Dominer toute la saison de plusieurs têtes, ne tolérer qu'un demi-accroc avant l'épilogue (match nul à Issy/Paris, en phase régulière), a failli ne servir strictement à rien. Le millésime 2017-2018 se termine sur ce paradoxe. Un sentiment étrange qui a déteint sur les réactions spontanées, moins extatiques que naguère.
Si Metz s'est bien octroyé son vingt-deuxième titre de champion en 29 ans, le troisième de rang, il a manqué de tout perdre le dernier soir. En se succédant encore à elles-mêmes, Grace Zaadi et compagnie y ont laissé la moitié de l'avantage de la finale aller (victoire 25-29 à Brest, mercredi). Et, par extension, leur invincibilité à domicile. Celle-ci courait depuis quinze mois, toutes compétitions confondues, et depuis un revers contre... Brest, en octobre 2016, en LFH.
« Cette défaite, elle compte pas », ironise
Ailly Luciano, l'ailière néerlandaise.
Elle aurait pu compter, car le BBH a sérieusement flirté avec un doublé coupe-championnat. En sous-régime dans le premier quart-temps (6 tirs tentés, moitié moins que Metz, mais avec un meilleur rendement), la formation de Laurent Bezeau a ensuite changé de braquet. Stimulée par les deux jets de 7 m parés par Cléopâtre Darleux, elle a pris deux (7-9, 25'), trois buts (7-10, 27') de champ. Et carrément quatre, cinquante secondes après la reprise. En s'ouvrant l'intervalle plein axe, Jovana Stoiljkovic a radicalisé la contestation (10-14, 31'). Difficile, à cet instant, de ne pas se préoccuper de l'écart global sur les deux manches. De ne pas plus penser aux maths qu'au jeu.
Onze minutes sans marquer (6-3, 12' puis 7-7, 23') ont laissé des séquelles chez les Messines. Elles ont dû parer au plus pressé pour ne pas les laisser s'aggraver. Zaadi a porté le ballon telle une meneuse de basket, Xenia Smits a porté assistance plus qu'à son tour, Marie-Hélène Sajka a rentré deux penaltys importants, Manon Houette a ramené les siennes à une longueur (16-17, 42'). Suffisant pour conserver le titre, pas pour terminer sur un revers (24-26) vite oublié.
« Perdre le dernier match à la maison, c'est dommage, mais le goût de la défaite n'est même pas là, dit Ailly Luciano.
On a remporté une belle coupe. Toujours aussi lourde, mais toujours aussi précieuse. »
« On est championnes de France, et on le mérite, tranche la pivot
Béatrice Edwige.
On a été hyper régulières tout au long de la saison. J'ai envie de retenir l'état d'esprit, toutes les grandes joueuses qui nous quittent. » Le quart-de-finaliste européen en perd cinq (Gros, Landre, Rajcic, Csapo en fin d'intérim, Sajka prêtée à Toulon). Mais récupère deux championnes du monde, Gnonsiane Niombla et Astride N'Gouan, et bien sûr la jeune maman Laura Glauser, secondée par la Croate Kapitanovic. Zych, une arrière polonaise vue cette saison en Ligue des Champions, devra combler le vide immense laissé par sa devancière slovène (1049 buts en quatre saisons et demie). Pas le challenge le moins excitant pour le Metz HB, qui persiste à défier toute concurrence en France. Jusqu'à quand ? Au vu des derniers événements, du recrutement qualitatif un peu partout, la question se pose avec toujours plus d'acuité. Vivement la rentrée...