« Il faut au maximum éviter le report ou le huis clos. Ce qui doit nous guider, c'est la volonté de jouer. » Il y a moins de trois semaines dans un entretien qu'il nous avait accordé David Tébib le président intérimaire de la LNH avait clarifié sa position et n'envisageait ni d'activer un plan B (avec à la trêve, une nouvelle formule de championnat sous forme de poules), ni de stopper la compétition mais surtout d'adapter les horaires et les jauges à 1000 spectateurs dans une salle, là où cela pouvait être possible. Seulement voilà, depuis la donne a évolué et le confinement a été décrété pour la 2ème fois en l'espace de moins de 8 mois. Entre la Covid qui a continué à se propager et affecter les équipes (Nantes, Nîmes et autres Montpellier) et un huis clos qui se profilait, il fallait réagir et surtout arrêter une ligne commune de conduite. D'autant qu'en sept journées, 16 matches ont déjà été reportés et que des clubs comme Montpellier par exemple, se retrouvent dans une fâcheuse posture au niveau du calendrier. Le virus a fait des ravages du côté de Bougnol. L'équipe managée par Patrice Canayer accuse déjà un déficit de 4 rencontres en championnat et 2 en Ligue Européenne. Déjà 6 matches à rattraper et lorsqu'on sait qu'une 3ème vague est annoncée notamment dans les zones où le climat est encore tempéré, on se demande comment le MHB va se mettre en phase avec son calendrier. Pays d'Aix aurait pu être dans le même cas si la formation de Thierry Anti s'était qualifiée pour la phase de groupe de cette même compétition européenne. Toutefois, le PAUC devra ramer d'ici le 21 décembre pour rattraper ses quatre matches de championnat non disputés.

Désormais, sauf cas de Covid, Mathieu Ong et les Aixois devront honorer leurs réceptions à l'Arena
Lundi donc, c'est l'Union des Clubs Pros qui a fait un vaste tour de table pour connaître l'avis de ses adhérents. Tous ne le sont pas à l'instar de Gaël Pelletier, le trublion nantais, roi du paradoxe et qui souffle comme ça l'arrange, le chaud et le froid. On pouvait se douter que le président du "H" s'opposerait à la décision de l'instance réunissant l'ensemble de ses collègues. Ecartant toute idée d'arrêt de la compétition, l'UCPH a décidé dans une grande majorité, tant que le confinement et les restrictions de mouvement seraient en vigueur, d'instaurer le huis clos pour chaque match de championnat. Gaël Pelletier ne leur a pas emboité le pas et il n'a pas attendu trop longtemps pour le faire savoir dans les colonnes du quotidien Ouest France en déclarant sans mesure: "si on joue à huis clos, dans quatre mois, le championnat est mort". Outre le président nantais, ils sont trois autres à trouver que la décision adoptée par la majorité n'est pas la meilleure. L'Aixois Christian Salomez, le Chambérien Alain Poncet et le Dunkerquois Jean Pierre Vandaele. Ce dernier, membre du bureau directeur et trésorier de la LNH serait selon nos sources, sur le point de prendre du recul au niveau de l'instance nationale. Le Nordiste qui s'était déjà exprimé voilà cinq jours sur Handzone, n'a pas changé de position et prône toujours un arrêt momentanée de toute compétition. « Aujourd'hui on a du mal à se faire entendre parce que le handball est resté dans le clan des gentils ou plutôt de ceux qui n'osent rien réclamer. Peut-être, n'avons nous pas de personnalités assez fortes pour cela. Quand Bernard Laporte (ancien ministre des sports et président de la FFR) va quémander des aides, on lui prête plus d'attention et il les obtient. » Sur le fonds d'aides alloué par le ministère (110 millions d'euros) et répartis sur cinq disciplines sportives majeures le rugby doit empocher 40 millions, le handball 5 fois moins ! « Le rugby va récupérer cette somme alors que son économie est plus importante que celle du hand. ». En choisissant ce qui pour elle, est en fait la solution la moins pire, l'UCPH a joué cartes sur table avec ses membres.

A Dunkerque, on va avoir du mal à se résoudre à jouer sans public
Insistant sur le fait qu'il ne fallait pas trop compter sur l'Etat providence. Que la billetterie serait couverte sur un tarif de places entre 10 et 15 euros et qu'aucune aide ne serait apportée pour compenser une perte éventuelle de partenariat. Par ailleurs, si le sujet est encore flou il est fort peu probable que les clubs puissent mettre leurs joueurs pros en situation de chômage partiel. C'est une douche froide pour qui comptait sur une manne substantielle et un soutien appuyé du ministère des sports. Dans un entretien à un quotidien régional, la ministre Roxana Maracineanu a simplement confirmé qu'elle travaillait, "sur une exonération de charges pour le sport pro". Sans donner plus de détails. Ce qui est loin d'apaiser la colère de Jean Pierre Vandaele, hanté par cette idée du huis clos. « C'est comme si on dit à un chef d'entreprise, continuez à travailler, à produire car si vous arrêtez vous ne serez pas aidé. Mais quand la production est là, on lui dit, vous ne pouvez pas vendre. Pour le hand, c'est pareil. Faire nos matches à huis clos, c'est comme si on ne faisait rien d'un point de vue commercial. Nous n'avons rien à vendre. » Le handball pro s'enfoncerait-il dans une crise sans fin ? Seul l'avenir pourra le dire.
La semaine prochaine sauf cas de Covid suffisamment répandus empêchant une équipe de jouer, les matches pourront avoir lieu. La demande de report pour le seul motif du huis clos imposé par un confinement de moins en moins respecté par le citoyen, ne sera plus recevable. Pays d'Aix qui a d'ores et déjà évalué ses pertes à 150 000 euros par match (remboursement des partenaires essentiellement et coût de fonctionnement de la salle) sera-t-il en mesure d'accueillir...Dunkerque devant des gradins vides ? Sur le site de la LNH la rencontre était encore ce mardi soir, annoncée comme étant reportée (à peine la 5ème pour les Provençaux). C'est le match qui devait ouvrir la 8ème journée et il devait être retransmis par le diffuseur habituel. Nîmes et Chambéry qui reçoivent respectivement Paris et Nantes sont les deux autres affiches que BeIn avait prévu de diffuser. De quoi tempérer momentanément la grogne des annonceurs qui ne pourront ni assister au match, ni s'humidifier avec quelques bulles de champagne ou avaler des petits fours .
Pour les autres, il faudra se contenter du minimum, de la petite lucarne, de la webtélé montée à la va-vite en plein été par la Ligue Nationale. Et là, parfois, on se croirait revenu au bricolage des radios locales dans les années 80. Des plans et un cadrage pas toujours bien inspirés, des commentaires aléatoires et souvent très partisans assurés par des gens du crû, bref une couverture au rabais sensée contenter tout le monde. Certains, parmi ceux qui mettent la main à la poche, pourraient vite perdre patience.
Ce matin, dès 8h00, une Assemblée Générale du hand masculin pro doit sauf surprise de dernière minute, entériner le huis clos jusqu'à nouvel ordre.