Hilare, on ne pouvait pas l’être à moins et c’est avec le visage du gamin qui vient de recevoir son plus beau cadeau de Noël que Michaël Guigou s’est présenté en zone mixte prêt à affronter un autre combat. Et à ceux qui se seraient un peu trop avancé sur le thème d’une retraite internationale anticipée, l’ailier montpelliérain n’a apporté aucune réponse. Pour Timothey N’Guessan, comme les six autres nouveaux dorés, pas question d’arrêter là où tout commence. Cette 1ère étoile en appelle d’autres.
A Paris, Yves MICHEL
Une médaille d’or autour du cou de Michaël Guigou (la 9ème à son compteur personnel toutes compétitions confondues), c’est presque devenu une image habituelle. Ce qui l’était moins ce dimanche, c’est ce t-shirt jaune bouton d’or que l'ailier montpelliérain avait revêtu et dont il s’est empressé d’assurer la promotion. « Vous en avez déjà vu des t-shirts de Grabel (localité de 7600 âmes en périphérie de Montpellier) après un podium d’un Mondial ? C’est un club de l’Hérault dont je suis parrain, où j’ai mes meilleurs potes et ils m’ont fait un beau t-shirt en inscrivant "merci Mika". » Il y a seize ans, Michaël Guigou était déjà à Bercy à s’enflammer derrière l’équipe de France… ce dimanche c’est lui et ses partenaires qui ont fait chavirer les 17 000 spectateurs d’une Arena où supporters norvégiens et norvégiennes ont eu du mal à exister.
Mika, qu’est ce qu’on peut ressentir après ce type de victoire ?
C’est assez irréel…. Mais toute la compétition a été comme ça. On a été supporté, encouragé quand on a été en difficulté et malgré tout on n’a pas chaviré.
Où êtes-vous allé puiser toutes ces ressources ?
C’est un tout… c’est ce qu’on a vécu durant treize mois, durant les trois dernières compétitions et puis… c’est le talent, à un moment, de chacun qui réussit à amener quelque chose ou beaucoup plus que ce qu’il avait amené précédemment. Bravo à ce groupe et au nouveau staff… Donc voilà, je crois que tous ensemble, on a réussi à faire du beau travail.
Il y a eu du doute quand même durant cette finale ?
Forcément quand tu es à moins trois au score (par trois fois, la dernière, 11-14 à la 25ème) que tu te retrouves sans solution face à cette équipe norvégienne qui nous transperçait sur montée de balle ou attaque placé, leurs gardiens en réussite, mais bon voilà, comme sur tous les matches depuis le début, on est resté serein, solide dans nos têtes, on avait un plan de jeu auquel on s’est tenu. Et cela a fini par payer.
Cette médaille, tu vas la savourer plus qu’une autre ?
Elle se rajoute, elle se rajoute, tout s’additionne ce soir. On a gagné à l’extérieur, on a gagné dans des endroits très compliqués, à Londres, en famille presque, avec l’impression d’être en France, cette fois, on était chez nous partout et c’est d’autant plus fort.
Il se murmure que c'était ton dernier match chez les Bleus…
Je préfère répondre plus tard. Rien n'est décidé. Là, je vais savourer.
Ils ont enfin trouvé le bon filon...
Ils sont sept à avoir enfin touché l’or. Cette 6ème étoile que dès demain, l’équipementier des Bleus devra rajouter sur le maillot, Ludovic Fabregas, Dika Mem, Timothey N’Guessan, Olivier Nyokas, Nédim Rémili, Adrien Dipanda et Yanis Lenne (comme 17ème homme) pourront la revendiquer. Chacun, à sa manière a apporté sa contribution.
Timothey N’Guessan, par exemple, avait vu défiler le train pour l’Euro 2014 puis le Mondial 2015 sans qu’il ne s’arrête en gare. A l’Euro 2016, blessé, il avait du renoncer au voyage en Pologne. Le jeune joueur de Barcelone avait ensuite terminé les Jeux de Rio comme ses partenaires, sur un goût d’inachevé. Ce Mondial en France est une 1ère consécration. « Franchement, c’est incroyable, pour ma 1ère étoile, devant ce public, je suis comblé. Il y avait ma famille, mes neveux parmi les supporters, c’est génial. J’ai la tête encore dans les étoiles mais j’ai réalisé en voyant ma famille. Ils étaient comme des fous. On a vraiment une belle équipe où il y a des anciens, des plus jeunes mais tout le monde s’est battu de la même façon. On savait que cela allait être dur, qu’on n’allait pas avoir d’avance directement, on n’a rien lâché mais on a continué jusqu’au bout. » Il faudra attendre encore quelques années avant de voir à nouveau l'équipe de France défier ses adversaires sur son propre sol. Le prochain rendez-vous est fixé en Croatie pour l'Euro 2018.