Grâce à un impeccable Mickaël Robin dans ses cages, Créteil a enterré vivant Sélestat qui aura bien du mal à rester parmi l'élite si rien n'évolue. La 3ème journée de Lidl Star Ligue a surtout été fatale à Nîmes battu à la maison par Toulouse et a révélé les carences d'un PSG bien emprunté en ce début de saison. Les gardiens ont été à l'honneur, Nantes et Paris occupent seuls la tête du classement.
par Yves MICHEL
On avait perdu la trace de Mickaël Robin. Après Montpellier et une fin de bail en 2014 dans l'Hérault pour le moins agitée, une pige en Asobal dans les cages du prestigieux Barcelone, deux années à Cesson perturbées par des blessures à répétition, en juillet, il avait posé son sac en banlieue parisienne à Créteil. Des débuts très discrets à l'image de l'équipe et puis le déclic, lors de cette 3ème journée face à Sélestat.
Si les Sélestadiens ont certes raté un peu trop d'immanquables, si dans la précipitation, ils ont vendangé un peu trop d'actions, ils ont donc surtout buté sur un ancien de la maison violette. "Micka" Robin le Strasbourgeois, enfant de la SP Neuhof formé ensuite à… Sélestat, a été insolent de présence et de réussite. 23 arrêts à 49%, il a été l’assurance tous risques d’une défense qui a connu quelques soubresauts dans les 20 premières minutes et qui ensuite s'est montrée très mobile et solidaire. « C’est vrai que dépasser la barre des 20 arrêts, ce n’est pas facile mais ça ne s’improvise pas. C’est vraiment la récompense du travail de toute la semaine avec Mate (Sunjic, l’autre gardien) et Dragan (Pocuca, l’entraîneur des gardiens), c’est un peu pour cela que je suis venu ici. On est vraiment une équipe au sein de l’équipe. Si j’arrive à cette perf, c’est parce qu’on a été bon collectivement aussi. » Et pourtant ! A voir la feuille de match cristolienne, Christophe Mazel avait du faire preuve de beaucoup de perspicacité pour constituer un 7 de base. Mokrani (épaule), Castro (main), Toto (adducteurs), Alonso (cheville) manquant à l’appel, les jeunes ont fait le nombre parmi lesquels l’ailier droit Benjamin Richert (tiens ! un autre alsacien) qui a tenu crânement son rôle pendant 5 minutes.
Rudy Seri bien esseulé au milieu de l'attaque sélestadienne
Après une entrée en matière un peu brouillonne des deux côtés, Créteil a vraiment fait l’écart peu avant la pause. La défense sélestadienne avec un Beauregard en central au milieu de gamins souvent dépassés a pris l’eau à ce moment-là. Et les Val-de-Marnais se sont envolés (13-9 à la pause) « Il fallait absolument prendre des points, poursuit Robin et on a bien réagi même si tout n’est pas parfait. Ce soir, j’ai vu des combattants. Dès qu’on a mis de l’engagement, le jeu s'est mis en place. On a été constant, on a eu très peu de temps faibles, ils se sont usés sur notre défense et ils ont manqué de solutions, même s’ils n’ont pas lâché, c’est aussi à souligner.» Sélestat a surtout fait preuve d’inexpérience et de manque de discernement. Christian Gaudin a tout essayé, multipliant (peut-être trop ?) les rotations. Mais en seconde période, le retard était trop important pour espérer un retournement de situation. « La grosse différence entre les deux équipes, c’est clairement le niveau de réussite au shoot et la prestation de "Mika", soufflait Jérémy Sargenton, le portier du SAHB. Ce qui manque vraiment c’est de l’investissement, de se mettre la gueule par terre pour pousser les buts au fond et un peu plus de professionnalisme dans l’analyse de l’adversaire que ce soit pour nous les gardiens ou les joueurs par rapport à ce qu’on voit sur les vidéos. » Le ton d'un des cadres de cette si jeune équipe trahit un sentiment d'impuissance devant la situation qui est en train de prendre forme. Alors c'est vrai, il reste 23 journées d'ici le 8 juin 2017 mais on ne peut pas s'empêcher de penser au "syndrome Billère" lorsqu'en 2012-2013, les Béarnais n'avaient pas gagné un seul match en championnat. «On avait fixé comme objectif de faire au minimum 2 victoires sur les 4 premiers matches, c'est raté. Clairement, oui, on n'a déjà un peu "le feu aux fesses", le prochain match contre Nîmes sera capital, on va donc déjà jouer notre saison dès la 4ème journée. » Pour Créteil, si ce succès fait un bien fou, l'infirmerie s'est encore un peu plus remplie puisque Malinovic qui a chuté lourdement sur le genou, a quitté ses partenaires en toute fin de rencontre.
Les Toulousains et Idrissi étaient chez eux
Dans la série "sensations fortes", il y a eu le sursaut de Toulouse à Nîmes. Avec deux défaites en autant de matches, il fallait arrêter l'hémorragie. Et trouver un soupçon supplémentaire de motivation pour réussir à sortir victorieux du Parnasse. C'est qu'en bordure d'autoroute, l'enceinte sportive est souvent verrouillée à triple tour. Beaucoup se sont cassés les dents à vouloir forcer la serrure. La solution peut résider à passer par derrière. C'est ce qu'ont fait les hommes de Gardent avec la complicité d'un ancien de la maison verte, Yassine Idrissi. A croire que le portier formé dans le coin a participé à l'élaboration des plans de l'édifice. Ce mercredi soir, il est allé chercher les attaquants nîmois dans le moindre recoin. A la pause, le bon vieux "Yass" était déjà à 15 arrêts, il terminera à 24 ! Si la défense du Fenix avec l'apport du Suédois Pettersson qui a d'ailleurs inauguré son 1er rouge en France a été très efficace, les attaquants n'ont pas été en reste. Nemanja Ilic (notre photo) réglé comme un métronome a donné le tempo (7/9), entraînant dans son sillage, comme la semaine dernière Cederholm (5/7) et Bonilauri (4/7). Les Toulousains ont fait très rapidement le trou (5-10 au quart d'heure, 8-15 à la pause) pour culminer à +10 au maximum de l'écart et subir un sursaut bien tardif de la part de l'USAM dans les dernières minutes quand tout était plié (22-27). Le Fenix démarre enfin sa saison, Nîmes prend une leçon... sans doute d'humilité.
Pays d'Aix et Saran ont flirté avec l'impensable
Occuper le fauteuil de leader, ça doit se mériter et chaque match revêt son importance. Prenez Paris par exemple qui accueillait Pays d'Aix. Pendant toute la 1ère période ou presque, ce sont les Provençaux qui ont imposé leur façon de conduire un match, ne se faisant rejoindre et dépasser qu'à la pause. Encore une fois, c'est dans le 2ème acte que le PSG certes privé de Nikola Karabatic a fait la différence, grâce à Titi Omeyer (15 arrêts) et Uwe Gensheimer (8 buts) qui a éclipsé un bien discret Mikkel Hansen (0/5). Après avoir porté son avance à 7 longueurs, Paris s'impose par une marge infime (34-32). Aix a livré un véritablement combat et peut être très confiant pour la suite avec l'apport de ses recrues (notamment Mamdouh, l'excellent pivot égyptien - notre photo). Il aura manqué aux Provençaux, ce petit éclair de lucidité dans la gestion de leurs temps faibles en seconde période pour refaire le coup de la saison passée. Pour Paris, même si les 2 points demeurent l'essentiel, on peut a contrario, s'inquiéter pour la suite. Pas pour le déplacement à Schaffhausen samedi ou celui à Dunkerque (quoique...) en suivant mais surtout quand vont arriver les Flensburg, Barcelone et Veszprém.
Pour Nantes, la bataille a été encore plus rude car Saran était retombé de son nuage depuis la gifle face à Nîmes. Les joueurs de Fabien Courtial avaient tout simplement démissionné et on se demandait de quelle façon ils pourraient réagir face à l'équipe en forme de ce début de saison. D'entrée, cela s'est mal présenté. Le "H" a fait tout de suite la différence sous l'impulsion d'un duo Balaguer-Tournat très incisif (7-11 à la 24ème). C'est à ce moment-là que le promu a décidé de réagir. Arrêts du gardien Kocic, exploitation du jeu rapide, Nantes poussé à la faute, maladresses multiples et à 9" du repos, Andrea Guillaume égalise (11-11). A la reprise, Muyembo portera même la marque en faveur de Saran. Ce sera la seule fois de la rencontre puisque les Nantais vont reprendre la tête et ne plus la lâcher (27-31).
Montpellier a prolongé la date des vendanges. Et au pressoir, Cesson a passé une mauvaise heure. Les temps sont durs pour les Bretons en ce début de saison. Pas le moindre petit grain à se mettre sous la dent. Il faudra laisser passer l'orage et retrouver de l'énergie et de la confiance face à des adversaires de même niveau. Car ce mercredi, les Héraultais ont évolué un ton au-dessus. Il faut dire qu'ils avaient à se faire pardonner après leurs deux dernières sorties. Et après Robin pour Créteil, Idrissi pour Toulouse, c'est un 3ème gardien, Vincent Gérard qui s'est illustré. L'international a été intraitable avec 18 arrêts au compteur. Ensuite, l'attaque a bien fonctionné même si encore Montpellier n'est pas avare de cadeaux. «L'écart est monté à +12, constatait Patrice Canayer et j'ai fait des changements. La gentillesse en fin de match nous a joué des tours (le MHB termine à +7). Ce n'est pas un relâchement, ce sont des joueurs qui sont entrés et qui ne sont pas dans les clous en ce moment pour X raisons. Il y a eu de belles envolées et par moments, quelques belles bourdes. C'est du à de la naïveté et l'envie de trop bien faire.» Cesson qui a surnagé grâce à Ibou Sall (7/9), a manqué d'intensité et n'a réagi que trop tardivement.
Dans le duel de barbus, c'est Marescot (Chambéry) qui s'impose face à M. Bataille (Ivry)
Quinze minutes, c'est très exactement le temps nécessaire à Chambéry pour prendre le large et obliger Ivry de courir après le score. Mais les Val-de-Marnais n'ont jamais pris l'eau, ils ont commis un peu trop de maladresses ou se sont tout simplement heurtés à la défense chambérienne pour pouvoir refaire le coup, une semaine plus tôt, de Montpellier. Les Savoyards ont fait fructifier leur capital grâce à Romain Briffe (5/8) et un étonnant Johannes Marescot (5/6). Après avoir été prêté à droite et à gauche, le jeune pivot à la barbe fleurie (22 ans) est rentré au bercail. Il a acquis de la maîtrise, a soigné sa mobilité et ne se laisse en aucun cas intimider. Mathieu Bataille, l'Ivryen pourrait en témoigner. Longtemps présenté comme une pépite puis comme un espoir chez les jeunes (génération 94-95), le champion du monde juniors 2015 semble avoir aussi pris en maturité et va encore progresser au contact du très expérimenté Greg Detrez. C'est tant mieux pour Chambéry qui face à Ivry (29-25), s'est remis dans le droit chemin. Et ce, à quatre jours de la double confrontation étalée sur la semaine face à Berlin au 2ème tour de la coupe de l'EHF.
Ce jeudi, St Raphaël peut revenir sur le podium. Pour cela, une victoire sur Dunkerque est nécessaire.
Le diaporama Chambéry - Ivry par Jean Pierre Riboli
CHAMBERY SAVOIE - US IVRY HANDBALL 29 - 25 (MT: 13-10)
Statistiques du match
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MONTPELLIER HANDBALL - CESSON RENNES 35 - 28 (MT:18-13)
Statistiques du match
Le Boulaire (Cesson) façon "voltigeur" sous le regard de Fabregas et Truchanovicius Montpellier)
PSG Handball - PAYS AIX UC 34 - 32 (MT:17-15)
Statistiques du match
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USM SARAN HB - HBC NANTES 27 - 31 (MT: 11-11)
Statistiques du match
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USAM NIMES GARD - FENIX TOULOUSE 22 - 27 (MT: 8-15)
Statistiques du match
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US CRETEIL HANDBALL - SELESTAT AHB 30 - 24 (MT: 13-9)
Statistiques du match
Le diaporama sur Créteil - Sélestat