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Olivier Girault veut accompagner la réussite du hand français

France

jeudi 24 mai 2018 - © Yves Michel

 7 min 47 de lecture

Olivier Girault est un homme comblé et a fait des envieux depuis son élection il y a quatre mois, à la tête de la Ligue Nationale. Jamais, trois clubs d'une seule et même nation ne s'étaient qualifiés pour le Final Four de la Ligue des Champions et le président de la LNH espère voir Montpellier, Nantes ou Paris soulever le trophée, dimanche en fin d'après-midi à Cologne.

par Yves MICHEL


Comment ne pas s'enorgueillir de voir trois clubs français qualifiés en fin de semaine dans le carré final de la Ligue des Champions, sans oublier Saint Raphaël qui a fait un excellent parcours jusqu'en finale de la coupe EHF ? L'ancien capitaine de l'équipe de France arrive aussi aux responsabilités à un moment charnière pour le handball national. Droits de télévision à renégocier, relations avec la Fédération à améliorer et surtout à dynamiser, renforcement de la passerelle entre les mondes pro et amateur, discussions sur la refonte des compétitions européennes à poursuivre, il ne devra négliger aucun dossier. Même ceux les plus sensibles comme la professionnalisation de l'arbitrage remis sur le devant de la scène mardi soir par le gardien montpelliérain Vincent Gérard. Avant de préparer son voyage outre-Rhin, Olivier Girault nous a accordé une interview.

Olivier, l'intervention de Vincent Gérard mardi était-elle nécessaire ?
Même si je n'approuve pas la forme et certains propos excessifs qui ont été tenus, je peux comprendre son argumentation. Mais on ne peut pas constamment s'en prendre aux arbitres quand un résultat n'est pas conforme aux attentes.

On ne peut pas nier qu'il y a un décalage entre le statut du joueur et celui de l'arbitre...
Cela fait quelques années qu’on planche sur la professionnalisation des arbitres mais il ne faut pas rêver, on ne va pas tout résoudre en se levant un matin, d’un coup de baguette magique. Cela ne sert à rien de mettre en place des "mesurettes" qui n’apporteraient rien. Il y a une rénovation à faire mais cela va demander du temps.

Que faut-il améliorer ?
La 1ère chose à comprendre c’est comment fonctionne le système. L’arbitrage dépend de la fédération. On peut réfléchir sur le sujet mais la Ligue ne détient pas seule la solution pour améliorer les choses. Le joueur professionnel a évolué beaucoup plus vite que l’arbitrage et l’arbitre est devenu une cible plus facile. 

Peut-être que ce coup de gueule aura eu le mérite de bousculer les choses...
On n'a pas attendu cela pour se pencher sur la question.

Le week-end qui arrive peut être grandiose pour le handball national...
Il l'est déjà avec la présence de trois de nos clubs et c'est tout sauf une surprise. Nous avons un des meilleurs championnats au monde et c'est un travail de plusieurs années.

Il a fallu attendre longtemps pour y arriver. Qu'est-ce qui a changé ?
Je crois que les clubs qui prétendent à la Ligue des Champions, se sont donnés les moyens de le faire et ont pu rivaliser avec ceux qui la dominaient jusque là.

Le Vardar seul contre tous... c'est un atout pour les Macédoniens ?
Ils ont au moins une chance sur deux de se retrouver en finale. Ils devront battre Montpellier. C'est d'ailleurs ce match qui va décider dès samedi si un club français peut remporter la Ligue des Champions.

Montpellier a pris un grand coup sur la tête mardi soir. Cela peut-il avoir une incidence ?
Evidemment. Psychologiquement cela peut jouer mais Patrice Canayer sait s'adapter au fur et à mesure des matches, des aléas, de la fatigue. Est-ce que Montpellier a la capacité de relever la tête ? On ne pourra le savoir que dans les 1ères minutes de cette demi-finale.

Une finale PSG-Vardar est le plus souvent pronostiquée...
Sauf qu'à ce stade de la compétition, tout le monde est capable de battre tout le monde. La saison du PSG notamment en Ligue des Champions n'a jamais été aussi pleine. Mais tous les clubs arrivent émoussés en fin de saison. On l'a vu dans les derniers matches de championnat, il y a la peur de la blessure.

Qu'est-ce qui fait la spécificité d'un Final Four ?
Il faut tout mettre dans un 1er match pour espérer aller gagner une finale et le lendemain, il faut rassembler les forces qui restent pour remporter un titre. Les Parisiens qui n’ont jamais été aussi forts, s’embarquent avec les deux équipes qui les connaissent le mieux. Les Nantais ont les armes pour contrer le PSG, ils l’ont d’ailleurs déjà fait. Ces oppositions seront donc très particulières. Difficile de savoir qui va sortir vainqueur.  

Ce qui est anormal est d'avoir deux clubs français en poule haute contre trois pour les Allemands qui depuis deux ans ratent Cologne...
Et je rajouterai que Barcelone, Kielce vainqueur il y a 2 ans, se sont fait sortir par des Français. C’est tout sauf un hasard. Il faut en effet avoir une réflexion sur ce sujet parce que la vraie dérégulation vient du fait que Montpellier était en poule basse. Lorsque Barcelone a vu le tirage et s’est retrouvé contre Montpellier, je ne pense pas qu’ils étaient très enchantés. Montpellier n’avait rien d’une équipe de poule basse.

Ce serait légitime de voir trois clubs français en poule haute …
Le meilleur épilogue pour que tous les vœux soient exaucés, c’est qu’une équipe française remporte la Ligue des Champions.

C’est le seul moyen ?
Je pense oui. Il y a un Monsieur qui s’appelle Wiederer (le président de la Fédération Européenne) qui fait un peu ce qu’il veut. On ne peut pas anticiper ses décisions mais une équipe française victorieuse à Cologne serait un bon argument.

Cela fait 8 ans que Cologne accueille le Final Four, faut-il changer de lieu ?
Il faut reconnaître que depuis longtemps, l’Allemagne a un peu tout décidé. C’est un choix arbitraire de jouer à domicile et de monopoliser une compétition qui en fait, n’appartient à personne. Je n’ai pas attendu le moment d’être président de la LNH pour estimer qu’il fallait que ça change.

La France peut-elle et doit-elle être candidate ?
Pourquoi pas ? Ces dernières années, la France a montré sa capacité en ce sens. On a un vrai savoir faire et on va postuler pour organiser le Final Four de la Ligue des Champions.

On parle d'une refonte de la compétition prévue pour 2020. Que penser de l’idée d’une poule unique à 12 ou 14 clubs ?
Je suis contre la poule unique parce que le modèle allemand et le modèle français qui génèrent le plus d’argent, seraient remis en question. Ça donnerait l’avantage à des championnats qui n’ont qu’un seul représentant à gros potentiel. Cela bénéficierait donc à Barcelone, Veszprém, Kielce, les championnats où il n’existe pas une densité comme la nôtre.

Si on devait augmenter le nombre de matches en Ligue des Champions, il faudra inévitablement revoir à la baisse les calendriers nationaux…
C’est là où est le problème, mon devoir est de penser à tout le monde.

Peut-on envisager une sorte de mutualisation des deux coupes nationales ?
Cela peut faire partie de la réflexion. Cela va aussi dépendre de la manière dont sera diffusé le championnat.

Le contrat avec beIN va arriver à terme…
Oui, l’an prochain.

On se dirige plutôt vers une reconduction ?
Tout est possible car plusieurs options nous sont offertes, on est en plein dedans et on ne peut pas trop en parler. Les droits télé, c’est un domaine assez pointu et on va s’éviter des malentendus inutiles (rires).

beIN a ouvert la négociation à des chaînes généralistes (TF1, M6 pour les Bleus). Ce sera le cas pour la Finale du Final Four (sur TFX). Peut-on envisager la même chose pour certains matches de championnat?
Quand j’en ai parlé pour la 1ère fois en novembre dernier, je suis passé pour un fou. Aujourd’hui, cela semble plus évident. beIN sports a bien compris que rétrocéder des droits sur les moments majeurs d’un Mondial, d’une Ligue des Champions ou d’une Ligue nationale ne cannibalise pas l’offre. Au contraire, c’est un véritable outil de promotion.

Rendre un championnat plus visible, c’est aussi le diffuser sur une chaîne non cryptée…
Pas obligatoirement. Aujourd'hui, la vraie évolution c’est d’être sur tous les supports. Il y en a trois : la chaîne à péage, ce qu’on connait depuis que le hand est passé pro, le gratuit sur la TNT et le modèle de demain, le digital sur smartphone, tablette,…

Des contacts ont-ils déjà été pris avec les opérateurs ?
Oui, dès mon arrivée. La négociation est en cours.

Si un club français gagne la Ligue des Champions dimanche, 15 ans après Montpellier, qu’est ce que cela peut fondamentalement apporter ?
Une meilleure structuration avec un travail commun entre la Ligue et la Fédération. Nous n’avons pas les moyens de tout faire seuls. Cela concerne aussi bien le haut niveau que le monde amateur.A la base, le hand est un sport scolaire et nous voulons le rester. Il ne manquait qu’un étage à la fusée et nous sommes en train de le construire. Alors c’est vrai que les mentalités changent et celui qui a joué un peu au hand quand il était plus jeune est fier de le dire. La vraie victoire du handball c’est celle-là.

Olivier Girault veut accompagner la réussite du hand français  

France

jeudi 24 mai 2018 - © Yves Michel

 7 min 47 de lecture

Olivier Girault est un homme comblé et a fait des envieux depuis son élection il y a quatre mois, à la tête de la Ligue Nationale. Jamais, trois clubs d'une seule et même nation ne s'étaient qualifiés pour le Final Four de la Ligue des Champions et le président de la LNH espère voir Montpellier, Nantes ou Paris soulever le trophée, dimanche en fin d'après-midi à Cologne.

par Yves MICHEL


Comment ne pas s'enorgueillir de voir trois clubs français qualifiés en fin de semaine dans le carré final de la Ligue des Champions, sans oublier Saint Raphaël qui a fait un excellent parcours jusqu'en finale de la coupe EHF ? L'ancien capitaine de l'équipe de France arrive aussi aux responsabilités à un moment charnière pour le handball national. Droits de télévision à renégocier, relations avec la Fédération à améliorer et surtout à dynamiser, renforcement de la passerelle entre les mondes pro et amateur, discussions sur la refonte des compétitions européennes à poursuivre, il ne devra négliger aucun dossier. Même ceux les plus sensibles comme la professionnalisation de l'arbitrage remis sur le devant de la scène mardi soir par le gardien montpelliérain Vincent Gérard. Avant de préparer son voyage outre-Rhin, Olivier Girault nous a accordé une interview.

Olivier, l'intervention de Vincent Gérard mardi était-elle nécessaire ?
Même si je n'approuve pas la forme et certains propos excessifs qui ont été tenus, je peux comprendre son argumentation. Mais on ne peut pas constamment s'en prendre aux arbitres quand un résultat n'est pas conforme aux attentes.

On ne peut pas nier qu'il y a un décalage entre le statut du joueur et celui de l'arbitre...
Cela fait quelques années qu’on planche sur la professionnalisation des arbitres mais il ne faut pas rêver, on ne va pas tout résoudre en se levant un matin, d’un coup de baguette magique. Cela ne sert à rien de mettre en place des "mesurettes" qui n’apporteraient rien. Il y a une rénovation à faire mais cela va demander du temps.

Que faut-il améliorer ?
La 1ère chose à comprendre c’est comment fonctionne le système. L’arbitrage dépend de la fédération. On peut réfléchir sur le sujet mais la Ligue ne détient pas seule la solution pour améliorer les choses. Le joueur professionnel a évolué beaucoup plus vite que l’arbitrage et l’arbitre est devenu une cible plus facile. 

Peut-être que ce coup de gueule aura eu le mérite de bousculer les choses...
On n'a pas attendu cela pour se pencher sur la question.

Le week-end qui arrive peut être grandiose pour le handball national...
Il l'est déjà avec la présence de trois de nos clubs et c'est tout sauf une surprise. Nous avons un des meilleurs championnats au monde et c'est un travail de plusieurs années.

Il a fallu attendre longtemps pour y arriver. Qu'est-ce qui a changé ?
Je crois que les clubs qui prétendent à la Ligue des Champions, se sont donnés les moyens de le faire et ont pu rivaliser avec ceux qui la dominaient jusque là.

Le Vardar seul contre tous... c'est un atout pour les Macédoniens ?
Ils ont au moins une chance sur deux de se retrouver en finale. Ils devront battre Montpellier. C'est d'ailleurs ce match qui va décider dès samedi si un club français peut remporter la Ligue des Champions.

Montpellier a pris un grand coup sur la tête mardi soir. Cela peut-il avoir une incidence ?
Evidemment. Psychologiquement cela peut jouer mais Patrice Canayer sait s'adapter au fur et à mesure des matches, des aléas, de la fatigue. Est-ce que Montpellier a la capacité de relever la tête ? On ne pourra le savoir que dans les 1ères minutes de cette demi-finale.

Une finale PSG-Vardar est le plus souvent pronostiquée...
Sauf qu'à ce stade de la compétition, tout le monde est capable de battre tout le monde. La saison du PSG notamment en Ligue des Champions n'a jamais été aussi pleine. Mais tous les clubs arrivent émoussés en fin de saison. On l'a vu dans les derniers matches de championnat, il y a la peur de la blessure.

Qu'est-ce qui fait la spécificité d'un Final Four ?
Il faut tout mettre dans un 1er match pour espérer aller gagner une finale et le lendemain, il faut rassembler les forces qui restent pour remporter un titre. Les Parisiens qui n’ont jamais été aussi forts, s’embarquent avec les deux équipes qui les connaissent le mieux. Les Nantais ont les armes pour contrer le PSG, ils l’ont d’ailleurs déjà fait. Ces oppositions seront donc très particulières. Difficile de savoir qui va sortir vainqueur.  

Ce qui est anormal est d'avoir deux clubs français en poule haute contre trois pour les Allemands qui depuis deux ans ratent Cologne...
Et je rajouterai que Barcelone, Kielce vainqueur il y a 2 ans, se sont fait sortir par des Français. C’est tout sauf un hasard. Il faut en effet avoir une réflexion sur ce sujet parce que la vraie dérégulation vient du fait que Montpellier était en poule basse. Lorsque Barcelone a vu le tirage et s’est retrouvé contre Montpellier, je ne pense pas qu’ils étaient très enchantés. Montpellier n’avait rien d’une équipe de poule basse.

Ce serait légitime de voir trois clubs français en poule haute …
Le meilleur épilogue pour que tous les vœux soient exaucés, c’est qu’une équipe française remporte la Ligue des Champions.

C’est le seul moyen ?
Je pense oui. Il y a un Monsieur qui s’appelle Wiederer (le président de la Fédération Européenne) qui fait un peu ce qu’il veut. On ne peut pas anticiper ses décisions mais une équipe française victorieuse à Cologne serait un bon argument.

Cela fait 8 ans que Cologne accueille le Final Four, faut-il changer de lieu ?
Il faut reconnaître que depuis longtemps, l’Allemagne a un peu tout décidé. C’est un choix arbitraire de jouer à domicile et de monopoliser une compétition qui en fait, n’appartient à personne. Je n’ai pas attendu le moment d’être président de la LNH pour estimer qu’il fallait que ça change.

La France peut-elle et doit-elle être candidate ?
Pourquoi pas ? Ces dernières années, la France a montré sa capacité en ce sens. On a un vrai savoir faire et on va postuler pour organiser le Final Four de la Ligue des Champions.

On parle d'une refonte de la compétition prévue pour 2020. Que penser de l’idée d’une poule unique à 12 ou 14 clubs ?
Je suis contre la poule unique parce que le modèle allemand et le modèle français qui génèrent le plus d’argent, seraient remis en question. Ça donnerait l’avantage à des championnats qui n’ont qu’un seul représentant à gros potentiel. Cela bénéficierait donc à Barcelone, Veszprém, Kielce, les championnats où il n’existe pas une densité comme la nôtre.

Si on devait augmenter le nombre de matches en Ligue des Champions, il faudra inévitablement revoir à la baisse les calendriers nationaux…
C’est là où est le problème, mon devoir est de penser à tout le monde.

Peut-on envisager une sorte de mutualisation des deux coupes nationales ?
Cela peut faire partie de la réflexion. Cela va aussi dépendre de la manière dont sera diffusé le championnat.

Le contrat avec beIN va arriver à terme…
Oui, l’an prochain.

On se dirige plutôt vers une reconduction ?
Tout est possible car plusieurs options nous sont offertes, on est en plein dedans et on ne peut pas trop en parler. Les droits télé, c’est un domaine assez pointu et on va s’éviter des malentendus inutiles (rires).

beIN a ouvert la négociation à des chaînes généralistes (TF1, M6 pour les Bleus). Ce sera le cas pour la Finale du Final Four (sur TFX). Peut-on envisager la même chose pour certains matches de championnat?
Quand j’en ai parlé pour la 1ère fois en novembre dernier, je suis passé pour un fou. Aujourd’hui, cela semble plus évident. beIN sports a bien compris que rétrocéder des droits sur les moments majeurs d’un Mondial, d’une Ligue des Champions ou d’une Ligue nationale ne cannibalise pas l’offre. Au contraire, c’est un véritable outil de promotion.

Rendre un championnat plus visible, c’est aussi le diffuser sur une chaîne non cryptée…
Pas obligatoirement. Aujourd'hui, la vraie évolution c’est d’être sur tous les supports. Il y en a trois : la chaîne à péage, ce qu’on connait depuis que le hand est passé pro, le gratuit sur la TNT et le modèle de demain, le digital sur smartphone, tablette,…

Des contacts ont-ils déjà été pris avec les opérateurs ?
Oui, dès mon arrivée. La négociation est en cours.

Si un club français gagne la Ligue des Champions dimanche, 15 ans après Montpellier, qu’est ce que cela peut fondamentalement apporter ?
Une meilleure structuration avec un travail commun entre la Ligue et la Fédération. Nous n’avons pas les moyens de tout faire seuls. Cela concerne aussi bien le haut niveau que le monde amateur.A la base, le hand est un sport scolaire et nous voulons le rester. Il ne manquait qu’un étage à la fusée et nous sommes en train de le construire. Alors c’est vrai que les mentalités changent et celui qui a joué un peu au hand quand il était plus jeune est fier de le dire. La vraie victoire du handball c’est celle-là.

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