C’est ce qu’on appellera un galop d’essai pour deux des trois clubs français engagés cette saison en coupe EHF. Si St Raphaël n’entrera dans la compétition qu’au 3ème tour fin novembre, Créteil et Chambéry y sont conviés dès ce week-end, face à deux adversaires largement à leur portée. Vendredi (20h30), les Cristoliens accueillent les Croates du HC Zamet Rijeka, les Savoyards évolueront samedi (à la même heure) contre les Néerlandais de Kras Volendam.
par Yves MICHEL
Si Chambéry est un habitué de l’Europe, Créteil renouera avec le passé et une dernière participation en 2008-2009 où l’aventure s’était arrêtée en 8ème de finale face au voisin val-de-marnais, l’US Ivry. Après une saison réussie et une 6ème place au classement, Créteil démarre une nouvelle aventure où il faudra tenir compte de nombreux départs (Quentin Minel pour Chambéry, Nédim Rémili pour le PSG, Vaidotas Grosas pour Istres, Erwan Siakam pour Tremblay et Sergio de la Salud pour Chartres) qui ont été "compensés" par l’arrivée de Mickaël Robin (de Cesson), Juan Castro (d’Anaitasuna) et Martin Petiot (de Nancy). L’équipe est toujours dirigée par Christophe Mazel qui garde le même cap: se rapprocher le plus possible des places d’honneur.
La saison débutant un peu plus tôt, la préparation a-t-elle été remodelée ?
On n’a pas repris plus tôt mais on a adapté les contenus. On a insisté comme tout le monde sur l’aspect physique mais on a travaillé un petit peu plus sur le jeu. On aurait pris le temps si on n’avait eu que le championnat et la coupe de la Ligue, là, c’était différent. Mais comme l’équipe n’a pas été foncièrement modifiée, ce n’est pas non plus dramatique.
Ce 1er tour de coupe EHF est-il un cadeau empoisonné ?
Certainement pas. Enfin… on va voir. Ce ne serait pas terrible de ne pas le passer même si la coupe d’Europe n’est pas un aboutissement. On va essayer d’aller le plus loin possible. A l’issue de la saison, on savait qu’on était le 1er club non européen avec un petit espoir d’en être.
En matière de recrutement, c’est plutôt a minima non ?
On fait aussi en fonction de notre budget. Le fait d’avoir réalisé une belle saison a suscité l’intérêt de pas mal de clubs pour nos joueurs. Et notamment les plus jeunes. C’est malheureusement le revers de la médaille. Pour remplacer des éléments du niveau de Nédim et Quentin, ça nécessite un autre budget qu’on n’a pas. On a procédé autrement en changeant les équilibres.
Christophe Mazel, l'alchimiste du handball au service de Créteil
Comment ça ?
On n’a pas pu recruter l’équivalent de Nédim ou Quentin mais on a fait signer un gardien expérimenté (Robin). On a quand même fait les trois-quarts de la saison écoulée avec un seul gardien. On s’en est très bien sorti mais on ne pouvait raisonnablement pas attaquer une nouvelle saison sans avoir un binôme de bon niveau.
Des joueurs comme Toto ou Pintor vont-ils être plus responsabilisés ?
Sans citer de noms, oui, forcément. Quand les cartes sont redistribuées, on attend des performances de haut niveau avec d’autres joueurs. En plus, généralement, ce sont des gens qui à chaque fois qu’on a fait appel à eux, ont donné satisfaction. Donc il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Après, il faut qu’ils soient capables de remplir un rôle majeur.
Pour revenir sur l’EHF, aller le plus loin possible, c’est quoi ?
La 1ère étape serait d’aller jusqu’à la phase de poules. Il faudra vraiment voir où on en est. Est-ce qu’on était en surrégime l’année dernière ? Et surtout, est-ce qu’on va pouvoir retrouver ce niveau-là pour titiller les autres équipes dans cette compétition.
Zamet Rijeka, ce n’est pas un obstacle insurmontable…
On a vu des vidéos mais face à des équipes dont le niveau est incertain. On va partir dans l’idée de faire deux bons matches mais si vendredi, on réalise une très bonne prestation à domicile avec un écart conséquent, ce sera bien engagé. Même si on sait que là-bas, il faut s’attendre à tout. Je me rappelle qu’avec Nîmes en 1995, contre Zagreb, on avait remporté l’aller de 7 buts et on en avait pris 14 au retour.
Melvynn Richardson sera cette année, une des pièces maîtresses du collectif chambérien
Chambéry devra presser les "Oranje"
Pour Chambéry qui la saison passée a atteint le Final Four de la coupe EHF et qui a échoué en demi-finale face au futur vainqueur de l'épreuve, les Allemands de Göppingen, c'est comme pour Créteil, le véritable coup d'envoi de la saison. 5ème au final de la LNH après un parcours plutôt sinusoïdal, le club s'est activité sur le marché des transferts. Pour remplacer Timothey N'Guessan parti vivre d'autres sensations à Barcelone, les dirigeants savoyards ont fait appel sur la base arrière au Cristolien Quentin Minel et au Cessonnais Romain Briffe. Anticipant sur la non-reconduction du contrat de Cédric Paty et le départ du Croate Matulic pour Nantes, ils ont recruté l'ailier droit du PSG Fahrudin Melic. Enfin, aux côtés de l'inaltérable Yann Genty, c'est le très prometteur Julien Meyer qui arrive comme second gardien. Tout juste remis d'une blessure au pied, l'ancien Sélestadien a repris cette semaine, en amical face à son ancien club. D'ailleurs cette rencontre (remportée par Chambéry 24-19) a été une des rares programmées dans la préparation du CSMB qui cette année, en raison de ce début de saison avancé, a privilégié le travail en groupe plutôt que la participation à divers tournois. Sans faire de complexe de supériorité, Volendam est un adversaire qui ne devrait poser aucun souci aux joueurs d'Ivica Obrvan.
Si aux Pays Bas, ce sont plutôt les filles de la sélection nationale qui portent le hand sur leurs épaules, les garçons eux, n'arrivent pas à trop percer. Coaché par un technicien polonais, le HV Kras Volendam (localité située à 25 km au nord d'est d'Amsterdam) évolue dans la "BeNe League" (qui regroupe 6 clubs belges et 6 néerlandais) et compte dans ses rangs de jeunes joueurs essentiellement du cru (les plus âgés de l'effectif sont les deux pivots nés en 1988).
Qui succèdera à Göppingen, sacré en mai en finale de l'EHF à Nantes ?
La formule de la coupe EHF
3 tours (en aller-retour) à élimination directe jusqu’à la fin novembre 2016
Phase de groupe (4 poules de 4 équipes - en aller-retour) jusqu’à la fin mars 2017
Quarts de finale (en aller-retour) 2ème quinzaine d’avril 2017
Final Four (demi finales – finales) à la mi-mai 2017
Depuis 12 ans et à une exception près (les Hongrois de Szeged en 2014), la coupe de l’EHF n'a pas échappé à un club allemand. Le défi est donc de taille pour nos représentants qui devront prendre exemple sur Nantes et Montpellier, finalistes en 2013, 2014 et 2016.
Si Créteil et Chambéry passent ce 1er tour, on connait déjà leur adversaire pour la suite. Les Cristoliens devront affronter les Roumains du CSM Bucarest où évolue l’ancien Nîmois Guillaume Saurina et les Savoyards, Berlin vainqueur de l’épreuve en 2015.