Si la France est grandissime favorite du Mondial, l'Espagne tout comme le Danemark, l'Allemagne et la Croatie pourrait se glisser dans le carré final. A l'image du gardien Gonzalo Perez de Vargas, la "Roja" veut surtout repartir d'un bon pied après la déconvenue de la non-qualification aux Jeux de Rio.
Par Yves MICHEL
La France et son magnifique public de Bercy ont donné le coup d'envoi d'un Mondial qui augure quelques surprises et certainement des rebondissements et ce, dans n'importe quel groupe. Le constat est simple. A de très rares exceptions, les 24 équipes engagées dans la compétition ne se présentent pas au complet et chez certains, des joueurs majeurs ont du déclarer forfait ou ont été écartés sur choix de l'entraîneur.
L'Espagne elle, a fait acte de contrition et a mis tout en œuvre pour exorciser la plaie béante d'une non qualification aux Jeux de Rio. Cela n'était pas arrivé à la Roja depuis 1976, soit 40 années de participation ininterrompue. La digestion a été lente et le goût amer difficile à estomper. « J’espère que chacun a évacué tout ça, martèle Gonzalo Perez de Vargas. Le coup a été très dur à encaisser. Les dirigeants ont pris des mesures, on se devait de gommer la déception et de repartir sur un nouveau challenge. Ce moment difficile a été finalement un déclic, tout le monde a su se remettre en question. » La plus radicale des dispositions a été le changement de coach. Sélectionner de la "Roja" depuis 2013, Manolo Cadenas a été débarqué au profit d'un compatriote, Jordi Ribera, ancien joueur entre autres clubs de Leon passé par la suite, à la tête de l'Argentine et jusqu'à l'été, du Brésil. « Ce qui est important par rapport à son prédécesseur, explique l'actuel gardien de Barcelone et ancien de Toulouse, c'est qu'il ne bosse que pour la sélection (Manolo Cadenas cumulait aussi avec la fonction d'entraîneur de l'équipe polonaise de Plock). C'est un atout car il s'occupe pleinement de tout ce qui gravite autour. Depuis son entrée en fonction, il a sillonné le pays à la rencontre des joueurs même certains qui n'avaient jamais mis les pieds en équipe nationale et il a noué un lien très fort avec les entraîneurs de club. Il donne l'impression d'être toujours derrière nous. Cadenas lui, ne pouvait pas faire ça car il avait d'autres obligations.» Autre mutation, Ribera a commencé à rajeunir son effectif. Sans pour autant procéder à une révolution de palais. Ce Mondial marquera la fin d'un cycle pour certains (Sterbik par exemple, a été écarté, Morros, Raul Entrerrios présents dans l'effectif, savourent avant de tirer leur révérence), d'autres comme Maqueda, n'ont pas été pris et Ribera n'a pas hésité à parier sur la jeunesse d'un Balaguer (l'ailier droit de Nantes) ou d'un Costoya (l'arrière de Leon). « Ribera a une vision sur le long terme, il veut préparer l'Espagne aux futures échéances. Il fallait le faire maintenant, c'est bien qu'il saisisse l'opportunité.» Dans cette sélection où subsistent encore des monstres sacrés (Tomas, Canellas, Rivera, Aguinagalde, Morros, Raul Entrerrios), Gonzalo Perez de Vargas a définitivement assis sa place ne numéro 1 dans les cages. Mais qu'importe la hiérarchie établie d'autant qu'il partage avec son binôme Rodrigo Corralès (le futur gardien du PSG) une complicité de longue date. « On se connait depuis longtemps. J'ai plus d'affinités avec lui que j'en ai eues avec Sterbik, même si on s'entendait bien. Avec Rodrigo, on est arrivé ensemble au centre de formation du FC Barcelone, on a grandi ensemble dans les sélections nationales jeunes et juniors.» Responsabilisé au Barça par "Pasqui", responsabilisé par Ribera en équipe nationale, "Gonzi" aimerait le plus tôt possible renouer avec les podiums.
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En France, sur ce Mondial, la "Roja" a des ambitions déclarées mais sa déconvenue de l'été l'incite tout de même à la prudence. « Il va falloir vraiment s'évaluer avec le groupe et ses nouveautés sur une compét comme celle-là. On peut dire que l'Espagne se situe toujours entre le 1/4 de finale et la demie mais on se méfie beaucoup de la Slovénie qui nous a barré la route pour les J.O. (à la différence de buts avec la Suède). Chaque équipe dans le groupe voudra de toute façon "se faire" l'Espagne. A nous de rester humbles, de ne pas leur en donner l'occasion. Je pense sincèrement qu'on a un effectif pour faire 1er ou 2ème de la poule.» Un classement qui prend toute son importance d'autant que les quatre premiers du groupe B croiseront avec ceux du A où figure la France. « Cela ne fait aucun doute que les Français sont les grands favoris de ce Mondial. Ils sont dans la même situation que l'Espagne en 2013 (Gonzalo avait fait le stage et disputé le tournoi de préparation). Il y a une attente de la population, une certaine pression mais dès que tu as atteint les quarts, elle disparait. Et le public derrière ton dos devient un atout.» Pour son entrée en matière, la "Roja" ouvre ce jeudi à Metz, face à l'Islande avant d'enchaîner sur la Tunisie, l'Angola, la Macédoine et clôturer par la Slovénie. Si l'Espagne et la France terminent 1ères de leur groupe et passent successivement 8èmes, quarts et demies, elles se retrouveraient en finale le 29 janvier à Bercy. D'ores et déjà, on a hâte d'y être car le duel Gonzalo Perez de Vargas - Titi Omeyer qui en Ligue des Champions au Palau, entre le Barça et PSG avait tourné à l'avantage du Catalan, vaudra le détour.