Les faits sont assez graves pour ne pas être relatés. La scène se déroule samedi dernier à Troyes à l'issue d'un match face à Belfort en moins de 18 ans. Un joueur troyen qui avait été définitivement exclu a appelé des "amis" d'une cité voisine, pour mener une expédition punitive contre ses adversaires belfortains. Bilan: six blessés et une affaire qui parait-il, n'a pas laissé insensible les instances fédérales.
par Yves MICHEL
"Expédition punitive", "guet-apens", "embuscade", "déferlement de violence", les mots entendus sur place ne sont pas assez forts pour relater ce qui s’est passé il y a moins d’une semaine à l’issue d’un match des moins de 18 ans entre l’Entente Troyes Aube Champagne (ETAC) et le Belfort Aire Urbaine Handball (BAUH). La 2ème période vient de commencer, jusque-là la marque est très serrée et les visiteurs belfortains viennent de prendre l’avantage d’une courte tête (13-14). Les débats sont de plus en plus tendus, les deux arbitres sont obligées de sévir et après un geste dangereux et menaces, décident d’exclure définitivement (avec rapport à la clé) Fathi Sebbouh, un joueur troyen. La confusion va persister puisque l’entraîneur de l’ETAC (elle-même arbitre lorsqu'elle n'est pas sur le banc) sera également sanctionnée d’un "deux minutes". Non sans heurts, le match va se poursuivre jusqu’à son terme, Troyes s'imposant dans le money-time (27-26). On aurait pu en rester là mais c’était sans compter sur la bêtise de l’individu expulsé. Relégué en tribunes et n’acceptant pas la sanction, le joueur puni a décidé de se venger en appelant quelques "amis" à la rescousse. « Je suis encore abasourdie. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment on en est arrivé là, avoue Marie Joëlle de Zutter, la présidente (depuis 2009) de l’ETAC. C’est un garçon qui n’avait jusque-là manifesté la moindre haine sur le terrain, il est en terminale, il suivait une formation d’arbitre et est même venu faire un stage au club dans le cadre de sa scolarité. Sa colère était centrée sur un joueur de l’équipe adverse. Celui avec lequel il se serait frotté juste avant son exclusion. On connait, au moins de vue, ceux qui lui ont prêté main forte. Mais ils ne font pas partie du club. » Avant la fin de la rencontre, Fathi Sebbouh a rejoint sa horde et ensemble, ils ont pu accéder dans le couloir des vestiaires. A l'arrivée des joueurs belfortains, les coups pleuvent. La scène est furtive, à peine 2-3 minutes mais cela suffit pour semer une immense pagaille où selon des témoins, personne n'était capable de faire la différence entre agresseurs et agressés. «Qu’est ce qu’on peut avoir dans la tête pour agir de la sorte, s'interroge la présidente troyenne. Même ses partenaires n’ont pas compris. Et on ne peut pas minimiser de tels agissements. Même si on peut comprendre qu’il n’ait pas accepté la sanction, on ne menace pas et surtout on n’organise pas ce qui a ressemblé à une expédition punitive. » Une fois leur forfait commis, les agresseurs ont pu prendre la fuite laissant sur place six blessés qui ont terminé aux urgences de l’hôpital de Troyes.
Presqu’une semaine s’est écoulée et le traumatisme est toujours présent dans les esprits belfortains. «On a difficilement vécu les jours qui viennent de passer, témoigne Jacques Parisot, le président du BAUH. Nos jeunes ont été bien marqués. J’ai 74 ans, je suis dans le handball depuis bien longtemps et à ma connaissance, c’est la 1ère fois que de tels faits se produisent au niveau du handball. Surtout à l’occasion d’un match de moins de 18. J’estime que notre équipe est tombée dans un véritable guet-apens. La responsabilité du club de Troyes est engagée. Il y a eu des manquements au niveau de l’organisation même si on sait qu’il ne peut pas y avoir les mêmes contrôles que pour un match de 1ère division. Mais il faut bien que tout le monde se dise que cela peut arriver n’importe où et n’importe quand. » La Fédération et son président Joël Delplanque ont assuré avoir pris la mesure du dossier et au-delà des suites pénales puisqu’une plainte a été déposée par les dirigeants belfortains, des sanctions assez exemplaires devraient être prononcées. « J’espère que de tels faits, déplorables, vont permettre de recadrer des choses, martèle Jacques Parisot. Il est bien évident que le gamin fautif n’a rien à faire dans le hand. Le seul reproche qu’on peut nous faire, nous dirigeants, c’est qu’on n’a pas vu le coup venir et qu’on a baissé un peu trop la garde. Désormais, on sera plus vigilants. » Ce week-end, le sport devrait reprendre ses droits. Toujours dans le cadre du championnat des moins de 18, Belfort accueille Montargis et Troyes se déplace à Vaulx-en-Velin. Sans son trublion qui a reçu une lettre recommandée lui notifiant sa radiation du club.