Après les succès de Chambray et d'Issy-Paris, on connaît les huit qualifiés pour les play-offs. Les Chambraisiennes en seront, comme les Dijonnaises. Nice et Fleury se battront pour le maintien en compagnie de Celles-sur-Belle.
L'étuve de la Fontaine-Blanche manquait de places assises pour l'ensemble des spectateurs du derby du Val-de-Loire. Ses occupantes, en revanche, étaient suréquipées. Elles ont, sans la moindre contestation, empilé un quatrième succès consécutif (32-23). Leur présence aux play-offs élargis, anticipée par le chauffeur de salle sans attendre le résultat d'Issy – Nice, est acquise. Du premier coup. « On est tranquilles aujourd'hui », peut savourer Mouna Chebbah.
Endimanchée, empanachée à la passe ou à la finition (6/8), la stratège tunisienne ne s'est jamais privée de donner des coups de serpe aux Loirétaines. Elle n'était en réalité qu'un maillon d'une chaîne de mieux en mieux huilée. « On joue collectif. On a besoin de tout le monde. Chacune a mis son travail dans match », souligne-t-elle. Par un hat-trick, Vanessa Boutrouille installa les Tourangelles aux avant-postes (7-5, 9'). Elle passa le témoin à Chebbah, qui le transmit à Nely Alberto (18-14, 30'). L'expertise d'Herbrecht à 9 mètres, les cannes de Thomé en contre-attaque maintinrent l'allure en seconde période (24-18, 42'). Les gardiennes, de leur côté, servirent de points d'ancrage permanents. Ainsi, lorsque Guillaume Marquès prit deux minutes pour contestation, avec l'infériorité numérique subséquente, Linda Pradel para un jet de 7 m de Paule Baudouin. Le premier échec, à cet instant, de l'ailière gauche fleuryssoise (48'). « On est arrivées à maîtriser la fin comme il faut», a apprécié Chebbah. La marge des impétrantes d'Indre-et-Loire culmina en effet à dix buts (31-21).
A Chambray, la distribution, les efforts, furent équitablement répartis. Toute la différence avec Fleury-les-Aubrais, où Paule Baudouin (10/12) parut travailler pour plusieurs. Le fantôme de Bruna de Paula (1/8, dont un penalty faisandé en beauté) erra sur le flanc droit, Julie Foggea fut abandonnée par sa défense durant le premier tiers de la partie, Laurine Daquin (3 buts en première mi-temps) et Manon Le Bihan se montrèrent par intermittences. Plombé par son manque de maturité, le vice-champion de l'année passée ne peut plus guère accrocher la huitième place. Son déclassement est scellé. Mouna Chebbah, elle, se projette immédiatement sur l'après-phase classique. « On continuera à travailler pareil. J'espère qu'on n'aura pas trop de pression, qu'on pourra arracher quelque chose aux play-offs... »
Si Chambray a fait les choses comme un grand, Dijon devait espérer une défaite de Nice pour être qualifié sans jouer ce week-end. C'est ce qu'il s'est passé chez un Issy-Paris en pleine bourre actuellement (six victoires de rang désormais) et qui a eu besoin de dix grosses minutes ce dimanche (5-5, 11e) avant de se mettre en place en défense et de trouver un peu d'allant offensif (13-7, 26e, 35-20 au final). « Le score explique tout, on n'a pas été bons dans tous les compartiments du jeu », soufflait Marjan Kolev, l'entraîneur azuréen. Sans énergie collective, l'OGCN se retrouve donc en play-down, un an après avoir presque tout changé dans son effectif. Les blessures n'ont pas aidé mais il reste encore beaucoup de boulot pour assurer le maintien dans l'élite. « Il nous faut gagner les deux matchs qu'il reste (Chambray et à Besançon) pour sauver la 9e place et entamer les play-downs avec des points, prévient Ehsan Abdelmalek, la capitaine (photo ci-dessus). C'est dur car on a vraiment tout fait pour se qualifier en play-offs mais on ne peut pas descendre, on n'a pas le droit. Deux grandes stars ont signé pour l'an prochain (Torstensson et Martin), ce sera différent mais on doit déjà commencer à travailler pour préparer la prochaine saison. »
L'année prochaine sera aussi très différente à Issy-Paris mais en attendant, c'est vers une fin de saison excitante que se dirigent Pernille Wibe et ses partenaires. « Ca va bien, on veut mettre du rythme en défense et en montée de balle, et cela fait que nos adversaires se retrouvent cramées, explique Melvine Deba, l'une des révélations de cette année 2017 (4/5, photo ci-dessous). On a trouvé confiance en notre défense, ce qui nous a demandé du temps, mais maintenant cela est ancré dans notre ADN de jeu. » Et Silje Solberg, tranquille ce dimanche (5 arrêts) mais toujours très solide, apprécie. « On est dans une très bonne dynamique. Maintenant, on veut finir 2e pour éviter Metz en demi-finale, puis ensuite on prendra match après match. Bien sûr qu'on espère le titre, mais le chemin est encore long et on ne peut pas se relâcher, on doit encore s'améliorer. »
Il fallait gagner pour Issy-Paris car la veille, Brest en avait fait autant à Besançon (26-20). Et pour cela, les Bretonnes sont revenues de loin, elles qui ont été dominées en première période, dans le dur offensivement (10-6, 26e). Puis, en trois minutes, le BBH a tout renversé : un premier but de Geiger, une interception de Pineau, deux arrêts de Darleux, et voilà que les visiteuses basculaient en tête au repos (11-12). Et elles n'ont pas lâché, solides en défense, ont creusé un vrai break jusqu'à la 40e minute (13-20) et ont ensuite bien géré cet avantage, avec un collectif qui a tourné (onze marqueuses différentes). Cette victoire va faire du bien aux Brestoises après leur mauvaise série, et leur assure surtout une place dans le top 3 du Championnat.
Au contraire, Besançon se retrouve dans le peloton, avec les cinq autres équipes qualifiées qui se tiennent en six points. Les dernières journées permettront à chacun de grignotter ou de perdre une place, avec pour certains l'ambition d'aller chercher la 4e place qui offre l'avantage du terrain. Nantes y reste bien accroché pour l'instant en dépit de son match nul face à Toulon, autre équipe qui lance une véritable dynamique à l'approche des play-offs.
Les Varoises ont d'ailleurs mené pendant quasiment 45 minutes en Loire-Atlantique (17-19, 45e). Puis une panne offensive s'est transformée en un 4-0 pour Nantes, qui prenait les commandes au meilleur des moments (21-19, 50e) avec un duo Holta-Coatanéa intenable (11 buts à elles deux). Mais les Toulonnaises se sont accrochées, sont revenues par l'inusable Vetkova (6 buts et un poids certain dans les bons résultats des siennes depuis des semaines, photo ci-dessous), et ont donc arraché un nul plus que mérité qui leur permet de remonter au cinquième rang, juste derrière le NLA.
Enfin, une équipe regarde tout le monde s'écharper depuis tout en haut : Metz a assuré samedi sa première place de saison régulière avec une victoire nette sur Celles-sur-Belle (34-18). Après 12 minutes de jeu et un score qui affichait 9-0 pour les Messines, bien aidées par une excellente Rajcic (17 arrêts), le match était réglé et Manu Mayonnade a largement pu faire tourner, avant une semaine capitale pour son équipe (quart de finale de Coupe de France contre Besançon et surtout quart de finale aller de Ligue des champions face à Györ).
Laurent Hoppe et Pierre Menjot
