Jamais durant la décennie écoulée et au-delà, une équipe de France masculine n'aura traîné autant de doutes et d'interrogations. Il y a un an, elle s'aventurait en Norvège sur un Euro dont l'issue semblait incertaine mais où chacun espérait trouver sa place. Trois petits matches et puis s'en va, la sélection tricolore ne verra même pas les contours du tour principal, ce qui ne lui était jamais arrivé depuis la création de la compétition. La seule solution envisagée pour provoquer un électrochoc, a été de virer Didier Dinart, le coach de l'époque et d'adouber Guillaume Gille. 350 jours plus tard, l'indice de confiance a baissé et dans un contexte vicié par la situation sanitaire, deux médiocres résultats face à la Serbie sont venus encore un peu plus, noircir le tableau. «Forcément le moral est meilleur quand on gagne les matches, valide Kentin Mahé. Après la Serbie, c'était la soupe à la grimace mais on est aussi là pour travailler, on a un nouveau cycle qui commence, dans le peu de temps qui reste avant le 1er match, on essaie de passer à autre chose, de rectifier les erreurs à l'entraînement. Concernant l'ambiance dans le groupe, je dirais qu'elle est bonne parce qu'il y a aucune raison de baisser la tête. On est l'équipe de France, une équipe qui aura son rôle à jouer. » Le demi-centre de Veszprém se rassure comme il peut, la méthode coué pouvant parfois servir à transformer un contexte négatif. Toujours est-il que ce crû 2021 inquiète autant qu'il interpelle. Les plus optimistes veulent se persuader que les apparences sont trompeuses. Que l'absence de Nikola Karabatic ne se verra pas, que les anciens qui comme Abalo ou Guigou ont décidé de faire du rabe, ne sont pas usés, que ceux qui sont passés par le Final Four de la Ligue des Champions n'ont pas été trop sollicités et vont retrouver des vertus et que le projet de jeu dont Guillaume Gille et Erick Mathé se réclament, n'est pas un cache misère pour appâter le chaland. « Dans le jeu, je pense qu'on est trop gentil encore, il est aussi important de respecter les consignes pendant les matches mais mine de rien, il faut qu'on ait plus de hargne et plus d'envie, il faut qu'on arrive à se dépasser un peu plus et allumer cette flamme en nous, c'est vraiment cela qui manque. Tous à titre personnel, on doit se remettre en question et qu'on arrive à avancer dans un projet commun, tout en gardant cette folie qui nous est propre. » Le discours de Kentin Mahé est seyant, il pourrait même être convaincant si lui et ses partenaires avaient donné plus d'assurance dans les deux sorties qu'ils viennent d'effectuer.
Les attentes sont encore énormes et comme elle s'est faite marcher dessus l'espace de deux confrontations, la France suscite-t-elle encore la méfiance ? Après une question d'un confrère qui lui demandait si la sélection tricolore qui régnait sans partage il y a peu, n'était pas devenue une équipe lambda, Vincent Gérard a vu rouge.. « Elle est con ta question ! Je ne suis pas d'accord. On a perdu des matches, c'est un fait, de là dire qu'on ne fait plus peur, je ne suis pas sûr que les adversaires sont contents de nous rencontrer et quand on était dans le chapeau 3, je ne suis pas sûr que la Norvège ait été contente de nous retrouver. Une équipe lambda ? Qui s'est déchirée c'est vrai sur la dernière compétition mais qui a rapporté des médailles durant les cinq dernières années. On a tout à fait conscience qu'on est dans une phase de transition, dans une période où on cherche notre handball mais je réfute le terme "d'équipe lambda". » Le gardien qui depuis quatre ans a l'immense charge de faire oublier Thierry Omeyer montre au moins qu'il a du répondant.
Ce mardi, vingt joueurs prennent l'avion direction Le Caire. Ils seront pris en charge dès l'aéroport dans une bulle étanche et conduits aux abords de Gizeh (à 36 km du centre-ville de la capitale) et de la salle construite à l'occasion du Mondial au pied des célèbres pyramides. C'est dans cette espace qu'ils affronteront la Norvège (ce jeudi), l'Autriche (samedi) et les États-Unis (lundi). « Ce qui vient de se passer nous fait entrer dans ce Mondial avec beaucoup d'humilité parce que le projet de jeu initié avec les joueurs nécessite du temps pour s'améliorer, fait remarquer Guillaume Gille. Ce début de compétition sera important pour nous pour lancer cette machine-là avec l'idée de continuer à grandir. » Peut-on donc envisager des performances abouties lorsqu'on a vu de quelle façon les Bleus étaient en souffrance et n'avaient pas ou plus des arguments intangibles pour impressionner ? « Il est autorisé de rêver, ajoute l'entraîneur national, mais en même temps, nos deux dernières performances nous ramènent à un peu de mesure. » 20 joueurs seront donc à disposition du staff qui depuis le stage de novembre a testé les associations, a multiplié les combinaisons, le tout, souvent dicté par une anticipation des mesures sanitaires. C'est d'ailleurs la 1ère fois que la France se déplace avec un groupe aussi étoffé. L'intérêt pour le sélectionneur est de clarifier ses intentions par rapport à ce groupe qui a du mal, pour le moment, à assumer son statut. « Le staff a envie de redonner à cet effectif, plus de variations, plus de possibilités, plus de vitesse au jeu, on a une équipe qui peut vraiment courir, on a envie de partir d'une défense très stable pour pouvoir se projeter vers l'avant d'une manière plus forte qu'auparavant. En attaque, avec des éléments différents, il faut avoir une multitude d'options. Le chantier est vaste et une équipe avec un tel projet ne se reconstitue pas en quelques jours pourtant on est là pour ça. Ce qui est certain actuellement, c'est que le rendement du groupe ne nous satisfait pas. » Et comme tout est lié, que l'équipe de France actuelle est moins forte, moins bien dotée que ses devancières, la tendance n'est pas à l'optimisme. Surtout lorsqu'elle se prépare à affronter en ouverture d'un championnat du Monde, la Norvège qui avec un Sander Sagosen en état de grâce, est largement au-dessus du lot. La France fait-elle dès lors toujours peur ? Sa confiance est entamée, c'est évident mais elle a un besoin imminent de se rassurer et pour les jeunes qui la composent, oublier, le temps d'une compétition, l'héritage à assumer.
Les vingt joueurs français pour le Mondial en Egypte
NOM
|
Prénom
|
Club
|
Poste
|
Né en
|
Sél
|
Buts
|
ABALO
|
Luc
|
Elverum
|
ALD
|
1984
|
264
|
809
|
ACQUEVILLO
|
J-Jacques
|
Nîmes
|
ARG
|
1989
|
2
|
7
|
CLAIRE
|
Nicolas
|
Aix
|
DC
|
1987
|
45
|
45
|
DESCAT
|
Hugo
|
Montpellier
|
ALG
|
1992
|
3
|
4
|
DIPANDA
|
Adrien
|
St Raphaël
|
ARD
|
1988
|
79
|
91
|
FABREGAS
|
Ludovic
|
Barcelone
|
PVT
|
1996
|
74
|
137
|
GENTY
|
Yann
|
Paris SG
|
GRD
|
1981
|
6
|
0
|
GERARD
|
Vincent
|
Paris SG
|
GRD
|
1986
|
99
|
14
|
GUIGOU
|
Michaël
|
Nîmes
|
ALG
|
1982
|
285
|
974
|
KARABATIC
|
Luka
|
Paris SG
|
PVT
|
1988
|
105
|
123
|
LAGARDE
|
Romain
|
Rhein N.L
|
ARG
|
1997
|
40
|
53
|
LENNE
|
Yanis
|
Montpellier
|
ALD
|
1996
|
16
|
17
|
MAHE
|
Kentin
|
Veszprém
|
DC
|
1991
|
111
|
360
|
MEM
|
Dika
|
Barcelone
|
ARD
|
1997
|
54
|
136
|
N'GUESSAN
|
Timothey
|
Barcelone
|
ARG
|
1992
|
80
|
152
|
PARDIN
|
Wesley
|
Aix
|
GRD
|
1990
|
19
|
0
|
PORTE
|
Valentin
|
Montpellier
|
ALD
|
1990
|
126
|
313
|
REMILI
|
Nedim
|
Paris SG
|
ARD
|
1995
|
71
|
221
|
RICHARDSON
|
Melvyn
|
Montpellier
|
ARD
|
1988
|
24
|
63
|
TOURNAT
|
Nicolas
|
Kielce
|
PVT
|
1994
|
33
|
31
|