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EDF M: Kentin Mahé ne sait pas jouer à l'économie

Euro

mercredi 10 janvier 2018 - © Yves Michel

 5 min 23 de lecture

Dans le paysage des Bleus, Kentin Mahé a une place et une rôle atypiques. Par son jeu polyvalent mais aussi par sa personnalité qui de l’extérieur, peut en dérouter plus d’un. Le jeune homme est aussi imprévisible qu’attachant. C’est ce qui fait son charme et qui fédère ou divise autour de lui. 

par Yves MICHEL

Ma 1ère rencontre avec Kentin Mahé remonte à l’été 2010 au championnat d’Europe juniors à Bratislava (Slovaquie). Le cadre n’a rien de champêtre et dans une salle aux boiseries surannées désespérément vide de tout public, l’équipe de France génération 90-91 vient de battre laborieusement la Serbie. Pour le blondinet au visage poupin, huit buts dans les filets et meilleur joueur de la partie. Neuf jours plus tard, il est désigné MVP et meilleur réalisateur du tournoi et la sélection tricolore avec Valentin Porte, Mathieu Grébille et Benjamin Afgour pour ne citer qu’eux, termine à la 6ème place. Le demi-centre qui évolue depuis son enfance en Allemagne à Dormagen, a marqué les esprits et s’est surtout fixé des objectifs. «Mon rêve est de pouvoir un jour être aux portes de France A. Pour ça, il faut travailler et surtout, le mériter. Je n’ai pas honte à le dire, mon but, c’est France A. Il faudra que je m’affirme en club, sur le plan physique notamment mais je veux aller de l’avant. » Avec une telle hargne, son arrivée chez les plus grands est quasi inéluctable et à l’automne, il est appelé par Claude Onesta. Deux matches amicaux face à la Tunisie où les minutes sont comptées. Le contrat est clair, il est là pour apprendre.

L’année suivante, il signera à Gummersbach, en 2013 à Hambourg et en 2015 à Flensburg où Ljubomir Vranjes, l’attend les bras ouverts. « A Flensburg, quand je suis arrivé, on ne manquait pas d’arrières et le coach voulait faire cohabiter tout le monde. Je me suis retrouvé à gauche et j'ai aussi glissé demi-centre. » L’équipe de France le sollicite de plus en plus sur l’aile gauche, dans l’ombre de Michaël Guigou et la polyvalence, au risque de s’éparpiller, ne le rebute pas. « C’est un peu mon physique qui me pousse vers cette polyvalence. Je n’ai pas un tempérament à jouer à l’économie. Je ne suis pas le plus grand, je ne suis pas le plus costaud mais j’ai envie de me mettre la tête par terre, m’engager pour mes coéquipiers et donner le maximum de ma personne. » Tout s’enchaîne avec une facilité déconcertante pour celui que Claude Onesta considère comme un couteau suisse d’exception, qu’il faut encourager mais aussi encadrer. «J’aime les joueurs qui ont du génie, révèle le mentor des Experts, même si parfois, ils me font peur. Kentin est par moments, dans son monde à lui… chez les oiseaux et il faut aller le chercher là-haut. » A la passation de relais, Didier Dinart et Guillaume Gille ont continué sur la trajectoire qui avait été dessinée.



Le jeune homme a pris de la caisse, un peu plus d’expérience et sa carte de visite s’est enrichie de plusieurs lignes. Et surtout, son investissement est resté le même avec une débauche d’énergie qui interpelle toujours autant. Sept ans et plus après l’avoir vu évoluer pour la 1ère fois sous le maillot des juniors sont passés. « Il arrive qu’on me reproche d’avoir quelques idées en trop et de ne pas toujours faire les choix les plus faciles. Je ne sais pas faire autrement qu’en étant à fond. Je sais que parfois cela me pénalise mais si je venais à changer mon jeu, je changerai ma nature et ce que je suis. Cette polyvalence arrière-ailier, je la travaille, j’observe, je prends un max d’infos que ce soit de "Mika" (Guigou) ou de "Raph" (Caucheteux) qui du coup évolue dans un autre registre. Pour le poste de demi-centre, je m’inspire de Luka Cindric (du Vardar). Il fait à peu près ma taille (le Croate est plus petit de 3 cm) même s’il est plus costaud. Ce que je peux prendre chez les autres me permet d’avancer. » Kentin Mahé traîne en permanence derrière lui, une usine à idées. Il est une sorte de Willy Wonka dans "Charlie et la chocolaterie". Toujours un temps d’avance pour aussi, mieux brouiller les pistes.

Et n’allez pas dire à Guillaume Gille, couteau suisse en son temps entré dans le staff tricolore en septembre 2016, que le minot en fait trop. Sinon, le retour de flamme sera immédiat. « Pour moi, la question n’a pas de sens ! Il faut le respecter tel qu’il est avec tout ce qu’il apporte sur le terrain. Il prend de la place dans cette équipe et si on lui coupe sa capacité de création et son originalité, on ne lui fera pas du bien. Ce qui est à souligner, c’est que malgré tout cela, il reste au service du projet. » Pour le joueur, l'année qui s'ouvre s’annonce prometteuse. L’équipe de France, une saison à bien terminer en club et cet été, un nouveau déménagement. La parenthèse allemande de 18 ans sera mise en suspens. Pour Veszprém et la Hongrie. Et comme l’intéressé est un perfectionniste, il a déjà commencé à apprendre la langue, « parce que j’aime comprendre ce qu’on dit autour de moi. »



Deux Français au sifflet

Laurent Reveret (41 ans) et Stevann Pichon (40 ans) font partie des douze binômes qui dirigeront les matches de l’Euro en Croatie. Constituée en 2012, la paire arbitrale française est déjà bien rodée avec à son actif, deux championnats du Monde (Qatar 2015 et France 2017) et un championnat d’Europe (Pologne 2016) sans compter bien-sûr un chapelet de rencontres en Ligue des Champions. Laurent Reveret lui, a connu l'éclat de la planète handball un peu plus tôt. Associé pendant presque vingt ans à Nordine Lazaar, il a participé aux Jeux de Londres en 2012, à deux Euros de plus (Autriche 2010 et Serbie 2012) et deux Mondiaux (Croatie 2009 et Suède 2011). Neutralité oblige, ils savent d’ores et déjà qu’ils n’arbitreront ni à Porec (groupe de la France) ni à Split (groupe qui croise avec celui de la France). Ils seront désignés pour des matches, soit du groupe C (Allemagne, Macédoine, Monténégro, Slovénie à Zagreb) ou du groupe D (Espagne, Danemark, République Tchèque, Hongrie à Varazdin).

EDF M: Kentin Mahé ne sait pas jouer à l'économie  

Euro

mercredi 10 janvier 2018 - © Yves Michel

 5 min 23 de lecture

Dans le paysage des Bleus, Kentin Mahé a une place et une rôle atypiques. Par son jeu polyvalent mais aussi par sa personnalité qui de l’extérieur, peut en dérouter plus d’un. Le jeune homme est aussi imprévisible qu’attachant. C’est ce qui fait son charme et qui fédère ou divise autour de lui. 

par Yves MICHEL

Ma 1ère rencontre avec Kentin Mahé remonte à l’été 2010 au championnat d’Europe juniors à Bratislava (Slovaquie). Le cadre n’a rien de champêtre et dans une salle aux boiseries surannées désespérément vide de tout public, l’équipe de France génération 90-91 vient de battre laborieusement la Serbie. Pour le blondinet au visage poupin, huit buts dans les filets et meilleur joueur de la partie. Neuf jours plus tard, il est désigné MVP et meilleur réalisateur du tournoi et la sélection tricolore avec Valentin Porte, Mathieu Grébille et Benjamin Afgour pour ne citer qu’eux, termine à la 6ème place. Le demi-centre qui évolue depuis son enfance en Allemagne à Dormagen, a marqué les esprits et s’est surtout fixé des objectifs. «Mon rêve est de pouvoir un jour être aux portes de France A. Pour ça, il faut travailler et surtout, le mériter. Je n’ai pas honte à le dire, mon but, c’est France A. Il faudra que je m’affirme en club, sur le plan physique notamment mais je veux aller de l’avant. » Avec une telle hargne, son arrivée chez les plus grands est quasi inéluctable et à l’automne, il est appelé par Claude Onesta. Deux matches amicaux face à la Tunisie où les minutes sont comptées. Le contrat est clair, il est là pour apprendre.

L’année suivante, il signera à Gummersbach, en 2013 à Hambourg et en 2015 à Flensburg où Ljubomir Vranjes, l’attend les bras ouverts. « A Flensburg, quand je suis arrivé, on ne manquait pas d’arrières et le coach voulait faire cohabiter tout le monde. Je me suis retrouvé à gauche et j'ai aussi glissé demi-centre. » L’équipe de France le sollicite de plus en plus sur l’aile gauche, dans l’ombre de Michaël Guigou et la polyvalence, au risque de s’éparpiller, ne le rebute pas. « C’est un peu mon physique qui me pousse vers cette polyvalence. Je n’ai pas un tempérament à jouer à l’économie. Je ne suis pas le plus grand, je ne suis pas le plus costaud mais j’ai envie de me mettre la tête par terre, m’engager pour mes coéquipiers et donner le maximum de ma personne. » Tout s’enchaîne avec une facilité déconcertante pour celui que Claude Onesta considère comme un couteau suisse d’exception, qu’il faut encourager mais aussi encadrer. «J’aime les joueurs qui ont du génie, révèle le mentor des Experts, même si parfois, ils me font peur. Kentin est par moments, dans son monde à lui… chez les oiseaux et il faut aller le chercher là-haut. » A la passation de relais, Didier Dinart et Guillaume Gille ont continué sur la trajectoire qui avait été dessinée.



Le jeune homme a pris de la caisse, un peu plus d’expérience et sa carte de visite s’est enrichie de plusieurs lignes. Et surtout, son investissement est resté le même avec une débauche d’énergie qui interpelle toujours autant. Sept ans et plus après l’avoir vu évoluer pour la 1ère fois sous le maillot des juniors sont passés. « Il arrive qu’on me reproche d’avoir quelques idées en trop et de ne pas toujours faire les choix les plus faciles. Je ne sais pas faire autrement qu’en étant à fond. Je sais que parfois cela me pénalise mais si je venais à changer mon jeu, je changerai ma nature et ce que je suis. Cette polyvalence arrière-ailier, je la travaille, j’observe, je prends un max d’infos que ce soit de "Mika" (Guigou) ou de "Raph" (Caucheteux) qui du coup évolue dans un autre registre. Pour le poste de demi-centre, je m’inspire de Luka Cindric (du Vardar). Il fait à peu près ma taille (le Croate est plus petit de 3 cm) même s’il est plus costaud. Ce que je peux prendre chez les autres me permet d’avancer. » Kentin Mahé traîne en permanence derrière lui, une usine à idées. Il est une sorte de Willy Wonka dans "Charlie et la chocolaterie". Toujours un temps d’avance pour aussi, mieux brouiller les pistes.

Et n’allez pas dire à Guillaume Gille, couteau suisse en son temps entré dans le staff tricolore en septembre 2016, que le minot en fait trop. Sinon, le retour de flamme sera immédiat. « Pour moi, la question n’a pas de sens ! Il faut le respecter tel qu’il est avec tout ce qu’il apporte sur le terrain. Il prend de la place dans cette équipe et si on lui coupe sa capacité de création et son originalité, on ne lui fera pas du bien. Ce qui est à souligner, c’est que malgré tout cela, il reste au service du projet. » Pour le joueur, l'année qui s'ouvre s’annonce prometteuse. L’équipe de France, une saison à bien terminer en club et cet été, un nouveau déménagement. La parenthèse allemande de 18 ans sera mise en suspens. Pour Veszprém et la Hongrie. Et comme l’intéressé est un perfectionniste, il a déjà commencé à apprendre la langue, « parce que j’aime comprendre ce qu’on dit autour de moi. »



Deux Français au sifflet

Laurent Reveret (41 ans) et Stevann Pichon (40 ans) font partie des douze binômes qui dirigeront les matches de l’Euro en Croatie. Constituée en 2012, la paire arbitrale française est déjà bien rodée avec à son actif, deux championnats du Monde (Qatar 2015 et France 2017) et un championnat d’Europe (Pologne 2016) sans compter bien-sûr un chapelet de rencontres en Ligue des Champions. Laurent Reveret lui, a connu l'éclat de la planète handball un peu plus tôt. Associé pendant presque vingt ans à Nordine Lazaar, il a participé aux Jeux de Londres en 2012, à deux Euros de plus (Autriche 2010 et Serbie 2012) et deux Mondiaux (Croatie 2009 et Suède 2011). Neutralité oblige, ils savent d’ores et déjà qu’ils n’arbitreront ni à Porec (groupe de la France) ni à Split (groupe qui croise avec celui de la France). Ils seront désignés pour des matches, soit du groupe C (Allemagne, Macédoine, Monténégro, Slovénie à Zagreb) ou du groupe D (Espagne, Danemark, République Tchèque, Hongrie à Varazdin).

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