Depuis le début de la ronde médiatique amorcée au stage de Capbreton, Raphaël Caucheteux a honoré autant de sollicitations que sur une saison avec son club. Le Varois a toujours connu sa place au sein de cette équipe de France, il se fond dans la masse, est là pour dépanner mais quand sur une mi-temps, il prend l’initiative et termine avec 7 buts meilleur réalisateur du groupe (comme Luka Karabatic), il y a tout lieu de lui courir après et de le mettre sous les feux de la rampe.
par Yves MICHEL, envoyé spécial à Zagreb
C’est comme si lui-même découvrait des vertus qu’il n’avait jamais osé imaginer dans un tel contexte. Raphaël Caucheteux se plait à dire que ce qu’il absorbe depuis la fin décembre et son arrivée sur la pointe des pieds, n’est que bonus et qu’à 32 ans, il a conscience qu’il s’agit plus d’une parenthèse qui pourrait prendre la forme d’une apothéose que d’un avènement. On ne le dira jamais assez mais le Varois symbolise cette nouvelle marque de fabrique que Didier Dinart et Guillaume Gille veulent apposer sur cette équipe de France. Un label fraîcheur qui garde tout le monde éveillé et qui produit, pour le moment, le résultat escompté. Ce lundi, face à la Serbie, Michaël Guigou avait été laissé au repos, ce sont donc Kentin Mahé (sur la 1ère période) et Raphaël Caucheteux qui se sont partagés la lourde tâche d’animer l'avant-poste côté gauche. Le joueur de Flensburg a comme à son habitude, brûlé pas mal de calories et a même vu 36 chandelles lorsque son visage est allé à la rencontre des tenailles du poison Marsenic. Le pivot du Vardar a voulu passer pour un ange mais les arbitres danois ne sont pas tombés dans le panneau et après un petit visionnage de la vidéo, ont exclu définitivement le grand dadais de 2.03 m.
Raphaël Caucheteux lui, patientait sur le banc mais cela faisait longtemps que dans sa tête, il était entré dans le match. Il savait déjà que Didier Dinart aurait besoin de lui après la pause. « C'est vrai que cela se passe dans l’ensemble, plutôt bien. Dans un match comme aujourd'hui (face à la Serbie), les cadres avaient fait le travail en 1ère mi-temps et ceux qui entraient ensuite n'avaient qu'à continuer sur cette même dynamique. Quand on fait appel à nous, il faut qu'on soit au même niveau que ceux qui nous ont précédés. J'ai voulu montrer que j'ai ma place dans l'effectif et que je profite du temps de jeu qu'on me donne. Je ne veux pas repartir d'ici en ayant des regrets. » L’aventure est loin d’être terminée et comme tout le monde adhère au projet sans qu’une tête ne dépasse, la France est promise à un bel avenir immédiat. « A tous les niveaux, avec nos qualités, poursuit l’ailier azuréen, on veut tous amener la petite pierre qui aidera à bâtir l’édifice. Même s’ils ne nous le font pas ressentir, les cadres sont identifiés, on sait tous ce qu’ils ont gagné et leur statut est bien présent. Par exemple, je ne vais pas à moments donnés, remettre en question Michaël Guigou sur ses performances, c’est un très grand joueur et ce serait totalement inopportun et déplacé. Mais je veux contribuer au bien-être de l’ensemble, quel que soit mon temps de jeu. » Ce lundi face aux Serbes qui ont été vite débordés, Raphaël a effectué une entrée remarquée. 4 buts en 8 minutes, 7 sur 9 au total et même s’il a échoué par deux fois à 7 mètres, personne ne lui en tiendra rigueur. Le score était acquis et puis surtout, pas de rémanence. Un échec doit être vite effacé. « C’est vrai qu’à ce sujet, Didier sait trouver les mots pour nous redonner confiance. Le tout, c’est qu’on réagisse vite, que si on rate une action, on pense tout de suite à se replier et rester concentré. Il n’y a aucun souci pour ça. » Au-delà des statistiques et des schémas tactiques, le Raphaélois est un excellent camarade de jeu. Il faut le voir prendre du plaisir dans le 1er échauffement de l’après-midi quand la salle est vide de tout spectateur. Au milieu des jeunes comme Dika Mem et Romain Lagarde, il joue le rôle du grand frère de 12 ans leur aîné. « Je m’éclate dans ce qu’on m’apporte, je m’éclate dans ce que je vis que ce soit avec des gars de ma génération ou les plus jeunes. Nous avons un but commun, une quête de médaille, nous sommes tous hyper-motivés pour en ramener une. » Dans un Euro, la dernière ligne droite est souvent la plus complexe à aborder. Il faudra terminer sans accroc cette 2ème phase avant de penser aux demies. Raphaël Caucheteux lui, poursuit allégrement sa profession de foi.
Croatie - France, on en parle déjà !
La France n’est plus qu’à une heure ou peut-être moins, d’un 1er bonheur. Quatre ans après Herning et le Danemark, les demi-finales de l’Euro lui tendent les bras. L’accolade n’est pas encore franche, il faudra attendre le résultat mercredi de Suède-Norvège et surtout faire bonne figure face à la Croatie qui jouera elle, son avenir dans la compétition. C’est la plaie d’un sport comme le handball dans une compétition internationale. Rien n’est simple et personne du grand public ne veut faire l’effort de comprendre que même en ballotage très favorable, la France peut passer à côté du carré final. Les circonstances restent exceptionnelles. Il faudrait tout simplement que la Suède remporte son ultime match face à la Norvège, ce qui est dans le domaine du possible et qu’en suivant, les Tricolores s’inclinent de 8 buts face à la Croatie. Le pays hôte et les Suédois seraient ainsi propulsés en demi-finale. Si on compulse les archives des France-Croatie depuis 1994, cela n’est jamais arrivé même si en 2013, en quarts de finale du Mondial espagnol, les Croates se sont largement imposés de 7 buts (23-30) tout comme l’année précédente à Novi Sad (22-29), à l’occasion de l’Euro serbe. Dans le camp français, un tel scénario n’est pas envisagé. « Même si je ne suis pas devin, sourit Nédim Remili, je pense qu’on a les armes pour gagner ce match, il ne faut pas penser à perdre moins de 8, il faut aller chercher une performance, on ne compte que sur nous-mêmes, on a envie d’aller le plus loin possible et si on peut réaliser le parcours quasi parfait, on ne s’en privera pas. » Ce qui attend les Français ce mercredi est également une ambiance hors normes, 15000 supporters au maillot à damiers chauffés à blanc et un vacarme assourdissant. A la Yougo quoi ! D’ailleurs, la kermesse risque de débuter 24h plus tôt à l’hôtel des joueurs où il a été programmé une conférence de presse avec entre autres, Nikola Karabatic. Il faudra pousser les murs de la minuscule pièce qui accueillait jusque-là les médias français car les journalistes croates ont annoncé leur venue. Cela leur changera les idées, ils ne se retrouveront plus entre eux à boire le petit lait de Cervar le catcheur puisque ce dernier a interdit l’accès des points presse croates à la presse étrangère. Une belle preuve de savoir-vivre et un manque total de courage. Car chez les Croates, les questions dérangeantes ne sont guère appréciées.