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EURO M: La vidéo au secours de l'Allemagne !

Euro

lundi 15 janvier 2018 - © Yves Michel

 6 min 43 de lecture

L'Allemagne est passée par toutes les sensations ce lundi dans son match face à la Slovénie. Copieusement secouée pendant 45 minutes, la Mannschaft a hérité d'un pénalty égalisateur (25-25) après que les arbitres de la rencontre aient visionné la vidéo et sanctionnent une faute du pivot slovène Blagotinsek. Le rocambolesque a parfois frôlé le ridicule. Surtout que les deux sifflets se sont retrouvés totalement isolés pour prendre une telle décision.

par Yves MICHEL


Les Slovènes qui pensaient avoir réussi un véritable exploit face à la Mannschaft, avec un ultime but victorieux de Janc (25-24) ont du déchanter. D’autant que pour célébrer ce qu’ils croyaient être leur 1ère victoire dans le tournoi, ils avaient déjà entamé une danse de Saint Guy et dans les gradins, leurs supporters exultaient. Seulement voilà, il restait encore quatre secondes à jouer. Drux, le demi-centre de Berlin l’avait bien compris mais sur l’engagement, le ballon ne fera pas un mètre, le Slovène Blagotinsek l’ayant contré.

Aux aguets et conscient d’être dans son bon droit, le banc allemand a mis l’accent sur l’irrégularité et a protesté avec insistance. Après un temps d’hésitation, les deux arbitres lituaniens qui avaient officié il y a une dizaine de jours sur la Golden League en France, ont demandé à visionner les images. Et c’est vers un Français, Patrice Vaillant de l’association Vision Sport que toute l’attention s’est portée et surtout sur ses épaules, qu’a subitement pesé la responsabilité de l’issue de la rencontre.

Dès lors, de longues minutes, stressantes pour les deux camps vont s’écouler. Les deux arbitres surtout, se retrouvant à ce moment-là, seuls au monde. Patrice Vaillant a mis tout en œuvre pour leur apporter tous les éléments vidéo dont ils avaient besoin sous le regard médusé et fuyant des officiels de l’EHF qui sur le coup, n’ont pas été d’un grand secours.


          Patrice Vaillant (en bas à g.) recherche l'image et surtout l'horodatage de l'action litigieuse  

Le verdict tombe enfin. Un des juges de paix lituaniens sort de sa poche un carton rouge pour sanctionner le pivot Blagotinsek et tend le bras vers le point de pénalty. Les Slovènes, leur entraîneur Veselin Vujovic en tête, sont consternés, les Allemands eux, essaient de rester concentrés. Enfin surtout un, le très expérimenté Tobias Reichmann qui crucifie Mateus Skok. La règle implacable a été appliquée. «Cela fait partie des nouvelles règles mises en place, il y a deux étés dès les Jeux de Rio, explique Denis Reibel, arbitre français international. Dans les 30 dernières secondes de jeu, un adversaire n’a pas à perturber l’engagement ou une action quelle qu'elle soit. Par ailleurs, dans le cas présent, le pivot slovène qui commet la faute, n’est pas à 3 mètres. La sanction est claire : carton rouge et 7 mètres. » Avec sans doute un peu plus de lucidité, Blagotinsek aurait du rester dans son camp et attendre que les Allemands effectuent l’engagement. Il restait 3 à 4 secondes, Paul Drux aurait-il pu marquer ? Ses chances étaient minimes mais on se rappelle d’un certain Montpellier-St Raphaël en février 2016 où à quelques centièmes du buzzer, le Danois Lynggaard avait inscrit depuis la ligne médiane le but victorieux pour les Varois.

Les Allemands qui n’ont pas montré grand-chose si ce n’est un timide sursaut d’orgueil en 2ème période en profitant surtout des nombreuses suspensions adverses, arrachent le nul  (25-25). Les Slovènes sont dans le désarroi le plus complet. A l’issue de ce match, ils ont d’ailleurs décidé de porter officiellement réclamation. Avec peu d’espoirs d’être entendus.

La Mannschaft est donc revenue de loin. Ou plutôt, elle est tombée sur une séduisante formation slovène qui a fait fi de tous les malheurs qui se sont abattus sur elle, avant, pendant et après la préparation avec les forfaits de Dolenec, Gaber et Medved et le dernier en date, il y a deux jours, Henigman. L’équipe de Vujovic a crânement joué sa chance, en y mettant du cœur et de l’envie, en se battant comme une forcenée en défense et en s’appuyant sur un gardien, Lesjak, impérial en 1ère période. C’est au cours de ce 1er acte que l’attaque a été la plus prolifique, portée par les jaillissements de Borut Mackovsek et le génie de Zarabec, véritable feu-follet qui a mystifié Wiencek et Roscheck les deux centraux allemands, de par ses 1 contre 1 et ses changements de rythme. La Slovénie avançaient en jouant bien, son adversaire a contrario, se trainait en charentaises. Elle comptera jusqu’à six buts d’avance (14-8 à la 27ème) et on se disait que ça pourrait le faire. Cette avance s’effritera légitimement en début de seconde mi-temps. La débauche d’énergie consentie jusque-là, le manque de clairvoyance vont jouer des mauvais tours aux partenaires de Vid Kavticnik. , Et puis, les Allemands ne pouvaient pas tomber plus bas. Ils vont bénéficier de deux faits de jeu alors qu’ils avaient gommé une partie de leur retard (19-16 à la 43ème). Une double supériorité numérique, Vid Kavticnik ayant été sanctionné pour une faute peu évidente sur Gensheimer et le banc, pour protestation. Les champions d’Europe en titre ne vont pas laisser passer l’aubaine pour revenir mais il faudra attendre la 50ème minute pour qu’ils prennent enfin l’avantage. Derrière, Janc héros malheureux de la fin de rencontre va rater un 7 m devant Heinevetter. Quatre minutes plus tôt, il s’était retrouvé dans des conditions identiques et son tir avait échoué sur la transversale. Etait-il judicieux d'envoyer le gamin de 21 ans au casse-pipe une 2ème fois ? Dans le money-time, un tir de Vid Kavticnik va nettement passer à gauche de la cage allemande. Bref, les Slovènes avaient les cartes en main pour créer ce qui semblait impensable, ils pensaient l’avoir fait…. On connait la suite et surtout la fin !

Dans une poule où seule la Macédoine compte pour le moment deux succès (contre la Slovénie 25-24 et ce lundi face au Monténégro 29-28), les partenaires de Kiril Lazarov sont en ballotage très favorable avant d’aborder le tour principal. D’autant que mercredi, ils seront opposés à l’Allemagne. Pour la Slovénie, l’équation est simple, elle se doit de battre ou au pire d’arracher un nouveau nul face au Monténégro pour entrevoir le tour suivant. Dans ce cas-là, elle conserverait son petit point acquis ce lundi soir et serait ensuite condamnée à l’exploit permanent.  



Sa réaction était attendue. Devant la presse notamment slovène, Veselin Vujovic naviguait entre dépit et colère.  "Pour moi, nous sommes les vainqueurs de ce match et si le droit existait, nous aurions 4 points et pas seulement 1 (l'entraîneur estime également que son équipe a été lésée par l'arbitrage lors du 1er match contre la Macédoine). Bon, ce sera vite oublié, personne ne se rappellera de cette péripétie mais à la fin du championnat, c'est seulement notre classement qui sera retenu et peut-être certains diront que j'ai mal fait mon travail. je pense que les arbitres ont appliqué les règles mais personne ne les connaissait dans la salle. Pour la 1ère fois dans l'histoire du handball, elles ont été appliquées et c'est tombé sur la Slovénie. Ils se sont appuyés sur la vidéo, ils auraient pu voir les fautes contre nous qui n'ont pas été sanctionnées. En fait, je pense que les arbitres et les hauts dirigeants du handball se moquent tous de ce qui s'est passé."



L'ironie de l'histoire: Christian Prokop, l'entraîneur allemand avait serré la main des officiels et des arbitres et commençait à réconforter ses joueurs et surtout, il n'avait rien vu ou sa méconnaissance des règles ne lui avait pas fait imaginer ce qui allait suivre. C'est en fait Silvio Heinevetter, le gardien de buts de la Mannschaft (comme on le voit à droite, sur cette capture d'écran) qui a remonté tout le terrain pour signifier à l'un des arbitres qu'une anomalie avait eu lieu et que le match ne pouvait se terminer sur un tel scénario. Où étaient le délégué du match et le superviseur de l'EHF à ce moment-là ?

EURO M: La vidéo au secours de l'Allemagne ! 

Euro

lundi 15 janvier 2018 - © Yves Michel

 6 min 43 de lecture

L'Allemagne est passée par toutes les sensations ce lundi dans son match face à la Slovénie. Copieusement secouée pendant 45 minutes, la Mannschaft a hérité d'un pénalty égalisateur (25-25) après que les arbitres de la rencontre aient visionné la vidéo et sanctionnent une faute du pivot slovène Blagotinsek. Le rocambolesque a parfois frôlé le ridicule. Surtout que les deux sifflets se sont retrouvés totalement isolés pour prendre une telle décision.

par Yves MICHEL


Les Slovènes qui pensaient avoir réussi un véritable exploit face à la Mannschaft, avec un ultime but victorieux de Janc (25-24) ont du déchanter. D’autant que pour célébrer ce qu’ils croyaient être leur 1ère victoire dans le tournoi, ils avaient déjà entamé une danse de Saint Guy et dans les gradins, leurs supporters exultaient. Seulement voilà, il restait encore quatre secondes à jouer. Drux, le demi-centre de Berlin l’avait bien compris mais sur l’engagement, le ballon ne fera pas un mètre, le Slovène Blagotinsek l’ayant contré.

Aux aguets et conscient d’être dans son bon droit, le banc allemand a mis l’accent sur l’irrégularité et a protesté avec insistance. Après un temps d’hésitation, les deux arbitres lituaniens qui avaient officié il y a une dizaine de jours sur la Golden League en France, ont demandé à visionner les images. Et c’est vers un Français, Patrice Vaillant de l’association Vision Sport que toute l’attention s’est portée et surtout sur ses épaules, qu’a subitement pesé la responsabilité de l’issue de la rencontre.

Dès lors, de longues minutes, stressantes pour les deux camps vont s’écouler. Les deux arbitres surtout, se retrouvant à ce moment-là, seuls au monde. Patrice Vaillant a mis tout en œuvre pour leur apporter tous les éléments vidéo dont ils avaient besoin sous le regard médusé et fuyant des officiels de l’EHF qui sur le coup, n’ont pas été d’un grand secours.


          Patrice Vaillant (en bas à g.) recherche l'image et surtout l'horodatage de l'action litigieuse  

Le verdict tombe enfin. Un des juges de paix lituaniens sort de sa poche un carton rouge pour sanctionner le pivot Blagotinsek et tend le bras vers le point de pénalty. Les Slovènes, leur entraîneur Veselin Vujovic en tête, sont consternés, les Allemands eux, essaient de rester concentrés. Enfin surtout un, le très expérimenté Tobias Reichmann qui crucifie Mateus Skok. La règle implacable a été appliquée. «Cela fait partie des nouvelles règles mises en place, il y a deux étés dès les Jeux de Rio, explique Denis Reibel, arbitre français international. Dans les 30 dernières secondes de jeu, un adversaire n’a pas à perturber l’engagement ou une action quelle qu'elle soit. Par ailleurs, dans le cas présent, le pivot slovène qui commet la faute, n’est pas à 3 mètres. La sanction est claire : carton rouge et 7 mètres. » Avec sans doute un peu plus de lucidité, Blagotinsek aurait du rester dans son camp et attendre que les Allemands effectuent l’engagement. Il restait 3 à 4 secondes, Paul Drux aurait-il pu marquer ? Ses chances étaient minimes mais on se rappelle d’un certain Montpellier-St Raphaël en février 2016 où à quelques centièmes du buzzer, le Danois Lynggaard avait inscrit depuis la ligne médiane le but victorieux pour les Varois.

Les Allemands qui n’ont pas montré grand-chose si ce n’est un timide sursaut d’orgueil en 2ème période en profitant surtout des nombreuses suspensions adverses, arrachent le nul  (25-25). Les Slovènes sont dans le désarroi le plus complet. A l’issue de ce match, ils ont d’ailleurs décidé de porter officiellement réclamation. Avec peu d’espoirs d’être entendus.

La Mannschaft est donc revenue de loin. Ou plutôt, elle est tombée sur une séduisante formation slovène qui a fait fi de tous les malheurs qui se sont abattus sur elle, avant, pendant et après la préparation avec les forfaits de Dolenec, Gaber et Medved et le dernier en date, il y a deux jours, Henigman. L’équipe de Vujovic a crânement joué sa chance, en y mettant du cœur et de l’envie, en se battant comme une forcenée en défense et en s’appuyant sur un gardien, Lesjak, impérial en 1ère période. C’est au cours de ce 1er acte que l’attaque a été la plus prolifique, portée par les jaillissements de Borut Mackovsek et le génie de Zarabec, véritable feu-follet qui a mystifié Wiencek et Roscheck les deux centraux allemands, de par ses 1 contre 1 et ses changements de rythme. La Slovénie avançaient en jouant bien, son adversaire a contrario, se trainait en charentaises. Elle comptera jusqu’à six buts d’avance (14-8 à la 27ème) et on se disait que ça pourrait le faire. Cette avance s’effritera légitimement en début de seconde mi-temps. La débauche d’énergie consentie jusque-là, le manque de clairvoyance vont jouer des mauvais tours aux partenaires de Vid Kavticnik. , Et puis, les Allemands ne pouvaient pas tomber plus bas. Ils vont bénéficier de deux faits de jeu alors qu’ils avaient gommé une partie de leur retard (19-16 à la 43ème). Une double supériorité numérique, Vid Kavticnik ayant été sanctionné pour une faute peu évidente sur Gensheimer et le banc, pour protestation. Les champions d’Europe en titre ne vont pas laisser passer l’aubaine pour revenir mais il faudra attendre la 50ème minute pour qu’ils prennent enfin l’avantage. Derrière, Janc héros malheureux de la fin de rencontre va rater un 7 m devant Heinevetter. Quatre minutes plus tôt, il s’était retrouvé dans des conditions identiques et son tir avait échoué sur la transversale. Etait-il judicieux d'envoyer le gamin de 21 ans au casse-pipe une 2ème fois ? Dans le money-time, un tir de Vid Kavticnik va nettement passer à gauche de la cage allemande. Bref, les Slovènes avaient les cartes en main pour créer ce qui semblait impensable, ils pensaient l’avoir fait…. On connait la suite et surtout la fin !

Dans une poule où seule la Macédoine compte pour le moment deux succès (contre la Slovénie 25-24 et ce lundi face au Monténégro 29-28), les partenaires de Kiril Lazarov sont en ballotage très favorable avant d’aborder le tour principal. D’autant que mercredi, ils seront opposés à l’Allemagne. Pour la Slovénie, l’équation est simple, elle se doit de battre ou au pire d’arracher un nouveau nul face au Monténégro pour entrevoir le tour suivant. Dans ce cas-là, elle conserverait son petit point acquis ce lundi soir et serait ensuite condamnée à l’exploit permanent.  



Sa réaction était attendue. Devant la presse notamment slovène, Veselin Vujovic naviguait entre dépit et colère.  "Pour moi, nous sommes les vainqueurs de ce match et si le droit existait, nous aurions 4 points et pas seulement 1 (l'entraîneur estime également que son équipe a été lésée par l'arbitrage lors du 1er match contre la Macédoine). Bon, ce sera vite oublié, personne ne se rappellera de cette péripétie mais à la fin du championnat, c'est seulement notre classement qui sera retenu et peut-être certains diront que j'ai mal fait mon travail. je pense que les arbitres ont appliqué les règles mais personne ne les connaissait dans la salle. Pour la 1ère fois dans l'histoire du handball, elles ont été appliquées et c'est tombé sur la Slovénie. Ils se sont appuyés sur la vidéo, ils auraient pu voir les fautes contre nous qui n'ont pas été sanctionnées. En fait, je pense que les arbitres et les hauts dirigeants du handball se moquent tous de ce qui s'est passé."



L'ironie de l'histoire: Christian Prokop, l'entraîneur allemand avait serré la main des officiels et des arbitres et commençait à réconforter ses joueurs et surtout, il n'avait rien vu ou sa méconnaissance des règles ne lui avait pas fait imaginer ce qui allait suivre. C'est en fait Silvio Heinevetter, le gardien de buts de la Mannschaft (comme on le voit à droite, sur cette capture d'écran) qui a remonté tout le terrain pour signifier à l'un des arbitres qu'une anomalie avait eu lieu et que le match ne pouvait se terminer sur un tel scénario. Où étaient le délégué du match et le superviseur de l'EHF à ce moment-là ?

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