Les Français sont sans surprise au rendez-vous des 8èmes de finale du Mondial des moins de 21 ans. A Alger, ils ont su sortir sans casse de la 1ère phase en terminant 1ers de leur groupe, ce qui leur vaut l'avantage de retrouver ce mercredi, les inattendus joueurs des Iles Féroé, nouveaux venus dans le concert handballistique international. L'occasion de faire un 1er bilan du parcours des Tricolores.

par Yves Michel (avec Djaffar Meddour à Alger)

Depuis qu'ils ont un maillot tricolore sur les épaules, les Richardson, Mem, Lenne, Minne et consorts ont parfaitement négocié leurs deux premières années d’apprentissage en se hissant sur la plus haute marche du podium. Comme d’habitude, on les attendait la saison passée chez les juniors à l'Euro mais ils ont buté en demis après prolongations sur une équipe allemande revancharde, obtenant une 3ème place qui aurait pu en contenter plus d’un. Seulement voilà, ces Bleuets-là ne se sont jamais satisfaits de ce classement. Le bronze est un métal moins noble que l’or. La métaphore suffit à donner du sens à leur présence depuis la semaine dernière en Algérie. Le Mondial ne sera réussi que si dimanche prochain, la médaille qui pend autour de leur cou ne renvoie que des reflets jaunes. « Pour l’instant, se plait à marteler Yoann Delattre, la perception d’aller très loin va se limiter au prochain match. Il faut faire preuve d’humilité, construire les choses petit à petit et bien se concentrer sur le 8ème de finale. »

L’heure est au 1er bilan, à l’issue des 5 matches de la phase préliminaire. Quatre succès, un nul face à la Slovénie, l’équipe qui comme la France termine avec le même nombre de points mais qui n’a pas su soigner sa différence de buts là où les Tricolores ont appuyé un peu plus. « On a alterné le bien et le moins bien, tempère le sélectionneur, mais à l’arrivée, on est là où on voulait être. La 1ère partie était très dense avec des adversaires relativement très homogènes. Ça nous a permis de rentrer dans la compétition. Certains diront qu’on a peut-être laissé de la gomme mais je pense que cette équipe a besoin d’adversité pour progresser. » Si contre des adversaires qualifiés plus faibles, les Tricolores se sont parfois installés dans une certaine suffisance, l’ultime opposition face au Danemark est le match-référence. Notamment sur le plan défensif. Et cette remise en phase arrive au meilleur des moments. « On est vraiment monté en puissance dans la compétition, valide Dika Mem. C’est d’autant plus intéressant qu’on était dans un groupe difficile. La concrétisation c’est face au Danemark (ce lundi) où on ne prend que 21 buts (30 inscrits). On a bien défendu, on est en progression donc c’est bien pour la suite. » Le Barcelonais n’a rien changé à sa manière de réagir. Il doit avoir une influence "british" dans son ADN pour le flegme qu’il dégage à chaque prise de parole. Du flegme certes mais aussi une certaine détermination. «On va tranquillement préparer le 8ème. On n’a pas à avoir de préférence pour l’adversaire (la Hongrie et les iles Féroé devaient se départager pour savoir qui terminerait 3ème et 4ème) car à la fin, il faut battre tout le monde. » Et quand on lui fait remarquer que les Bleus n'ont traversé la Méditerranée qu’avec comme seul objectif, le titre suprême, la réponse est aussi cinglante que pertinente. « Il ne faut pas s’emballer. Il faut d’abord penser à ce qui nous attend en 8ème. Si ça sourit, on pensera aux quarts et si tout continue d’aller bien, ce sera… » Pas le temps de finir sa phrase mais à quoi bon ? Les Tricolores savent ce que tout le monde attend d’eux.

Hongrie ou Iles Féroé comme adversaire ? Au classique, l’issue de l’avant-dernier match du groupe a pour la France fait pencher la balance vers l’exotique. Les Iles Féroé qui terminent 4èmes de ce groupe A, se sont logiquement inclinées face à la Hongrie (23-32) non sans avoir livré une valeureuse opposition à chaque début des deux périodes. Les joueurs de cet archipel subarctique, province autonome du Danemark font partie d'une nation émergente du handball international. Absente du Mondial-jeunes en Russie il y a deux ans, cette équipe qui participe à son 1er grand championnat, reste une curiosité. Avec un jeu atypique, certes inspiré des nations scandinaves mais qui s’en éloigne parfois. Même si cette formation a un énorme cœur et ses membres font preuve d'une grande solidarité, elle présente quelques lacunes. La faiblesse en taille des gabarits ne permet pas à la base arrière d’être dangereuse sur les tirs longue portée. La défense très haute (contre la Hongrie, on a pu relever un étagement en 3-2-1) laisse souvent des boulevards aux attaquants adverses. Quand ils ne peuvent pas s’en sortir, les arrières cherchent la relation avec le pivot ou essaient de décaler leurs ailiers. Contre les Magyars, ils ont pêché soit dans la finition, soit en trouvant le poteau ou tout simplement buté sur le gardien. Concernant les portiers bien meilleurs que ceux des Hongrois, Niklas Simonsen (le n°1) est assez explosif malgré ses 98 kilos mais peu inspiré sur les tirs lointains (Dika, Romain et Melvyn, entre autres, à vous de nous régaler !). Si la majorité des éléments qui composent le groupe est issue des trois principaux clubs du crû, trois joueurs évoluent à l’étranger. Les deux gardiens justement. L’un chez les Danois de Skjern, l’autre, Trygvason ainsi que l’arrière gauche Halgirson chez les Allemands de Flensburg. Aucun bien entendu n’a encore fait son apparition en équipe 1ère. Dernière curiosité, les Iles Féroé comptent 50 000 habitants (la population de Bobigny) et représentent 1/6ème de la superficie de la Corse.

5ème journée du groupe B et le classement à l'issue de la 1ère phase

                                 les 8èmes de finale

Excepté les Iles Féroé, invité inattendu de ces 8èmes, aucune surprise n'est à relever de l'ultime écrémage. L'Allemagne et l'Espagne, finalistes du dernier Euro juniors (2016) sont les seules à avoir réalisé le carton plein (5 matches/5 victoires). Absente au Mondial jeunes en 2015 et 15ème à l'Euro juniors un an plus tard, la Macédoine rivalise avec les meilleurs. Les émules de Lazarov auront à affronter deux adversaires en 60 minutes. L'équipe d'Algérie et le bouillant public de la salle omnisports Harcha Hocine. Ce lundi soir, à l'occasion de l'ultime opposition décisive pour la qualification en 8èmes entre le pays hôte et l'Arabie Saoudite, la cocotte-minute a failli exploser. Les 8000 spectateurs qui avaient garni les gradins poussaient si fort que l'Algérie n'avait aucun droit à l'erreur. Les partenaires de l'ancien Aixois Abdi (photo ci-dessus) se sont imposés (23-21) face à l'Arabie Saoudite et prennent la 3ème place du groupe D. Sauf changement de programmation, leur 8ème suivra celui que les Français auront à disputer contre les Iles Féroé (14h / 15h en France). Il y aura moins de public pour le match d'ouverture mais cela risque d'être assez sympa. Enfin, ça le sera encore plus si les Bleus basculent en quarts !