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Gros, première dame de Metz... et de France ?

LBE

vendredi 27 mai 2016 - © Laurent Hoppe

 5 min 21 de lecture

Finale de Ligue féminine, match retour. Metz est à une victoire du vingtième titre national de son histoire. Face à Fleury-les-Aubrais, dans des Arènes combles, les Mosellanes partent avec la longueur d'avance obtenue dans le Loiret (23-24). Leur arrière droit, Ana Gros, pourrait clore en apothéose un millésime passé à éreinter les défenses adverses. Régulière, prolifique, la Slovène s'affirme comme l'une des meilleures joueuses de notre championnat. La meilleure ?

Ana Gros a ouvert la saison par un trophée. Fin août, à Paris, elle obtenait le prix de la meilleure arrière droit de l'exercice 2014-2015. Neuf mois plus tard, la Slovène du Metz HB envisage de la refermer avec une autre distinction. Collective. Un vingtième titre de champion de France pour son club, un deuxième à titre personnel, deux ans celui décroché contre Issy/Paris. Une seconde victoire sur Fleury-les-Aubrais (23-24 à l'aller, le 14 mai) suffira à jubiler et à se qualifier pour la Ligue des Champions. « Je n'imagine pas du tout autre chose, scande-t-elle. C'est toujours bien de jouer contre Fleury. Ce sera un beau match, un grand derby (sic). Ca se jouera dans la tête, sur de petites choses importantes dans une finale. J'espère qu'on ne perdra pas beaucoup de ballons. Il faudra marquer beaucoup de buts, parce qu'on a beaucoup raté au match aller (55 % de réussite). » Pendant que ses partenaires gagnent une à une la salle d'entraînement des Arènes, la joueuse de 25 ans exprime ses attentes d'une voix douce, mâtinée d'accent balkanique. Son français, au-dessus de tout soupçon, suggère le bien-fondé d'avoir quitté Thüringen, le meilleur club d'Allemagne, à l'hiver 2014. « J'aime l'équipe, la ville. Je suis contente de rester encore une saison. » Son bail avec les Dragonnes court en effet jusqu'en 2017.

Alors que les Bleues ou d'autres talents étrangers (Cabral Barbosa, S. Oftedal) lui sont généralement préférées pour vendre le produit LFH, l'ancienne du Krim Ljubljana (2009-2010) et de Györ (2010-12) capte la lumière par une source alternative. La force, la précision de son bras gauche. Sur le podium des buteuses, elle n'est devancée que par la Nantaise Stoiljkovic (109 buts à 108). Du haut de son mètre quatre-vingt-six, Gros a traversé la phase régulière à 5,5 buts de moyenne. Avec des pointes ponctuelles à dix ou plus, comme fin octobre à Mios/Bègles (13/16). « Chaque saison est spéciale. Celle-ci était différente, parce qu'on n'a pas joué la Champions League. On n'a joué qu'un match par semaine. C'était une bonne saison pour moi, mais je pense que je peux faire encore mieux. J'étais moins bien en début de saison, il y a encore de la place pour progresser ». Plus récemment, cette balle de match manquée contre Cléopâtre Darleux, à 7 m, en demi-finale aller de LFH (21-21 à Nice), aurait pu la faire vaciller. L'échec a engendré une réaction cinglante au retour, le samedi suivant (victoire 28-20, 10/13 au tir). L'autocritique, l'introspection, c'est l'entourage qui en parle le mieux. « Elle attend beaucoup d'elle-même, raconte Manu Mayonnade, son entraîneur depuis fin 2015. A l'entraînement, elle n'hésite pas à houspiller ses partenaires » lorsque quelque chose la contrarie. « Ana s'entraîne toujours dur. Elle est tout le temps dedans, acquiesce sa coéquipière de l'aile gauche Marion Maubon. C'est une bonne partenaire de travail. »

Besogneuse, cogneuse dans l'exécution de sa spéciale (tir en extension à 9 m), tireuse de penaltys prioritaire, Ana Gros a-t-elle l'étoffe d'une MVP toutes catégories, comme les premières tendances des bookmakers le dessinent ? « C'est la meilleure arrière droit de la Ligue, la plus constante » répond (partiellement) Mayonnade. Un doublé ne l'étonnerait donc guère. « Il y a peut-être des joueuses plus complètes, du fait qu'elle défend au poste 1 » nuance Maubon. Si la Fleuryssoise Estelle Nze Minko apprécie ses compétences offensives, des personnalités extérieures à Metz sont plus critiques. « Gros, c'est surtout un bras, note ainsi le coach de Dijon, Christophe Maréchal. Quand son bras n'est pas là, c'est difficile pour elle ». Exemple, la demi-finale de Coupe de France perdue à Brest (21-18, le 20 avril), terminée sur un inhabituel 2/9. A Nantes, Jan Basny perçoit la dixième meilleure buteuse de C1 la saison passée (73 buts), et son pendant à gauche, comme un baromètre. « Gros et (Xenia) Smits sont bien quand l'équipe va bien. » Le plus sûr moyen de réunir laudateurs et contempteurs consistera à étinceler dans la seconde moitié de la finale. Ana Gros y croit. Croire, un verbe tatoué en anglais sur son bras gauche. « Believe. »

Fleury n'abdique pas
Vingtième titre ou zone blanche ? L'alternative qui se présente aux Messines est sans équivoque. Si la troupe de Manu Mayonnade réitère son succès du 14 mai, à Orléans, elle améliorera son propre record de France féminin. Dans le cas contraire, elle finira les mains vides, comme en 2012. « Un but d'avance, c'est clairement anecdotique, soutient Manu Mayonnade. L'écart est tellement insignifiant qu'on n'y pense pas du tout. On est prêts à tous les scénarios possibles. » Arrivées ce vendredi soir en Moselle, les Fleuryssoises caressent encore l'espoir de conserver leur sceptre et d'offrir un dernier trophée à Fred Bougeant. « On part avec un très léger désavantage, considère Estelle Nze Minko, dont ce sera les adieux en rose avant de rejoindre l'équipe de France, puis Siofok (Hongrie). On part déterminées. Il faudra mieux défendre, être plus précises, concentrées et appliquées. Plus de tout... »

METZ HB – FLEURY LOIRET HB
Samedi 28 mai, aux Arènes.
Coup d'envoi : 20 heures.
En direct sur beIN Sports 3.
Arbitres : Clément Bader, Loïc Weber.
Match aller : 24-23.

METZ : 4 Kanto (capitaine), 6 Gros, 7 Zaadi, 8 Flippes, 11 Horacek, 20 Pop-Lazic, 21 Lévêque, 22 Smits, 27 Maubon, 30 Luciano, 31 Aoustin, 66 Burlet. Gardiennes : 1 Glauser, 12 Rajcic. Entraîneur : E. Mayonnade.
FLEURY : 4 Mino Larenas, 8 Agathe, 9 Kamdop, 13 Houette, 14 Chavez, 15 Bruneau, 17 Lopez Herrero, 27 Nze Minko, 29 Niombla (capitaine), 39 H. Cissé, 78 Grimaud, 86 Cabral Barbosa. Gardiennes : 12 Zoqbi de Paula, 97 Foggéa. Entraîneur : F. Bougeant.

Gros, première dame de Metz... et de France ? 

LBE

vendredi 27 mai 2016 - © Laurent Hoppe

 5 min 21 de lecture

Finale de Ligue féminine, match retour. Metz est à une victoire du vingtième titre national de son histoire. Face à Fleury-les-Aubrais, dans des Arènes combles, les Mosellanes partent avec la longueur d'avance obtenue dans le Loiret (23-24). Leur arrière droit, Ana Gros, pourrait clore en apothéose un millésime passé à éreinter les défenses adverses. Régulière, prolifique, la Slovène s'affirme comme l'une des meilleures joueuses de notre championnat. La meilleure ?

Ana Gros a ouvert la saison par un trophée. Fin août, à Paris, elle obtenait le prix de la meilleure arrière droit de l'exercice 2014-2015. Neuf mois plus tard, la Slovène du Metz HB envisage de la refermer avec une autre distinction. Collective. Un vingtième titre de champion de France pour son club, un deuxième à titre personnel, deux ans celui décroché contre Issy/Paris. Une seconde victoire sur Fleury-les-Aubrais (23-24 à l'aller, le 14 mai) suffira à jubiler et à se qualifier pour la Ligue des Champions. « Je n'imagine pas du tout autre chose, scande-t-elle. C'est toujours bien de jouer contre Fleury. Ce sera un beau match, un grand derby (sic). Ca se jouera dans la tête, sur de petites choses importantes dans une finale. J'espère qu'on ne perdra pas beaucoup de ballons. Il faudra marquer beaucoup de buts, parce qu'on a beaucoup raté au match aller (55 % de réussite). » Pendant que ses partenaires gagnent une à une la salle d'entraînement des Arènes, la joueuse de 25 ans exprime ses attentes d'une voix douce, mâtinée d'accent balkanique. Son français, au-dessus de tout soupçon, suggère le bien-fondé d'avoir quitté Thüringen, le meilleur club d'Allemagne, à l'hiver 2014. « J'aime l'équipe, la ville. Je suis contente de rester encore une saison. » Son bail avec les Dragonnes court en effet jusqu'en 2017.

Alors que les Bleues ou d'autres talents étrangers (Cabral Barbosa, S. Oftedal) lui sont généralement préférées pour vendre le produit LFH, l'ancienne du Krim Ljubljana (2009-2010) et de Györ (2010-12) capte la lumière par une source alternative. La force, la précision de son bras gauche. Sur le podium des buteuses, elle n'est devancée que par la Nantaise Stoiljkovic (109 buts à 108). Du haut de son mètre quatre-vingt-six, Gros a traversé la phase régulière à 5,5 buts de moyenne. Avec des pointes ponctuelles à dix ou plus, comme fin octobre à Mios/Bègles (13/16). « Chaque saison est spéciale. Celle-ci était différente, parce qu'on n'a pas joué la Champions League. On n'a joué qu'un match par semaine. C'était une bonne saison pour moi, mais je pense que je peux faire encore mieux. J'étais moins bien en début de saison, il y a encore de la place pour progresser ». Plus récemment, cette balle de match manquée contre Cléopâtre Darleux, à 7 m, en demi-finale aller de LFH (21-21 à Nice), aurait pu la faire vaciller. L'échec a engendré une réaction cinglante au retour, le samedi suivant (victoire 28-20, 10/13 au tir). L'autocritique, l'introspection, c'est l'entourage qui en parle le mieux. « Elle attend beaucoup d'elle-même, raconte Manu Mayonnade, son entraîneur depuis fin 2015. A l'entraînement, elle n'hésite pas à houspiller ses partenaires » lorsque quelque chose la contrarie. « Ana s'entraîne toujours dur. Elle est tout le temps dedans, acquiesce sa coéquipière de l'aile gauche Marion Maubon. C'est une bonne partenaire de travail. »

Besogneuse, cogneuse dans l'exécution de sa spéciale (tir en extension à 9 m), tireuse de penaltys prioritaire, Ana Gros a-t-elle l'étoffe d'une MVP toutes catégories, comme les premières tendances des bookmakers le dessinent ? « C'est la meilleure arrière droit de la Ligue, la plus constante » répond (partiellement) Mayonnade. Un doublé ne l'étonnerait donc guère. « Il y a peut-être des joueuses plus complètes, du fait qu'elle défend au poste 1 » nuance Maubon. Si la Fleuryssoise Estelle Nze Minko apprécie ses compétences offensives, des personnalités extérieures à Metz sont plus critiques. « Gros, c'est surtout un bras, note ainsi le coach de Dijon, Christophe Maréchal. Quand son bras n'est pas là, c'est difficile pour elle ». Exemple, la demi-finale de Coupe de France perdue à Brest (21-18, le 20 avril), terminée sur un inhabituel 2/9. A Nantes, Jan Basny perçoit la dixième meilleure buteuse de C1 la saison passée (73 buts), et son pendant à gauche, comme un baromètre. « Gros et (Xenia) Smits sont bien quand l'équipe va bien. » Le plus sûr moyen de réunir laudateurs et contempteurs consistera à étinceler dans la seconde moitié de la finale. Ana Gros y croit. Croire, un verbe tatoué en anglais sur son bras gauche. « Believe. »

Fleury n'abdique pas
Vingtième titre ou zone blanche ? L'alternative qui se présente aux Messines est sans équivoque. Si la troupe de Manu Mayonnade réitère son succès du 14 mai, à Orléans, elle améliorera son propre record de France féminin. Dans le cas contraire, elle finira les mains vides, comme en 2012. « Un but d'avance, c'est clairement anecdotique, soutient Manu Mayonnade. L'écart est tellement insignifiant qu'on n'y pense pas du tout. On est prêts à tous les scénarios possibles. » Arrivées ce vendredi soir en Moselle, les Fleuryssoises caressent encore l'espoir de conserver leur sceptre et d'offrir un dernier trophée à Fred Bougeant. « On part avec un très léger désavantage, considère Estelle Nze Minko, dont ce sera les adieux en rose avant de rejoindre l'équipe de France, puis Siofok (Hongrie). On part déterminées. Il faudra mieux défendre, être plus précises, concentrées et appliquées. Plus de tout... »

METZ HB – FLEURY LOIRET HB
Samedi 28 mai, aux Arènes.
Coup d'envoi : 20 heures.
En direct sur beIN Sports 3.
Arbitres : Clément Bader, Loïc Weber.
Match aller : 24-23.

METZ : 4 Kanto (capitaine), 6 Gros, 7 Zaadi, 8 Flippes, 11 Horacek, 20 Pop-Lazic, 21 Lévêque, 22 Smits, 27 Maubon, 30 Luciano, 31 Aoustin, 66 Burlet. Gardiennes : 1 Glauser, 12 Rajcic. Entraîneur : E. Mayonnade.
FLEURY : 4 Mino Larenas, 8 Agathe, 9 Kamdop, 13 Houette, 14 Chavez, 15 Bruneau, 17 Lopez Herrero, 27 Nze Minko, 29 Niombla (capitaine), 39 H. Cissé, 78 Grimaud, 86 Cabral Barbosa. Gardiennes : 12 Zoqbi de Paula, 97 Foggéa. Entraîneur : F. Bougeant.