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Mais où va-t-on ?

France

mardi 3 avril 2018 - © François Dasriaux

 5 min 56 de lecture

Avec le feuilleton du Nantes – Nîmes en quart de finale de Coupe de France, on assiste depuis plus d’une dizaine de jours à une escalade de mot et d’images qui ne cessent d’interpeller et qui sont peut-être l’émanation d’un mal beaucoup plus sournois et surtout beaucoup plus dangereux.

De quoi parle-t-on exactement ? D’un match de Coupe où la table n’a pas vu un mauvais changement de l’équipe de Nantes, et ce pendant 8 secondes. 8 secondes qui ont vu Nantes égaliser mais sans que l’entrant fautif ne participe à l’action. Nîmes sachant pertinemment que ce fait de jeu est susceptible d’étayer une réclamation a bien sûr posé réclamation, puis le match a été perdu d’un but. C’est son droit le plus légitime et on ne connaît pas beaucoup de staffs au fait du règlement qui n’auraient pas fait exactement la même chose. 

C’est après que tout est parti à vau-l’eau et les péripéties n’arrêtent pas de s’empiler. Tout d’abord la commission d’appel de la FFHB a décidé que le match était à rejouer, mais seulement sur les 10 dernières minutes… Pour cela elle s’est appuyée sur un règlement qui date de quelques années mais en en changeant la substance. Refaire rejouer les dernières minutes d’un match où le score fait que l’issue de la partie ne fait aucun doute. Cela a été mis en place pour éviter les sautages de plombs (au sens propre) inondations intempestives et autres avanies capables de suspendre un match déjà acté et perdu par l’équipe recevante.

L’instauration de cette règle étant étonnamment très efficace sur la qualité des réseaux électriques de certains gymnases… Point de coupure de lumière, dans ce cas-là, pas d’inondation actée et surtout, dire que le match était joué à l’instant de la faute est plus que léger ! Faire jouer 10’50’’ d’un match, c’est rayer d’un coup tout ce qui fait qu’un match de Handball se construit, se défait et se fait au gré des capacités techniques et physiques de chaque groupe, de la valeur d’un banc ou de la qualité tactique d’un coach.

Maintenant, chercher le coupable ! Grand jeu dans lequel tout le monde se renvoie la balle si on ose dire… Nantes est fautif s’insurgent beaucoup ! Oui, autant que n’importe quelle équipe ou joueur qui fait une erreur, provoque un 7 mètre, prend un carton rouge ou encaisse un but idiot. Bien sur que non, c’est le délégué qui n’a pas vu le mauvais changement, disent d’autres ! Bien sûr, d’ailleurs on propose à tous ceux qui vomissent sur la table et les arbitres de jouer à un petit jeu. Se mettre au milieu du bord de touche et de tenter de voir si les 4 changements effectués à cet instant du match en quelques secondes (1 gardien et 1 changement attaquant défenseur côté Nîmes qui joue à cet instant à 1 de moins, et 2 changements attaque défense pour Nantes, Rock Feliho et Dragan Pechmalbec), sont tous faits de manière légale ! 

Car même si le secrétaire et le chronométreur sont aussi en charge réglementairement de la gestion de ces faits, le fait qu’ils soient chacun d’un des deux clubs fait que dans la pratique ils n’interviennent jamais dans tout cela. Le genre de situation pouvant provoquer de gros éclats dans un des 2 staffs si c’est l’officiel du club adverse qui demande une sanction. Quid de la paire arbitrale qui elle aussi est en charge de gérer ce type de faute ? Tout simplement, de fait, cette partie de gestion du jeu a été totalement abandonnée par les arbitres depuis l’instauration des nouvelles règles, la vitesse du jeu et le nombre croissant de changements en tout genre leur rendant la tâche impossible. 

En bref, en championnat de France, seul le délégué gère tout et en plus ne peut lui-même infliger des sanctions… Tout le contraire de ce qui se passe dans les joutes internationales où là, il y a 2 délégués, 1 superviseur et tous capables d’infliger eux même les sanctions. Cela change quand même sacrément la donne ! Peut-être que là en France, on rentre directement dans de l’économie de gestion, mais la preuve est faite que cette économie n’est pas une bonne idée.

Et pour finir, une fois le jugement rendu on arrive à la dernière crispation dans le dossier : la date pour jouer ces 10 minutes et quelques… Si le match avait été rejoué totalement, la possibilité de le jouer le mercredi en repoussant les Nantes - Toulouse et Nîmes – Chambéry de la 19° journée de LNH était largement envisageable. Sauf que là pour 10 minutes de jeu, il fallait trouver une date qui n’influe pas sur toute la fin de la compétition. Le jouer après la trêve internationale aurait fait que les ½ devaient être repoussées… Mais la finale se joue le 5 mai !!! Impossible, car une finale c’est des déplacements pour les 2 équipes et des supporters, de la communication à mettre en place etc… En une semaine, c’est le genre de mission impossible qui vous envoie directement dans le mur. 

On finit le tableau par un forfait acté du HBCN en prétextant une impossibilité d’assurer la sécurité d’un match ce qui engendre une réaction du syndicat des joueurs qui demande réparation des primes possiblement perdues pour les joueurs nantais. On en oublie presque les Nîmois qui se sont offerts un aller-retour à Nantes pour des queues de cerises. On attend maintenant le prochain protagoniste qui va vouloir s’immiscer dans tout cela…

Maintenant, la bonne question à poser est : Et le handball dans tout cela?Clairement, il ne ressort pas grandi et il y a de quoi faire rigoler pas mal de monde en externe. Moins pour les passionnés qui peuvent se poser la question de ce que tout cela peut maintenant engendrer. L’utilisation de la vidéo en aval pour demander à rejouer ou déclarer perdu ou gagné un match où il y aura eu le moindre couac arbitral ou organisationnel ? Sachant que de la départementale à la LNH, tous les clubs ont maintenant la possibilité de filmer leurs rencontres et ce à très peu de frais? L’idée que les dates de matches sont tout à fait à la discrétion des clubs, et que les diverses COC n’ont maintenant plus qu’un pouvoir de proposition, mais que la décision finale appartient aux clubs organisateurs des rencontres ? Et on peut dire encore beaucoup de choses… 

Tout cela parce qu’au départ on n’accepte pas une erreur humaine… On plaint les futurs arbitres et officiels, les enjeux dépassent le jeu et ils sont les parfaits boucs émissaires de tout et n’importe quoi et sont devenus la cible préférentielle de tous les acteurs et observateurs, qu’ils soient institutionnels ou médiatiques. Comme cette propension à commenter et surtout discréditer en permanence les décisions arbitrales dans les commentaires de match, de la part de personnes qui n’ont certainement jamais tenu officiellement un sifflet dans leur main au milieu de 14 joueurs ou joueuses de quelque niveau que ce soit…

Mais où va-t-on ? 

France

mardi 3 avril 2018 - © François Dasriaux

 5 min 56 de lecture

Avec le feuilleton du Nantes – Nîmes en quart de finale de Coupe de France, on assiste depuis plus d’une dizaine de jours à une escalade de mot et d’images qui ne cessent d’interpeller et qui sont peut-être l’émanation d’un mal beaucoup plus sournois et surtout beaucoup plus dangereux.

De quoi parle-t-on exactement ? D’un match de Coupe où la table n’a pas vu un mauvais changement de l’équipe de Nantes, et ce pendant 8 secondes. 8 secondes qui ont vu Nantes égaliser mais sans que l’entrant fautif ne participe à l’action. Nîmes sachant pertinemment que ce fait de jeu est susceptible d’étayer une réclamation a bien sûr posé réclamation, puis le match a été perdu d’un but. C’est son droit le plus légitime et on ne connaît pas beaucoup de staffs au fait du règlement qui n’auraient pas fait exactement la même chose. 

C’est après que tout est parti à vau-l’eau et les péripéties n’arrêtent pas de s’empiler. Tout d’abord la commission d’appel de la FFHB a décidé que le match était à rejouer, mais seulement sur les 10 dernières minutes… Pour cela elle s’est appuyée sur un règlement qui date de quelques années mais en en changeant la substance. Refaire rejouer les dernières minutes d’un match où le score fait que l’issue de la partie ne fait aucun doute. Cela a été mis en place pour éviter les sautages de plombs (au sens propre) inondations intempestives et autres avanies capables de suspendre un match déjà acté et perdu par l’équipe recevante.

L’instauration de cette règle étant étonnamment très efficace sur la qualité des réseaux électriques de certains gymnases… Point de coupure de lumière, dans ce cas-là, pas d’inondation actée et surtout, dire que le match était joué à l’instant de la faute est plus que léger ! Faire jouer 10’50’’ d’un match, c’est rayer d’un coup tout ce qui fait qu’un match de Handball se construit, se défait et se fait au gré des capacités techniques et physiques de chaque groupe, de la valeur d’un banc ou de la qualité tactique d’un coach.

Maintenant, chercher le coupable ! Grand jeu dans lequel tout le monde se renvoie la balle si on ose dire… Nantes est fautif s’insurgent beaucoup ! Oui, autant que n’importe quelle équipe ou joueur qui fait une erreur, provoque un 7 mètre, prend un carton rouge ou encaisse un but idiot. Bien sur que non, c’est le délégué qui n’a pas vu le mauvais changement, disent d’autres ! Bien sûr, d’ailleurs on propose à tous ceux qui vomissent sur la table et les arbitres de jouer à un petit jeu. Se mettre au milieu du bord de touche et de tenter de voir si les 4 changements effectués à cet instant du match en quelques secondes (1 gardien et 1 changement attaquant défenseur côté Nîmes qui joue à cet instant à 1 de moins, et 2 changements attaque défense pour Nantes, Rock Feliho et Dragan Pechmalbec), sont tous faits de manière légale ! 

Car même si le secrétaire et le chronométreur sont aussi en charge réglementairement de la gestion de ces faits, le fait qu’ils soient chacun d’un des deux clubs fait que dans la pratique ils n’interviennent jamais dans tout cela. Le genre de situation pouvant provoquer de gros éclats dans un des 2 staffs si c’est l’officiel du club adverse qui demande une sanction. Quid de la paire arbitrale qui elle aussi est en charge de gérer ce type de faute ? Tout simplement, de fait, cette partie de gestion du jeu a été totalement abandonnée par les arbitres depuis l’instauration des nouvelles règles, la vitesse du jeu et le nombre croissant de changements en tout genre leur rendant la tâche impossible. 

En bref, en championnat de France, seul le délégué gère tout et en plus ne peut lui-même infliger des sanctions… Tout le contraire de ce qui se passe dans les joutes internationales où là, il y a 2 délégués, 1 superviseur et tous capables d’infliger eux même les sanctions. Cela change quand même sacrément la donne ! Peut-être que là en France, on rentre directement dans de l’économie de gestion, mais la preuve est faite que cette économie n’est pas une bonne idée.

Et pour finir, une fois le jugement rendu on arrive à la dernière crispation dans le dossier : la date pour jouer ces 10 minutes et quelques… Si le match avait été rejoué totalement, la possibilité de le jouer le mercredi en repoussant les Nantes - Toulouse et Nîmes – Chambéry de la 19° journée de LNH était largement envisageable. Sauf que là pour 10 minutes de jeu, il fallait trouver une date qui n’influe pas sur toute la fin de la compétition. Le jouer après la trêve internationale aurait fait que les ½ devaient être repoussées… Mais la finale se joue le 5 mai !!! Impossible, car une finale c’est des déplacements pour les 2 équipes et des supporters, de la communication à mettre en place etc… En une semaine, c’est le genre de mission impossible qui vous envoie directement dans le mur. 

On finit le tableau par un forfait acté du HBCN en prétextant une impossibilité d’assurer la sécurité d’un match ce qui engendre une réaction du syndicat des joueurs qui demande réparation des primes possiblement perdues pour les joueurs nantais. On en oublie presque les Nîmois qui se sont offerts un aller-retour à Nantes pour des queues de cerises. On attend maintenant le prochain protagoniste qui va vouloir s’immiscer dans tout cela…

Maintenant, la bonne question à poser est : Et le handball dans tout cela?Clairement, il ne ressort pas grandi et il y a de quoi faire rigoler pas mal de monde en externe. Moins pour les passionnés qui peuvent se poser la question de ce que tout cela peut maintenant engendrer. L’utilisation de la vidéo en aval pour demander à rejouer ou déclarer perdu ou gagné un match où il y aura eu le moindre couac arbitral ou organisationnel ? Sachant que de la départementale à la LNH, tous les clubs ont maintenant la possibilité de filmer leurs rencontres et ce à très peu de frais? L’idée que les dates de matches sont tout à fait à la discrétion des clubs, et que les diverses COC n’ont maintenant plus qu’un pouvoir de proposition, mais que la décision finale appartient aux clubs organisateurs des rencontres ? Et on peut dire encore beaucoup de choses… 

Tout cela parce qu’au départ on n’accepte pas une erreur humaine… On plaint les futurs arbitres et officiels, les enjeux dépassent le jeu et ils sont les parfaits boucs émissaires de tout et n’importe quoi et sont devenus la cible préférentielle de tous les acteurs et observateurs, qu’ils soient institutionnels ou médiatiques. Comme cette propension à commenter et surtout discréditer en permanence les décisions arbitrales dans les commentaires de match, de la part de personnes qui n’ont certainement jamais tenu officiellement un sifflet dans leur main au milieu de 14 joueurs ou joueuses de quelque niveau que ce soit…

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