A la dernière Assemblée Générale de la Ligue, alors qu'une majorité écrasante s'était prononcée pour la reprise du championnat avec instauration du huis clos, que Dunkerque, Chambéry et Nantes s'y étaient opposés, le club de Cesson par la voix de son président Stéphane Clémenceau (notre photo de tête) n'a pas voulu trancher. Non pas par manque de courage mais plutôt par manque de visibilité sur l'avenir. La pandémie court toujours, les aides tardent à arriver et les clubs dépendant quasi essentiellement du partenariat privé sont de plus en plus inquiets. C'est dans cette ambiance tourmentée que le patron du club breton a expliqué son choix et exposé son raisonnement.
Stéphane, lors de cette A.G, vous vous êtes abstenu. Pour quelles raisons ?
Nous avons toujours été vent debout contre le huis-clos comme cela avait pu être évoqué dès le 1er confinement. Ça nous paraissait aberrant de produire un spectacle sans spectateur. Aujourd'hui, la situation est différente parce que le ministère nous a quasiment imposé de jouer, nous faisant comprendre que sinon, on ne serait jamais aidé. Si en AG, on a souhaité s'abstenir, c'est parce que même si on n'est pas favorable par principe au huis clos, on n'a pas de solution idéale à exposer. J'espère vraiment que l'Etat va prendre conscience de nos modèles économiques...
Mais ces aides.. N'est-ce pas un peu l'Arlésienne ?
Au cours du 1er semestre, lors du 1er confinement avec l'arrêt du championnat, cela a plutôt bien fonctionné. Les clubs ont pu s'en sortir parce qu'on s'est retrouvé avec très peu de charges et avec le chômage partiel, il ne restait plus qu'à prendre en compte les loyers de nos salariés. Aujourd’hui, c'est différent car on doit faire face à tous les charges et on n'a rien dans la colonne recettes. On n'a aucune garantie même si on entend parler d'exonération de charges, d'un fonds de compensation billetterie mais cela reste vague.
En quoi Cesson souffre-t-il plus que les autres ?
Parce que notre modèle économique alimenté en grande partie par la billetterie et l'hospitalité, est impacté. Le manque à gagner est évident et à moyen terme, on pourrait ne pas s'en tirer.
Tous les partenaires vous sont-ils restés fidèles ?
Oui car à l'issue de la dernière saison, même si on revenait au sein de l'élite, nos tarifs n'ont pas bougé. On a été privé de 4 matches à domicile. Sauf qu'en remontant, vu le passage à 16, on en gagnait deux à l'Arena. Actuellement, on réfléchit sur ce qu'on pourrait proposer à nos partenaires pour compenser les matches auxquels ils ne pourraient pas assister jusqu'à la trêve. Comme par exemple, augmenter le volume de places en hospitalité sur la 2ème partie de saison. Il ne faut pas oublier que notre activité est dépendante de celle de ceux qui nous font vivre.
Le temps presse…
Oui, il faut savoir où on va ! Il faut qu'on ait des assurances de pouvoir disputer le championnat pour mettre en place un plan d'action cohérent. Le chômage partiel que pour le moment on nous refuse, peut faire aussi partie des solutions. Le déclic doit clairement venir du gouvernement.
Le club de Cesson est-il en danger ?
On ne peut pas le nier. Oui, nous sommes en danger ! Autant que les clubs comme Aix, Toulouse, Chambéry et toutes proportions gardées, Nantes qui s'articulent sur un ratio 20% d'aides publiques, 80% de fonds privés. Cette règle, vous vous en doutez, n'est pas très favorable au contexte actuel.
A quel niveau est le curseur du danger ?
Je dirais que compte tenu du non retour d'informations concernant les aides, on est à 4 sur une échelle de 5.
Autrement dit ? Le professionnalisme peut-il être remis en question ?
Tout à fait ! C'est comme une société avec des comptes d'exploitation qui vont être dans le rouge. Vous vous retrouvez en cessation de paiements et vous déposez le bilan. Je le répète, il y a un risque si rien ne bouge d'ici janvier.
Vos joueurs ont-ils accepté des baisses de salaire ?
Déjà, chez nous, les salaires ne sont pas très élevés. Ça concernait surtout ceux qui restaient à l'intersaison et ils n'étaient pas si nombreux que cela, sept je crois. La correction s'est faite à la marge parce que la masse salariale à Cesson est de l'ordre d'1,35 million d'euros (la 15ème de Starligue juste avant Ivry). Avant les vacances, on s'est retrouvé dans une période où on nous a fait croire qu'on pouvait reprendre nos habitudes car le virus s'était éloigné. Il n'y avait aucune raison d'envisager le pire. On voit que ceux qui disaient cela, se sont trompés.
Et le sportif dans tout ça ?
C'est vrai qu'on n'en parle pas. A notre niveau, notre mission est de maintenir le club à flots. J'ai vu les joueurs ce week-end, le message était plutôt optimiste car c'est important que le sportif ne soit pas dégradé. Notre tâche, à nous dirigeants, est de trouver des solutions. On a un besoin vital des collectivités. Il faut qu'elles nous filent un coup de pouce cette année. Sinon, on va se péter la gueule ! Mais que les joueurs se concentrent sur ce qu'ils doivent produire et quelque part, ça aidera à tirer le club vers le haut et à nous en sortir.
A ce sujet, le calendrier qui arrive avec Montpellier, Aix, Nantes, Créteil, Istres, Nîmes et Toulouse, est assez relevé…
Il est évident qu'il faudra cibler des matches. Il y en a qu'il ne faudra pas négliger comme Créteil chez nous et il faudra prendre des points ailleurs. Mais la priorité aujourd’hui, reste l'avenir du club.
Séances de rattrapage et 8ème journée… enfin, si tout va bien !
Cadences infernales pour certaines équipes cette semaine car des rencontres reportées à cause de la pandémie vont pouvoir être rattrapées.
On enchaînera directement sur la 8ème journée. Aix-Dunkerque est d'ores et déjà reporté car cinq cas de Covid ont été décelés dans l'effectif nordiste.