Veillée d'armes avant la finale de l'Euro U20 masculin que tout le monde attend ce dimanche (17h30) à la Zlatorog Arena de Celje entre la France et la Slovénie. Chaque équipe se prépare de son côté et les staffs respectifs ont privilégié la récupération. Dans le camp local à l'image de Domen Makuc, la pépite de la sélection slovène, la pression commence à se faire sentir. Le demi-centre est très motivé par cette affiche qu'il espérait.
par Yves MICHEL, à Celje (Slovénie)
RTV SLO, la télévision publique nationale qui a proposé vendredi en direct la demi-finale Portugal - Slovénie et qui a prolongé ses programmes pour diffuser les interviewes des joueurs, il n'y a que dans ce pays de tout juste 2 millions d'habitants, passionné de sport, qu'on peut voir cela. Les moins de 20 ans ont la mission de faire oublier l'amère déconvenue de juin dernier lorsque les "A", 3èmes du Mondial 2017, ont raté leur qualification pour celui de 2019 en Allemagne et au Danemark. Le hand slovène capitalise sur sa jeunesse. Et ce n'est pas un feu de paille car si en France, les supporteurs de Montpellier par exemple (on n'oublie pas Cingesar à Aix), ont pu apprécier Gajic, Gaber, Dolenec, Mackovsek et célèbrent toujours Vid Kavticnik, ceux qui leur emboîtent le pas, comme Marguc, Janc, Zarabec ou Blagotinsek ont trouvé aussi refuge à l'extérieur. La source est loin d'être tarie puisque cette génération 98-99 qui dimanche en finale (17h30), se mesurera à son homologue française, met le nez à la fenêtre. Parmi les talents que regorge le groupe, le demi-centre Domen Makuc (photo de tête) est annoncé comme étant le plus prometteur.
Il a feint l’étonnement lorsque par l’intermédiaire de l’ancien chambérien, membre du staff slovène Jure Natek, nous l’avons approché. Domen Makuc nous a d’entrée signifié que c’était sa 1ère interview en anglais et qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Le gamin a eu 18 ans le 1er juillet dernier et déjà, il fait preuve d’une maturité déconcertante. A Celje, chez lui, dans l’arène théâtre de ses 1ers exploits, il est investi d’une mission. « Depuis le début de l’Euro, plus de 3000 personnes viennent nous soutenir et on ne doit pas les décevoir. Au début, notre préoccupation était de bien jouer et puis, au fil des matches, on a affiné nos objectifs avec une qualification en demi-finale. Maintenant, nous sommes devenus plus gourmands et nous voulons plus. » Aussi convenue qu’elle puisse paraître, la réponse est très claire. En finale, la Slovénie n’entend rien laisser au hasard. Six matches, cinq succès dont la référence contre le Portugal, un match perdu sans grands dommages face à l’Allemagne, il y a de quoi être satisfait du rendement de l’équipe. « Il y a eu le faux-pas contre l’Allemagne, c’était le seul adversaire qui pouvait représenter une réelle menace. Il faut reconnaître que de notre côté de tableau, la tâche était moins compliquée que celle où figuraient la France et le Portugal. » Le test probant était contre les Lusitaniens qui excepté un match sans enjeu offert aux Croates, avaient tout écrabouillé sur leur passage. «On a préparé ce match très consciencieusement. Chaque fois qu’ils ont pris de l’avance, on a su revenir. Et sur la fin, avec les encouragements de nos fans, on a tenu bon.» Les spectateurs venus encore plus nombreux, garnir les gradins de la Zlatorog Arena, ont donc rempli parfaitement leur rôle. « Oui, c’est notre 8ème joueur, c’est un peu de pression qu’il faut gérer mais c’est très gratifiant de savoir que tous ces gens sont derrière nous. » Et pourtant, la participation de Domen Makuc à l’Euro a failli être remise en cause par une blessure au genou qui lui a d’ailleurs fait rater les deux derniers matches de la saison sous les couleurs de Celje. Une arthroscopie a été nécessaire et tout un programme a été aménagé pour qu’il intègre au plus vite la sélection. « Mon genou tient bon (sourires), j’ai encore quelques douleurs mais c’est normal car il a été mis à rude épreuve. Le coach sait très bien m’utiliser, il a très bien géré mon temps de jeu et cela me convient parfaitement. Et puis dans l’équipe, il y a vraiment de très bons joueurs. » Des partenaires que l’intéressé sait mettre en lumière. L’arrière Grega Ocvirk (photo ci-dessous), gâchette de la Slovénie (46 buts) et coéquipier de Domen à Celje en bénéficie à chaque rencontre. « C’est vrai que j’aime organiser le jeu, c’est mon job et cela me plait beaucoup. Si ce sont les autres qui marquent, cela me convient parfaitement. Vous en France vous avez Kyllian qui peut construire et marquer. C’est le meilleur joueur du dernier Mondial, c’est normal qu’il se mette en évidence. Notre jeu est un peu différent de celui des Français. » Pour Domen Makuc, il y aura inévitablement un avant et un après Euro, comme il y a eu une avant et une après saison 2017-2018.
Tous ceux qui le suivent depuis qu’il a posé un pied en Basse-Styrie, le comblent d'éloges. Il a l’étoffe d’un futur grand, « J’ai acquis beaucoup d’expérience au cours de cette saison. On a joué des matches de grande qualité. La Champions League, c’est comme dans un rêve. Tu y participes et c’est génial. Mais je suis bien à Celje. Je suis dans un cadre qui me convient parfaitement, je vais encore à l’école, j’ai un programme bien adapté et je ne vois pas pour quelles raisons je changerais.» Domen Makuc reste imperturbable et mesuré lorsqu’il s’agit d’aborder son avenir. Bien que quelques clubs parmi les plus huppés commencent à lui tourner autour, rien n’y fait. « Mon père qui est un ancien handballeur, est aussi celui qui me conseille. Quitter la Slovénie n’est pas encore à l’ordre du jour. Même si c’est vrai, j’ai de l’ambition. Je me donne 2-3 ans. C’est mieux de rester ici. Je suis jeune, j’ai encore le temps. Et puis, si un gros club me fait signer maintenant, est-ce que j’aurai le même temps de jeu qu’ici à Celje ? » Le raisonnement tient la route. Même si, quoiqu'il en dise, l'étranger et pourquoi pas le championnat français pourraient être tôt ou tard, une terre d'accueil. « C’est bien-sûr mon rêve, avoue l'intéressé mais si je dois quitter le pays, c’est pour réussir dans le club que je choisirai car rien n’est acquis. Si un jour je dois évoluer au PSG par exemple, il faut que je fasse mes preuves. Au PSG, il y a beaucoup de superstars et je n’en suis pas une.» L'avenir immédiat, c'est cette finale que tout un peuple attend. Contre la France… comme il y a trois ans au Festival Olympique de la Jeunesse à Tbilissi en Géorgie. « Je n’étais pas présent en Géorgie mais je suis vraiment très content de rencontrer la France. Pour moi, très sincèrement, c’est l’affiche rêvée. Ils nous ont souvent battus mais là, nous sommes déterminés et rien ne nous impressionne. Même si on respecte la France et qu’ils sont très forts. » Un large sourire illumine sa gueule d’ange, le jeune Slovène ne nous en dira pas plus. Il préfère les actes à la parole. Vivement dimanche !
Et les Français pendant ce temps-là ?
La petite troupe est toujours aussi alerte et enjouée, même si certains commencent à avoir les muscles qui picotent et les articulations douloureuses. 13h ce samedi, comme un rituel immuable depuis qu’ils ont pris leurs marques dans leur camp de base à Lasko, les 17 joueurs et leur staff ont rallié à pied le kilomètre et demi qui les sépare de la salle d’entraînement. 17 joueurs... Gaël Tribillon manquait à l’appel. L’ailier toulousain était resté aux soins en compagnie de Marc Lavie, un des deux kinés et de Georges Hadjez, le doc pour faire le point sur la douleur qu’il a ressentie la veille face aux Allemands. Après une course, il s’est arrêté et n’a pu repartir. Jambe bloquée et point de tension au niveau de la rotule. Une décision quant à sa participation à la finale face à la Slovénie sera prise ce dimanche matin.
Pour le reste du groupe, la nuit et le sommeil réparateur ont été les bienvenus après le match notamment en défense qu’ils ont produit face aux Allemands. Donc pour la séance en salle, pas d’efforts surhumains. Echauffements, tennis ballon binôme contre binôme et étirements. Les Tricolores ont eu la surprise d’avoir la visite de Tone Tiselj. Pour les plus jeunes, le nom du technicien slovène n’est pas très évocateur. Mais au début du siècle, il était à la tête de la sélection nationale médaillée d’argent à l’Euro 2004, il a eu aussi la direction de clubs prestigieux comme chez les filles, Buducnost, Krim Lubljana et Baia Mare et chez les garçons Celje et Velenje. Le quinquagénaire qui est désormais un cycliste accompli s’est entretenu quelques minutes avec Yohan Delattre. Au cours d’une rapide prise de parole, le coach des U20 a par ailleurs, invité ses joueurs à s’aérer, en allant se balader entre l’heure de la sieste (en début d’après-midi) et celle de la vidéo (à 18h), en restant toutefois concentrés sur l’objectif dominical.