leur potentiel et mettre en avant leurs talents. « Dans ce contexte, nous n’étions pas les seuls à pouvoir prétendre au titre mais le FOJE que les jeunes avaient remporté un an avant, leur a fait prendre conscience de leurs possibilités. D’ailleurs, en finale (du Festival Olympique de la Jeunesse européenne) face à la Slovénie, ils avaient aussi réduit un écart conséquent. » Voilà le handball masculin français sur de bons rails même si les plus grands ont raté leur 3ème titre olympique consécutif ! Et surtout, la relève existe et elle gagne dans toutes les catégories jeunes. « On est dans la même démarche que les Espagnols, les Croates, les Allemands, les Slovènes ou les Danois et je dirais même que désormais, tous nos principaux adversaires veulent notre scalp. En Croatie, on a bénéficié de cette capacité à retourner des situations grâce aussi à notre profondeur de banc. La complémentarité à certains postes nous a été profitable. » Comme pour ceux de 96-97 qui lors des deux dernières saisons ont tout raflé (Euro et Mondial Jeunes). Certains comme Ludo Fabrégas et Benoit Kounkoud sont déjà appelés en France "A" et les "braqueurs" d'or présents ce dimanche en Croatie marchent sur leurs traces. « Il y en a beaucoup à qui on peut prédire un bel avenir, conçoit Pascal Bourgeais, mais le fossé entre le haut niveau jeune et le secteur pro surtout dans ce qu’est devenu le championnat français est immense.  Maintenant, si chacun ne fait pas les efforts nécessaires, les bons choix dans la formation, ils n’y parviendront pas. Et puis, on risque de rencontrer un problème de riches avec tellement d’éléments de bonne qualité chez les jeunes que les places, notamment dans les clubs huppés vont se raréfier. »  Les Jeux de Tokyo sont programmés en 2020. Paris est candidat aux suivants. C’est plutôt vers cette olympiade que les meilleurs de l’équipe de France jeunes devront lorgner pour poursuivre l’aventure. «Aujourd’hui, c’est bien trop tôt pour le dire. En France "A", les places sont encore plus chères. Mais tout le monde est sur la bonne voie. La filière jeune fonctionne très bien et gagne des compétitions internationales. Cela a pris du temps mais c’est aussi le travail de la formation française qui est récompensé. » La baguette, le béret et... le handball !



Noah Gaudin, enfant de la balle

Dans la famille Gaudin, on demande le père, Christian, gardien de l'équipe de France double championne du Monde en 1995 et 2001 et actuel entraîneur de Sélestat. Ensuite, il y a Thomas, 22 ans, ailier gauche de Sélestat puis Clément, 19 ans, gardien de la réserve du PSG et Noah (photo ci-dessus), 17 ans, demi-centre du centre de formation de Sélestat et surtout de l'équipe de France jeunes. Cela ne s'invente pas, comme chez les Richardson, Mahé, Kervadec ou Prandi, quand papa a fait du hand au plus haut niveau, le fiston ne pouvait que lui emboîter le pas ! En deux étés, Noah Gaudin a ramené deux médailles d'or (FOJE et Euro), de quoi rendre fière toute une famille.

Champion d’Europe, le jour de la finale des J.O, cela vous a fait de l'ombre...
Ah non, vraiment pas ! On était à fond derrière la France même si on n’a pas pu voir le match. C’est vrai qu’on parle moins de nous, mais c’est tout à fait normal.

Deux remontées en demie et finale, vous savez ménager le suspens...
(rires)… si on avait pu éviter ce genre de péripéties, on l’aurait fait. On est tombé sur deux bonnes équipes qui nous ont dominés jusqu’à ce qu’on réagisse. On s’est fait peur contre l’Allemagne mais on est tout le temps resté sereins.  Mais bon, un jour, cela ne se terminera pas aussi bien…

Quelle est la force de cette équipe ?
On se connait maintenant depuis presque deux ans et c’est vraiment un groupe avec un gros caractère et très uni. Même quand on est dominé, on y croit toujours.

A titre perso, c’est en défense que tu as surpris tes coaches..
C’est vrai, il y a eu un déclic, pendant la compét’, je me suis vraiment senti à l’aise devant sur la 1-5 zone. Surtout, j’ai fait mon maximum et j’ai pris du plaisir à défendre. Je suis content car ça a payé. Quand j’étais plus petit, d’habitude je faisais les changements attaque-défense, sans défendre. Là, il y a du mieux ! (rires)

Quelle est maintenant la prochaine étape ?
Mon rêve, c’est de devenir professionnel. Je suis conscient de tout le travail encore à accomplir. Je vais être dans l’année du Bac et avec l’équipe de France jeunes, il y aura le Mondial, c’est déjà une belle motivation. Je ne veux pas brûler les étapes.

Quand on s’appelle Gaudin, on est obligé de réussir ?
Je ne dirais pas ça. Au contraire, cela apporte du positif et cela ne met aucune pression. Mon père, mes frères m’encouragent et c’est vraiment cool. 

Deux Français dans la "All Star Team" de l'Euro

Au cours de cet Euro des moins de 18, deux joueurs français ont été récompensés: le Cristolien Benjamin Richert comme meilleur ailier droit et le demi-centre montpelliérain Kyllian Villeminot comme meilleur joueur de la compétition.

France M18: la relève dorée frappe à la porte ! 

Euro

lundi 22 août 2016 - © Yves Michel

 6 min 22 de lecture

Les "Minots" de moins de 18 ans voulaient terminer leur été en beauté. Ils y sont parvenus de la plus belle des façons en s'imposant en finale de l'Euro face à la Croatie. Dans le sillage de la génération précédente, la relève du hand masculin français est donc parfaitement assurée.

par Yves MICHEL

Alors évidemment, si les caméras du monde entier étaient braquées sur Rio et les Jeux Olympiques et qu’en pleine torpeur dominicale, tous les passionnés de handball attendaient la finale entre la France et le Danemark, la performance des "minots" de moins de 18 ans qui sont allés au bout de leur rêve en battant dans leur finale à eux la Croatie sur son propre sol (40-38), a failli passer inaperçu. « On se doutait bien qu’un évènement de l’importance des JO écraserait tout autour, reconnait un des entraîneurs, Pascal Bourgeais. La frustration vient moins du fait que les médias en aient très peu parlé même si les gamins le méritent que de la difficulté à suivre les Jeux. On était dans une compét’ qui se déroulait pendant et en plus, on avait demandé à nos joueurs d’être totalement concentrés sur leur objectif et de ne pas être tout le temps devant la télé. » La consigne a été respectée puisqu'à l’exception d’un seul match contre le Danemark (28-32) au tour principal, les petits Bleus ont bien négocié leur championnat d’Europe. Mais les moments les plus intenses, ils les ont vécus lors des matches à élimination directe avec des remontées spectaculaires contre l’Allemagne (-9) en demie et en finale contre la Croatie (-6). Leur force de caractère a été exceptionnelle car jamais dans ces situations critiques, ils n’ont lâché l’affaire. « C’est l’atout de cette équipe, acquiesce le technicien qui est aussi le responsable du pôle espoir de Boulouris. On n’a jamais senti l’ombre d’un mouvement de panique chez les joueurs même si on ne va pas se mentir, contre notamment les Allemands, c’était assez mal embarqué. Mais ils se sont convaincu qu’ils étaient capables de remonter. Et ils y sont parvenus. »  Parmi les favoris en début de tournoi, la France a du faire face à une très forte concurrence.


        Pascal Bourgeais (à gauche) et Eric Quintin prennent du plaisir à coacher les moins de 18

Déjà dans cette tranche d’âge (17-18 ans)  alors que les joueurs amorcent à peine leur apprentissage dans le haut niveau, les nations majeures du hand européen commencent à déployer leur potentiel et mettre en avant leurs talents. « Dans ce contexte, nous n’étions pas les seuls à pouvoir prétendre au titre mais le FOJE que les jeunes avaient remporté un an avant, leur a fait prendre conscience de leurs possibilités. D’ailleurs, en finale (du Festival Olympique de la Jeunesse européenne) face à la Slovénie, ils avaient aussi réduit un écart conséquent. » Voilà le handball masculin français sur de bons rails même si les plus grands ont raté leur 3ème titre olympique consécutif ! Et surtout, la relève existe et elle gagne dans toutes les catégories jeunes. « On est dans la même démarche que les Espagnols, les Croates, les Allemands, les Slovènes ou les Danois et je dirais même que désormais, tous nos principaux adversaires veulent notre scalp. En Croatie, on a bénéficié de cette capacité à retourner des situations grâce aussi à notre profondeur de banc. La complémentarité à certains postes nous a été profitable. » Comme pour ceux de 96-97 qui lors des deux dernières saisons ont tout raflé (Euro et Mondial Jeunes). Certains comme Ludo Fabrégas et Benoit Kounkoud sont déjà appelés en France "A" et les "braqueurs" d'or présents ce dimanche en Croatie marchent sur leurs traces. « Il y en a beaucoup à qui on peut prédire un bel avenir, conçoit Pascal Bourgeais, mais le fossé entre le haut niveau jeune et le secteur pro surtout dans ce qu’est devenu le championnat français est immense.  Maintenant, si chacun ne fait pas les efforts nécessaires, les bons choix dans la formation, ils n’y parviendront pas. Et puis, on risque de rencontrer un problème de riches avec tellement d’éléments de bonne qualité chez les jeunes que les places, notamment dans les clubs huppés vont se raréfier. »  Les Jeux de Tokyo sont programmés en 2020. Paris est candidat aux suivants. C’est plutôt vers cette olympiade que les meilleurs de l’équipe de France jeunes devront lorgner pour poursuivre l’aventure. «Aujourd’hui, c’est bien trop tôt pour le dire. En France "A", les places sont encore plus chères. Mais tout le monde est sur la bonne voie. La filière jeune fonctionne très bien et gagne des compétitions internationales. Cela a pris du temps mais c’est aussi le travail de la formation française qui est récompensé. » La baguette, le béret et... le handball !



Noah Gaudin, enfant de la balle

Dans la famille Gaudin, on demande le père, Christian, gardien de l'équipe de France double championne du Monde en 1995 et 2001 et actuel entraîneur de Sélestat. Ensuite, il y a Thomas, 22 ans, ailier gauche de Sélestat puis Clément, 19 ans, gardien de la réserve du PSG et Noah (photo ci-dessus), 17 ans, demi-centre du centre de formation de Sélestat et surtout de l'équipe de France jeunes. Cela ne s'invente pas, comme chez les Richardson, Mahé, Kervadec ou Prandi, quand papa a fait du hand au plus haut niveau, le fiston ne pouvait que lui emboîter le pas ! En deux étés, Noah Gaudin a ramené deux médailles d'or (FOJE et Euro), de quoi rendre fière toute une famille.

Champion d’Europe, le jour de la finale des J.O, cela vous a fait de l'ombre...
Ah non, vraiment pas ! On était à fond derrière la France même si on n’a pas pu voir le match. C’est vrai qu’on parle moins de nous, mais c’est tout à fait normal.

Deux remontées en demie et finale, vous savez ménager le suspens...
(rires)… si on avait pu éviter ce genre de péripéties, on l’aurait fait. On est tombé sur deux bonnes équipes qui nous ont dominés jusqu’à ce qu’on réagisse. On s’est fait peur contre l’Allemagne mais on est tout le temps resté sereins.  Mais bon, un jour, cela ne se terminera pas aussi bien…

Quelle est la force de cette équipe ?
On se connait maintenant depuis presque deux ans et c’est vraiment un groupe avec un gros caractère et très uni. Même quand on est dominé, on y croit toujours.

A titre perso, c’est en défense que tu as surpris tes coaches..
C’est vrai, il y a eu un déclic, pendant la compét’, je me suis vraiment senti à l’aise devant sur la 1-5 zone. Surtout, j’ai fait mon maximum et j’ai pris du plaisir à défendre. Je suis content car ça a payé. Quand j’étais plus petit, d’habitude je faisais les changements attaque-défense, sans défendre. Là, il y a du mieux ! (rires)

Quelle est maintenant la prochaine étape ?
Mon rêve, c’est de devenir professionnel. Je suis conscient de tout le travail encore à accomplir. Je vais être dans l’année du Bac et avec l’équipe de France jeunes, il y aura le Mondial, c’est déjà une belle motivation. Je ne veux pas brûler les étapes.

Quand on s’appelle Gaudin, on est obligé de réussir ?
Je ne dirais pas ça. Au contraire, cela apporte du positif et cela ne met aucune pression. Mon père, mes frères m’encouragent et c’est vraiment cool. 

Deux Français dans la "All Star Team" de l'Euro

Au cours de cet Euro des moins de 18, deux joueurs français ont été récompensés: le Cristolien Benjamin Richert comme meilleur ailier droit et le demi-centre montpelliérain Kyllian Villeminot comme meilleur joueur de la compétition.

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