Les apparences sont parfois trompeuses. Les Bleuets se rappelleront longtemps de leur opposition face  aux Iles Féroé. Ils ont gagné certes (28-25) et se qualifient pour les quarts de finale du Mondial algérien mais que ce fut dur, pénible et peu à l’avantage d’une formation qui a montré beaucoup de lacunes notamment dans le secteur où habituellement elle est conquérante, la défense. Un 8ème qui servira de leçon d’humilité mais à oublier bien vite. Les Tricolores peuvent désormais penser aux quarts. Ce sera face à la Macédoine qui a battu l'Algérie (24-20). 

par Yves MICHEL (avec Djaffar Meddour à Alger) 

On aurait aimé être dans le huis clos du vestiaire français à la mi-temps. Pour entendre le débriefing d’un Yohann Delattre qui déjà sur son 1er temps mort avait bousculé ses joueurs. Une défense absente avec un poste 3 totalement déserté, des approximations dans la conduite du jeu, un manque de rigueur et d’engagement évidents… bref, c’était plutôt des Bleus pâles qui étaient sur le terrain que des Bleus conquérants et assumant le rang qui leur est d’habitude dévolu. Seuls Julien Meyer (dès l’entame, jusqu’à la pause et bien au-delà) et Melvyn Richardson dans le 1er quart d'heure n’avaient rien eu à se reprocher. Portant l’un dans ses parades, l’autre dans son bras gauche, la France sur les épaules. « C’était un peu l’enfer, avoue le portier chambérien. Ils ont mis du cœur d’entrée et on a failli se faire surprendre. On a peut-être abordé le match un peu trop calmement. On n’avait aucune référence sur cette équipe et ils ont été plus présents que nous. » Personne n’avait imaginé que les Iles Féroé soient à ce point au rendez-vous.

Dans la présentation de cette formation, on avait souligné le caractère pionnier et surtout une certaine inexpérience à ce niveau. Lorsqu’après quinze minutes, le score était partagé (6/6) et que trois minutes plus tard, la France était menée (7-8), il fallait se rendre à l’évidence: les Français avaient laissé leur hargne, leur détermination, leur concentration dans le hall de leur hôtel ! Trois pertes de balle en moins de 6’, des difficultés face à un bloc défensif solidaire et très étagé mais surtout ces énormes carences en défense, secteur marque de fabrique de tout ce qui évolue sous maillot tricolore. Si Didier Dinart a l’occasion de visionner le match, il aura de quoi avaler sa casquette ! Le jeu à deux pivots des Féroé va longtemps poser d’énormes soucis à Mem (plutôt transparent en 1ère période) et consorts. Si bien qu’à la pause (14-12), les Nordiques étaient toujours au contact ayant d’ailleurs montré des vertus totalement insoupçonnées lors de leur dernier affrontement face à la Hongrie avec notamment des prises de tir à 9-10 mètres !  Julien Meyer restait le plus souvent un rempart en granit, heureusement pour les affaires des siens !

On se disait au retour des vestiaires que l’imaginable remontée de bretelles allait produire ses effets et que de toute façon, ces Féroiens allaient payer tôt ou tard la débauche d’énergie consentie. Pas du tout ! Ils ne vont pas faiblir mais plutôt rester sur leur dynamique et dans leur projet de jeu. Totalement décomplexés, leur agressivité en défense et leur opportunité en attaque les maintenaient au contact (15-14 à la 35ème). Les Français avec un Aymeric Minne sur ressorts et un Etienne Mocquais pouvant enfin exploiter des ballons, remettaient du bois dans la cheminée. Il y avait plus d’espaces à utiliser et ils s’en accommodaient (20-15 à la 42ème). Mais comme l’adversaire n’a jamais démissionné, constamment animé par un séduisant sens du devoir, la bande à Delattre a du rester sur ses gardes jusqu’au buzzer final, faisant même briller le gardien Trygvasson qui n’en demandait pas tant (28-25). «On ne va retenir que la qualification, souffle l’entraîneur tricolore. Mais c’est vrai que la copie qu’on rend n’est pas forcément satisfaisante. » Ce n’est peut-être pas plus mal que les Bleuets sans forcer leur talent aient rencontré ce type d’oppositions. Notamment en prévision de la suite qui les attend. Pourtant, on est en droit de se poser des questions sur la contreperformance de certains. « Je ne vais pas entrer là-dedans, corrige Yohann Delattre, parce que ça appartient au vestiaire. Tout le monde a vu ce qui nous a manqué, ce n’est pas la peine d’en rajouter. On a certainement péché dans notre préparation psychologique et la concentration. Il faut vite rebondir en pensant au quart qui sera très compliqué. Il faut que nous soyons capables de nous remettre en cause.» La soirée s’annonce longue car quel que soit l’adversaire tardivement désigné (Algérie ou Macédoine), le staff technique devra mettre une stratégie au point, trouver les bons mots en prévision de la séance vidéo du matin et remettre tout le monde dans le droit chemin.

A Alger, La Coupole D'Alger Arena - 8ème de finale du Mondial U21
Le mercredi 26 juillet à 15h00
France - Iles Féroé:      28 - 25 (Mi-temps : 14-12)
1 000 Spectateurs
Arbitres : MM KRICHEN Samir et MAKHLOUF Samir (Tunisie)

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