Comme il y a un an à l'Euro, les Français n'accèderont pas à la finale tant convoitée. Ils ont été battus (34-37) par une équipe du Danemark où le gardien Simon Gade a souvent pris l'ascendant sur l'attaque tricolore dans les moments-clé. Amère désillusion pour une génération aux multiples talents. Il ne reste plus qu'à sauver le bronze ce dimanche, face à l'Allemagne qui a été écartée de l'apothéose par l'Espagne. Pour cela, il faudra que les petits Bleus trouvent un nouveau soupçon de motivation.
Par Yves MICHEL (avec Djaffar Meddour à Alger)
De la réussite d’un gardien peut dépendre le sort d’un match. Et dans ce domaine, les dix-huit arrêts du Danois Simon Gade ont fait beaucoup de mal à une formation tricolore qui en attaque a souvent été sur le fil du rasoir et en défense, perturbée par un adversaire qui a le plus souvent utilisé le surnombre sans gardien. « Le jeu à 7 contre six, reconnait Yohann Delattre, nous fait mal. Cela a été certainement la clé de leur réussite. Par ailleurs, notre efficacité dans les duels notamment face à leur gardien n’a pas été forcément très efficace. On a loupé aussi beaucoup en route et lorsqu’on additionne le 7 contre 6 et nos ratés au tir, on a la copie d’aujourd’hui. » L’analyse est lucide mais il faudra sans doute aller plus loin dans le débriefing pour trouver d’autres raisons à ce qui globalement peut apparaître comme un échec. Tant la différence pour cette même génération 96-97 entre son passage chez les Jeunes et sa confirmation attendue chez les Juniors est flagrante.
Les Danois retrouvaient les Français pour la 2ème fois en l’espace de cinq jours. Ils avaient loupé leur 1er rendez-vous, asphyxiés par une défense qui ne leur avait laissé aucune marge de manœuvre. La leçon avait été bien apprise et il fallait une réponse tactique pour espérer ne pas connaître le même sort. Et cette réponse a été apportée par Simon Gade. Le rookie d’Holstebro ne va pas attendre longtemps pour mettre en échec les tireurs tricolores. A 9m, à 7 m devant Mocquais et au près. Sa réussite va contraster avec celle d’un Julien Meyer sur courant alternatif. Mais comment brimer le portier chambérien qui a tant de fois sauvé les siens d’une déconvenue annoncée ? Gade a aussi bénéficié d’un bloc défensif qui avait choisi d’aller chercher très haut la base arrière française. Alternant une 4-2 prenant parfois des allures de 3-3, quelques interceptions va permettre au Danemark de faire la différence en contre-attaque (10-14 à la 22ème). Mais ce que les Tricolores ont eu du mal à digérer, c’est de voir arriver le surnombre adverse en attaque placée. Ils auront beau prendre en stricte l’arrière gauche Moeller qui avait déjà fait quelques dégâts, les Nordiques vont trouver très vite des solutions à l’opposé (notamment par Mathias Bitsch, profitant d’une friabilité et d’un manque évident d’agressivité des Tricolores de ce côté-ci. Les impacts danois faisaient des dégâts et la réussite n’abandonnait pas Simon Gade dans ses cages. Pourtant, la France va réagir en ayant retrouvé un supplément d’âme et un écart plus resserré au tableau d’affichage (16-17 à la pause). La reprise était sérieuse, Dika Mem irrésistible dans ses initiatives. C’est son futur partenaire au FC Barcelone Yanis Lenne qui va permettre aux Bleus, enfin, de passer devant (26-25 à la 44ème).
Mais il aurait fallu voir une équipe de France plus inspirée, avec ce grain de folie qui l’a si souvent caractérisé pour que les Nordiques lâchent prise. Ils avaient repris les commandes et n’avaient certainement pas l’intention de se laisser déborder. Gade, le gardien était toujours en éveil, les Français semblaient exsangues, sans réaction lorsque l'adversaire plantera ses ultimes estocades. Comme à l’Euro, Aymeric Minne et ses partenaires échouent en demi-finale. Ils avaient fait de leur escapade algérienne, l’occasion toute trouvée de laver l’affront subi face aux Allemands, il y a un an. Ce dimanche, ils retrouveront la Mannschaft mais pour la médaille bronze. Ce n’était pas tout à fait le but escompté.
On aurait sans doute aimé voir une formation tricolore plus présente dans l’engagement collectif mais le sept de base n’était-il pas tout simplement cramé ? A vouloir tout le temps utiliser les mêmes peut à la fois frustrer ceux qui du banc les regardent évoluer (6 joueurs ont été sollicités moins d’une heure depuis le début de la compétition) sans compter la fatigue qui au 8ème match pèse un peu plus dans les jambes et les têtes. Surtout lorsque dans le money-time, l’adversaire prend l’ascendant.
A Alger, Salle Omnisport Harcha Hocine - Demi finale du Mondial U21
Samedi 29 juillet
France - Danemark: 34 - 37 (Mi-temps : 16-17)
1 000 Spectateurs
Arbitres : MM ALVAREZ MATA Javier & BUSTAMANTE LOPEZ Yon (Espagne)
Les statistiques de l'équipe de France
Gardiens | perf | 7m | utilisation |
HARBAOUI Mehdi | 1 arrêt/6 | 0/1 | 09'18 |
MEYER Julien | 10 arrêts /42 | 0/3 | 50'42 |
Joueurs de champ | | | |
LAGARDE Romain | 3/7 | | 47'15 |
KEITA Adama | 5/6 | | 39'23 |
MOCQUAIS Etienne | 0/4 | 0/1 | 15'58 |
BILLANT Florian | 1/1 | | 14'30 |
FERRANDIER Lucas | | | non utilisé |
NYEMBO Gabriel | | | non utilisé |
MAGUY Vincent | | | non utilisé |
PELAYO Tom | | | non utilisé |
KAMTCHOP Hugo | 2/3 | | 37'49 |
PECHMALBEC Dragan | 2/2 | | 25'57 |
LENNE Yanis | 6/9 | | 45'30 |
RICHARDSON Melvyn | 4/5 | 1/1 | 41'52 |
MEM Dika | 8/10 | | 53'54 |
MINNE Aymeric | 3/6 | | 33'16 |
Dans l'autre demi-finale, les Allemands n’ont rien pu faire face à la détermination de l’Espagne qui retrouvera donc le Danemark pour l’apothéose de ce Mondial algérien. Les deux équipes ont fait jeu égal pendant le 1er acte avant que la "Rojita" animée par son duo magique Dani Dujshebaev-Aleix Gomez (auteurs à eux deux de 18 buts) ne prenne l’ascendant et accentue sa mainmise jusqu’au buzzer final (21-26).
Carton rouge... à l'IHF et à ceux en charge des désignations d'arbitres. Quelle ne fut pas la surprise de la délégation française d'apprendre que la rencontre face au Danemark serait dirigée par un binôme espagnol, sachant que 2h plus tard, l'autre demi-finale réunissait l'Allemagne et l'Espagne ! Non pas que la rigueur et la probité de Mrs Alvarez Mata et Bustamante Lopez soient mises en cause mais vous avouerez que la démarche est inédite. Ou alors tous les autres arbitres engagés dans l'ultime bouquet du tournoi étaient rentrés à la maison, ou alors jugés incompétents pour siffler une demi-finale ! La Fédération Internationale nous étonnera toujours !