La terre a tremblé lundi dans la Drôme... et mardi en Moselle. Un séisme de magnitude 7, sur l'échelle ouverte de Bob l'ours bleu. Sept, comme le nombre de buts de retard des Messines, chez elles, contre Bourg-de-Péage, dixième de la Ligue au coup d'envoi (12-19, 34ème). Aussi inattendu, imprévisible que la victoire de Dijon sur Brest, fin octobre.
L'édifice jaune et bleu a tremblé sur ses bases, a failli s'écrouler. Ses occupantes ont essayé tant bien que mal, à la faveur de supériorités numériques, de le stabiliser (28-27, 52ème). Raté. Malgré toute la bonne volonté de Marie-Hélène Sajka (6/6 au jet de 7 m), les dribbles de Grace Zaadi pour sauver les apparences (30-29, 57ème), les Mosellanes ont finalement concédé leur premier nul en championnat (31-31). Sur l'ultime possession, à l'aile gauche, Orlane Kanor puis Manon Houette ont échoué au premier poteau sur Kristy Zimmerman, la seconde gardienne péageoise.
« C'était un match sans, grimace Emmanuel Mayonnade. On a été tenus en échec par une équipe qui en voulait plus. Dès le départ, on a été laxistes. On n'a pas du tout joué avec notre tête, on a manqué de plein de choses. » D'arrêts de gardiennes, cruellement (11 % pour Kapitanovic !). D'autorité défensive au pivot et dans le secteur central, clairement. De clairvoyance en attaque placée ou montée de balle, occasionnellement.
7 contre 6, l'arme secrète des Péageoises
« On a été dans l'incapacité de trouver des solutions dans leur jeu à sept contre six », prolonge l'entraîneur mosellan. Effectivement, l'exploit péageois, car c'est en bien un, vient aussi de là. La tactique élaborée par Camille Comte a fonctionné du feu de Dieu. Le surnombre permanent en phase offensive, donc, qui est allé de pair avec une défense 5-1 ou 3-2-1 et une déshinibition intégrale.
« On n'avait rien à perdre, alors autant tenter, s'exclame l'arrière Eva Turpin. On n'avait pas vraiment de pression, ce qui nous a mis en confiance et libérées sur le shoot de loin. On était sereines, on jouait calmement. » Même lorsque Camille Depuiset a heurté son propre poteau en suivant trop du regard un tir raté de Zaadi (32ème), ou lorsqu'un imbroglio arbitral a exclu quelques secondes Méryle Praly à la place de Sow, pour une clé de bras sur Flippes (51ème), BDP ne s'est pas départi de ses attitudes. Et en a été récompensé. « On ne s'attendait pas à gagner à Metz (sic) », rayonne Praly.
Ce point de bonus replace Bourg-de-Péage dans le Top 8, à hauteur de Dijon. « On va voir les matches retour différemment », envisage son ailière gauche et sentinelle d'un soir. Les Messines aussi, car elles passeront la trêve du Mondial à la deuxième place. A bilan et total de points identiques avec Brest (voir le classement ci-dessous), le BBH est leader, à la faveur de sa confrontation directe victorieuse. « C'est toujours dommageable, mais on sait tous que le championnat n'est pas joué, déclare Emmanuel Mayonnade. Tout le monde devra batailler encore longtemps. » Quelqu'un en doute-t-il encore ?