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Après l'Euro, les retours sur l'utilisation de la vidéo sont positifs

International

mercredi 31 janvier 2018 - © Yves Michel

 6 min 2 de lecture

Après quelques balbutiements et une philosophie discordante entre les fédérations internationale et européenne, la vidéo est désormais bien ancrée dans la pratique de l'arbitrage du handball. Lors de l'Euro croate, le recours à l'image a été utilisé avec sobriété et dans la majorité des cas, la décision finale était logique.

par Yves MICHEL


De l'aveu même de Laurent Reveret, un des deux tricolores avec Stevann Pichon qui sifflait en Croatie, « le recours à la vidéo est un outil important comme l'a été à l'époque, le kit oreillette-micro, mais comme tout dispositif novateur, il faut que ce soit bien maîtrisé et que cela reste exceptionnel.» Sur l'Euro qui s'est achevé le week-end dernier, l'association française Handvision qui avait la gestion technique du dispositif a recensé 17 arrêts de jeu qui ont conduit les arbitres à rejoindre l'estrade de bord de touche pour valider ou non, une décision qui allait ou venait d'être prise. 17 sur les 47 matches qui ont été disputés pendant la compétition, le ratio reste acceptable. Le recours à la vidéo a été essentiellement utilisé pour sanctionner le geste dangereux d'un joueur (à 8 reprises), par deux fois, un acte répréhensible sur une ultime action dans le cadre des 30 dernières secondes, pour déterminer si le ballon avait franchi la ligne de buts ("goal line technology", à 5 reprises) et enfin pour mauvais changement (deux fois).  Et ce, essentiellement durant les deux 1ers tours, les finalités (place 5-6 comprise) étant épargnées.



Le dispositif mis en place :

- la « goal line technology » / trois caméras miniatures positionnées sur chaque cage et privatives (photo ci-dessus - vues uniquement par les techniciens vidéo)

- la « change zone area » / une caméra installée à chaque extrémité de la table de marque (2 en tout), également privative pour contrôler l’entrée et la sortie des joueurs. L’angle étant très ouvert, toute la moitié de terrain peut être surveillée.

- deux ou trois caméras du diffuseur tv sont intégrées au système pour notamment analyser toutes les actions liées au jeu.

«Il faudrait qu'il y ait une certaine harmonisation entre l'IHF et l'EHF, poursuit Laurent Reveret. Pour les deux, l'usage de la vidéo n'est pas le même. En ce qui concerne le carton rouge par exemple, lors du dernier Euro, l'EHF s'est voulu plus souple. 17 interventions ont été recensées mais on aurait pu rajouter entre 8 et 10 cas avec des coups au visage et des gestes qui auraient mérité, sanction plus lourde.» Selon le Français, la Fédération Internationale reste plus dogmatique. L'arbitre va utiliser la vidéo avec en tête, l'idée de la punition suprême, l'essentiel étant de désigner un fautif. Dès le début de l'épreuve croate, l'EHF a incité les binômes à ne pas se sentir prisonniers de la sanction qui souvent est décidée dans un laps de temps très court. « Imagine tu arrives devant la vidéo et tu te rends compte que c’est une énorme simulation de la part de l'attaquant. Dans l'esprit du règlement de l’IHF, tu es obligé de mettre rouge.» La situation devient dès lors paradoxale voire très inconfortable. Mais si la vidéo comme ce fut le cas pendant l'Euro, peut freiner les risques de simulation, elle devient très utile. 


                              Armand Steiger (à droite) est à l'origine du dispositif vidéo

Du côté des observateurs, l'avis est très favorable à la vidéo.  « Pour la goal line, ce n'est pas évident de voir à l'œil nu et dans le feu de l'action, si le ballon est entré, donc c'est utile, valide Daniel Costantini. Même chose pour les sanctions disciplinaires. L'arbitre doit s'assurer du bien fondé d'une décision qui n'est pas toujours facile à prendre. En revanche, il faut qu'elle intervienne assez rapidement.» Et l'entraîneur double champion du Monde en 1995 et 2001 de faire allusion au cas d'école à la fin du fameux Slovénie - Allemagne (tour préliminaire - groupe C - à Zagreb). Ce soir-là, ce n'est pas tant la double sanction (carton rouge et pénalty) qui a été prise contre la Slovénie qui fait débat, mais le temps mis par les arbitres lituaniens pour enfin se décider (voir par ailleurs). Autre exemple, lors d'un match encore plus décisif entre la République Tchèque et la Macédoine (pendant le tour principal à Varazdin), un des deux arbitres russes a modifié son jugement après s'être référé à la vidéo.  « Il voulait savoir si le but macédonien avait été inscrit ou non avant la sirène, témoigne Armand Steiger, le responsable de Handvision. Le but en fait n'était pas valable et a donc été refusé mais l'arbitre m'a demandé à voir ce qui s’était passé juste avant. Et là, on s'est aperçu qu'il y avait une faute évidente d'un défenseur tchèque.»  Il y avait donc pénalty et sanction contre le Tchèque. Manaskov, le tireur du 7 mètres butera sur le gardien Mrkva et la Macédoine ne pourra pas égaliser. Mais la phase de jeu grâce à l'image a parfaitement été arbitrée.


Le Serbe Marsenic (n°33) sorti après visionnage vidéo pour une agression caractérisée sur K. Mahé

Tous les cas recensés durant la compétition comportent chacun leur spécificité. « Sur ce que j'ai vu pendant cet Euro, juge Greg Anquetil, j'ai trouvé que sur les matches importants, l'arbitrage avait été de qualité, notamment les deux demies et la finale (où aucun recours à la vidéo et aucun carton rouge n'ont été utilisés). Je trouve qu'il y a une nette amélioration et c'est celui qui a été un emmerdeur fini avec les arbitres qui le dit !» Et l'ancien ailier tricolore, Barjot devant l'Eternel d'apporter une nuance quant à la systématisation du recours à l'image. « Il faut l'utiliser occasionnellement et surtout sur les actions dites "graves" notamment pour voir si le coup est volontaire. Je ne pense pas que cela s'impose sur les mauvais changements. Le handball est un sport appelé à aller de plus en plus vite et ne doit pas être ralenti.» Les débriefings ne manqueront pas sur le sujet d'autant que la vidéo va avoir tendance à accompagner tous les matches officiels en Ligue des Champions notamment sur le Final Four à Cologne ou les futurs championnats internationaux comme le Mondial 2019 au Danemark et en Allemagne. D'ici là des améliorations seront sans doute apportées au système. « Le système est déjà très performant, ce qui peut être amélioré tient à l’emplacement du dispositif vidéo, fait remarquer Laurent Reveret. Les écrans sont derrière la table de stats, tu es la cible de tous les regards, il y a la proximité de tout l'environnement, les équipes, les supporters, il faut que tu gardes toute ta sérénité pour prendre la meilleure décision. Et quelle qu'elle soit, il faut qu'elle reste sous la responsabilité des arbitres. »

Après l'Euro, les retours sur l'utilisation de la vidéo sont positifs  

International

mercredi 31 janvier 2018 - © Yves Michel

 6 min 2 de lecture

Après quelques balbutiements et une philosophie discordante entre les fédérations internationale et européenne, la vidéo est désormais bien ancrée dans la pratique de l'arbitrage du handball. Lors de l'Euro croate, le recours à l'image a été utilisé avec sobriété et dans la majorité des cas, la décision finale était logique.

par Yves MICHEL


De l'aveu même de Laurent Reveret, un des deux tricolores avec Stevann Pichon qui sifflait en Croatie, « le recours à la vidéo est un outil important comme l'a été à l'époque, le kit oreillette-micro, mais comme tout dispositif novateur, il faut que ce soit bien maîtrisé et que cela reste exceptionnel.» Sur l'Euro qui s'est achevé le week-end dernier, l'association française Handvision qui avait la gestion technique du dispositif a recensé 17 arrêts de jeu qui ont conduit les arbitres à rejoindre l'estrade de bord de touche pour valider ou non, une décision qui allait ou venait d'être prise. 17 sur les 47 matches qui ont été disputés pendant la compétition, le ratio reste acceptable. Le recours à la vidéo a été essentiellement utilisé pour sanctionner le geste dangereux d'un joueur (à 8 reprises), par deux fois, un acte répréhensible sur une ultime action dans le cadre des 30 dernières secondes, pour déterminer si le ballon avait franchi la ligne de buts ("goal line technology", à 5 reprises) et enfin pour mauvais changement (deux fois).  Et ce, essentiellement durant les deux 1ers tours, les finalités (place 5-6 comprise) étant épargnées.



Le dispositif mis en place :

- la « goal line technology » / trois caméras miniatures positionnées sur chaque cage et privatives (photo ci-dessus - vues uniquement par les techniciens vidéo)

- la « change zone area » / une caméra installée à chaque extrémité de la table de marque (2 en tout), également privative pour contrôler l’entrée et la sortie des joueurs. L’angle étant très ouvert, toute la moitié de terrain peut être surveillée.

- deux ou trois caméras du diffuseur tv sont intégrées au système pour notamment analyser toutes les actions liées au jeu.

«Il faudrait qu'il y ait une certaine harmonisation entre l'IHF et l'EHF, poursuit Laurent Reveret. Pour les deux, l'usage de la vidéo n'est pas le même. En ce qui concerne le carton rouge par exemple, lors du dernier Euro, l'EHF s'est voulu plus souple. 17 interventions ont été recensées mais on aurait pu rajouter entre 8 et 10 cas avec des coups au visage et des gestes qui auraient mérité, sanction plus lourde.» Selon le Français, la Fédération Internationale reste plus dogmatique. L'arbitre va utiliser la vidéo avec en tête, l'idée de la punition suprême, l'essentiel étant de désigner un fautif. Dès le début de l'épreuve croate, l'EHF a incité les binômes à ne pas se sentir prisonniers de la sanction qui souvent est décidée dans un laps de temps très court. « Imagine tu arrives devant la vidéo et tu te rends compte que c’est une énorme simulation de la part de l'attaquant. Dans l'esprit du règlement de l’IHF, tu es obligé de mettre rouge.» La situation devient dès lors paradoxale voire très inconfortable. Mais si la vidéo comme ce fut le cas pendant l'Euro, peut freiner les risques de simulation, elle devient très utile. 


                              Armand Steiger (à droite) est à l'origine du dispositif vidéo

Du côté des observateurs, l'avis est très favorable à la vidéo.  « Pour la goal line, ce n'est pas évident de voir à l'œil nu et dans le feu de l'action, si le ballon est entré, donc c'est utile, valide Daniel Costantini. Même chose pour les sanctions disciplinaires. L'arbitre doit s'assurer du bien fondé d'une décision qui n'est pas toujours facile à prendre. En revanche, il faut qu'elle intervienne assez rapidement.» Et l'entraîneur double champion du Monde en 1995 et 2001 de faire allusion au cas d'école à la fin du fameux Slovénie - Allemagne (tour préliminaire - groupe C - à Zagreb). Ce soir-là, ce n'est pas tant la double sanction (carton rouge et pénalty) qui a été prise contre la Slovénie qui fait débat, mais le temps mis par les arbitres lituaniens pour enfin se décider (voir par ailleurs). Autre exemple, lors d'un match encore plus décisif entre la République Tchèque et la Macédoine (pendant le tour principal à Varazdin), un des deux arbitres russes a modifié son jugement après s'être référé à la vidéo.  « Il voulait savoir si le but macédonien avait été inscrit ou non avant la sirène, témoigne Armand Steiger, le responsable de Handvision. Le but en fait n'était pas valable et a donc été refusé mais l'arbitre m'a demandé à voir ce qui s’était passé juste avant. Et là, on s'est aperçu qu'il y avait une faute évidente d'un défenseur tchèque.»  Il y avait donc pénalty et sanction contre le Tchèque. Manaskov, le tireur du 7 mètres butera sur le gardien Mrkva et la Macédoine ne pourra pas égaliser. Mais la phase de jeu grâce à l'image a parfaitement été arbitrée.


Le Serbe Marsenic (n°33) sorti après visionnage vidéo pour une agression caractérisée sur K. Mahé

Tous les cas recensés durant la compétition comportent chacun leur spécificité. « Sur ce que j'ai vu pendant cet Euro, juge Greg Anquetil, j'ai trouvé que sur les matches importants, l'arbitrage avait été de qualité, notamment les deux demies et la finale (où aucun recours à la vidéo et aucun carton rouge n'ont été utilisés). Je trouve qu'il y a une nette amélioration et c'est celui qui a été un emmerdeur fini avec les arbitres qui le dit !» Et l'ancien ailier tricolore, Barjot devant l'Eternel d'apporter une nuance quant à la systématisation du recours à l'image. « Il faut l'utiliser occasionnellement et surtout sur les actions dites "graves" notamment pour voir si le coup est volontaire. Je ne pense pas que cela s'impose sur les mauvais changements. Le handball est un sport appelé à aller de plus en plus vite et ne doit pas être ralenti.» Les débriefings ne manqueront pas sur le sujet d'autant que la vidéo va avoir tendance à accompagner tous les matches officiels en Ligue des Champions notamment sur le Final Four à Cologne ou les futurs championnats internationaux comme le Mondial 2019 au Danemark et en Allemagne. D'ici là des améliorations seront sans doute apportées au système. « Le système est déjà très performant, ce qui peut être amélioré tient à l’emplacement du dispositif vidéo, fait remarquer Laurent Reveret. Les écrans sont derrière la table de stats, tu es la cible de tous les regards, il y a la proximité de tout l'environnement, les équipes, les supporters, il faut que tu gardes toute ta sérénité pour prendre la meilleure décision. Et quelle qu'elle soit, il faut qu'elle reste sous la responsabilité des arbitres. »

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