Ce jeudi soir, le leader sera sudiste. N'en déplaise à tous ceux qui habitent ni dans le Gard, ni dans l'Hérault. A la faveur du probant succès de Pays d'Aix face au PSG, Nîmes difficile vainqueur de Massy prend provisoirement la tête de l'élite. Fauteuil que peut lui contester Montpellier qui ce jeudi accueille Toulouse. En bas de classement, Saran, Tremblay, Cesson et Massy attendent de se dévorer.
par Yves MICHEL
Déjà contre Cesson, il y a une semaine, alors que les affaires n'étaient pas très florissantes, Noka Serdarusic avait du tirer Nikola Karabatic du banc et la physionomie de la rencontre avait totalement changé pour Paris. Ce mercredi à Aix, en l'absence de l'aîné des frangins qui purgeait le 1er de ses quatre matches de suspension, la donne était différente. Quand vous ajoutez à cette lourde absence, celles de son frère Luka, de Daniel Narcisse et de Luc Abalo, cela commence à faire beaucoup. Mais Paris avec ses moyens et le reste de son effectif pouvait encore espérer s'en sortir. Et pourtant, les Provençaux ont mis en avant des vertus jusque-là insoupçonnées qui ont ravi les 6000 supporters de la nouvelle Arena.
Entre un Gabriel Loesch aux nerfs d’acier sur les jets de 7 mètres, un Aymeric Minne (notre photo de tête) qui commence à enchaîner des performances à la hauteur de son immense talent vu et revu avec l’équipe de France jeune et junior, Aix tenait son duo infernal pour mettre à mal le PSG. Mais il faut aussi admettre que les Parisiens ont tout fait pour ne pas s’en sortir. En perdant 18 ballons, ils ont totalement déjoué, perdant rapidement pied au score (12-8 à la 18ème), face à un adversaire sans complexe qui a continué en début du second acte, son travail de destruction massive (8 buts d'avance). L'écart va se réduire et Paris être tout près de renverser la vapeur (31-30 à la 55ème), grâce encore une fois à une énorme prestation de Thierry Omeyer. Nedim Remili et Mikkel Hansen auront tout fait pour tenter de sauver les apparences, mais clairement, si on cherche un successeur à Nikola Karabatic en tant que patron, l'avènement de Sanders Sagosen n’est pas encore à l’ordre du jour. Le Norvégien a été assez satisfaisant au shoot (6/11) mais il a participé largement à la gabegie de ballons (7 à son passif sur les 18 de l'équipe !). Pour noircir un peu plus le tableau, il n'a jamais été capable de mettre son groupe dans le sens de la marche défensivement.
avec F. Dasriaux
Alors tout Aix s’est engouffré dans les failles du bloc parisien, dans le sillage d’un Aymeric Minne intenable qui à 14 secondes du terme, va inscrire le but (son 9ème) de la délivrance. Juste avant, Paris était revenu à la corde, Nedim Rémili ayant ramené les siens à une petite longueur. Malgré Omeyer et un 18ème arrêt, le PSG n'égalisera jamais. Le gardien aixois Baznik (notre photo) repoussant un nouvel assaut de Rémili. C'est sur l'action suivante que Minne va trouver la solution et s'afficher en véritable sauveur de la soirée pour les Provençaux.
Le PSG est donc tombé face à une bande d’Aixois iconoclastes qui, par moment, ont réduit les stars parisiennes à de simples faire-valoir. Incapables de rivaliser une semaine auparavant sur leur sol avec Dunkerque, les joueurs de Jérôme Fernandez n'avaient pas véritablement trouvé leurs marques et cette nouvelle salle cherchait une âme, une ambiance. Le public était au rendez-vous, autant fallait-il encore magnifier le contenu proposé. Ce mercredi, ceux qui étaient présents sur place, se souviendront longtemps de cette soirée. Car une chose est certaine, avec de tels matches, le groupe aixois va contribuer à fidéliser l'assistance, en espérant que leur lieu de vie devienne rapidement un véritable chaudron.
Quatre questions à Aymeric Minne, pourfendeur de la soirée
Peut-on parler de match-référence pour Aix ?
Carrément oui mais tout n'a pas été parfait, on prend quand même 30 buts mais ce qu'il faut retenir, c'est l'état d'esprit. En début de match, on y est allé sans pression et à la mi-temps, on était obligé d'y croire. On a montré une grande solidarité, en gérant bien les temps faibles, on ne s'est pas affolé quand ils reviennent, Gaby (Loesch) a mis ses pénaltys... c'est pour cela qu'on peut parler de match-référence face à deux gardiens qui font en tout 23 arrêts.
Tu marques le but qui soulage tout le monde, c'est important...
C'est sûr qu'en le marquant, on savait qu'on ne pouvait pas être rejoint. Si je ne l'avais pas mis, on aurait pu peut-être gagner aussi (sourires). Mais c'est vrai que cette dernière action, je n'avais pas le droit de la rater. D'ailleurs, sur le coup, je n'ai pas trop réfléchi. J'ai tout juste entendu les 6000 spectateurs qui poussaient.
Vous prenez aussi Paris au bon moment...
C'est sûr qu'on a été opportuniste, en plus Nielsen se blesse au début. On ne pouvait pas rêver mieux même si ceux qui restaient sur le terrain, étaient de qualité. Ils avaient moins de rotation, il fallait courir et monter les ballons, peut-être allaient-ils craquer en fin de match ? Sagosen n'était pas habitué à défendre en 3 donc on en a profité.
Est-ce que ce succès vous ouvre l'appétit ?
Déjà, on peut remercier Nîmes d'avoir ouvert la voie. Battre Paris, c'est faisable. On restait sur une contreperformance face à Dunkerque et on avait à cœur de nous racheter à la maison. D'ailleurs, si on avait gagné face à Dunkerque, est-ce qu'on aurait gagné ce soir ? Je ne sais pas. Maintenant, on ne peut plus se cacher, on avait un complexe d'infériorité contre les grandes équipes, il nous manquait un exploit, Paris, cela en est un, et l'objectif maintenant c'est de remporter tous nos matches à domicile.
C’est ce jeudi que prendra fin la 10ème journée de 1ère division masculine. C’est donc ce jeudi qu’on saura quelle équipe a réalisé la meilleure opération de la semaine en championnat. Au tableau d’honneur, Nîmes n’est pas mal placé. Même s’ils ont souffert face à un Massy très accrocheur, les Gardois ont été les 1ers à bénéficier de l’incroyable mais finalement prévisible défaite de Paris, à quelques kilomètres de là, à Aix en Provence. Si ce jeudi, Montpellier s’incline face à Toulouse, ces mêmes Gardois occuperont seuls la tête du classement. Si les Héraultais s’imposent face au Fénix, ils conserveront leur fauteuil de leader mais auront mis le PSG à trois points. L’enjeu est donc de taille et surtout, après dix épisodes d’un championnat qui n’en finit pas de surprendre, personne ne se serait hasardé à un tel pronostic.
Mais Nîmes, capable de s'offrir à l'extérieur St Raphaël ou Toulouse et surtout Paris au Parnasse, a bien failli perdre une partie de son crédit en s'engluant dans le piège tendu par Massy, la lanterne rouge de l'élite qui voulait surtout limiter les dégâts face à l'équipe en forme et en réussite du moment. L'USAM a eu chaud un peu partout car le promu a fait mieux que se défendre, a donné l'impression de céder (11-6 à la 24ème) mais s'est toujours accroché. Le déchet offensif nîmois lui a grandement facilité la tâche. Avec deux buts d'avance à la pause et un seul à la reprise, Nîmes était sous la menace d'autant qu'en entrant dans les dix dernières minutes, Antoine Conta sur contre-attaque inscrivait le but qui permettait à son équipe de passer devant (22-23). A 48 secondes du terme, les deux formations étaient à égalité. C'est à l'expérience que l'USAM va s'imposer grâce à Tobie et Vozab. Massy méritait sans doute mieux, Nîmes assure un résultat qui lui permet de prendre (provisoirement) la tête du championnat.
Le diaporama de Ivry - Dunkerque par Lorie Couvillers
Au pied du podium, la lutte s'organise. Dunkerque confirme en validant son 2ème succès à l'extérieur. Après Aix, les Nordistes se sont imposés à Ivry. Ils ont dominé la rencontre de bout en bout et ils auraient même pu tuer tout suspense, à la faveur d'une avance de cinq buts et surtout d'une double supériorité numérique. L'envie de trop bien faire, la précipitation, le manque de précision aussi ont bien failli sur la fin tout remettre en cause. Si la 1ère période a été plaisante à suivre, la seconde a été inconsistante. La faute également aux nombreuses fautes commises de part et d'autre (9 exclusions sur les dix sanctionnées). L'arbitrage parfois un peu trop tatillon a exaspéré l'assistance de Delaune. Mais les sœurs Bonaventura n'ont fait qu'appliquer les consignes en vigueur même si Mathieu Bataille ne méritait pas un rouge pour une troisième exclusion. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas à cause de l'arbitrage que Ivry a perdu (26-29) et surtout que Dunkerque a gagné.
Après une période de doute en championnat (défaite à Ivry, succès étriqué face à Saran), Nantes s'est refait la santé loin de ses bases. Considérablement aidé par une équipe de Tremblay qui malgré un recrutement tapageur et un budget qui en ravirait plus d'un parmi l'élite, peine à tenir la tête hors de l'eau. En fait, le "H" n'a mis que cinq minutes pour tuer tout suspense et a vite pris le large pour atteindre la pause avec un matelas de six longueurs. La seconde période n'a été que la concrétisation des faiblesses franciliennes et de la suprématie des hommes de Thierry Anti dans le sillage de David Balaguer (10 buts à 83%) et Nicolas Tournat (7/9). A la décharge de Tremblay, une infirmerie bien garnie (Honrubia, Sacko, Sadoveac, Sebetic). D'ailleurs les dirigeants sont en quête d'un joker médical pour ajouter une rotation sur la base arrière. En attendant, le prochain déplacement est à Paris. Si ce n'est pas à Coubertin que l'entraîneur Benjamin Braux joue son avenir à la tête du promu, c'est début décembre contre Massy. Teddy Prat, capitaine emblématique de l'équipe de Seine-St Denis dans les années fastes pourrait être amené à s'intéresser à l'aspect technique et apporter ainsi ce surplus d'expérience de l'élite qui manque sans doute à l'actuel entraîneur.
L'avenir de Yérime Sylla à Cesson est-il lui aussi menacé ? Aucun succès depuis le début de la saison même si certaines défaites sont très courtes (Saran, Nîmes, Dunkerque, St Raphaël). Ce mercredi en tout cas, la photo finish n'a pas été nécessaire. Mais l'épilogue pose bien des questions. Face à Chambéry qui restait sur trois succès consécutifs, les Bretons ont été parfois décramponnés (13-16 à la 38ème) mais sont toujours restés au contact jusqu'à la 47ème minute (18-18). Et puis, panne de courant, d'envie, de jus, de volonté, de tout ce que vous voulez pour prendre une véritable fondue savoyarde et terminer à huit longueurs de retard, le gardien de Chambéry Julien Meyer (notre photo) sortant les parades au bon moment (22-30). Certains ont lâché le morceau et la suite ne s'annonce pas idyllique. A Cesson, on va se rassurer comme on peut. En ajoutant un illustre inconnu au groupe. Le Croate Bruno Kozina a signé un contrat jusqu'à la fin de la saison. Au chômage depuis cet été, l'arrière âgé de 25 ans a évolué dans le championnat suisse, à Schaffhausen puis à Bâle.
Si Tremblay, Cesson et Massy ferment la marche, Saran n'est pas au mieux non plus. Et pourtant, au palais des sports d'Orléans après avoir été dominés en 1ère période, les Loiretains n'ont jamais rien lâché mais il leur a manqué ce petit supplément pour dépasser Saint Raphaël (14-14 à la 35ème). Les Varois ont toujours été devant sans jamais prendre le large. Autant de pertes de balle de chaque côté, des gardiens qui se sont neutralisés et un tir sur le poteau de Chema Rodriguez pour les locaux à 3 secondes de la fin qui aurait pu arracher l'égalisation, c'est tout ce qu'on retiendra de cette rencontre.
CESSON RENNES MHB - CHAMBERY SMBHB 22 - 30 (MT:12-13)
Statistiques du match
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PAYS AIX UC - PSG HANDBALL 33 - 31 (MT:17-12)
Statistiques du match
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US IVRY HANDBALL - DUNKERQUE HGL 26 - 29 (MT:10-14)
Statistiques du match
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USAM NIMES GARD - MASSY ESSONNE HB 27 - 25 (MT:13-11)
Statistiques du match
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USM SARAN HB - SAINT RAPHAEL VHB 27 - 28 (MT:10-12) Statistiques du match
A Tremblay, Benjamin Braux pourrait s'appuyer sur l'expérience de Teddy Prat (à droite)
TREMBLAY EN FRANCE HB - HBC NANTES 33 - 45 (MT:16-23)
Statistiques du match