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CAN : la Guinée n'a pas fini de grandir

International

mercredi 2 novembre 2016 - © Davy Bodiguel

 7 min 37 de lecture

Deux ans après sa toute première participation à la Coupe d'Afrique des Nations, la Guinée a bien l'intention de confirmer sa progression parmi les meilleures sélections du continent. La CAN, une vitrine toute trouvée pour le Syli National... avec dans un coin de la tête l'envie de créer la surprise.

L’Afrique de l’ouest s’éveille au handball : et si la Côte d’Ivoire a longtemps été n°1 dans cette zone du continent, c’est désormais le Sénégal et la Guinée qui sont sous le feu des projecteurs. La seconde nommée vit même un rêve éveillé avec une seconde participation inédite à la compétition phare du handball féminin Africain. Si la première édition en Algérie a été une grande découverte, il s’agit désormais pour le Syli national de mener la vie dure aux nations phares et ainsi de confirmer les progrès du hand Guinéen ces deux dernières années.

On ne parlera pas de sorciers blancs… mais les techniciens Français ont toujours la cote en Afrique : Gilles Malfondet est au service de la fédération Ivoirienne… et bien sûr, Frédéric Bougeant a été la personnalité phare de cette année 2016 en tant que nouveau sélectionneur du Sénégal. En Guinée, Kevin Decaux conduit depuis quelques années le Syli national hommes et femmes (seniors et jeunes) avec l’objectif de grandir sereinement. Les techniciens Français au cœur du développement sportif des sélections Africaines et des joueuses souvent Françaises au départ… mais qui ont eu l’envie de nouer un lien avec le pays d'origine de leurs parents. Résultat pour la Guinée, une sélection homogène et prête à relever un défi de taille face à des nations autrement plus expérimentées. A sa tête, Kevin Decaux nous en dit plus sur cette belle aventure à vivre du 28 novembre au 7 décembre du côté de Luanda.

Kevin, le Syli National a évolué sereinement depuis la dernière CAN ?
Il y a deux ans, nous étions les petits poucets. Et depuis, on fait partie du paysage Africain, on est maintenant la 6ème nation d’Afrique. On a évolué… chez les jeunes, on a notamment battu le Sénégal au challenge trophy. Ça prouve un certain changement, la progression est marquante autant chez les jeunes qu’au niveau senior. Et depuis la dernière CAN, j’ai remanié l’équipe… un bien pour un mal parce qu’aujourd’hui, je sens l’équipe plus mûre. Aucune de mes joueuses ne se dit « je suis une titulaire indiscutable », toutes sont impliquées à l’image de ce qu’on a pu faire lors du tournoi au Maroc, ou en battant des équipes Françaises.

Des joueuses en majorité issues du championnat de France ?
Oui. Auparavant, j’avais des joueuses de niveau N2/N3 Française. Depuis, on a des filles de potentiel D2/N1. Et j’ai aussi plus de profondeur de banc, la possibilité de faire des rotations supplémentaires… ce qui n’existait pas il y a deux ans. Plus de gabarit aussi, notre dimension athlétique n’a plus rien à voir : avant face au Congo ou à l’Angola, c’était compliqué de rivaliser. Il faut dire qu’ici, on a plutôt l’habitude d’avoir de petits gabarits plutôt vifs, le morphotype était différent et ça se ressentait à l’impact. Mais les choses ont changé, on peut maintenant marquer à n’importe quel poste.

Il faut dire que la Fédération a fait l’effort pour vous permettre de grandir ?
Il y a encore quatre ans, qui connaissait le hand Guinéen ? On travaille dans la continuité… et là, on commence à voir les fruits de cet effort. On participe, on est présent et on est reconnu. Le président de la Fédération a beaucoup investi, c’est son deuxième mandat, c’est toujours le même… il a d’ailleurs été élu président en zone Afrique de l’Ouest. On ne s’arrête pas, on a des ambitions illimitées… même si on connaît les réalités du terrain. Je n’oublie pas que notre sélection senior n’a que quatre années d’existence.

On sent une émulation en Afrique de l’Ouest… le Sénégal fait notamment parler de lui avec un certain Fred Bougeant à sa tête ?
On ne peut pas nier la rivalité (rires)… c’est un peu un derby. Une concurrence saine évidemment. Il y a des enjeux, encore chez les jeunes récemment. Les Sénégalais investissent beaucoup… comme nous, nous investissons en temps et en finances. En Afrique, il faut s’adapter sans cesse… en termes de logistique, de préparation ou de compétition. Une adaptation en temps réel. Après, je souhaite à Fred de réussir : si l’Afrique de l’Ouest réussit quel que soit le pays, c’est aussi bénéfique pour nous. On est là pour que cette Afrique de l’Ouest rattrape les grandes nations du continent, que ce soit le Maghreb ou les pays du sud de type Angola.

Avant la CAN, il y a le passage à Conakry… un moment important ?
Pour beaucoup de mes joueuses qui ont la culture Française, il s’agit d’abord de retourner au pays. Toutes ne connaissent pas la chaleur du pays. Il s’agit de partir motivées, aller chercher le drapeau chez le ministre, sentir le peuple derrière elles. Après le foot, le hand est un sport populaire… cette ferveur, cet échange avec nos supporters va donner du dynamisme… c'est un coup de boost à donner au groupe.

La compétition à Luanda promet d’être ardue, particulièrement d’entrée face à la Tunisie ?
On aura trois jours d’adaptation. Et attention tout de suite à cette Tunisie même sans Mouna Chebbah. Il y a des jeunes qui voudront se faire voir, il faut les respecter… mais ne pas s’agenouiller devant elles. A part l’Angola qui joue à domicile et après ce qu’elle a fait aux JO, tout est envisageable. L’objectif pour nous, c’est de faire mieux que la dernière fois… et d’atteindre pourquoi pas une demi-finale. Gagner un match à la CAN, ce serait de toute façon historique. On a une belle carte à jouer… il ne faudra évidemment pas finir dernier de notre groupe. Avec un groupe jeune il y a deux ans… je retiens qu’on avait fait face à l’Algérie chez elle, c’était d’ailleurs serré à un moment donné du match.

Au-delà du résultat, le travail de fond continue avec un rapprochement entre les joueuses évoluant en Europe et ce formidable vivier de jeunes évoluant au pays ?
Exactement, il faut faire la fusion, une connexion entre la culture du pays et les capacités individuelles. Construire une passerelle pour que les filles passent un cap. Il y a des filles très intéressantes en Guinée à l’image de Wembé Salematou qui fait partie de la sélection. Le potentiel existe… après il faut des structures, des compétences, un accompagnement. On apporte cette culture du haut niveau parce qu’en France, il y a cette excellence de la formation. On met ça en place, ça commence à payer… et y on arrivera à long terme.

Les 18 sélectionnées Guinéennes pour la CAN 2016 :

Gardiennes : Fatoumata Diadhiou (Bayonne, France), Cissé Sidibé (Noisy II, France).
Pivots : Kardiatou Sow (St Etienne, France), Simone Keita (US Guinée, Guinée), Nadia Da Silva (Villemomble, France).
Ailières : Bintou Diallo Diallo (Gran Canaria, Espagne), Khady Konaté (Aubervilliers, France), Charlotte Correa (Mérignac, France), Bidzogo Manga (Conflans, France).
Arrières : Hademou Boye-Samba (Val d’Orge, France), Mamou Diallo (Noisy II, France), Wembé-Salematou Camara (Sangaredi, Guinée), Adama Traoré (Paris SG, France), Aissatou Touré (Mérignac II, France), Siga Amadi (Dreux, France), Béatrice Gomis (Lège Cap-Ferret, France), Fanta Diallo (Bayonne, France), Fatoumata Camara (Oujad, Maroc).

Le programme de 1er tour du Syli National :

La poule B de cette Coupe d'Afrique organisée à Luanda en Angola n'est finalement composée que de quatre sélections. En effet, l'Egypte a récemment déclaré forfait pour cette compétition. Une aubaine pour les Guinéennes désormais assurées de se hisser en quart de finale malgré la rude concurrence qu'offre la Tunisie (championne d'Afrique en titre), l'Algérie (4ème chez elle il y a deux ans) et le Congo Kinshasa (finaliste de la dernière édition). Reste à finir à la meilleure place pour éviter l'ogre Angolais en quart.

Le 28 novembre 2016 à 11h : Tunisie - Guinée

Le 1er décembre 2016 à 15h : Guinée - Algérie

Le 2 décembre 16 à 13h : République Populaire du Congo - Guinée

CAN : la Guinée n'a pas fini de grandir 

International

mercredi 2 novembre 2016 - © Davy Bodiguel

 7 min 37 de lecture

Deux ans après sa toute première participation à la Coupe d'Afrique des Nations, la Guinée a bien l'intention de confirmer sa progression parmi les meilleures sélections du continent. La CAN, une vitrine toute trouvée pour le Syli National... avec dans un coin de la tête l'envie de créer la surprise.

L’Afrique de l’ouest s’éveille au handball : et si la Côte d’Ivoire a longtemps été n°1 dans cette zone du continent, c’est désormais le Sénégal et la Guinée qui sont sous le feu des projecteurs. La seconde nommée vit même un rêve éveillé avec une seconde participation inédite à la compétition phare du handball féminin Africain. Si la première édition en Algérie a été une grande découverte, il s’agit désormais pour le Syli national de mener la vie dure aux nations phares et ainsi de confirmer les progrès du hand Guinéen ces deux dernières années.

On ne parlera pas de sorciers blancs… mais les techniciens Français ont toujours la cote en Afrique : Gilles Malfondet est au service de la fédération Ivoirienne… et bien sûr, Frédéric Bougeant a été la personnalité phare de cette année 2016 en tant que nouveau sélectionneur du Sénégal. En Guinée, Kevin Decaux conduit depuis quelques années le Syli national hommes et femmes (seniors et jeunes) avec l’objectif de grandir sereinement. Les techniciens Français au cœur du développement sportif des sélections Africaines et des joueuses souvent Françaises au départ… mais qui ont eu l’envie de nouer un lien avec le pays d'origine de leurs parents. Résultat pour la Guinée, une sélection homogène et prête à relever un défi de taille face à des nations autrement plus expérimentées. A sa tête, Kevin Decaux nous en dit plus sur cette belle aventure à vivre du 28 novembre au 7 décembre du côté de Luanda.

Kevin, le Syli National a évolué sereinement depuis la dernière CAN ?
Il y a deux ans, nous étions les petits poucets. Et depuis, on fait partie du paysage Africain, on est maintenant la 6ème nation d’Afrique. On a évolué… chez les jeunes, on a notamment battu le Sénégal au challenge trophy. Ça prouve un certain changement, la progression est marquante autant chez les jeunes qu’au niveau senior. Et depuis la dernière CAN, j’ai remanié l’équipe… un bien pour un mal parce qu’aujourd’hui, je sens l’équipe plus mûre. Aucune de mes joueuses ne se dit « je suis une titulaire indiscutable », toutes sont impliquées à l’image de ce qu’on a pu faire lors du tournoi au Maroc, ou en battant des équipes Françaises.

Des joueuses en majorité issues du championnat de France ?
Oui. Auparavant, j’avais des joueuses de niveau N2/N3 Française. Depuis, on a des filles de potentiel D2/N1. Et j’ai aussi plus de profondeur de banc, la possibilité de faire des rotations supplémentaires… ce qui n’existait pas il y a deux ans. Plus de gabarit aussi, notre dimension athlétique n’a plus rien à voir : avant face au Congo ou à l’Angola, c’était compliqué de rivaliser. Il faut dire qu’ici, on a plutôt l’habitude d’avoir de petits gabarits plutôt vifs, le morphotype était différent et ça se ressentait à l’impact. Mais les choses ont changé, on peut maintenant marquer à n’importe quel poste.

Il faut dire que la Fédération a fait l’effort pour vous permettre de grandir ?
Il y a encore quatre ans, qui connaissait le hand Guinéen ? On travaille dans la continuité… et là, on commence à voir les fruits de cet effort. On participe, on est présent et on est reconnu. Le président de la Fédération a beaucoup investi, c’est son deuxième mandat, c’est toujours le même… il a d’ailleurs été élu président en zone Afrique de l’Ouest. On ne s’arrête pas, on a des ambitions illimitées… même si on connaît les réalités du terrain. Je n’oublie pas que notre sélection senior n’a que quatre années d’existence.

On sent une émulation en Afrique de l’Ouest… le Sénégal fait notamment parler de lui avec un certain Fred Bougeant à sa tête ?
On ne peut pas nier la rivalité (rires)… c’est un peu un derby. Une concurrence saine évidemment. Il y a des enjeux, encore chez les jeunes récemment. Les Sénégalais investissent beaucoup… comme nous, nous investissons en temps et en finances. En Afrique, il faut s’adapter sans cesse… en termes de logistique, de préparation ou de compétition. Une adaptation en temps réel. Après, je souhaite à Fred de réussir : si l’Afrique de l’Ouest réussit quel que soit le pays, c’est aussi bénéfique pour nous. On est là pour que cette Afrique de l’Ouest rattrape les grandes nations du continent, que ce soit le Maghreb ou les pays du sud de type Angola.

Avant la CAN, il y a le passage à Conakry… un moment important ?
Pour beaucoup de mes joueuses qui ont la culture Française, il s’agit d’abord de retourner au pays. Toutes ne connaissent pas la chaleur du pays. Il s’agit de partir motivées, aller chercher le drapeau chez le ministre, sentir le peuple derrière elles. Après le foot, le hand est un sport populaire… cette ferveur, cet échange avec nos supporters va donner du dynamisme… c'est un coup de boost à donner au groupe.

La compétition à Luanda promet d’être ardue, particulièrement d’entrée face à la Tunisie ?
On aura trois jours d’adaptation. Et attention tout de suite à cette Tunisie même sans Mouna Chebbah. Il y a des jeunes qui voudront se faire voir, il faut les respecter… mais ne pas s’agenouiller devant elles. A part l’Angola qui joue à domicile et après ce qu’elle a fait aux JO, tout est envisageable. L’objectif pour nous, c’est de faire mieux que la dernière fois… et d’atteindre pourquoi pas une demi-finale. Gagner un match à la CAN, ce serait de toute façon historique. On a une belle carte à jouer… il ne faudra évidemment pas finir dernier de notre groupe. Avec un groupe jeune il y a deux ans… je retiens qu’on avait fait face à l’Algérie chez elle, c’était d’ailleurs serré à un moment donné du match.

Au-delà du résultat, le travail de fond continue avec un rapprochement entre les joueuses évoluant en Europe et ce formidable vivier de jeunes évoluant au pays ?
Exactement, il faut faire la fusion, une connexion entre la culture du pays et les capacités individuelles. Construire une passerelle pour que les filles passent un cap. Il y a des filles très intéressantes en Guinée à l’image de Wembé Salematou qui fait partie de la sélection. Le potentiel existe… après il faut des structures, des compétences, un accompagnement. On apporte cette culture du haut niveau parce qu’en France, il y a cette excellence de la formation. On met ça en place, ça commence à payer… et y on arrivera à long terme.

Les 18 sélectionnées Guinéennes pour la CAN 2016 :

Gardiennes : Fatoumata Diadhiou (Bayonne, France), Cissé Sidibé (Noisy II, France).
Pivots : Kardiatou Sow (St Etienne, France), Simone Keita (US Guinée, Guinée), Nadia Da Silva (Villemomble, France).
Ailières : Bintou Diallo Diallo (Gran Canaria, Espagne), Khady Konaté (Aubervilliers, France), Charlotte Correa (Mérignac, France), Bidzogo Manga (Conflans, France).
Arrières : Hademou Boye-Samba (Val d’Orge, France), Mamou Diallo (Noisy II, France), Wembé-Salematou Camara (Sangaredi, Guinée), Adama Traoré (Paris SG, France), Aissatou Touré (Mérignac II, France), Siga Amadi (Dreux, France), Béatrice Gomis (Lège Cap-Ferret, France), Fanta Diallo (Bayonne, France), Fatoumata Camara (Oujad, Maroc).

Le programme de 1er tour du Syli National :

La poule B de cette Coupe d'Afrique organisée à Luanda en Angola n'est finalement composée que de quatre sélections. En effet, l'Egypte a récemment déclaré forfait pour cette compétition. Une aubaine pour les Guinéennes désormais assurées de se hisser en quart de finale malgré la rude concurrence qu'offre la Tunisie (championne d'Afrique en titre), l'Algérie (4ème chez elle il y a deux ans) et le Congo Kinshasa (finaliste de la dernière édition). Reste à finir à la meilleure place pour éviter l'ogre Angolais en quart.

Le 28 novembre 2016 à 11h : Tunisie - Guinée

Le 1er décembre 2016 à 15h : Guinée - Algérie

Le 2 décembre 16 à 13h : République Populaire du Congo - Guinée

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