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Valentin Porte: "Beaucoup aimeraient être à ma place"

Jeux Olympiques

mardi 23 août 2016 - © Yves Michel

 6 min 48 de lecture

Ils s'étaient habitués à l'or, ils sont repartis de Rio avec l'argent olympique. Les handballeurs tricolores sont rentrés en France, ce mardi. A l'image du gaucher montpelliérain Valentin Porte, ils commencent à redescendre tout doucement sur terre. Avec encore un goût de sucré-salé dans les papilles.

par Yves MICHEL


10h20 ce mardi matin, les athlètes français des Jeux de Rio sont arrivés à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, acclamés et chaleureusement félicités par une nuée de supporters venus les accueillir. Parmi eux, les 15 handballeurs et les 16 handballeuses qui ont participé au tournoi olympique. Si pour les filles, la médaille d'argent va au-delà de toutes les espérances, la même couleur de métal a laissé les garçons sur leur faim. Champions à Pékin puis Londres, l'or leur allait si bien mais les Danois en ont décidé autrement. Les prochains Jeux de Tokyo sont programmés dans quatre ans, Valentin Porte lui, aurait bien aimé ne pas attendre si longtemps.

Est-ce que cela va mieux depuis dimanche ?
Oui et non, je ne te cache pas que je commence tout doucement à digérer mais je ne savoure pas encore ma médaille, il va me falloir encore quelques jours. Je ressens toujours de la déception quand je repense à cette finale.

C'est la rage d'avoir été battu ou parce c'était aux Jeux ?
C’est un tout, déjà parce qu’on se retrouve avec une médaille d’argent, ça signifie qu’on a quitté les JO sur une défaite, ensuite, ce sont mes 1ers Jeux, j’atteins la finale, une olympiade c’est tous les 4 ans et qui me dit que j’y reviendrai ? Rater le coche, ça ne fait jamais plaisir. C’est rageant aussi pour les anciens qui ne revivront plus jamais ça. C’est vraiment un gâchis.

On a dit que vous étiez "cuits" physiquement, es tu d'accord  ? 
Oui… bon, ce n’est pas une excuse… déjà en demie contre l’Allemagne, en fin de match, on a vu qu’on piochait physiquement et sur le Danemark, on a eu pas mal de difficultés. En plus, eux, tout leur réussissait. On a peut-être manqué d'un peu de jus mais ce n’est pas la seule raison.

L’entrée d’un 7ème joueur à la place du gardien, cela ne vous a pas aidé…
On a réussi à contrer certaines équipes qui utilisaient cette évolution de la règle. Ça ne me plait pas trop, nos adversaires eux, l’apprécient puisque ça leur permet de nous poser des problèmes. Visuellement, je ne trouve pas ça super, sur ce 7 contre 6, on n’est pas à égalité dans le rapport de force. Maintenant, si ça reste, il va falloir s’en accommoder mais on a le droit de ne pas aimer.

Les J.O, ça reste quand même un truc unique ?
C’est évident et c’est tout comme j’avais rêvé. Le village olympique, cette mixité dans cette métropole cosmopolite d’athlètes, ce mélange des cultures. Ensuite, de croiser des mecs que j’avais vu il y a quatre ans à la télé, c’est même amusant à vivre. Pour moi qui aime tous les sports et qui ai touché un peu à tout, j’ai adoré.

Quelle est la star qui t’a marqué ?
Michaël Phelps. Un jour, je l’ai croisé à table. Là tu réalises que tu es dans le même cadre que lui, même si tu pratiques un sport différent. Son palmarès, son histoire sont impressionnants mais c’est un être humain comme tous les autres athlètes. C’est comme certains qui rencontraient Niko Karabatic et prenaient la pose avec lui. Pour ma part, les photos ne sont pas importantes, c’est simplement l’idée de dire, j’ai pris mon repas à 5 mètres d’un grand champion qui a marqué sa discipline.

Peut-être que Phelps était content de partager la table avec toi…
(rires) je ne pense pas qu'il m'ait calculé !

Pas le temps de vous reposer, les clubs vous attendent avec impatience
En plus, c’est un peu particulier pour moi, j'arrive à Montpellier où il y a des objectifs différents et bien plus élevés que ce que j'avais connu. Je reprendrai le 5 septembre par un stage. Je ne vais pas totalement m’arrêter pendant ces quinze jours, je vais couper pendant une semaine mais ensuite, il faudra que je me remette à la muscu et à la vidéo pour assimiler le style de jeu de ma nouvelle équipe.

Si j’ai bien compris, jusqu’à l’été prochain, tu ne t’arrêtes plus.
Ça je le sais depuis l’année dernière. On a débuté la saison en championnat, on a enchaîné sur l’Euro, les Jeux puis il va y avoir la reprise du championnat, la Ligue des Champions, le Mondial etc… Physiquement, c’est dur mais j’ai travaillé en conséquences cet été et j’espère que ça va continuer à porter ces fruits. Avec la Ligue des Champions, on va avoir un rythme de folie, il va falloir que je fasse quand même très attention à la blessure. Mais beaucoup aimeraient être à ma place.


Le temps d’une journée, l’argent s’est presque transformé en or !

Même si la déception d’une finale perdue est encore bien présente dans les têtes, même si certains chez les garçons savent qu’il leur sera bien difficile d’accrocher un 3ème titre olympique à leur palmarès car Tokyo est bien trop loin, les handballeuses et handballeurs de retour à la maison ont été aspirés par l’énergie positive des 40 autres médaillés de la délégation française. « L’ambiance était festive dans l’avion. Pour trouver le sommeil, ce n’était pas évident,  certains ont mis de la musique et ça s’est transformé en boîte de nuit. Mais on est content de rentrer chez nous. » Sourire aux lèvres et médaille d’argent autour du cou, filles et garçons entament leur marathon médiatique qui se terminera en fin d’après-midi, à l’Elysée. « Je ne suis pas encore redescendu sur terre, savoure Vincent Gérard, je réaliserai ce qui m’arrive un peu plus tard. Pour moi, c’est nouveau et dès l’aéroport, l’accueil du public a été génial. Dimanche, on était tristes bien-sûr, on aurait aimé décrocher l’or mais cette médaille d’argent, on l’a dignement fêtée. »  Les traits sont un peu tirés, la fatigue se fait sentir mais peu importe, tous ces instants sont bons à prendre. Echanges entre athlètes, interviewes où souvent les mêmes mots sont répétés à l’envie, directs à la radio et la télé, nos champions sont très sollicités.



Et puis, il y a le clou de cette folle journée, la désormais traditionnelle rencontre avec François Hollande dans les jardins ensoleillés de l’Elysée. Comme en 2012. « C’était un très bon moment, témoigne Nikola Karabatic, habitué à ce type de visite dans ce lieu si particulier. Le président nous a chaleureusement remerciés pour le record de médailles que toute la délégation a ramené. Je suis vraiment fier d’en faire partie. Je me rappelle qu’à Rio, avant que la compétition ne commence, il était venu nous encourager. Il nous a expliqué que nos performances, notre état d’esprit, notre comportement étaient un modèle pour le peuple français. » Le retour au calme n’est pas encore programmé. Les félicitations et marques de sympathie vont continuer encore quelques semaines. Mais la réalité du quotidien va très vite reprendre le dessus. « Je suis attendu à Flensburg dès vendredi, avoue Kentin Mahé car la saison reprend officiellement ce week-end avec le 1er tour de la coupe d’Allemagne. » Pas de répit donc, les Parisiens seront réunis au complet par Noka Serdarusic, ce jeudi. Cédric Sorhaindo et Timothey N’Guessan ont bien en poche leur billet pour Barcelone, les Montpelliérains eux, vont pouvoir respirer quelques jours. « J’ai besoin de me reposer, de me ressourcer car cette quinzaine aux Jeux a été dure physiquement et mentalement, souffle Vincent Gérard. Je vais couper un peu mais comme avec le club, il y a d’énormes objectifs programmés, il faudra être rapidement au niveau. Et puis, j’ai hâte de découvrir mes nouveaux partenaires. Je ne vais pas me plaindre car je viens de vivre des moments exceptionnels. » Et ce n’est pas terminé. Les Bleus ont encore des rêves à accomplir et d’autres sensations à aller chercher. Dans très exactement 140 jours, le Mondial en France sera lancé.  


Valentin Porte: "Beaucoup aimeraient être à ma place" 

Jeux Olympiques

mardi 23 août 2016 - © Yves Michel

 6 min 48 de lecture

Ils s'étaient habitués à l'or, ils sont repartis de Rio avec l'argent olympique. Les handballeurs tricolores sont rentrés en France, ce mardi. A l'image du gaucher montpelliérain Valentin Porte, ils commencent à redescendre tout doucement sur terre. Avec encore un goût de sucré-salé dans les papilles.

par Yves MICHEL


10h20 ce mardi matin, les athlètes français des Jeux de Rio sont arrivés à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, acclamés et chaleureusement félicités par une nuée de supporters venus les accueillir. Parmi eux, les 15 handballeurs et les 16 handballeuses qui ont participé au tournoi olympique. Si pour les filles, la médaille d'argent va au-delà de toutes les espérances, la même couleur de métal a laissé les garçons sur leur faim. Champions à Pékin puis Londres, l'or leur allait si bien mais les Danois en ont décidé autrement. Les prochains Jeux de Tokyo sont programmés dans quatre ans, Valentin Porte lui, aurait bien aimé ne pas attendre si longtemps.

Est-ce que cela va mieux depuis dimanche ?
Oui et non, je ne te cache pas que je commence tout doucement à digérer mais je ne savoure pas encore ma médaille, il va me falloir encore quelques jours. Je ressens toujours de la déception quand je repense à cette finale.

C'est la rage d'avoir été battu ou parce c'était aux Jeux ?
C’est un tout, déjà parce qu’on se retrouve avec une médaille d’argent, ça signifie qu’on a quitté les JO sur une défaite, ensuite, ce sont mes 1ers Jeux, j’atteins la finale, une olympiade c’est tous les 4 ans et qui me dit que j’y reviendrai ? Rater le coche, ça ne fait jamais plaisir. C’est rageant aussi pour les anciens qui ne revivront plus jamais ça. C’est vraiment un gâchis.

On a dit que vous étiez "cuits" physiquement, es tu d'accord  ? 
Oui… bon, ce n’est pas une excuse… déjà en demie contre l’Allemagne, en fin de match, on a vu qu’on piochait physiquement et sur le Danemark, on a eu pas mal de difficultés. En plus, eux, tout leur réussissait. On a peut-être manqué d'un peu de jus mais ce n’est pas la seule raison.

L’entrée d’un 7ème joueur à la place du gardien, cela ne vous a pas aidé…
On a réussi à contrer certaines équipes qui utilisaient cette évolution de la règle. Ça ne me plait pas trop, nos adversaires eux, l’apprécient puisque ça leur permet de nous poser des problèmes. Visuellement, je ne trouve pas ça super, sur ce 7 contre 6, on n’est pas à égalité dans le rapport de force. Maintenant, si ça reste, il va falloir s’en accommoder mais on a le droit de ne pas aimer.

Les J.O, ça reste quand même un truc unique ?
C’est évident et c’est tout comme j’avais rêvé. Le village olympique, cette mixité dans cette métropole cosmopolite d’athlètes, ce mélange des cultures. Ensuite, de croiser des mecs que j’avais vu il y a quatre ans à la télé, c’est même amusant à vivre. Pour moi qui aime tous les sports et qui ai touché un peu à tout, j’ai adoré.

Quelle est la star qui t’a marqué ?
Michaël Phelps. Un jour, je l’ai croisé à table. Là tu réalises que tu es dans le même cadre que lui, même si tu pratiques un sport différent. Son palmarès, son histoire sont impressionnants mais c’est un être humain comme tous les autres athlètes. C’est comme certains qui rencontraient Niko Karabatic et prenaient la pose avec lui. Pour ma part, les photos ne sont pas importantes, c’est simplement l’idée de dire, j’ai pris mon repas à 5 mètres d’un grand champion qui a marqué sa discipline.

Peut-être que Phelps était content de partager la table avec toi…
(rires) je ne pense pas qu'il m'ait calculé !

Pas le temps de vous reposer, les clubs vous attendent avec impatience
En plus, c’est un peu particulier pour moi, j'arrive à Montpellier où il y a des objectifs différents et bien plus élevés que ce que j'avais connu. Je reprendrai le 5 septembre par un stage. Je ne vais pas totalement m’arrêter pendant ces quinze jours, je vais couper pendant une semaine mais ensuite, il faudra que je me remette à la muscu et à la vidéo pour assimiler le style de jeu de ma nouvelle équipe.

Si j’ai bien compris, jusqu’à l’été prochain, tu ne t’arrêtes plus.
Ça je le sais depuis l’année dernière. On a débuté la saison en championnat, on a enchaîné sur l’Euro, les Jeux puis il va y avoir la reprise du championnat, la Ligue des Champions, le Mondial etc… Physiquement, c’est dur mais j’ai travaillé en conséquences cet été et j’espère que ça va continuer à porter ces fruits. Avec la Ligue des Champions, on va avoir un rythme de folie, il va falloir que je fasse quand même très attention à la blessure. Mais beaucoup aimeraient être à ma place.


Le temps d’une journée, l’argent s’est presque transformé en or !

Même si la déception d’une finale perdue est encore bien présente dans les têtes, même si certains chez les garçons savent qu’il leur sera bien difficile d’accrocher un 3ème titre olympique à leur palmarès car Tokyo est bien trop loin, les handballeuses et handballeurs de retour à la maison ont été aspirés par l’énergie positive des 40 autres médaillés de la délégation française. « L’ambiance était festive dans l’avion. Pour trouver le sommeil, ce n’était pas évident,  certains ont mis de la musique et ça s’est transformé en boîte de nuit. Mais on est content de rentrer chez nous. » Sourire aux lèvres et médaille d’argent autour du cou, filles et garçons entament leur marathon médiatique qui se terminera en fin d’après-midi, à l’Elysée. « Je ne suis pas encore redescendu sur terre, savoure Vincent Gérard, je réaliserai ce qui m’arrive un peu plus tard. Pour moi, c’est nouveau et dès l’aéroport, l’accueil du public a été génial. Dimanche, on était tristes bien-sûr, on aurait aimé décrocher l’or mais cette médaille d’argent, on l’a dignement fêtée. »  Les traits sont un peu tirés, la fatigue se fait sentir mais peu importe, tous ces instants sont bons à prendre. Echanges entre athlètes, interviewes où souvent les mêmes mots sont répétés à l’envie, directs à la radio et la télé, nos champions sont très sollicités.



Et puis, il y a le clou de cette folle journée, la désormais traditionnelle rencontre avec François Hollande dans les jardins ensoleillés de l’Elysée. Comme en 2012. « C’était un très bon moment, témoigne Nikola Karabatic, habitué à ce type de visite dans ce lieu si particulier. Le président nous a chaleureusement remerciés pour le record de médailles que toute la délégation a ramené. Je suis vraiment fier d’en faire partie. Je me rappelle qu’à Rio, avant que la compétition ne commence, il était venu nous encourager. Il nous a expliqué que nos performances, notre état d’esprit, notre comportement étaient un modèle pour le peuple français. » Le retour au calme n’est pas encore programmé. Les félicitations et marques de sympathie vont continuer encore quelques semaines. Mais la réalité du quotidien va très vite reprendre le dessus. « Je suis attendu à Flensburg dès vendredi, avoue Kentin Mahé car la saison reprend officiellement ce week-end avec le 1er tour de la coupe d’Allemagne. » Pas de répit donc, les Parisiens seront réunis au complet par Noka Serdarusic, ce jeudi. Cédric Sorhaindo et Timothey N’Guessan ont bien en poche leur billet pour Barcelone, les Montpelliérains eux, vont pouvoir respirer quelques jours. « J’ai besoin de me reposer, de me ressourcer car cette quinzaine aux Jeux a été dure physiquement et mentalement, souffle Vincent Gérard. Je vais couper un peu mais comme avec le club, il y a d’énormes objectifs programmés, il faudra être rapidement au niveau. Et puis, j’ai hâte de découvrir mes nouveaux partenaires. Je ne vais pas me plaindre car je viens de vivre des moments exceptionnels. » Et ce n’est pas terminé. Les Bleus ont encore des rêves à accomplir et d’autres sensations à aller chercher. Dans très exactement 140 jours, le Mondial en France sera lancé.  


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