Il se passe toujours quelque chose lors de chaque journée de l'élite masculine. Le 11ème chapitre d'un livre à l'épilogue encore indécise n'a pas dérogé à la règle. Si le leader Montpellier s'en est plutôt bien sorti à Dunkerque, tout comme Paris qui face à Tremblay, n'a obtenu l'essentiel que dans les ultimes minutes, Nîmes en revanche a payé cher à Nantes, son entame catastrophique. En bas de classement, Massy s'offre son 1er succès de la saison face à Saran pour qui la situation devient très inquiétante.
par Yves MICHEL
« A l’échauffement, certains signes ne trompaient pas. On sentait une équipe déjà dans le match, totalement concentrée sur le sujet et consciente de l’importance de l’enjeu. » François-Xavier Houlet est un observateur avisé et sa 1ère impression était la bonne. Ce mercredi, après une série de contreperformances à domicile (4ème et 7ème journée), Nantes se devait de redresser la situation. C’est ce qui explique sans doute la remarquable entame des partenaires d’Eduardo Gurbindo (notre photo de tête) qui dès les 1ères minutes vont mettre l’engagement et la détermination nécessaires pour prendre Nîmes à la gorge et ne lui laisser aucune marge de manœuvre. Privée d’espaces et surtout dans l’incapacité de développer son jeu vers l’avant, l’USAM ne va pas pouvoir s’exprimer. Avec déjà six longueurs de retard après seulement 9 minutes, même si rien n’était définitif, l’affaire paraissait bien mal engagée. Surtout face à un client comme le "H" qui quand il évolue à ce niveau et avec cette rigueur, qui plus est, à la maison, sait se montrer irrésistible. « Nantes a mis le rythme qu’il fallait et défendu très dur, renchérit le consultant de beIN Sports. Nîmes a beaucoup souffert et traîné les carences entrevues en 1ère période comme un boulet jusqu’à la fin. Nantes était concerné à 300%. » Dans le sillage d’un Cyril Dumoulin impérial (16 arrêts), les Nantais ne faibliront jamais obligeant Nîmes à se dépenser et surtout se découvrir. Au moment d’aborder le dernier quart d’heure, les hommes de Thierry Anti avaient largement fait le nécessaire pour se mettre à l’abri (26-18). Et ils maintiendront le même tempo jusqu’à la fin (33-25). « Dans l’optique d’une qualification en Ligue des Champions, c’était primordial que Nantes s’impose. Dans le cas contraire, cet objectif aurait été difficile à atteindre. Mais tout cela demande confirmation. Les Nantais n’ont pas une suite de calendrier de tout repos (avec notamment la réception de Paris et un déplacement à Toulouse). » C’est un coup d’arrêt brutal pour Nîmes qui restait sur huit succès consécutifs et qui pour clôturer l’année civile devra se déplacer à Chambéry et accueillir Pays d’Aix.
Le diaporama de Nantes - Nîmes par Philippe Padioleau
Montpellier porte Soussi
Dans le Nord, Dunkerque et Montpellier se sont partagés la tâche. A chacun sa mi-temps. La 1ère pour l'actuel leader du championnat, la seconde pour les locaux. N'ayant à son actif inscrit qu'un seul petit but après treize minutes, Dunkerque s'est rapidement compliqué la tâche surtout que son adversaire avait marqué dans le même laps de temps, à huit reprises ! Les Nordistes ont offert une image inhabituelle, pitoyable qui n'a pas été du goût d'un Patrick Cazal à la limite, désabusé. « Comment peut-on dormir sur ce genre de match ?. C'était très frustrant. A moments donnés, si on veut jouer les 1ers rôles, il faut être capables d'élever son niveau de jeu. Je suis vraiment déçu par rapport à l'image qu'on a donnée. » Un grand Vincent Gérard dans les cages héraultaises, à l'inverse, la faillite des gardiens adverses, des tirs contrés ou à côté, les trente premières minutes avaient été quasi cauchemardesques pour Dunkerque (10-16). A la reprise, le père Fouettard avait du faire un tour dans le vestiaire. Ou alors, les joueurs piqués dans leur orgueil, avaient à cœur de réagir. C'est ce qu'ils vont faire mais pas assez efficacement puisque Montpellier parviendra à maintenir un certain écart (15-19 à la 40ème) malgré une incroyable panne de secteur. Sept minutes sans inscrire le moindre but ! Les Nordistes ne vont pas pour autant en profiter. « Par moments on déborde d'énergie, se lamente l'entraîneur nordiste, on les fait reculer et pourtant on ne fait pas la différence. Pour un match comme celui-là, tu dois grimper aux arbres ! Certains joueurs réclament beaucoup de choses mais il faudrait que sur le terrain, ils montrent déjà ce qu'ils sont capables de faire.» Sur la défensive et moins frais, le MHB va multiplier les pertes de balle et les mauvaises orientations. Dunkerque va pousser, le Brésilien Langaro s'étant soudain réveillé (23-23 à 27" du terme). Comme souvent, la tension était à son maximum. La pièce va pourtant retomber du côté héraultais. Mohamed Soussi qui venait de perdre un précieux ballon, va se racheter, trouver la faille et permettre à ses partenaires de poursuivre leur bonne série en championnat. Mieux investie avant son sursaut trop tardif, l'USDK aurait pu prétendre à plus. S'incliner face au leader n'a rien de honteux, c'est sur l'engagement que les reproches sont les plus marqués. « On peut toujours se battre pour viser la 5ème place mais quand on voit notre potentiel, c'est un peu du gâchis.»
La blague a failli ne pas faire rire
Il arrive que parfois la seule explication technico-tactique ne suffise pas. Et qu'il faille pourquoi pas recourir à la psychanalyse ou à l'étude du comportement. Au risque de déplaire et d'en soupçonner certains de se surpasser (peut-être inconsciemment) parce qu'ils sont dans un cadre ou face à un adversaire particulier. Et le raisonnement fonctionne dans les deux sens. Ce mercredi, le PSG aurait très bien pu quitter Coubertin en ayant perdu un voire deux points. La faute à Tremblay qui a su redresser la tête et se retrouver dans le money-time, avec un seul but à rattraper (24-23). Ces mêmes Tremblaysiens qui chez eux une semaine plus tôt en avaient pris douze face à Nantes. « C'est vrai qu'à l'extérieur contre les "gros", on joue plus libérés et ça nous permet de faire de bonnes choses, tente d'expliquer le très expérimenté Sassi Boultif.» Mouais... l'argumentation vaut ce qu'elle vaut. Elle en convaincra peut-être certains, nous, on a du mal. Mais que dire alors de l'attitude parisienne ? Face à un adversaire accrocheur, très solide en défense centrale et malgré une base arrière remodelée en raison des circonstances (4 blessés dont les deux gauchers titulaires), le PSG va peu à peu tisser un semblant de toile (16-10 à la 33ème). A ce moment du match, la machine paraissait sur de bons rails et les quelques supporters tremblaysiens se préparaient au pire surtout après un 3ème pénalty raté face à Titi Omeyer. Les Parisiens vont multiplier les pertes de balle et prendre les mauvaises options. « On se met tout seul dans cette situation, avoue Nédim Rémili (notre photo). On a aussi relâché un peu notre défense, ils ont couru, mis de l'engagement et ont bénéficié de notre baisse de régime..» Un espèce de faux rythme et un manque de réussite qui vont conduire les Parisiens à une fin de match proche du traquenard. « On n'a pas joué à notre niveau et surtout, on aurait du se mettre à l'abri bien plus tôt. Mais bon, on a préservé l'essentiel. Si à chaque fois qu'on joue mal, on arrive à gagner, c'est suffisant. Mais je suis d'accord que c'est illogique d'avoir d'excellents résultats en Ligue des Champions et de peiner autant en championnat.» Grâce encore à Omeyer (double parade) et à Mikkel Hansen pour le but de la délivrance (25-23), le PSG va s'imposer et penser désormais au match qui l'attend samedi, face aux Danois d'Aalborg en LDC. Les considérations sont tout autres pour Tremblay. Car les résultats de la soirée ne lui ont pas été favorables (voir en suivant). Le promu est dernier au classement. « On va essayer de prendre ce match comme référence, martèle Sassi Boultif. Avec le potentiel qu'on a, le jeu qu'on produit et malgré les blessés, ce n'est pas normal de se retrouver dans une telle situation. On ne mérite pas cette place de dernier. Maintenant, notre objectif est de remporter les deux matches qui restent avant la trêve..» Et le prochain, c'est la réception de Massy.
Le diaporama de Paris - Tremblay par Lorie Couvillers
Saran triste
Ce n'est en rien dévoiler un secret que de révéler que Tarik Hayatoune, l'entraîneur de Massy avait coché au crayon rouge la venue de Saran. Dans l'Essonne, on essaie de ne pas se tromper de cible. Si l'opposition face à des rivaux directs pour le maintien avait laissé jusque-là un soupçon d'amertume (nul face à Cesson et Ivry), il fallait bien que ça paye un jour. Et Saran était l'adversaire idéal. La décoction aura le temps d'infuser mais très rapidement sécurisé par l'incontournable Samir Bellahcène dans les cages, Massy va se montrer plus réaliste que son vis-à-vis (10-6 à la 18ème) et garder une avance jusqu'à la pause (13-11). Un trop grand nombre de pertes de balle, des tirs précipités vont lui être fatals. Chema Rodriguez et le jeune Andrea Guillaume étaient aux commandes et rapidement le score va basculer, tournant à l'avantage des Loiretains (14-17 à la 37ème). Au courage, Massy va refaire son retard. Grâce notamment à Junior Réault. Celui qui fut un des tout meilleurs réalisateurs en Proligue et qui sur blessure, avait raté les 4 dernières journées, a retrouvé de belles sensations et surtout le chemin du but. Sur contre-attaque et engagement rapide, Massy va prendre le dessus, tenir ce tempo jusqu'à la fin et s'offrir sa 1ère victoire de la saison parmi l'élite (25-23). Saran doit s'inquiéter. Avec un 9ème revers d'affilée.
Arber Qerimi avait la frite au pays du cassoulet
Toulouse, lièvre de la fable
Rien ne sert de courir... Toulouse est confronté à ses vieux démons. Il y avait eu Nîmes et Montpellier mais c'était les deux premiers au classement et la défaite, même si elle est toujours frustrante, n'était pas catastrophique. La venue de Cesson devait servir à remettre les joueurs de Philippe Gardent sur de bons rails. Surtout avant d'aller à St Raphaël et recevoir Nantes. Sauf que les partenaires d'Arber Qerimi ont pris à contrepied les projets du Fénix. Pourtant l'entame était parfaite (9-4 à la 12ème) et puis, l'édifice toulousain s'est craquelé, faute d'arrêts de gardiens (3 contre 7 pour Cesson). Si bien qu'à la pause, le palais des sports ne chantait plus, le score étant défavorable à Toulouse (14-15). La seconde période sera un mano a mano que les locaux vont souvent remporter, tout en laissant la possibilité à leur adversaire de revenir. Les joueurs de Yérime Sylla iront même au-delà en passant devant à l'entrée du money-time (28-29). Avance précaire puisque le champion du Monde des moins de 19 ans Gaël Tribillon va remettre le Fénix en piste (sur pénalty puis sur contre-attaque, 30-29). Les 40 dernières secondes seront décisives. Bien servi par Allan Villeminot, Sylvain Hochet va arracher le nul, Ferran Solé va ensuite buter sur l'excellent portier breton Jeff Lettens (12 parades au total).
Quatre en embuscade
Dans les deux rencontres qui restent au programme de cette 11ème journée, St Raphaël et Pays d’Aix (qui sont à égalité avec 12 points) ont un bon coup à jouer. Le vainqueur passerait devant Toulouse et Dunkerque et se retrouverait ex aequo avec Nantes à la 4ème place. Sur l’autre affiche entre Chambéry et Ivry, le challenge est tout autre. Le vainqueur s’offrirait tout simplement un vrai bol d’air et un vrai matelas de sécurité par rapport à la zone des relégables. Si Ivry s’impose au Phare, les Val-de-Marnais passeraient devant les Savoyards. Dans le cas contraire, Chambéry validerait son 5ème succès en championnat.
DUNKERQUE HGL - MONTPELLIER HB 23 - 24 (MT: 10-16)
Statistiques du match
MASSY EHB - SARAN LOIRET HB 25 - 23 (MT: 13-11)
Statistiques du match
FENIX TOULOUSE - CESSON RENNES 30 - 30 (MT: 14-15)
Statistiques du match
PSG Handball - TREMBLAY EN FRANCE 25 - 23 (MT: 14-10)
Statistiques du match
HBC NANTES - USAM NIMES 33 - 25 (MT: 18-10)
Statistiques du match