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EDF U20M: Une médaille d'argent peut faire le bonheur

International

mardi 31 juillet 2018 - © Yves Michel

 41 min 13 de lecture

La fête aurait pu être très belle et l'accomplissement total. Le staff de l'équipe de France a dû par moments trouver les meilleurs arguments pour donner de la valeur à la médaille d'argent que les joueurs venaient de remporter. Quatre podiums dont trois fois sur la plus haute marche en trois ans, la performance est de taille pour les 98-99. Les Français seront très attendus l'été prochain pour le Mondial en Espagne.

par Yves MICHEL

Dimanche soir, à l'issue de la finale perdue face à la Slovénie, les visages ont mis longtemps à se décrisper. C’est comme si la foudre s’était abattue en même temps sur toutes les têtes tricolores, remplaçants et staff compris. Le supplice d’une cérémonie protocolaire qui n’en finissait pas a ajouté au tableau, une dramaturgie dont tout le monde dans le camp français se serait bien passé. La déception était toujours présente ce lundi matin. Dans quelques jours, Yohann Delattre et ses adjoints vont trouver le temps de décortiquer toutes les péripéties qui ont pu accompagner cet Euro. Non pas pour faire naître des regrets mais pour avancer.

Pour autant, le patron de l'équipe de France des moins de 20 ans a bien voulu tirer un 1er bilan. Sans concession et sans même éluder les éventuelles erreurs qu’il aurait pu commettre, avant et surtout pendant l’aventure slovène.

Yohann, la déception pour le staff est-elle la même que celle des joueurs ?
Elle est identique mais nous essayons de prendre un peu de recul.

Ce qui signifie qu’il y a une 1ère analyse sur cette finale perdue ?
Oui. Et je suis conscient que nous pouvions la gagner. Lorsqu’en 2ème mi-temps, nous prenons l’avantage (26-23), on ne le conserve pas assez longtemps. Si cela avait été le cas, à l’approche du money-time, ce n’était plus le même scénario. Et l’ambiance qui aussi les a portés, non plus. 

Vu de l’extérieur, certains sont apparus fatigués, n’avaient-ils pas tout donné contre l’Allemagne en demie ?
Non je pense qu’on avait encore beaucoup de ressources. On a tenté des choses notamment défensivement mais cela ne les a pas assez perturbés. Dans leur circulation de balle, dans les duels dans nos 9 mètres, les Slovènes ont été meilleurs.

Si on reprend le fil de la compétition, vous reveniez de loin…
On aurait dû être plus vigilants.

Comment cela ?
En arrivant en Slovénie, le groupe dégageait une forme de sérénité. Il y avait un bon climat de travail mais on n’était pas assez dans une atmosphère de compétition, prêt à aller au combat. Et dès le 1er match (contre le Portugal), on a pris un gros éclat.

Pourtant sur ce match, l’entame est bonne.
C’est vrai mais ça renforce ce sentiment que personne n’est sur le qui-vive. Dans ce match, on se dit "on débute bien, donc on va le gagner tranquillement". Mais dès que la moindre difficulté est apparue, dès qu’on s’est fait bousculer, tout est allé de travers.

Que s’est-il passé après ?
Il était nécessaire qu’il y ait une remise en cause collective. Du joueur à chaque membre du staff.

Tu perds quelques repères ce jour-là ?
Non mais j’ai cherché quelques solutions en multipliant les associations et en faisant cela, j’ai eu la sensation de perdre le fil. Après le match, l’idée était de les laisser tranquilles, en revanche, je leur ai passé une soufflante le lendemain. Avec des mots et des images qui portent mais sans agressivité.

Dès lors, le match contre la Hongrie redonne de l’espoir…
Il y a quand même un trou d’air mais on a retrouvé les prémices d’un état d’esprit qui pouvait nous faire aller un petit peu plus loin.

Avec des matches qu’il faut gagner sans exception…
Dès la défaite contre le Portugal, on savait qu’on partait pour un marathon de matches de coupe. Le précipice nous guettait à chaque fois. On n’est pas tombé et c’est allé crescendo.

Le match référence, c’est la demie contre l’Allemagne…
On peut le penser. Avec cette faculté de les dominer sur leurs points forts, un gros travail en défense et ce qu’on produit face à leur 7 contre 6. C’est vrai que la gestion de cette rencontre a donné de grosses satisfactions.

Si elle existe, quelle est l’erreur que tu ne renouvellerais pas ?
D’avoir eu une approche du Portugal trop paisible. Cela a conditionné un parcours qui par la suite, sur le plan psychologique était compliqué. Toutes les 24h, on leur rabâchait qu’ils disputaient chaque fois un match de coupe. En grillant notre joker d’entrée, on a laissé ensuite, beaucoup plus de gomme. 
 
Il y avait quelques cadres absents… cela a-t-il pesé ?
Une fois que tu perds en finale, tu peux penser aux absents. Mais l'ossature 98-99 n'a pas trop bougé.

Oui, ce n'est pas comme les Allemands qui en deux ans avaient presque tout changé....
Par rapport aux résultats obtenus (3èmes à l'Euro U18 en Croatie et seulement 9èmes au Mondial U19 en Géorgie), les Allemands ont dû renouveler leur effectif. A notre niveau, nous ne l'avons pas fait parce que les résultats étaient favorables. Mais on s’aperçoit maintenant que lorsqu’on est en difficulté sur le plan physique, on est parfois un petit peu court. Sur cet Euro, on l’a mesuré sur la base arrière. 

Est-ce que tu te projettes déjà sur le Mondial U21 en Espagne ?
On aura un 1er stage à la Toussaint mais entre-temps il y a la vie en club, la charge de travail au quotidien. Pour la plupart, ce sont des saisons pleines. Entre ceux qui étaient là, ceux qui étaient absents, il est évident qu’il va falloir refaire un petit tour d’horizon pour élargir la génération mais je dis cela sans avoir totalement réfléchi à la question.

Cela signifie que tu vas enchaîner sur une 6ème saison à la tête des juniors…
Pourquoi ? Il y a un questionnement à ce sujet ? (Rires) J’espère avoir toujours la confiance du DTN et pouvoir continuer.

En tout cas, tu as toujours cette envie d’œuvrer auprès de ces jeunes champions…
C’est une vraie passion pour moi. Aujourd’hui je mesure le luxe qui m’est offert d’être dans ce type de fonction. Au quotidien, je travaille en pôle (celui de Dunkerque-Les Hauts de France) avec des 15-18 ans et lorsque je ne suis pas dans cette structure, je me retrouve avec l’équipe de France juniors. C’est une chance réelle d’être sur ce type de mission.

Tu as été en équipe de France, champion du monde en 1995, c’est aussi important de transmettre cette expérience ?
La réponse va paraître surprenante mais depuis que j’entraîne et que je suis en charge de la formation, j’ai quasiment oublié ma carrière de joueur. Avoir vécu ce que j’ai vécu me sert certainement mais ce n’est pas une chose à laquelle je fais constamment référence. C’est tellement loin.

Finalement, cette médaille d’argent a de la valeur...
Quand même… ils vont s’en apercevoir quand la tension va retomber, dans quelques jours, lorsqu’ils auront pris du recul. Pour eux, c’était devenu une habitude de tout gagner mais c’est aussi à travers ça qu’on mesure l’exploit qui a été accompli les années passées. Il va falloir continuer à travailler, redoubler d’efforts, repartir au combat mais sincèrement même s'il manque peut-être quelque chose, le parcours est exemplaire.



La France n'est pas si mal lotie

Le palmarès de ces dernières saisons donne d'ailleurs raison à l'entraîneur national. Depuis la création du mondial jeunes (U19) en 2005, une seule équipe, la Serbie, a comme la France (avec les 96-97 et 98-99) réussi le doublé championnat d'Europe-championnat du Monde dans cette catégorie "Jeunes". Pour les Serbes, c'était en 2004 et 2005, l'année suivante lors du passage chez les Juniors, ils n'ont pu faire mieux qu'une 4ème place à l'Euro. En suivant, l'exemple du Danemark est significatif. Sur la plus haute marche du podium aux Mondiaux (U19) en 2011 et 2013 avec deux générations différentes, les Danois se sont classés 10èmes à l'Euro juniors 2012 et 4èmes, deux ans plus tard. La Croatie a subi la même déconvenue. Championne du Monde U19 en 2009, elle n'accroche que la 11ème place à l'Euro juniors, l'été suivant. En résumé, si dimanche soir, Kyllian Villeminot et ses partenaires avaient le moral au plus bas, ils doivent mesurer la portée de leur exploit avec cette breloque en argent qui vient se rajouter à leurs deux trophées dorés. En juillet 2019, le Mondial U21 aura lieu en Espagne dans la région de Galice. Deux villes, Pontevedra et Vigo accueilleront les 24 équipes engagées dans la compétition. Le tout nouveau champion d'Europe slovène devra confirmer, la France et le Portugal pays frontaliers, se distinguer, l'Allemagne toujours viser le podium et l'Espagne la nation hôte, se surpasser.

 

L'été prochain, Ian Tarrafeta et l'Espagne auront gros à jouer

« On ne se satisfait pas de cette 5ème place car l’objectif visé c’était les demi-finales. » Ian Tarrafeta ne peut pas se montrer plus catégorique. C'est d'ailleurs grâce à un but de son capitaine (un coup franc direct avec contournement du bloc adverse) que l'Espagne a remporté face à la Croatie son ultime match de classement. Vice-championne du Monde l'an passé en Géorgie (battue en finale par la France), la génération des 98-99 a connu quelques difficultés lorsqu'elle est entrée dans le tour principal. « Nous étions dans une partie de tableau très relevée, avec la France et le Portugal. On revient les mains vides, c'est ce qu'il faut retenir. Sur nos deux défaites, ce n’est pas le match contre la France qui nous fait le plus mal mais plutôt celui contre le Portugal. On a eu une sensation d’impuissance face à cette équipe, leur défense nous a posé des problèmes et ensuite contre les Français, c’était à quitte ou double. Et ils se sont montrés les plus forts. » Moins à son avantage que l'été dernier où il avait été désigné meilleur demi-centre du Mondial, le Catalan est un joueur au talent prometteur. Présent au club de Granollers depuis l'adolescence, il creuse un sillon qui pourrait encore un peu plus le révéler en Liga Asobal. Il lui reste deux saisons à honorer au sein du club de la banlieue de Barcelone avant d'envisager une évolution de carrière. « C'est vrai que je me sens très bien là-bas mais il va falloir que je sorte de mon confort pour tenter quelque chose ailleurs. Le niveau en Espagne a baissé depuis la crise économique, il n’y a que le Barça qui maintient son standing à l’échelle de l’Europe, c’est ce qui explique cet exode des joueurs espagnols. » De mère française, Ian Tarrafeta pourrait donc garnir tôt ou tard le contingent hispanique de la LNH. « J'ai de la famille à Toulouse et il me semble que c’est un très bon club avec un bon entraîneur. J’ai aussi des proches à Nantes et à Paris donc le choix est large (sourires). Mais je suis encore jeune et je vais attendre encore un peu. » Son programme est d'ores et déjà dressé. Une saison domestique avec Granollers et l'été prochain, le rendez-vous crucial avec ses partenaires de la "Rojita". Pour la 2ème fois dans l'histoire après 1989, la fédération espagnole a obtenu l'organisation du Mondial U21. « On ne va pas être prétentieux et dire qu’on va gagner ce Mondial chez nous mais ce qui serait bien, c’est d’atteindre la finale. C’est plus facile d’arriver loin sur un Mondial que sur un Euro car il y a des matches très déséquilibrés. » En Galice, Ian Tarrafeta retrouvera tous ceux qu'il a l'habitude de croiser dans cette catégorie d'âge. A commencer par Kyllian Villeminot qui cette fois en Slovénie, lui a soufflé la distinction de meilleur meneur de jeu de la compétition. « Avec Kyllian, on est vraiment bons amis, on s'apprécie beaucoup. En dehors des championnats et des matches amicaux, on prend régulièrement de nos nouvelles. On se suit depuis les moins de 15 donc ça fait longtemps. C’est un très bon joueur, peut-être le meilleur de la génération et c’est vraiment super de jouer contre lui. » Avec le secret espoir pour l'Espagnol de prendre cette fois, le meilleur sur le stratège français.



Les médailles obtenues par les sélections jeunes et juniors françaises

Euro U20

Lieu

Médaille

Génération

Coach

2008

Roumanie

bronze

88-89

Guy Petitgirard

2016

Danemark

bronze

96-97

Yohan Delattre

2018

Slovénie

argent

98-99

Yohan Delattre

Mondial U21

1997

Turquie

bronze

76-77

Sylvain Nouet

2013

Bosnie-H.

bronze

92-93

Yohan Delattre

2015

Brésil

Or

94-95

Yohan Delattre

2017

Algérie

bronze

96-97

Yohan Delattre

Euro U18

2014

Pologne

Or

96-97

Eric Quintin

2016

Croatie

Or

98-99

Eric Quintin

Mondial U19

2015

Russie

Or

96-97

Eric Quintin

2017

Géorgie

Or

98-99

Eric Quintin


EDF U20M: Une médaille d'argent peut faire le bonheur  

International

mardi 31 juillet 2018 - © Yves Michel

 41 min 13 de lecture

La fête aurait pu être très belle et l'accomplissement total. Le staff de l'équipe de France a dû par moments trouver les meilleurs arguments pour donner de la valeur à la médaille d'argent que les joueurs venaient de remporter. Quatre podiums dont trois fois sur la plus haute marche en trois ans, la performance est de taille pour les 98-99. Les Français seront très attendus l'été prochain pour le Mondial en Espagne.

par Yves MICHEL

Dimanche soir, à l'issue de la finale perdue face à la Slovénie, les visages ont mis longtemps à se décrisper. C’est comme si la foudre s’était abattue en même temps sur toutes les têtes tricolores, remplaçants et staff compris. Le supplice d’une cérémonie protocolaire qui n’en finissait pas a ajouté au tableau, une dramaturgie dont tout le monde dans le camp français se serait bien passé. La déception était toujours présente ce lundi matin. Dans quelques jours, Yohann Delattre et ses adjoints vont trouver le temps de décortiquer toutes les péripéties qui ont pu accompagner cet Euro. Non pas pour faire naître des regrets mais pour avancer.

Pour autant, le patron de l'équipe de France des moins de 20 ans a bien voulu tirer un 1er bilan. Sans concession et sans même éluder les éventuelles erreurs qu’il aurait pu commettre, avant et surtout pendant l’aventure slovène.

Yohann, la déception pour le staff est-elle la même que celle des joueurs ?
Elle est identique mais nous essayons de prendre un peu de recul.

Ce qui signifie qu’il y a une 1ère analyse sur cette finale perdue ?
Oui. Et je suis conscient que nous pouvions la gagner. Lorsqu’en 2ème mi-temps, nous prenons l’avantage (26-23), on ne le conserve pas assez longtemps. Si cela avait été le cas, à l’approche du money-time, ce n’était plus le même scénario. Et l’ambiance qui aussi les a portés, non plus. 

Vu de l’extérieur, certains sont apparus fatigués, n’avaient-ils pas tout donné contre l’Allemagne en demie ?
Non je pense qu’on avait encore beaucoup de ressources. On a tenté des choses notamment défensivement mais cela ne les a pas assez perturbés. Dans leur circulation de balle, dans les duels dans nos 9 mètres, les Slovènes ont été meilleurs.

Si on reprend le fil de la compétition, vous reveniez de loin…
On aurait dû être plus vigilants.

Comment cela ?
En arrivant en Slovénie, le groupe dégageait une forme de sérénité. Il y avait un bon climat de travail mais on n’était pas assez dans une atmosphère de compétition, prêt à aller au combat. Et dès le 1er match (contre le Portugal), on a pris un gros éclat.

Pourtant sur ce match, l’entame est bonne.
C’est vrai mais ça renforce ce sentiment que personne n’est sur le qui-vive. Dans ce match, on se dit "on débute bien, donc on va le gagner tranquillement". Mais dès que la moindre difficulté est apparue, dès qu’on s’est fait bousculer, tout est allé de travers.

Que s’est-il passé après ?
Il était nécessaire qu’il y ait une remise en cause collective. Du joueur à chaque membre du staff.

Tu perds quelques repères ce jour-là ?
Non mais j’ai cherché quelques solutions en multipliant les associations et en faisant cela, j’ai eu la sensation de perdre le fil. Après le match, l’idée était de les laisser tranquilles, en revanche, je leur ai passé une soufflante le lendemain. Avec des mots et des images qui portent mais sans agressivité.

Dès lors, le match contre la Hongrie redonne de l’espoir…
Il y a quand même un trou d’air mais on a retrouvé les prémices d’un état d’esprit qui pouvait nous faire aller un petit peu plus loin.

Avec des matches qu’il faut gagner sans exception…
Dès la défaite contre le Portugal, on savait qu’on partait pour un marathon de matches de coupe. Le précipice nous guettait à chaque fois. On n’est pas tombé et c’est allé crescendo.

Le match référence, c’est la demie contre l’Allemagne…
On peut le penser. Avec cette faculté de les dominer sur leurs points forts, un gros travail en défense et ce qu’on produit face à leur 7 contre 6. C’est vrai que la gestion de cette rencontre a donné de grosses satisfactions.

Si elle existe, quelle est l’erreur que tu ne renouvellerais pas ?
D’avoir eu une approche du Portugal trop paisible. Cela a conditionné un parcours qui par la suite, sur le plan psychologique était compliqué. Toutes les 24h, on leur rabâchait qu’ils disputaient chaque fois un match de coupe. En grillant notre joker d’entrée, on a laissé ensuite, beaucoup plus de gomme. 
 
Il y avait quelques cadres absents… cela a-t-il pesé ?
Une fois que tu perds en finale, tu peux penser aux absents. Mais l'ossature 98-99 n'a pas trop bougé.

Oui, ce n'est pas comme les Allemands qui en deux ans avaient presque tout changé....
Par rapport aux résultats obtenus (3èmes à l'Euro U18 en Croatie et seulement 9èmes au Mondial U19 en Géorgie), les Allemands ont dû renouveler leur effectif. A notre niveau, nous ne l'avons pas fait parce que les résultats étaient favorables. Mais on s’aperçoit maintenant que lorsqu’on est en difficulté sur le plan physique, on est parfois un petit peu court. Sur cet Euro, on l’a mesuré sur la base arrière. 

Est-ce que tu te projettes déjà sur le Mondial U21 en Espagne ?
On aura un 1er stage à la Toussaint mais entre-temps il y a la vie en club, la charge de travail au quotidien. Pour la plupart, ce sont des saisons pleines. Entre ceux qui étaient là, ceux qui étaient absents, il est évident qu’il va falloir refaire un petit tour d’horizon pour élargir la génération mais je dis cela sans avoir totalement réfléchi à la question.

Cela signifie que tu vas enchaîner sur une 6ème saison à la tête des juniors…
Pourquoi ? Il y a un questionnement à ce sujet ? (Rires) J’espère avoir toujours la confiance du DTN et pouvoir continuer.

En tout cas, tu as toujours cette envie d’œuvrer auprès de ces jeunes champions…
C’est une vraie passion pour moi. Aujourd’hui je mesure le luxe qui m’est offert d’être dans ce type de fonction. Au quotidien, je travaille en pôle (celui de Dunkerque-Les Hauts de France) avec des 15-18 ans et lorsque je ne suis pas dans cette structure, je me retrouve avec l’équipe de France juniors. C’est une chance réelle d’être sur ce type de mission.

Tu as été en équipe de France, champion du monde en 1995, c’est aussi important de transmettre cette expérience ?
La réponse va paraître surprenante mais depuis que j’entraîne et que je suis en charge de la formation, j’ai quasiment oublié ma carrière de joueur. Avoir vécu ce que j’ai vécu me sert certainement mais ce n’est pas une chose à laquelle je fais constamment référence. C’est tellement loin.

Finalement, cette médaille d’argent a de la valeur...
Quand même… ils vont s’en apercevoir quand la tension va retomber, dans quelques jours, lorsqu’ils auront pris du recul. Pour eux, c’était devenu une habitude de tout gagner mais c’est aussi à travers ça qu’on mesure l’exploit qui a été accompli les années passées. Il va falloir continuer à travailler, redoubler d’efforts, repartir au combat mais sincèrement même s'il manque peut-être quelque chose, le parcours est exemplaire.



La France n'est pas si mal lotie

Le palmarès de ces dernières saisons donne d'ailleurs raison à l'entraîneur national. Depuis la création du mondial jeunes (U19) en 2005, une seule équipe, la Serbie, a comme la France (avec les 96-97 et 98-99) réussi le doublé championnat d'Europe-championnat du Monde dans cette catégorie "Jeunes". Pour les Serbes, c'était en 2004 et 2005, l'année suivante lors du passage chez les Juniors, ils n'ont pu faire mieux qu'une 4ème place à l'Euro. En suivant, l'exemple du Danemark est significatif. Sur la plus haute marche du podium aux Mondiaux (U19) en 2011 et 2013 avec deux générations différentes, les Danois se sont classés 10èmes à l'Euro juniors 2012 et 4èmes, deux ans plus tard. La Croatie a subi la même déconvenue. Championne du Monde U19 en 2009, elle n'accroche que la 11ème place à l'Euro juniors, l'été suivant. En résumé, si dimanche soir, Kyllian Villeminot et ses partenaires avaient le moral au plus bas, ils doivent mesurer la portée de leur exploit avec cette breloque en argent qui vient se rajouter à leurs deux trophées dorés. En juillet 2019, le Mondial U21 aura lieu en Espagne dans la région de Galice. Deux villes, Pontevedra et Vigo accueilleront les 24 équipes engagées dans la compétition. Le tout nouveau champion d'Europe slovène devra confirmer, la France et le Portugal pays frontaliers, se distinguer, l'Allemagne toujours viser le podium et l'Espagne la nation hôte, se surpasser.

 

L'été prochain, Ian Tarrafeta et l'Espagne auront gros à jouer

« On ne se satisfait pas de cette 5ème place car l’objectif visé c’était les demi-finales. » Ian Tarrafeta ne peut pas se montrer plus catégorique. C'est d'ailleurs grâce à un but de son capitaine (un coup franc direct avec contournement du bloc adverse) que l'Espagne a remporté face à la Croatie son ultime match de classement. Vice-championne du Monde l'an passé en Géorgie (battue en finale par la France), la génération des 98-99 a connu quelques difficultés lorsqu'elle est entrée dans le tour principal. « Nous étions dans une partie de tableau très relevée, avec la France et le Portugal. On revient les mains vides, c'est ce qu'il faut retenir. Sur nos deux défaites, ce n’est pas le match contre la France qui nous fait le plus mal mais plutôt celui contre le Portugal. On a eu une sensation d’impuissance face à cette équipe, leur défense nous a posé des problèmes et ensuite contre les Français, c’était à quitte ou double. Et ils se sont montrés les plus forts. » Moins à son avantage que l'été dernier où il avait été désigné meilleur demi-centre du Mondial, le Catalan est un joueur au talent prometteur. Présent au club de Granollers depuis l'adolescence, il creuse un sillon qui pourrait encore un peu plus le révéler en Liga Asobal. Il lui reste deux saisons à honorer au sein du club de la banlieue de Barcelone avant d'envisager une évolution de carrière. « C'est vrai que je me sens très bien là-bas mais il va falloir que je sorte de mon confort pour tenter quelque chose ailleurs. Le niveau en Espagne a baissé depuis la crise économique, il n’y a que le Barça qui maintient son standing à l’échelle de l’Europe, c’est ce qui explique cet exode des joueurs espagnols. » De mère française, Ian Tarrafeta pourrait donc garnir tôt ou tard le contingent hispanique de la LNH. « J'ai de la famille à Toulouse et il me semble que c’est un très bon club avec un bon entraîneur. J’ai aussi des proches à Nantes et à Paris donc le choix est large (sourires). Mais je suis encore jeune et je vais attendre encore un peu. » Son programme est d'ores et déjà dressé. Une saison domestique avec Granollers et l'été prochain, le rendez-vous crucial avec ses partenaires de la "Rojita". Pour la 2ème fois dans l'histoire après 1989, la fédération espagnole a obtenu l'organisation du Mondial U21. « On ne va pas être prétentieux et dire qu’on va gagner ce Mondial chez nous mais ce qui serait bien, c’est d’atteindre la finale. C’est plus facile d’arriver loin sur un Mondial que sur un Euro car il y a des matches très déséquilibrés. » En Galice, Ian Tarrafeta retrouvera tous ceux qu'il a l'habitude de croiser dans cette catégorie d'âge. A commencer par Kyllian Villeminot qui cette fois en Slovénie, lui a soufflé la distinction de meilleur meneur de jeu de la compétition. « Avec Kyllian, on est vraiment bons amis, on s'apprécie beaucoup. En dehors des championnats et des matches amicaux, on prend régulièrement de nos nouvelles. On se suit depuis les moins de 15 donc ça fait longtemps. C’est un très bon joueur, peut-être le meilleur de la génération et c’est vraiment super de jouer contre lui. » Avec le secret espoir pour l'Espagnol de prendre cette fois, le meilleur sur le stratège français.



Les médailles obtenues par les sélections jeunes et juniors françaises

Euro U20

Lieu

Médaille

Génération

Coach

2008

Roumanie

bronze

88-89

Guy Petitgirard

2016

Danemark

bronze

96-97

Yohan Delattre

2018

Slovénie

argent

98-99

Yohan Delattre

Mondial U21

1997

Turquie

bronze

76-77

Sylvain Nouet

2013

Bosnie-H.

bronze

92-93

Yohan Delattre

2015

Brésil

Or

94-95

Yohan Delattre

2017

Algérie

bronze

96-97

Yohan Delattre

Euro U18

2014

Pologne

Or

96-97

Eric Quintin

2016

Croatie

Or

98-99

Eric Quintin

Mondial U19

2015

Russie

Or

96-97

Eric Quintin

2017

Géorgie

Or

98-99

Eric Quintin


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