Ligue des Champions femmes (quarts de finale aller). Premier club français à disputer un quart de finale éliminatoire depuis Besançon en 1999, Metz se prépare à un défi colossal. Défier Györ et ses innombrables stars, candidats perpétuels au sceptre européen. Sur la base des coups d'éclat déjà réalisés cette saison, des compétences offensives et défensives des championnes de France, le résultat n'est pas connu d'avance.
Bientôt trente ans que Metz explore l’Europe en long, en large en travers. Après 218 matches, de Madère à Astrakhan, en passant par Ikast, Holstebro et quelques hébergements insalubres d'anciennes républiques soviétiques, des territoires restent encore à défricher. Il en va de ce Top 8 continental. Ce Graal atteint pour la première fois selon les autorités, la deuxième selon les historiens. La vérité se situe entre les deux : en 2012, sous le ministère de Sébastien Gardillou, l’espace VIP en question correspondait aux six matches du tour principal, élargi depuis. Pas à un quart de finale en cent vingt minutes, aller-retour, comme maintenant.
L’effervescence, les frissons qui parcourront quelque cinq mille épidermes dimanche, viennent de là. L'attrait de l’inédit se confond avec le calibre de l'opposition. Un double champion d’Europe (2013, 2014), presque toujours à l'affiche du dernier carré (neuf occurrences ces dix dernières saisons). Le club de référence en Hongrie, et pour beaucoup au-delà des frontières magyares. Entre ici, Györ, avec ton cortège de Norvégiennes championnes de tout (Nora Mork à l'aile et pour tirer les penaltys, Kari Grimsbö dans le but), de stars locales (l'immense Anita Görbicz, Szuszanna Tomori) et mondiales (Broch, Groot, Amorim), ta surface financière plus étendue que le lac Balaton (7 millions d’euros de budget, qui dit mieux ?), tes infrastructures dernier cri, et on en passe...
Intimidants, surarmés, Buducnost Podgorica et le Vardar Skopje le furent plus en amont dans cette campagne messine de C1. Mais une fois aux Arènes, le prestige et l'étiquette firent une belle jambe aux Monténégrines (28-25, en première phase), et plus encore au club macédonien de Leynaud et Lacrabère, brisé comme jamais le mois dernier (42-28, cinquième journée du tour principal). Alors, alors... « J'espère que Györ sera notre prochaine victime, sussurre Ailly Luciano. C'est une équipe très forte, favorite de la Ligue des Champions. Il faudra jouer avec tout ce qu'on a pour pouvoir exister. »
Vertigineux vu de l'extérieur, le challenge proposé à l'ailière néerlandaise et à ses copines relève moins de l'impossible qu’autrefois (lire l'historique ci-dessous). En club, à Rio ou à l’Euro suédois, les Bleues des bords de Seille (Glauser, Edwige, Zaadi, Horacek, Flippes) ont en effet développé une addiction aux cimes du contexte international. Györ a une multiplicité de tireuses de loin ? Ana Gros (70 buts en C1, septième meilleure marqueuse de l'exercice) et Xenia Smits savent perforer et performer. Quant au socle défensif jaune et bleu, il répond scrupuleusement aux normes de l'EHF : il fut le plus hermétique du premier tour, le deuxième du tour principal. Juste derrière Györ, tiens donc (138 buts encaissés à 134). Et qui dit défense, dit souvent montée de balle et but derrière. Un joker à utiliser sans restriction.
Enfin, le contexte de ce premier round incite à la rêverie. Quand Metz vient de se qualifier pour sa première demi-finale de la saison (27-21 contre Besançon, en Coupe de France), les Hongroises ont cédé un de leurs biens. La coupe nationale, partie à Budapest après les jets de 7 mètres. « Elles ne sont pas infaillibles, mais assez professionnelles pour savoir que c'est passé, se doute Luciano. On les recevra en pleine forme. Elles seront à fond. »
Ce faisceau d'éléments, en fin de compte, diffuse une idée pas si farfelue. Rien n'interdit à l'escouade d'Emmanuel Mayonnade de causer un séisme de magnitude 7, sur l'échelle de la petite balle collante. D'endosser le rôle du Vardar, non pas celui démantibulé récemment, mais celui qui a éliminé Györ aux portes du carré final de Budapest, voici deux saisons (24-18 en Macédoine, 27-27 en Hongrie). Raison de plus pour croquer sans modération chaque seconde de ce duel aux belles étoiles. L'un de ceux qui peuvent baliser des carrières, l'histoire d'un club. « Les quarts de finale de Champions League, c'était notre objectif, rappelle la jeune retraitée de la sélection batave. Maintenant qu'on les a atteints, on ne va vouloir s'arrêter là. On veut aller le plus loin possible. On espère aller au Final Four. »
METZ HB – ETO GYÖR
Dimanche 9 avril, aux Arènes. Coup d'envoi : 17 heures. En direct sur beIN Sports Max 4.
Arbitres : MM. Pandzic et Mosorinski (SER).
Les précédentes confrontations en Ligue des Champions
Tour principal 2014-2015 : 31-27 à Györ, 20-27 à Metz.
Premier tour 2011-2012 : 28-23 à Györ, 24-33 à Metz.
Tour préliminaire 2006-2007 (à Györ) : 30-27.
Les autres quarts de finale
Joué vendredi : CSM Bucarest (ROU, tenant) – Ferencvaros Budapest (HON) 30-25
(pour Bucarest : Camille Ayglon-Saurina 2/2, Gnonsiane Niombla 1/4)
Dimanche, 17 h : Midtjylland (DAN) – Vardar Skopje (MCD).
Dimanche, 19 h : Buducnost Podgorica (MTN) - Larvik (NOR).
Tous les matches retour le dimanche 15 avril, sauf Györ – Metz (samedi 14, 19 h).