Du jamais vu dans l'histoire du handball tricolore ! Trois clubs de l'élite PSG, Nantes et Montpellier sont qualifiés en 8èmes de finale de la Ligue des Champions nouvelle formule. Les deux premiers cités seront opposés entre eux, les Héraultais devront s'attaquer aux tenants du trophée, les Polonais de Kielce. Ce dimanche, le PSG a conclu de belle manière la série des matches de groupe en laminant les Allemands de Kiel (42-24)
par Yves MICHEL depuis le stade Coubertin
« On retrouve les meilleurs et on est sûr que la compétition commence maintenant, au niveau des 8èmes. » affirme sans hésitation François-Xavier Houlet en bon spécialiste du hand européen qu'il est devenu. On ne boude donc pas le plaisir de voir que pour la 1ère fois dans l'histoire de la Ligue des Champions nouvelle formule, trois clubs français se glissent dans le cercle très couru des 16 meilleures formations européennes. « 3 sur 3 c’est une réelle réussite, valide le consultant sur la chaîne beIN Sports, et quand on sait que deux d’entre eux (Nantes et Montpellier) sont passés par la porte la plus étroite, ça en dit long sur la performance. Je ne vais pas retirer le mérite à Paris qui s’est retrouvé à la lutte avec Barcelone pour la 1ère place jusqu’à la dernière journée. » Un trio français comme un trio allemand (Flensburg, Kiel, Rhein Neckar), les deux championnats les plus relevés et les mieux considérés du concert européen sont dignement représentés. Mais le fossé entre les deux rives du Rhin n'est toujours pas comblé. « On mesure aussi la valeur d’un championnat par la capacité de ses clubs à gagner des titres. Au niveau européen, on n’est pas encore au niveau de l’Allemagne. Ce n’est qu’en termes de volume qu’on a rattrapé la Bundesliga. Gagner la Ligue des Champions et être régulièrement parmi les meilleurs, c’est la dernière étape, certainement la plus difficile. » La nouvelle formule de la compétition européenne mise en place sous la présidence du Français Jean Brihault, avec deux poules "hautes" et deux poules moins huppées produit sans doute ses effets positifs. Et les détracteurs de ce qui apparaissait comme étant un écrémage un peu compliqué, se font de moins en moins nombreux. « Ce qui m’a vraiment étonné, c’est que tout ce qui s’est passé s’est avéré intéressant, renchérit F-X Houlet. Notamment dans ce qu’on appelait "la poule de la mort" (celle de Paris, Barcelone et Veszprém). Ça s’est décanté assez rapidement et ça s’est résumé à un duel entre le PSG et le Barça. Il y a eu par ailleurs des résultats surprenants. Lorsque par exemple Silkeborg est allé gagner à Kiel, ça a eu l’effet d’un tremblement de terre. Kiel qui termine 5ème, c’est assez incroyable ! L’autre groupe avec Vardar et Kielce a été incroyablement ouvert. Quant aux deux poules basses, il a fallu aller au charbon et les deux autres clubs français ont le mérite d’en être sorti. » Les 1ers hectomètres de la route qui mène vers Cologne et le Final Four sont tracés. Chacun identifiera les obstacles qui se dressent. Certains tomberont peut-être de haut (comme Barcelone la saison passée qui directement qualifié en quarts, n'a pas tiré profit de l'avantage et s'est fait sortir par Kiel), d'autres passeront entre les gouttes sans souci. « On le voit bien, rien n’est acquis. Etre bien placé ne donne aucune garantie. Même si encore cette fois, on se retrouve avec des 8èmes logiques, une préfiguration des quarts conforme et un pronostic favorable aux grands noms. Du moins sur le papier.» Mais on ne cessera de le souligner, trois clubs français en phases finales de la Ligue des Champions, c'est un printemps qui va sacrément bien débuter pour le handball masculin.
Les 8èmes de finale de la Ligue des Champions masculine
Nantes (Fra) |
PSG (Fra) |
Montpellier (Fra) |
Kielce (Pol) |
Zagreb (Cro) |
Veszprém (Hon) |
Silkeborg (Dan) |
Szeged (Hon) |
Meshkov Brest (Bielo) |
Flensburg (All) |
Kiel (All) |
Rhein Neckar Löwen (All) |
Le FC Barcelone (Esp - Groupe A) et le Vardar Skopje (Mac - Groupe B) ayant terminé en tête de leur groupe sont directement qualifiés pour les quarts de finale. Les 8èmes de finale auront lieu en matches aller (entre le 22 et le 26 mars) et retour (entre le 29 mars et le 2 avril). Comme il y a deux ans, Montpellier retrouvera Kielce à ce stade de la compétition (à l'époque, les Héraultais ne s'étaient inclinés que de deux buts sur l'ensemble des deux confrontations) et il y aura deux duels fratricides puisque en mars 2015, le PSG avait éliminé Dunkerque et Kiel avait pris le dessus sur Flensburg. Le handball hongrois se porte très bien puisque derrière les Allemands et les Français qui comptent trois représentants, Veszprém et Szeged figurent en très bonne place pour se qualifier en quarts. Le FC Barcelone tire désespérément vers le haut le bateau ivre de la Liga Asobal, absente du Final Four à Cologne l'année passée et qui avec les Catalans, n'a plus remporté le trophée depuis 2015. Ultime constatation, à l'exception d'Hambourg (vainqueur en 2013) et la disparition de Ciudad Real, tous les lauréats de la LDC depuis douze ans, sont encore en course.
Et pourtant ce dimanche, il y avait un match... sans enjeu
Sur le papier, l'affiche était pourtant alléchante et il y a encore quelques mois pouvait être un des rendez-vous marquants du groupe A. Quel que soit le résultat, le PSG restait dauphin de Barcelone, Kiel qualifié à la 5ème place. Mais où est donc passé le Kiel des belles années ? Même en l'absence de son pivot Patrick Wiencek (blessé en milieu de semaine contre Gummersbach), l'équipe qui s'est présentée ce dimanche à Coubertin a donné une réplique bien terne à un PSG qui n'a en rien galvaudé son ultime levée dans la phase de groupe de la LDC. Solides en défense, autant sur les séquences placées que sur le repli, appliqués en attaque où même les plus jeunes comme Benoit Kounkoud et la paire magique des Dylan (Nahi et Garain) n'ont pas hésité à prendre leurs responsabilités, les Parisiens ont imposé leur rythme, leur force, leur loi face à des Allemands le plus souvent médusés. « Il ne fallait pas attendre de voir comment allait jouer Kiel, assurait Daniel Narcisse, même si cela n’avait aucune incidence au classement. On avait envie tout simplement de gagner, peut-être plus qu’eux, on a mis de l’agressivité en défense, Titi a fait des arrêts, "Skoffy" aussi, tout ça met l’équipe en confiance, on a été agressifs aussi dans le jeu et concentrés du début à la fin. » Domagoj Duvnjak, le demi-centre croate de la formation allemande avait lui-même des difficultés à expliquer le renoncement et l’apathie de son équipe, en tout cas, il reconnaissait que c’était une des toutes 1ères fois qu’elle concédait plus de 10 buts en coupe d’Europe. Car c’est une véritable démonstration qu'ont livrée les Parisiens. Douze longueurs d’écart à la pause, 15 à l’entame du dernier quart d’heure, 18 au final (42-24), quel spécialiste aurait pu imaginer une telle raclée ? « Oui, ça peut être étonnant, concède Daniel Narcisse mais Kiel est capable de réagir, de se reconstruire et d’être prêt quand il le faut. Il ne faudra pas les oublier. » La phase de groupe étant terminée, le PSG entre dans une période parmi les plus intenses de la saison avec cinq matches à disputer dans les trois semaines à venir. « C’est le moment où on se dit qu’il faut essayer de se récompenser avec bien-sûr toutes les échéances qui peuvent nous amener sur un titre. » Deux rencontres de championnat (contre Chambéry et à Ivry) et Paris sera à Nantes pour le 8ème de finale de LDC. « C’est dommage d’être opposé, le point positif c’est qu’on est sûr d’avoir une équipe française en quarts, en espérant que ce soit nous. » Une opposition excitante où Paris sera dans le rôle du favori et Nantes dans celui du trublion. Un rôle qui ne devrait pas déplaire à un certain Thierry Anti.
Le junior Dylan Garain (3 buts) a participé à la correction infligée à Kiel
A Paris, Stade Pierre de Coubertin
Dimanche 12 mars à 17h00
PSG Handball - THW Kiel (All) : 42 - 24 (MT : 22-10)
4000 spectateurs
Arbitres : MM Evgeny Zotin & Nikolay Volodkov (Rus)
Evolution du score : 2-0 (3è) 8-3 (8è) 10-4 (11è) 12-5 (14è) 16-7 (19è) 20-9 (25è) 22-10 (MT) 25-12 (35è) 27-15 (39è) 30-16 (43è) 32-17 (46è) 35-19 (50è) 41-23 (57è) 42-24 (Fin)
PSG handball: Skof (6 arrêts), Omeyer (15 arrêts); Gensheimer (7/8 dont 3/3 pen), Möllgaard, Stepancic (5/7), Kounkoud (2/2), Garain (3/3), Remili (2/4), Abalo (3/3), L. Karabatic (1/2), Hansen (6/8 dt 1/1 pen), Narcisse (1/1) Nielsen (4/4), N. Karabatic (7/7), Nahi (1/1)
THW Kiel: Landin (2 arrêts), Wolff (4 arrêts); Duvnjak (2/4), Toft Hansen (1/4), Lackovic (24), Sprenger, Dissinger (2/3), Ekberg (3/6 dt 1/2 pen), Zeitz (2/4), Dahmke (0/2), Brozovic (1/3), Vujin (5/10), Bilyk (2/7), Nilsson (3/7), Santos (1/1)
Le diaporama de PSG - Kiel par Céline DELY