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LDC F : Un enfer pour Metz, un paradis pour Rajcic

Champion's League

jeudi 13 octobre 2016 - © Laurent Hoppe

 5 min 51 de lecture

Ligue des Champions féminine (1re journée).
Après une saison d’absence, Metz effectue samedi son retour parmi les grandes d’Europe. La route des championnes de France, que ces dernières aimeraient voir prolongée jusqu’en quarts, passe d’abord par le Monténégro. A Podgorica, chez le favori désigné du groupe, Marina Rajcic n’aura aucun mal à prendre ses repères. Sur son sol, la jeune gardienne monténégrine fera face à ses compatriotes, comme sa propre histoire.

 
Selon le théorème de Laszlo Papp (*), tout club français plongé dans le grand bain européen en ressort avant les phases finales. Invariablement. Depuis l’instauration d’une seconde phase de groupes en Ligue des Champions, en 2007, ni Metz (cinq participations sur la décennie), ni Toulon (2010), ni Fleury-les-Aubrais (la saison dernière) n’ont franchi cet écueil. Néanmoins, la courbe des performances hexagonales dessine une progression par paliers. La première qualification des Mosellanes au tour principal (2011-2012, formule à huit équipes) en était un. Elles avaient récidivé trois ans plus tard, dans un plateau élargi à douze convives. Fleury fit de même la saison passée. Dans les deux cas les plus récents, le grand huit ne s’était dérobé qu’à l’ultime journée. Plus exactement en amont, lors de rendez-vous décisifs mal négociés.

Cette saison sera-t-elle la bonne ? Les championnes de France espèrent que oui. Sauf qu’avant de rêver défricher au printemps, elles devront d’abord s’extraire d’une poule A a priori homogène (Podgorica, Thüringen, Glassverket Drammen), moins effrayante que d’autres (voir plus bas). Escorté par son début de Championnat parfait (trois victoires de rang), adossé à son quarteron de vice-championnes olympiques, Metz peut raisonnablement effacer son passage fugace en Coupe des Coupes (élimination d’emblée par Viborg, en novembre 2015).

Dix-neuf mois après s’être éclipsées au soir d’un revers éliminatoire à Györ (20-27, le 15 mars 2015 aux Arènes), les Jaune et Bleu regoûteront ce samedi à la crème continentale à Podgorica. Plus que quiconque, plus que toutes ses équipières vierges dans ce contexte, Marina Rajcic vivra intensément l’instant. « Ce match signifie beaucoup pour moi, confie la gardienne et locale de l’étape. Ce sera la première fois que je jouerai devant mon public, dans ma salle, pour une autre équipe. Ce sera étrange, mais je serai heureuse. »

Avant de migrer en Lorraine à l’été 2015, l’ancienne étudiante en médecine (23 ans, 1,75 m pour 70 kg, 97 sélections) n’en avait connue qu’une. Le ZRK Buducnost, communément assimilé à une déclinaison de la sélection du Monténégro. « J’y ai commencé le hand, à douze ans. J’étais d’abord joueuse de champ, mais je regardais tout le temps ce que faisait la gardienne. Elle était dans son monde, c’était quelque chose de spécial. J’ai demandé à mon entraîneur d’y aller. Dans un premier temps, il a refusé. Mais j’y tenais vraiment, alors il m’a laissé faire. Pour mon premier match comme gardienne, je n’ai encaissé qu’un but en trente minutes. On m’a laissé continuer. »

Dès lors, la native de la capitale a épousé l’ascension de son club et de sa jeune nation, indépendante de la Serbie depuis dix ans. Intégration en équipe A à quinze ans, une palanquée de récompenses domestiques, deux Ligues des Champions (2012, 2015), sans oublier la gloire partagée avec la sélection. L’argent olympique à Londres, en août 2012, suivi de l’or européen quatre mois plus tard. « Je ne l’oublierai jamais », glisse-t-elle dans un sourire.

Depuis, Marina Vukcevic (épouse Rajcic) a enrichi sa collection d’un titre en France, dès sa première saison hors de ses frontières. Adoptée derechef par le public messin, qui a d’ailleurs pu fredonner les premières notes de… « Marina », chanson italienne des sixties, après chacun de ses huit arrêts lors du dernier match de LFH (32-11 contre Chambray). Adoubée par ses équipières, à commencer par celle qui défend les cages à ses côtés. « On s’entend super bien, témoigne Laura Glauser. Ca se passe très bien entre nous, on ne peut pas parler de concurrence. » « Quand je suis arrivée, j’étais très heureuse d’avoir quelqu’un comme Laura près de moi. C’est un soutien, une amie pour la vie. Nous adorons travailler ensemble. » Le fait d’être nées à quatre jours d’écart (Le 20 août 1993 pour Glauser, le 24 pour Rajcic) aide sans doute…

Assurément, cette complicité franco-monténégrine pourra servir à tailler des croupières aux demi-finalistes de la précédente C1, détrônées par Bucarest au Final Four (27-21 pour les Roumaines). Pour éteindre, par extension, la ferveur des quelque 4000 âmes qui prendront place au Moraca Sport Center. Dans une demi-finale de Coupe des Coupes 2010 restée célèbre (28-21), un spectateur y avait donné un coup de poing pleine face à Bertrand François, l’entraîneur messin d’alors. Quand la ferveur d’un peuple avait dépassé les bornes… Au Monténégro, « le hand féminin est le sport numéro 1, contextualise Rajcic. Nous sommes un petit pays, peu de joueuses peuvent choisir leur sport, comme dans l’autres pays. Ici, nous jouons vraiment avec notre cœur, nous donnons tout. » Une source d’inspiration toute trouvée pour faire passer un cap à son club adoptif, dans lequel elle se verrait bien durer. « J’aime mon équipe, la ville. Si mes objectifs et ceux du club sont compatibles, je serais très heureuse de rester longtemps. »
 
(*) Boxeur hongrois ayant donné son nom au lieu du Final Four féminin de la Ligue des Champions, organisée à Budapest depuis 2014

Le programme du groupe A
Samedi, 17 heures : Buducnost (MTN) - Metz. En direct sur beIN Max 8
Dimanche, 14 heures : Thüringer (ALL) - Glassverket (NOR)

Un champion en danger

Cinq mois après son premier titre européen acquis à l'issue d'une finale époustouflante (29-26 aux tirs au but face à Györ), le CSM Bucarest se retrouve tout de suite dans le vif du sujet. Le club roumain a en effet été placé dans le groupe C, clairement le plus difficile de la compétition avec le vice-champion d'Europe Györ, les championnes de Russie de Rostov et les vice-championnes du Danemark de Midtjylland. Bref, que des candidats au Final 4 ! Gnonsiane Niombla, Camille Ayglon et les leurs ne peuvent donc pas vraiment abandonner de points, à commencer par la réception du Rostov de Siraba Dembélé ce dimanche pour l'un des premiers chocs de la compétition.

Outre ce quarté et Buducnost, les autres costauds se trouvent dans le groupe B, à savoir le Vardar Skopje d'Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère et le FTC Rail Cargo où vient de s'engager Marija Jovanovic (ex-Issy-Paris). Dans le groupe D, les Danoises d'Esbjerg disposent aussi d'une équipe qui devrait embêter plus d'un favori cette saison.

Le chiffre
7
Le nombre de Françaises qui disputent la Ligue des champions cette saison (outre les Messines) : Manon Houette (Thüringer), Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère (Vardar Skopje), Camille Ayglon et Gnonsiane Niombla (CSM Bucarest), Siraba Dembélé (Rostov) et Laura Kamdop (Krim Mercator)

LDC F : Un enfer pour Metz, un paradis pour Rajcic 

Champion's League

jeudi 13 octobre 2016 - © Laurent Hoppe

 5 min 51 de lecture

Ligue des Champions féminine (1re journée).
Après une saison d’absence, Metz effectue samedi son retour parmi les grandes d’Europe. La route des championnes de France, que ces dernières aimeraient voir prolongée jusqu’en quarts, passe d’abord par le Monténégro. A Podgorica, chez le favori désigné du groupe, Marina Rajcic n’aura aucun mal à prendre ses repères. Sur son sol, la jeune gardienne monténégrine fera face à ses compatriotes, comme sa propre histoire.

 
Selon le théorème de Laszlo Papp (*), tout club français plongé dans le grand bain européen en ressort avant les phases finales. Invariablement. Depuis l’instauration d’une seconde phase de groupes en Ligue des Champions, en 2007, ni Metz (cinq participations sur la décennie), ni Toulon (2010), ni Fleury-les-Aubrais (la saison dernière) n’ont franchi cet écueil. Néanmoins, la courbe des performances hexagonales dessine une progression par paliers. La première qualification des Mosellanes au tour principal (2011-2012, formule à huit équipes) en était un. Elles avaient récidivé trois ans plus tard, dans un plateau élargi à douze convives. Fleury fit de même la saison passée. Dans les deux cas les plus récents, le grand huit ne s’était dérobé qu’à l’ultime journée. Plus exactement en amont, lors de rendez-vous décisifs mal négociés.

Cette saison sera-t-elle la bonne ? Les championnes de France espèrent que oui. Sauf qu’avant de rêver défricher au printemps, elles devront d’abord s’extraire d’une poule A a priori homogène (Podgorica, Thüringen, Glassverket Drammen), moins effrayante que d’autres (voir plus bas). Escorté par son début de Championnat parfait (trois victoires de rang), adossé à son quarteron de vice-championnes olympiques, Metz peut raisonnablement effacer son passage fugace en Coupe des Coupes (élimination d’emblée par Viborg, en novembre 2015).

Dix-neuf mois après s’être éclipsées au soir d’un revers éliminatoire à Györ (20-27, le 15 mars 2015 aux Arènes), les Jaune et Bleu regoûteront ce samedi à la crème continentale à Podgorica. Plus que quiconque, plus que toutes ses équipières vierges dans ce contexte, Marina Rajcic vivra intensément l’instant. « Ce match signifie beaucoup pour moi, confie la gardienne et locale de l’étape. Ce sera la première fois que je jouerai devant mon public, dans ma salle, pour une autre équipe. Ce sera étrange, mais je serai heureuse. »

Avant de migrer en Lorraine à l’été 2015, l’ancienne étudiante en médecine (23 ans, 1,75 m pour 70 kg, 97 sélections) n’en avait connue qu’une. Le ZRK Buducnost, communément assimilé à une déclinaison de la sélection du Monténégro. « J’y ai commencé le hand, à douze ans. J’étais d’abord joueuse de champ, mais je regardais tout le temps ce que faisait la gardienne. Elle était dans son monde, c’était quelque chose de spécial. J’ai demandé à mon entraîneur d’y aller. Dans un premier temps, il a refusé. Mais j’y tenais vraiment, alors il m’a laissé faire. Pour mon premier match comme gardienne, je n’ai encaissé qu’un but en trente minutes. On m’a laissé continuer. »

Dès lors, la native de la capitale a épousé l’ascension de son club et de sa jeune nation, indépendante de la Serbie depuis dix ans. Intégration en équipe A à quinze ans, une palanquée de récompenses domestiques, deux Ligues des Champions (2012, 2015), sans oublier la gloire partagée avec la sélection. L’argent olympique à Londres, en août 2012, suivi de l’or européen quatre mois plus tard. « Je ne l’oublierai jamais », glisse-t-elle dans un sourire.

Depuis, Marina Vukcevic (épouse Rajcic) a enrichi sa collection d’un titre en France, dès sa première saison hors de ses frontières. Adoptée derechef par le public messin, qui a d’ailleurs pu fredonner les premières notes de… « Marina », chanson italienne des sixties, après chacun de ses huit arrêts lors du dernier match de LFH (32-11 contre Chambray). Adoubée par ses équipières, à commencer par celle qui défend les cages à ses côtés. « On s’entend super bien, témoigne Laura Glauser. Ca se passe très bien entre nous, on ne peut pas parler de concurrence. » « Quand je suis arrivée, j’étais très heureuse d’avoir quelqu’un comme Laura près de moi. C’est un soutien, une amie pour la vie. Nous adorons travailler ensemble. » Le fait d’être nées à quatre jours d’écart (Le 20 août 1993 pour Glauser, le 24 pour Rajcic) aide sans doute…

Assurément, cette complicité franco-monténégrine pourra servir à tailler des croupières aux demi-finalistes de la précédente C1, détrônées par Bucarest au Final Four (27-21 pour les Roumaines). Pour éteindre, par extension, la ferveur des quelque 4000 âmes qui prendront place au Moraca Sport Center. Dans une demi-finale de Coupe des Coupes 2010 restée célèbre (28-21), un spectateur y avait donné un coup de poing pleine face à Bertrand François, l’entraîneur messin d’alors. Quand la ferveur d’un peuple avait dépassé les bornes… Au Monténégro, « le hand féminin est le sport numéro 1, contextualise Rajcic. Nous sommes un petit pays, peu de joueuses peuvent choisir leur sport, comme dans l’autres pays. Ici, nous jouons vraiment avec notre cœur, nous donnons tout. » Une source d’inspiration toute trouvée pour faire passer un cap à son club adoptif, dans lequel elle se verrait bien durer. « J’aime mon équipe, la ville. Si mes objectifs et ceux du club sont compatibles, je serais très heureuse de rester longtemps. »
 
(*) Boxeur hongrois ayant donné son nom au lieu du Final Four féminin de la Ligue des Champions, organisée à Budapest depuis 2014

Le programme du groupe A
Samedi, 17 heures : Buducnost (MTN) - Metz. En direct sur beIN Max 8
Dimanche, 14 heures : Thüringer (ALL) - Glassverket (NOR)

Un champion en danger

Cinq mois après son premier titre européen acquis à l'issue d'une finale époustouflante (29-26 aux tirs au but face à Györ), le CSM Bucarest se retrouve tout de suite dans le vif du sujet. Le club roumain a en effet été placé dans le groupe C, clairement le plus difficile de la compétition avec le vice-champion d'Europe Györ, les championnes de Russie de Rostov et les vice-championnes du Danemark de Midtjylland. Bref, que des candidats au Final 4 ! Gnonsiane Niombla, Camille Ayglon et les leurs ne peuvent donc pas vraiment abandonner de points, à commencer par la réception du Rostov de Siraba Dembélé ce dimanche pour l'un des premiers chocs de la compétition.

Outre ce quarté et Buducnost, les autres costauds se trouvent dans le groupe B, à savoir le Vardar Skopje d'Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère et le FTC Rail Cargo où vient de s'engager Marija Jovanovic (ex-Issy-Paris). Dans le groupe D, les Danoises d'Esbjerg disposent aussi d'une équipe qui devrait embêter plus d'un favori cette saison.

Le chiffre
7
Le nombre de Françaises qui disputent la Ligue des champions cette saison (outre les Messines) : Manon Houette (Thüringer), Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère (Vardar Skopje), Camille Ayglon et Gnonsiane Niombla (CSM Bucarest), Siraba Dembélé (Rostov) et Laura Kamdop (Krim Mercator)

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