La France est sur la bonne voie...celle du succès (4 matches - 4 victoires depuis le début de l'Euro) mais également de la sagesse car elle sait qu'il ne faut pas s'emballer et que pour aller chercher une finale, il faudra ne rien négliger. C'est ce qu'elle a fait depuis le début et c'est ce qu'elle va continuer à faire...

Par Yves MICHEL, envoyé spécial à Zagreb 

Il n'y a pas eu d'embrassades inutiles, de longues effusions. Simplement la satisfaction du devoir accompli et d'un match remporté où gardiens et défense ont été prépondérants. Les Français sont sur une rampe de lancement et ils n'extérioriseront à outrance que lorsqu'ils arriveront à quai. Si possible dans une semaine, lorsqu'ils auront gagné la finale. Là, ils ont passé une sorte de quart.. qui n'en était pas un car quel que soit le résultat, ils seraient restés toujours en course avec deux matches à disputer. Mais on va dire qu'ils se sont rendus la tâche facile et que très sincèrement avoir battu la Suède de six buts, avec Luka Karabatic définitivement sorti après exactement 6 minutes de jeu, sans avoir été mené, d'avoir passé à cette équipe un 5-0 rédhibitoire à l'entame des dix dernières minutes, la satisfaction pouvait être partagée par tout l'effectif, entraîneur compris. L'autre avantage de ce succès est à court terme. Si la Serbie qui n'a plus rien à jouer dans cet Euro ne doit pas être sous-estimée et surtout prise de haut (ce qui n'est pas le genre de la maison), faire le plein de sérénité avant d'affronter la Croatie est incommensurable. Car à Zagreb, lorsque l'Arena pousse, les fondations de l'édifice tremblent.

Les réactions des acteurs français de la soirée...

Kentin Mahé (demi-centre de l'EDF): "Cela n'a pas été le match le plus beau mais on l'a gagné avec la tête, en y mettant la manière, une bonne défense, Vincent qui fait des arrêts et des Suédois qui ont été vite découragés. On peut être content d'avoir gagné mais surtout de les avoir tenus à 17 buts. En attaque, on a manqué un peu de rythme mais c'était aussi le cas pour eux, les trois jours de repos ont été profitables pour les organismes mais c'est une coupure importante qui peut avoir quelques inconvénients. Il fallait vite se remettre dans la compet' et on l'a fait de la meilleure manière qui soit."

Vincent Gérard (gardien infranchissable de l'équipe de France): "Il fallait que je sorte des tirs car c'était un moment où on ne marquait pas trop de buts, l'écart avait du mal à se faire. On avait regardé le match Slovénie-Macédoine et on faisait le parallèle, le gardien slovène faisait plein d'arrêts et son équipe ne faisait pas le trou et avec Adrien, on se disait qu'en général une telle situation, ça ne sentait pas bon. Donc je suis content parce que ça s'est bien passé notamment en défense. Quand tu as l'impression de bien défendre et qu'à la mi-temps tu es à +2 et qu'ils reviennent à égalité à la 40ème, tu réalises que s'ils trouvent la clé où un joueur qui soit inspiré, ça peut aller vite contre toi. Après, c'est vrai qu'on continue à défendre et eux, ils ont craqué à ce niveau-là et on a senti que cela tournait en notre faveur. Là, on va tenter de battre la Serbie et on pourra penser tranquillement à la Croatie. En sport, il faut se garder de tout excès d'optimisme et faire preuve de modestie, surtout contre la Serbie. Quand on regarde poste par poste, c'est une très belle équipe. On a fait le boulot jusqu'à présent, à nous de bien le continuer."

Didier Dinart (l'entraîneur de l'EDF a tout d'abord tenu à rendre hommage à son gardien de buts): « Il a été stratosphérique derrière une défense 1-5 vraiment imperméable... On a repoussé ces Suédois dans leurs derniers retranchements et on les a vu douter mais à 5 contre 6, ils ont perdu des ballons. L'équipe de France a montré sa grande solidarité avec l'utilisation de tous les joueurs (sauf Cyril Dumoulin) avec la rotation de Nicolas Tournat à l'aile, Nikola Karabatic en 2 et la contre-attaque Kentin Mahé qui partait à l'aile et la fameuse sortie de Nicolas Claire au poste de demi-centre. On a tout simplement eu la conviction, la foi en notre projet. Le plus important aujourd'hui, c'est que tout le monde a été plaisant. J'ai la chance d'avoir un beau collectif et des gens disposés à tout faire et au bon moment. On les a gênés dans la fluidité de balle et comme c'est un de leurs points forts, ça les a beaucoup perturbés. On a mis la manière, on a gagné."

Valentin Porte (arrière droit de l'EDF) "Sincèrement, je suis très content de la prestation d'ensemble, il n'y a rien à redire surtout par rapport au début de match, mine de rien en ayant eu quatre jours sans compétition, on perd un peu le rythme, on arrive dans un nouvel environnement et une salle qu'on ne connait pas du tout contre une équipe qui a terminé le 1er tour en battant la Croatie. Il se trouve qu'on débute très bien le match avec un Vincent Gérard qui nous a mis sur les bons rails et bien entendu, cela nous met en confiance. Vraiment, on a de quoi être satisfait, 16 buts encaissés, on peut voyager. En attaque, on a eu plus de difficultés mais on est tombé sur Appelgren qui dans ses cages, était dans un grand soir. S'il est moins bon, on met plus de buts mais ce soir, on a réalisé une énorme performance collective. Tout le monde apporte ce qu'il a à apporter et j'ai trouvé l'équipe très sereine... même dans les moments où ils reviennent un peu

Michaël Guigou (ailier gauche de l'EDF): "On a été fort dans nos têtes par rapport à ce match très particulier et une attaque qui a été en difficulté, qui a su se reprendre sur la fin et créer un avantage qui peut être intéressant pour la suite. On s'est retrouvé à un moment où on jouait en marchant, on n'avait plus de jus et il fallait tenter quelque chose et faire rentrer ceux qui étaient plus frais. Ils ont montré qu'on pouvait compter sur eux et c'est important car si on veut aller loin, il faut pouvoir se reposer sur tout le monde. On ne va pas faire la compet' à 5-6 surtout si ce sont des trentenaires. (Et sur Vincent Gérard, son coéquipier à Montpellier).... Il a fait un très gros match après avoir été un peu en difficulté sur le 1er de la compét' contre la Norvège mais il avait fait des arrêts importants sur des contre-attaques et avec Cyril, il avait rempli sa part de travail. On sait qu'aucune équipe n'ira loin dans une compétition, sans gardiens au niveau et une grande défense.

 
Quatre questions à Nikola Karabatic (arrière gauche de l'EDF)

Tout s'est vraiment très bien passé...
C'est vrai, il y a beaucoup de satisfactions mais on voulait avant tout gagner et quand à la fin, on a été en capacité d'assurer la victoire, on est resté concentré. Sur le temps mort, on s'est promis de ne rien balancer et de jouer sur cette bonne tonalité jusqu'au bout. On voulait surtout marquer des buts car le goal average, on ne sait jamais, peut avoir son importance. Ce bon résultat donne des garanties pour la suite.

Le carton rouge contre Luka aurait pu avoir un effet négatif...
On ne va pas trop épiloguer sur la question. C'est toujours pareil, on ne voit pas les images, le joueur (suédois) se baisse et prend la main dans la tête. Mais si tu mets la sanction suprême, d'un côté, il faut aussi regarder de l'autre. On voit que sur cet Euro, les rouges sortent facilement, il n'y a pas vraiment de règles, il faut s'adapter et on a bien réagi. 

Vous faites à la fois une bonne opération comptable mais également psychologique...
C'est vrai que l'avantage est multiple mais après, cela peut aller très vite. Là où je ne m'affole pas trop, c'est que je sais que mon équipe est forte mentalement, on reste humbles, on ne se prend pas pour les meilleurs du monde parce qu'on a gagné 4 matches. Il faut rester lucide mais je sais que sur ce plan-là, tout le monde est au même niveau.

La présence de la famille booste aussi... (Lala la maman, Alek, le fiston et Géraldine sa compagne, étaient dans les tribunes)
Bien-sûr, les sourires de la famille, de voir son fils heureux, c'est toujours beau et cela procure encore plus de joie et de bonheur.