La saison dernière, Tremblay a échappé de justesse à la relégation. En Seine Saint Denis, les années passent, les entraîneurs et les joueurs défilent mais le constat d'échec reste le même. Depuis juin, Joël Da Silva a pris les commandes d'une équipe dont les débuts en compétition ne sont pas conformes aux espérances. Dans l'attente d'un renforcement des mesures sanitaires et l'instauration d'un éventuel couvre-feu, la 5ème journée de Starligue pourrait être la dernière à se dérouler "normalement". Ce mardi soir, Créteil a piétiné Dunkerque (30-25).
par Yves MICHEL
Six entraîneurs en sept ans, une descente en 2016, pas mieux que la 9ème place durant cette période, un brassage inconsidéré de joueurs, une relégation évitée en mars en raison de l'arrêt avant terme du championnat, Tremblay, 7ème masse salariale et 8ème budget de Starligue cette saison continue à naviguer en eaux saumâtres. Aucun succès en 4 rencontres, à peine 1 point au compteur, un nul chanceux arraché à la dernière seconde à Cesson. En juin, Joël Da Silva a remplacé Rastko Stefanovic en montant dans un tortillard aux essieux usés. L'ancien technicien de Toulouse et de St Raphaël a quelques idées en tête mais peu de certitudes.
Joël, pouvait-on prévoir un début de saison aussi difficile ?
J'imaginais que oui par rapport à une fin de championnat perturbée, l'interruption et tout ce qui en a découlé et des matches amicaux soit annulés, soit tronqués. Tout ce qu'on n'a pas réussi à mettre en place pendant cette période, on l'a payé d'entrée. Aujourd'hui, on essaie de stabiliser certaines choses.
Un recrutement (Soussi, Mocquais, Rubens) auquel tu n'as pas participé…
Non, car le contact que j'ai eu avec le président s'est finalisé assez tard et il fallait que ça avance au niveau des transferts. Mais bon, je n'ai rien à redire puisque tous les trois connaissent le championnat, chacun a une histoire particulière et c'est très intéressant.
Sur le papier, cet effectif est cohérent, le tout est de savoir bien l'utiliser…
Je n'ai jamais dit le contraire et c'est à moi à faire progresser cette équipe. Et si aujourd'hui les résultats ne sont pas en adéquation avec la qualité du groupe, j'en suis le seul responsable. Mais la saison est longue et il va se passer beaucoup de choses.
Justement, jusqu'où penses-tu pouvoir aller ?
Notre marge de progression est énorme. J'avais dit qu'on pourrait faire un 1er bilan en décembre tout en précisant qu'il ne fallait pas parler de maintien. C'est sûr qu'avec 1 seul point après 4 journées, on ne va pas fanfaronner. Mais la situation peut vite évoluer. Il nous reste à valider un 1er succès pour savoir si on est en progrès.
Prochain adversaire Nantes, porté par des gamins qui débordent de talent
Comme quoi aussi cette saison va occasionner pas mal de révélations. Avec la Covid, tous les clubs vont être touchés à un moment ou à un autre, donc forcément pour étoffer l'effectif, on va faire appel aux joueurs du centre de formation qui vont comme à Nantes se retrouver avec quelques responsabilités.
La suite n'est pas rassurante: PSG, Toulouse, St Raphaël, Montpellier et Nîmes…
A nous d'être l'équipe capable d'aller faire des coups.
Concernant ton retour aux affaires. As-tu simplement saisi une opportunité ?
Quand j'ai arrêté, c'était un choix délibéré. J'avais besoin de prendre un peu de temps pour souffler. J'aurais pu m'engager sur d'autres projets mais je ne me sentais pas mentalement et physiquement prêt à le faire.
A ce point ?
J'étais tout simplement fatigué par l'accumulation des matches. Les cinq saisons passées à St Raphaël ont été très denses avec toutes les échéances qu'il a fallu honorer. J'ai pu prendre du recul pour me régénérer, sans imaginer bien-sûr que cette épidémie viendrait changer la donne. Je me rends compte que j'ai eu un peu de chance par rapport à ça.
De la chance ?
Oui quand le confinement a été décidé, je n'étais pas en poste et je n'avais pas un collectif à gérer. J'avais envie d'un projet où il était question de formation, de valeur humaine et le discours que m'a tenu le président de Tremblay coïncidait avec cela.
L'âge aidant, perçois-tu ton métier différemment ?
J'ai toujours aimé savoir pour quelles raisons je me trouvais dans un endroit et savoir ce que j'y recherchais. Je n'ai donc pas trop changé. J'ai toujours ce détachement et c'est pour cela que j'ai très bien vécu le break que je me suis imposé.
Vu de l'extérieur, l'image de Tremblay s'est progressivement dégradée…
Je ne suis pas le mieux placé pour répondre puisque je débarque mais aujourd'hui, c'est vrai que pour retrouver une certaine cohérence sportive, il faut aussi qu'on ait une certaine stabilité. Je demande donc de la patience, rien ne se construit du jour au lendemain.
Sauf que la situation est particulière et tout peut s'arrêter brutalement.
Je sais que des plans locaux de reconfinement sont dans les tiroirs donc si ça se généralise, il faudra bien s'y soumettre. Un plan B a été imaginé pour pallier un arrêt du championnat. Ce qui signifie que dans deux mois, tout peut être gelé. Aujourd'hui, les indicateurs par exemple en région parisienne ne sont pas bons du tout, la situation n'est pas fameuse sur Aix, Montpellier, Toulouse ou Nantes, si demain on annonce une obligation de huis clos, les clubs ne pourront pas vivre. Donc est-ce que cela vaudra le coup que le championnat se termine ? Et même s'l y a un plan B, je ne sais pas si cela sera quelque chose de juste et équitable.
Vers un gel du championnat pendant les vacances de la Toussaint ?
Emmanuel Macron doit s'exprimer à la télévision ce mercredi peu avant 20h. Face à l'augmentation des cas de Covid-19 et du nombre de patients en réanimation, le président de la République pourrait annoncer l'instauration d'un couvre-feu dans les zones les plus à risque comme Paris et l'Ile de France. Rappelons que douze départements sont en alerte maximale dont Paris, la Seine St Denis (Tremblay), le Val-de-Marne (Créteil, Ivry), le Nord (Dunkerque) , les Bouches du Rhône (Aix-Marseille, Istres), l'Hérault (Montpellier), la Haute Garonne (Toulouse). Hier sur décision de la préfecture, Nantes a du réduire sa jauge à 1000 spectateurs (le département de Loire-Atlantique est en zone rouge et en vulnérabilité élevée). Aucune décision radicale n'a été prise au niveau de la Ligue Nationale. Mais si ces restrictions annoncées par le chef de l'Etat devaient être plus fortes, le gel du championnat au moins pour la période des vacances scolaires (jusqu'au 8 novembre inclus) pourrait être envisagé.
Après Aix, c'est donc Toulouse qui se voit imposer le huis clos par la préfecture. La LNH a laissé au Fenix le choix de reporter toutes les rencontres programmées au Palais des Sports mais le club préfère jouer sans public. « C'est bien-sûr à contrecœur
nous a confié Philippe Dallard, le président toulousain mais comme
nous sommes européens (début de la phase de groupe de l'EHF EL, le 14 novembre) et que nous voulons éviter l'accumulation des
matches sur une période très courte, nous préférons nous plier aux normes préfectorales. Nous
allons au moins appliquer le huis clos pour la venue de Dunkerque (ce
dimanche à 17h), on verra ensuite. Mais nous sommes vraiment dans l'embarras car il va
falloir rembourser ceux qui ont déjà pris leur billet. Sous forme
d'avoir ? Autrement ? Bref, pour la trésorerie c'est
délicat et à termes, surtout si cela se répète, il faudra que
nous soyons aidés financièrement car on ne va pas tenir très
longtemps à ce rythme. » Un arrêté similaire a été également pris dans l'Hérault et Montpellier est directement concerné. Prochaine réception pour le MHB: samedi 24 octobre à 19h00 contre Saint Raphaël.
En Espagne, la situation est bien pire. Ademar Leon par exemple s'est vu imposer par l'assemblée régionale de Castille et Leon, le port du masque même aux joueurs et aux adversaires qui venaient leur rendre visite. L'équipe de Cuenca est à l'arrêt car tout son effectif est touché par le virus. C'est simple, au bout de 8 journées de Liga Asobal, 25 rencontres ont déjà été reportées !!
Quand Créteil marche sur Dunkerque (diaporama Yves Michel)
Ce mardi soir, en match en retard de la 1ère journée de Starligue, Créteil a logiquement battu Dunkerque (30-25).
Le millier de fidèles qui était venu
voir un match de hand à Oubron, a surtout vu une belle
équipe articulée autour de quelques anciens et de plus jeunes qui
regorgent de talent. Créteil débordant d'envie, de vivacité, de
fraîcheur et de spontanéité a surclassé une formation de
Dunkerque qui s'est surtout éteinte au retour des vestiaires en
montrant un visage apathique, un jeu sans consistance et une
implication souvent à la limite de la désinvolture. Même sur les
changements attaque-défense, le zombi nordiste qui devait faciliter le retour du gardien, avait tellement
de difficultés à regagner le banc que les Cristoliens s'en sont donnés à cœur
joie pour marquer dans une cage déserte. « Ce soir, on a été tout l'inverse de ce que doit être une équipe, peste Patrick Cazal,
le coach de l'USDK. On ne peut pas être une colonie de vacances. En
2ème mi-temps, on n'a pas joué au handball parce qu'on a abandonné
toutes notions collectives. Cette maturité et cette exigence qu'on
attend de ce groupe qui vit ensemble depuis 4 ans, n'émerge pas et
cela devient un vrai problème. » On peut par exemple
s'interroger sur l'utilité des deux Cubains Cuni et Taboada, sans
doute experts en roulage de cigares sous l'aisselle mais qui sur un
40x20 se croient à un défilé de mode. Dunkerque dans les
catacombes, l'image contraste avec la joie communicative de Créteil. « C'est beau, s'exclame le pivot Valentin Aman.
On voulait surtout décrocher notre 1ère victoire à domicile après
celle à Nîmes. On a livré un match abouti. Nos jeunes nous
apportent cette fougue qui contribue à imposer notre tempo, à
rester constants. Le groupe est très jeune encore plus que par le
passé mais chacun se sent investi. Il faut en tirer profit et que ce
soit une vraie force. Sur le match d'Aix vendredi, on n'a rien à
perdre donc on va lâcher les chevaux. Il faut qu'on prenne le plus
de points possibles pour se mettre au plus tôt à l'abri. » Quand
dans cette formation cristolienne Ewan Kervadec (22 ans) et Yoann
Gibelin (21 ans dans un mois et demi) font déjà figure de cadres, on se
dit qu'avec les Anzuini, Diarassouba-Calves, Soyez et autres Rigaut,
l'avenir est très prometteur.
Au temps de la "dolce vita", quand à Nantes, le président Pelletier appréciait le micro de BeIn
Ce qui ne se voit pas
Les mots doux échangés via tweeter entre le commentateur vedette de beIN Sports et le directeur général de Nantes. Le 1er reprochant à l'autre le manque de collaboration des joueurs et des entraîneurs du "H" lors des interviewes d'avant et d'après match. Selon le journaliste, les intéressés agiraient sur ordre du président du club. Dans le bac à sable, les garnements se déchaînent ! Mais le "H" a décidément du mal avec les médias puisque depuis le début de la saison, il oppose un refus systématique d'accréditation aux collaborateurs photographes des sites référents du handball comme Handzone qui ne possèdent pas de carte de presse. Les dirigeants nantais partis du néant il y a une quinzaine d'années ont la mémoire bien courte et l'esprit bien étroit. Comme les quinze autres clubs de l'élite jouent parfaitement le jeu, c'est plutôt l'image et les acteurs du "H" qui pâtissent plus de la situation que les sites en question. De notre côté, nous ne cèderons jamais à l'intimidation ou au diktat de quelques petits chefs que ce soit, attaché(e) de presse ou autres. A force de se tirer une balle dans le pied, on finit par boiter.
Au ratio (buts marqués ou encaissés / matches disputés), Dunkerque malgré une prestation pitoyable à Créteil présente la défense qui a le moins encaissée de buts (23,75) suivie par Istres (24,5) et Nîmes (25,25). En revanche, Toulouse (31,5 buts) et St Raphaël (30,5) ont les blocs les plus perméables. Côté attaque, avec une moyenne de 37,75 buts inscrits, le PSG est le champion incontesté suivi par… Toulouse (29,75). Dunkerque (23) et Istres (24,25) sont largement à la traîne.
La colère de Philippe Gardent qui dénonce les cadences imposées avec pour Toulouse, un déplacement à Paris, 48 heures après avoir rendu visite à Nantes. Créteil et Dunkerque auraient la légitimité de pester à leur tour avec 3 matches à disputer en respectivement 6 et 8 jours.