Que trouver comme superlatifs pour qualifier ce qui attend joueurs, qu'ils soient Français ou Islandais, staff, bénévoles et surtout supporters des deux formations qui s'entasseront ce samedi dans l'enceinte du stade Pierre Mauroy ? Pour la 1ère fois dans l'histoire du hand tricolore, européen et même mondial puisque le précédent record sera battu, un stade couvert dédié... au handball devrait accueillir 28 010 spectateurs.  

A Lille, notre envoyé spécial Yves MICHEL

Les organisateurs locaux ne cachent pas leur fierté, « c’est une nouvelle prouesse technique qui sera accomplie. Déjà, transformer un (demi) stade de foot en salle de sports-co n’est pas évident car cela doit obéir à un certain nombre de contraintes, reconnait Olivier Baudry, le "patron" du stade Pierre Mauroy. Il y a eu des précédents avec la coupe Davis de tennis (en novembre 2014) et l’Euro de basket (en septembre 2015), mais du hand, ce sera la 1ère fois. » Et pour marquer le coup, dès le départ, l’idée d’un record à battre a été lancée. A cette heure, il reste encore 2000 places à la vente pour atteindre la jauge maximale de 28 010 spectateurs. Et donc effacer des tablettes, le Russie-Suède du Mondial 1999 disputé au Caire en Egypte devant 25 000 passionnés. Construit dès 2009 et inauguré en août 2012, le stade Pierre Mauroy situé en fait sur la commune de Villeneuve d'Ascq dans la toute proche banlieue lilloise, est avant une enceinte dédiée au foot avec le LOSC comme club résident. Mais un système judicieux qui assure la fermeture du toit et la superposition de la pelouse permet de transformer l'espace en une imposante arène à usages multiples. Le sport y est roi mais également la musique. L'orchestre national de Lille, Patrick Bruel, Johnny Hallyday et même la pétulante Rihanna s'y sont produits. Une vraie salle polyvalente aux dimensions hors normes.



C'est ce contexte que les joueurs de l'Equipe de France vont découvrir ce samedi matin, au cours d'un léger entraînement avant de revenir pour le match face à l'Islande, quelques heures plus tard. Le temps pour les spectateurs de s'entasser en rangs serrés dans les tribunes. « A l'Euro de basket, témoigne un confrère lillois, il y avait une telle ambiance qu'on ne s'entendait plus. Il y avait un tel bourdonnement que j'ai été obligé de mettre des boules Quiès. Une fois à l'intérieur, c'est phénoménal. » "Phénoménal"... Le mot est lancé. En clin d'œil au leitmotiv que l'organisation du Mondial 2017 a choisi pour sa communication. Le pari de remplir l'espace était audacieux. Le milieu du handball est parfois conservateur et le moindre changement peut inquiéter. « Nous sommes rassurés de voir que le public a répondu présent très tôt, note Edouard Donnelly, le directeur général du Mondial (photo ci-dessus). Notre objectif en venant à Lille où le coût de l'installation est un petit peu plus élevé qu'ailleurs, était d'équilibrer le budget. Il y avait un vrai risque économique si on avait fait un four, ce ne sera pas le cas. »  Pour autant des paramètres inhabituels ont du être pris en compte. En particulier, le système de chauffage pour maintenir une température à l'intérieur, à une période où dans la région, le thermomètre extérieur avoisine et descend même en dessous de zéro.

La température ambiante maintenue

Répartis en surplomb du terrain, des radiateurs radiants nouvelle génération garantiront s'il le faut, le bien-être du spectateur. « A minima, il y aura 10° d'écart entre la température de la salle et l'extérieur, promet Olivier Baudry. Le système radiant garantit 18°. Les sièges sont confortables, il n'y a pas de courants d'air. En fait, le spectateur aura la même sensation que celui qui déjeune en plein soleil dans un restaurant d'altitude.» Ces Nordistes ont décidément le sens de la formule ! Le décorum est une chose, les records d'affluence font plaisir à ceux qui s'en servent pour communiquer mais cette ambiance hors normes (comme on nous l'annonce) ne doit pas être contreproductive. «C'est vrai ce sera unique comme contexte, une expérience incroyable pour les spectateurs, fantastique pour l’ensemble des joueurs, valide Guillaume Gille, co-entraîneur des Bleus, mais au-delà du décorum, le plus important pour nous n’est pas de vivre cette ferveur qui va nous pousser mais véritablement être centré sur la qualité de notre jeu, sur la manière que l’on va employer pour écarter cette équipe d’Islande de notre route. » Chaque rôle est bien défini. Aux équipes de faire le spectacle, au public de les pousser et aux Bleus de gagner ! C'est finalement simple le hand !



Trois records d'affluence en passe d'être battus...

- celui d'un stade en mode Arena-sports au même endroit lors de l'Euro de basket en 2016 (France-Turquie): 26 135 spectateurs
- celui en compétition officielle (hors France) lors du Mondial égyptien en 1999: 25 000 spectateurs au Caire 
- celui absolu pour le hand en France à Bercy, mercredi 11 janvier pour le match inaugural du Mondial entre la France et le Brésil: 15 600 spectateurs