Les Bleues sont en finale du Mondial. Mais dieu que tout fut dur pendant 60 minutes ! D’abord dominatrices, puis en panne offensive, les Françaises ont dû faire face à de multiples exclusions temporaires pour enfin refaire surface sur la fin de match avec une Allison Pineau déterminante aussi bien offensivement que défensivement. Elles affronteront les Norvégiennes, favorites absolues de ce Mondial, mais avec leur défense et leur envie, elles sont capables de réaliser un autre exploit, grandiose celui-là.
On a pourtant longtemps cru que « l’indiscipline » des Bleues allait plomber un match qu’elles avaient pourtant bien en main. Chaque exclusion était payée cash et quand on voit qu’au final, elles seront sorties 7 fois, dont une fois à 4 contre 6, on se dit que tout cela a failli coûter sa place en finale à la France. Car si la Suède avait les pires difficultés à trouver la faille a 7 contre 7, c’était beaucoup plus simple à une de plus avec un jeu de passe suffisamment vif pour que systématiquement, les Suédoises trouvent la joueuse libre. C’est avant de subir des exclusions assez logiques, que les Tricolores vont donner le premier frisson. Après un début de match où tout le monde prenait un peu la température, elles mettaient un premier temps fort qui leur permettaient de prendre un peu leurs aises. 10 à 6 à la 21°, cela commençait à sentir bon avant de se mettre à sentir fortement le brulé… Car dans la foulée de cette superbe prise de commandement, les Bleues allaient tomber dans un de ces tunnels noirs offensifs dont elles ont malheureusement l’habitude dans ce Mondial. Pendant 9 minutes, l’attaque va être totalement muette et surtout la défense ne va pas arriver à prendre le relais. Olivier Krumbholz cherchait vainement une arrière gauche capable de porter un peu de danger. Jusque-là, les gauchères, une Laurisa Landre encore une fois énorme et Siraba Dembele avaient alimenté la marque. Seule Allison Pineau allait sur la fin de mi-temps, déjà, arriver à trouver la faille pour sortir la France de son aphonie offensive.
Gnonsiane Niombla, Estelle Nze Minko, Kalidiatou Niakate puis Orlane Kanor, toutes vont être lancées dans la bataille par Olivier Krumbholz sans qu’une seule n’arrive à vraiment entrer de plein pied dans le match. Heureusement, de l’autre côté du terrain, tout restait assez solide pour que rien de définitif ne soit fait. Amandine Leynaud était au niveau de ce qu’elle produit depuis le début du Mondial, c'est-à-dire, très, très haut. Après avoir un temps tenté de jouer en 1-5 pour un résultat plus que mitigé, tout ce beau monde avait repris la 0-6 avec réussite. Cela va permettre de tenir, tenir, et encore tenir. Car des ballons à jouer, les Suédoises vont en avoir à la pelle, mais entre, elles aussi, des mauvais choix à la pelle en attaque, des tirs un peu forcés qu’Amandine Leynaud n’avait pas de peine à maîtriser et quelques exploits majeurs de la gardienne tricolore, elles aussi auront pas mal gâché dans la partie. En fait c’est sans doute aussi physiquement que les Suédoises vont craquer. Alors que plus la fin de match se rapprochait, plus les Françaises avaient des fourmis dans les jambes et restaient assez lucides dans leur jeu, c’était tout le contraire pour les Jaunes et Bleues. Et là, l’expérience d’une Allison Pineau va être déterminante d’abord en défense avec 3 ballons gagnés sur des passages en force peut être durs pour la Suède mais sifflés de la même façon des 2 côtés. Puis en prenant les choses en main en attaque sur le poste d’arrière gauche avec 3 des 5 derniers buts français alors que la Suède était passée devant pour la première fois du match à la 56° par une Isabelle Gullden pourtant pas à la fête du tout dans le match. Le 3-0 final pour la France va être royal ! D’abord ce doublé à 9 mètres d’Allison Pineau qui redonnait la main aux Bleues, puis ce décalage d’école lâché par Grace Zaadi pour Blandine Dancette qui collait une mine 3 centimètres au-dessus de la tête de Filippa Idehn pour un +2 définitif. Pour faire bon compte et bien montrer son importance dans le match, le dernier mot allait à Amandine Leynaud sur le tir de la dernière chance de Johanna Westsberg.
Les Françaises joueront leur 5° finale mondiale, pour le moment elles n’ont pu en gagner qu’une en 2003. Il faut espérer qu’elles arrivent à lâcher les chevaux et qu’elles ne se fassent pas punir par la Norvège, ce serait le pire qu’il puisse arriver. Clairement, les pronostics iront vers les Norvégiennes et c’est peut-être là que se situe la chance des Françaises.
A Hambourg, Barclaycard Arena
Le vendredi 15 décembre à 20h45
Suède - France : 22 - 24 (Mi-temps : 12-11)
11 261 spectateurs
Arbitres : MM Garcia et Marin (Espagne)
Evolution du score : 3-3 5°, 4-5 10°, 5-7 15°, 6-10 20°, 10-10 25°, 12-11 MT - 13-13 35°, 15-16 40°, 16-19 45°, 20-20 50°, 22-22 55°, 22-24 FT.
Les réactions (Avec le concours du service de presse de la FFHB)
Olivier Krumbholz : C’est super. Il y avait quand même trois adversaires redoutables dans ces demi-finales, nous sommes des gens humbles, et l’on pouvait encore craindre la 4e place. Maintenant nous sommes au moins médaillés d’argent, on va préparer cette finale avec beaucoup d’enthousiasme et d’envie. Car ce qui manque avant tout au palmarès de certaines filles, c’est une victoire finale. L’adversaire (la Norvège, ndlr) a un niveau actuellement très élevé, mais j’espère que l’on jouera avec la pression positive d’une équipe qui vaut absolument gagner. Nous avons fait un match imparfait aujourd’hui, il en faudra un beaucoup plus abouti pour les battre. Nous avons une grosse défense, une Amandine en grande forme, et en attaque nous n’avons pas encore utilisé toutes nos possibilités. J’y crois. Vu comment l’équipe s’est encore imposée mentalement ce soir.
Siraba Dembélé : Je suis contente. Nous avons encore été la chercher avec les tripes. Ce n’est jamais facile à ce stade de la compétition. Il faut souligner que Doudou a été exceptionnelle, elle a fermé la boutique. Puis Allison a pris ses responsabilités sur la fin. Respect franchement car pour revenir à ce niveau après un si long arrêt. On sent par ailleurs que nous ne sommes pas trop dedans, on garde une certaine sérénité, on serre la défense, on continue à y aller et cela paye à un moment donné. A la mi-temps, devant le groupe, je dis à Grâce que c’est elle qui commande et personne d’autre qui doit décider. Elle a excellemment ordonné notre jeu. Notre jeu était trop brouillon en première période. En finale, on y va pour gagner, je ne veux pas perdre, je suis sûre que l’on peut les prendre. Elles ont quand même des points faibles et des fragilités.
Le diaporama du match par S. Pillaud - FFHB