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Patrice Canayer, naturellement meilleur coach de l'année

LMSL

vendredi 1 juin 2018 - © Yves Michel

 8 min 30 de lecture

Pour la 8ème fois dans sa longue carrière, Patrice Canayer a été désigné entraîneur de l'année. La victoire de Montpellier le week-end dernier à Cologne en finale de la Ligue des Champions ne fait que légitimer ce choix. Le Gardois de naissance entamera en juillet, sa 25ème saison à la tête du club héraultais.  

par Yves MICHEL


La dernière fois qu'il avait reçu pareille distinction, c'était il y a trois ans. Paradoxalement à l'issue d'un exercice où Montpellier n'avait rien gagné. Cette fois-ci, Patrice Canayer vient chercher son 8ème titre de meilleur entraîneur de l'année, moins d'une semaine après avoir soulevé le trophée récompensant le vainqueur de la Ligue des Champions.

Léger flash-back. Voir Patrice Canayer propulsé dans les airs par ses joueurs dimanche soir sous les hauts plafonds de la Lanxess Arena… l’image est assez rare pour être figée à jamais dans l’album photos du MHB. C’est le 41ème titre que le Nîmois de naissance vient tout juste de remporter. 41 sous la même casquette d’entraîneur du MHB. Celui-là exhale un parfum particulier, l’effluve d’une fiancée retrouvée quinze ans après un premier flirt. Si sur le moment, l’intéressé n’a pas boudé son plaisir, il a très vite retrouvé lucidité et  retenue. «Mon métier aujourd’hui, c’est d’être une espèce de guide. Sans jouer au vieux con ou à l’ancien combattant. J’ai conscience d’aider des gens et des équipes à grandir. J’ai envie de leur transmettre tout ce que j’ai pu vivre comme expériences et leur faire gagner du temps. C’est cela qui fait qu’il y a du lien dans l’équipe car chacun s’aide et s’enrichit. C’est aussi cela qui fait que quand tu arrives à 57 ans (il les a eus le 4 avril dernier), tu as encore envie de faire ce métier. »  La passion est son moteur. Il aime construire et défaire pour mieux rebâtir, rester dans la norme ou en prendre le contre-pied. 



La connexion avec certains de ses joueurs s’est souvent brouillée. Nikola Karabatic qu’il a dirigé en deux périodes pendant 7 saisons et que l’affaire des paris a éloigné, ne veut plus en entendre parler. Avec d’autres, le temps a fait son œuvre. « Ce qui compte pour lui, c’est la réussite du projet et il n’attache pas une grande importance à l’affectif, témoigne Robert Molines, un des trois fondateurs du club de Montpellier. Patrice a su prendre des décisions douloureuses. Avec l’arrivée du professionnalisme, il a bien compris qu’on ne pouvait plus signer des contrats avec des joueurs pour service rendu. » Avec Laurent Puigségur par exemple, les relations n’ont pas été toujours un long fleuve tranquille. Durant les seize saisons passées à l’ombre de Bougnol, l’ascenseur émotionnel du capitaine de la 1ère équipe championne d’Europe a bien fonctionné. « Quand j’ai arrêté ma carrière, je n’ai jamais autant discuté avec Patrice. Parce qu’il y a des sujets que tu peux mieux aborder quand tu arrêtes de travailler avec quelqu’un. Je pense aussi qu’avec l’âge, il a mis un peu d’eau dans son vin. Il s’est rendu compte qu’en introduisant un peu d’humain, les joueurs ont toujours le respect du coach et que la hiérarchie existe. Mais ce "bonhomme " mérite ce qui lui arrive pour qu’on le porte en triomphe. »  On l’aura compris, Patrice Canayer, ce sont les autres qui en parlent le mieux.


                                        Patrice Canayer - Erick Mathé - Alain Carmand - Rémy Lévy

Thierry Anti, meilleur coach de D1 la saison dernière, connait celui qui vient de lui souffler la Ligue des Champions, depuis plus de 20 ans. Vingt années d’affrontement surtout sur le bord de la touche. Ensemble, les deux hommes cultivent un certain paradoxe. Tout les sépare mais aussi tout les réunit. Début de carrière d’entraîneur la même année en 1988, dans le même secteur, en région parisienne, Paris-Asnières pour le futur Montpelliérain, Créteil pour le futur Nantais. Côté tempérament, l’un est plus posé, l’autre bouillonne comme un volcan. « Avec Patrice, on est ami même si on a peu d’occasions de rigoler, assure Thierry Anti. Nous sommes une race comme on n’en fait plus. On est issu du professorat d’éducation physique, on s’est forgé nous-mêmes dans l’apprentissage du haut niveau mais demain, il n’y aura plus d’entraîneurs à l’ancienne. Ils seront différents et certainement meilleurs ou aussi bons. » Erick Mathé marcherait-il dans les pas de celui qui a été son mentor pendant trois saisons ? Le Francilien de naissance, responsable du pôle de Poitiers à ses débuts, formateur entre autres d’un certain Nicolas Tournat, volera dans quelques jours de ses propres ailes puisqu’il prendra en main les destinées de Chambéry. « Patrice, je le compare même s’il est plus jeune que l'Anglais, à Alex Ferguson (entraîneur et manager général de Manchester United pendant 27 ans) pour sa longévité. C’est quelqu’un qui est plein de rigueur. Peut-être qu’il rigole moins que les autres mais je pense qu’il est plus affectif qu’il ne laisse paraître. Cette image qu’il renvoie parfois, c’est aussi pour se protéger.  En toute modestie, quand je suis arrivé à Montpellier, j’avais déjà la rigueur dans le travail. Il me manquait son audace. Chez lui, elle est permanente. » Sentiment partagé par une grande majorité de ceux qui ont croisé la route du manager général du MHB. Les lignes qui noircissent le palmarès du club ne sont pas le fruit du hasard. « A Montpellier, il y a  un vrai fond de jeu et cela dure depuis 25 ans, renchérit Laurent Puigségur. Souvent quand l’équipe a gagné, ce n’est pas parce qu’elle était meilleure mais parce qu’il y avait un vrai collectif et Patrice fait ses équipes par rapport à cela. Il préfère avoir une base de joueurs à peu-près du même niveau que des faire-valoir autour de quelques stars. » Patrice Canayer n’est pas du genre à s’asseoir au coin du feu et se replonger dans l’album des photos souvenirs. Celle où il se voit flotter en apesanteur au-dessus de ses joueurs l’a fait certainement sourire, sans plus.

De quoi sera fait son avenir ? La réponse fuse, directe et limpide « je n’en sais rien.» comme surpris par une question qui lui, est loin de l’obséder. « Je n’ai pas envie de penser à ça. Un titre de plus ou de moins, ce n’est pas ce  qui est important. Par contre, c’est le chemin qui y mène qui est fantastique. Mon bonheur est de voir par exemple, Diego Simonet, être un meneur de jeu capable en quelques années de conduire un groupe à la victoire en Ligue des Champions. »  Cette saison, l’équipe de Montpellier était peut-être plus carrossée pour un titre domestique qu’une Ligue des Champions. En novembre dernier sur Handzone, Patrice Canayer avait mesuré la difficulté de la tâche. « On a voulu nous faire croire que même en  étant en poule basse, on pourrait aller loin. A moins d'un exploit permanent, c’est illusoire. » Justement... l’exploit  a été permanent. Barcelone, Flensburg, Vardar et Nantes l’ont appris à leurs dépens.



Trophées de la LNH

Alors que l'équipe type (défenseur compris) était déjà connue (voir ICI), il ne restait plus qu'à désigner, outre le meilleur entraîneur, le MVP, le meilleur espoir et le binôme arbitral le plus apprécié de la saison.

MVP:  Nikola Karabatic (PSG - pour la 4ème fois après 2010, 2013 et 2017)

Meilleur espoir: Samir Bellahcene (notre photo - Massy)

Binôme arbitral le plus apprécié: Thierry Dentz et Denis Reibel

En Proligue, Youenn Cardinal (Cherbourg) a été plébiscité comme meilleur joueur, Arthur Anquetil (Sélestat) comme meilleur espoir et Gilles Derot (Istres) comme meilleur entraîneur. 

Au cours d'une somptueuse soirée organisée à Paris, un vibrant hommage (encore un !) a été rendu à Daniel Narcisse qui met un terme à 20 années de carrière. Un grand Monsieur plein de noblesse quitte les parquets mais son empreinte restera à jamais gravée dans la mémoire de tous les amoureux du handball.


Patrice Canayer, naturellement meilleur coach de l'année 

LMSL

vendredi 1 juin 2018 - © Yves Michel

 8 min 30 de lecture

Pour la 8ème fois dans sa longue carrière, Patrice Canayer a été désigné entraîneur de l'année. La victoire de Montpellier le week-end dernier à Cologne en finale de la Ligue des Champions ne fait que légitimer ce choix. Le Gardois de naissance entamera en juillet, sa 25ème saison à la tête du club héraultais.  

par Yves MICHEL


La dernière fois qu'il avait reçu pareille distinction, c'était il y a trois ans. Paradoxalement à l'issue d'un exercice où Montpellier n'avait rien gagné. Cette fois-ci, Patrice Canayer vient chercher son 8ème titre de meilleur entraîneur de l'année, moins d'une semaine après avoir soulevé le trophée récompensant le vainqueur de la Ligue des Champions.

Léger flash-back. Voir Patrice Canayer propulsé dans les airs par ses joueurs dimanche soir sous les hauts plafonds de la Lanxess Arena… l’image est assez rare pour être figée à jamais dans l’album photos du MHB. C’est le 41ème titre que le Nîmois de naissance vient tout juste de remporter. 41 sous la même casquette d’entraîneur du MHB. Celui-là exhale un parfum particulier, l’effluve d’une fiancée retrouvée quinze ans après un premier flirt. Si sur le moment, l’intéressé n’a pas boudé son plaisir, il a très vite retrouvé lucidité et  retenue. «Mon métier aujourd’hui, c’est d’être une espèce de guide. Sans jouer au vieux con ou à l’ancien combattant. J’ai conscience d’aider des gens et des équipes à grandir. J’ai envie de leur transmettre tout ce que j’ai pu vivre comme expériences et leur faire gagner du temps. C’est cela qui fait qu’il y a du lien dans l’équipe car chacun s’aide et s’enrichit. C’est aussi cela qui fait que quand tu arrives à 57 ans (il les a eus le 4 avril dernier), tu as encore envie de faire ce métier. »  La passion est son moteur. Il aime construire et défaire pour mieux rebâtir, rester dans la norme ou en prendre le contre-pied. 



La connexion avec certains de ses joueurs s’est souvent brouillée. Nikola Karabatic qu’il a dirigé en deux périodes pendant 7 saisons et que l’affaire des paris a éloigné, ne veut plus en entendre parler. Avec d’autres, le temps a fait son œuvre. « Ce qui compte pour lui, c’est la réussite du projet et il n’attache pas une grande importance à l’affectif, témoigne Robert Molines, un des trois fondateurs du club de Montpellier. Patrice a su prendre des décisions douloureuses. Avec l’arrivée du professionnalisme, il a bien compris qu’on ne pouvait plus signer des contrats avec des joueurs pour service rendu. » Avec Laurent Puigségur par exemple, les relations n’ont pas été toujours un long fleuve tranquille. Durant les seize saisons passées à l’ombre de Bougnol, l’ascenseur émotionnel du capitaine de la 1ère équipe championne d’Europe a bien fonctionné. « Quand j’ai arrêté ma carrière, je n’ai jamais autant discuté avec Patrice. Parce qu’il y a des sujets que tu peux mieux aborder quand tu arrêtes de travailler avec quelqu’un. Je pense aussi qu’avec l’âge, il a mis un peu d’eau dans son vin. Il s’est rendu compte qu’en introduisant un peu d’humain, les joueurs ont toujours le respect du coach et que la hiérarchie existe. Mais ce "bonhomme " mérite ce qui lui arrive pour qu’on le porte en triomphe. »  On l’aura compris, Patrice Canayer, ce sont les autres qui en parlent le mieux.


                                        Patrice Canayer - Erick Mathé - Alain Carmand - Rémy Lévy

Thierry Anti, meilleur coach de D1 la saison dernière, connait celui qui vient de lui souffler la Ligue des Champions, depuis plus de 20 ans. Vingt années d’affrontement surtout sur le bord de la touche. Ensemble, les deux hommes cultivent un certain paradoxe. Tout les sépare mais aussi tout les réunit. Début de carrière d’entraîneur la même année en 1988, dans le même secteur, en région parisienne, Paris-Asnières pour le futur Montpelliérain, Créteil pour le futur Nantais. Côté tempérament, l’un est plus posé, l’autre bouillonne comme un volcan. « Avec Patrice, on est ami même si on a peu d’occasions de rigoler, assure Thierry Anti. Nous sommes une race comme on n’en fait plus. On est issu du professorat d’éducation physique, on s’est forgé nous-mêmes dans l’apprentissage du haut niveau mais demain, il n’y aura plus d’entraîneurs à l’ancienne. Ils seront différents et certainement meilleurs ou aussi bons. » Erick Mathé marcherait-il dans les pas de celui qui a été son mentor pendant trois saisons ? Le Francilien de naissance, responsable du pôle de Poitiers à ses débuts, formateur entre autres d’un certain Nicolas Tournat, volera dans quelques jours de ses propres ailes puisqu’il prendra en main les destinées de Chambéry. « Patrice, je le compare même s’il est plus jeune que l'Anglais, à Alex Ferguson (entraîneur et manager général de Manchester United pendant 27 ans) pour sa longévité. C’est quelqu’un qui est plein de rigueur. Peut-être qu’il rigole moins que les autres mais je pense qu’il est plus affectif qu’il ne laisse paraître. Cette image qu’il renvoie parfois, c’est aussi pour se protéger.  En toute modestie, quand je suis arrivé à Montpellier, j’avais déjà la rigueur dans le travail. Il me manquait son audace. Chez lui, elle est permanente. » Sentiment partagé par une grande majorité de ceux qui ont croisé la route du manager général du MHB. Les lignes qui noircissent le palmarès du club ne sont pas le fruit du hasard. « A Montpellier, il y a  un vrai fond de jeu et cela dure depuis 25 ans, renchérit Laurent Puigségur. Souvent quand l’équipe a gagné, ce n’est pas parce qu’elle était meilleure mais parce qu’il y avait un vrai collectif et Patrice fait ses équipes par rapport à cela. Il préfère avoir une base de joueurs à peu-près du même niveau que des faire-valoir autour de quelques stars. » Patrice Canayer n’est pas du genre à s’asseoir au coin du feu et se replonger dans l’album des photos souvenirs. Celle où il se voit flotter en apesanteur au-dessus de ses joueurs l’a fait certainement sourire, sans plus.

De quoi sera fait son avenir ? La réponse fuse, directe et limpide « je n’en sais rien.» comme surpris par une question qui lui, est loin de l’obséder. « Je n’ai pas envie de penser à ça. Un titre de plus ou de moins, ce n’est pas ce  qui est important. Par contre, c’est le chemin qui y mène qui est fantastique. Mon bonheur est de voir par exemple, Diego Simonet, être un meneur de jeu capable en quelques années de conduire un groupe à la victoire en Ligue des Champions. »  Cette saison, l’équipe de Montpellier était peut-être plus carrossée pour un titre domestique qu’une Ligue des Champions. En novembre dernier sur Handzone, Patrice Canayer avait mesuré la difficulté de la tâche. « On a voulu nous faire croire que même en  étant en poule basse, on pourrait aller loin. A moins d'un exploit permanent, c’est illusoire. » Justement... l’exploit  a été permanent. Barcelone, Flensburg, Vardar et Nantes l’ont appris à leurs dépens.



Trophées de la LNH

Alors que l'équipe type (défenseur compris) était déjà connue (voir ICI), il ne restait plus qu'à désigner, outre le meilleur entraîneur, le MVP, le meilleur espoir et le binôme arbitral le plus apprécié de la saison.

MVP:  Nikola Karabatic (PSG - pour la 4ème fois après 2010, 2013 et 2017)

Meilleur espoir: Samir Bellahcene (notre photo - Massy)

Binôme arbitral le plus apprécié: Thierry Dentz et Denis Reibel

En Proligue, Youenn Cardinal (Cherbourg) a été plébiscité comme meilleur joueur, Arthur Anquetil (Sélestat) comme meilleur espoir et Gilles Derot (Istres) comme meilleur entraîneur. 

Au cours d'une somptueuse soirée organisée à Paris, un vibrant hommage (encore un !) a été rendu à Daniel Narcisse qui met un terme à 20 années de carrière. Un grand Monsieur plein de noblesse quitte les parquets mais son empreinte restera à jamais gravée dans la mémoire de tous les amoureux du handball.


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