Des salles pour la plupart construites pour l'occasion mais désertées par le public, des contrôles sanitaires dont la gestion commence à être critiquée par des nations majeures comme l'Allemagne, le Danemark ou la Norvège, des équipes infectées par le virus qui ont déjà renoncé et qui ont été remplacées, cette 27ème édition du championnat du monde de handball commence dans un contexte pour le moins inédit. L'IHF et son président égyptien Hassan Mustapha ont tenu tête à ceux qui se sont risqués à demander un report voire une annulation, la compétition devait avoir lieu, à cette date, à n'importe quel prix et elle aura lieu ! Même si par la suite, l'image et surtout la crédibilité de la discipline doivent en souffrir. 

L'équipe de France attaque par le plus gros morceau du groupe E, la Norvège qui en cinq ans chez les hommes, est la nation qui a le plus progressé. Le hand norvégien a généré des joueurs d'exception parmi lesquels le plus emblématique, Sander Sagosen (photo de tête) vient de remporter la Ligue des Champions sous les couleurs de Kiel et qui lors des deux derniers matches de préparation face au Danemark de Mikkel Hansen, s'est fait positivement remarquer. L'ancien meneur parisien aurait pu freiner ses intentions après deux jours à Cologne assez éprouvants, il n'en a fait qu'à sa tête en inscrivant 8 et 10 buts face aux Danois. Il est donc en excellente condition physique, pratiquement sur un nuage. « Pour rivaliser avec la Norvège, commente Guillaume Gille, il va falloir tout mieux faire. Etre performant dans les secteurs du jeu, être en capacité d'être plus hermétique en défense, plus efficace dans les zones de marque, être capable de mettre beaucoup de rythme sur grand espace et il faut qu'individuellement, l'ensemble du groupe propose le meilleur de soi. » Tout le contraire donc de ce qu'ont montré les Tricolores lors de leurs deux dernières prestations contre la Serbie. Chez les Nordiques, le danger peut venir de partout. Sagosen peut s'avérer être un poison permanent, le bloc défensif est solide, très resserré et pour le contourner, les Français devront pourquoi pas, utiliser les extérieurs et être capables de morceler cette défense. Derrière cette muraille, l'excellent portier de Flensburg, Bergerud a des réflexes de haut niveau, Bjarte Myrhol, le vétéran (38 ans) vient de faire son retour sur le poste de pivot après une pause de 15 mois et il a toujours la même envie et la même mobilité. Sur la base arrière, malgré le forfait de Magnus Rod (blessé au poignet), la sélection ne manque pas de gauchers de talent (Reinkind, Tangen) et elle vient de récupérer Tonnesen. L'arrière droit, coéquipier de Kentin Mahé à Veszprém a été peu épargné lors des deux dernières saisons puisqu'il n'a pas pu participer au Mondial 2019 (main fracturée) et à l'Euro 2020 (rupture du tendon d'Achille). « C'est d'ailleurs peut-être bien de les jouer d'entrée, confesse le demi-centre tricolore. Pour voir où on en est. On est dans une formule de championnat du monde inédite qui ressemble un peu au format de l'Euro et donc, le 1er match est décisif. » Qui aura le plus à perdre ? La Norvège donnée grandissime favorite ou la France dans son costume d'outsider ? S'il fallait mesurer le degré d'importance qu'accorde Christian Berge et sa troupe à la compétition, on pourra faire remarquer qu'elle n'a pas participé aux deux matches de qualifications face à la Biélorussie (une défaite, un succès) et a préféré présenter une équipe bis. En revanche, le coach norvégien avait retenu ses meilleurs éléments pour deux brunches entre Nordiques avec le cousin danois. Il n'y a pas eu de jaloux, chaque formation s'imposant à tour de rôle. 


 
Les Bleus affronteront ensuite l'Autriche. Sur six décennies,la balance penche largement en leur faveur. 24 rencontres, 1 nul, 4 défaites et 19 victoires dont la dernière remonte à l'Euro 2018 en Croatie (33-26). Les Autrichiens restent sur deux contre performances face à l'Allemagne avec d'énormes carences dans tous les secteurs de jeu. A la pause de la 1ère confrontation, ils n'avaient pu inscrire que 5 petits buts. Le Slovène Ales Pajovic, l'entraîneur a même parlé de désastre. Ces résultats contrastent avec l'excellente 8ème place obtenue lors du dernier Euro. Entre temps, la sélection a perdu deux de ses pièces maîtresses. L'arrière gauche – meneur de jeu Nikola Bilyk (rupture du croisé au genou gauche en août) et le gaucher Janko Bozovic (déchirure du tendon d'Achille en décembre). Elle peut toujours compter sur Thomas Bauer (notre photo), son gardien passé entre 2015 et 2018 par Istres, Aix et Massy et son vétéran Robert Weber (35 ans) qui sous les couleurs de Norhorn, figure encore cette saison dans le top 3 des meilleurs buteurs de Bundesliga (103 réalisations en 15 matches). 


 

Dernier rendez-vous du 1er tour pour les Tricolores, lundi, la Suisse. Les Helvètes d'habitude si organisés ont du improviser. Il y a deux jours, aucun d'entre eux n'avaient imaginé s'envoler pour un Mondial en Égypte. Une place était vacante après le forfait des États-Unis et la "Nati" ne s'est pas faite prier. Elle attendait ce moment depuis... 1995, c'est tout dire ! Mais branle-bas de combat du côté de Schaffhausen où a été décrété l'ordre de mobilisation générale. Les Suisses étaient certes en stage la semaine dernière mais dimanche matin, tout le monde avait rejoint son foyer. L'emblématique Andy Schmid par exemple, était rentré sur Mannheim où il devait s'occuper de ses deux garçons. A 37 ans, l'arrière de Rhein Neckar Löwen a refait son sac et excité comme un junior, s'est mis à la disposition des siens. Tous ceux que Michael Suter l'entraîneur national avait contactés, ont répondu présents. « Un truc complètement surréaliste, a commenté le gardien Nikola Portner. (notre photo) Le Chambérien qui avait décidé de passer quelques jours en famille, a vite rejoint ses partenaires. Mais le plus extravagant dans l'histoire, c'est que la Suisse n'arrivera au Caire que six heures avant le coup d'envoi de son 1er match face à l'Autriche. Ce mercredi, 19 joueurs et leur staff ont satisfait à un test PCR et vécu un isolement dans les règles. Les résultats seront connus dans la matinée. « Tout le monde a envie d'y aller, l'atmosphère est positive même si les circonstances ne sont pas idéales. » Les Helvètes avaient connu dans de moindres proportions, un scénario identique en novembre dernier, à l'occasion des qualifs à l'Euro 2022. Ils avaient dû patienter jusqu'au dernier moment pour connaître le verdict des tests virologiques et ne s'étaient déplacés au Danemark que le jour du match. Ils n'avaient perdu que de cinq buts face aux Mikkel Hansen, Niklas Landin et autre Rasmus Lauge. Ce jeudi, ils seront opposés à l'Autriche qu'ils n'ont pas battue depuis plus de 10 ans. Puis samedi ce sera la Norvège (ils ont remporté la dernière confrontation face aux Nordiques 33-30 en juin 2018 lors des qualifs au Mondial 2019) et donc lundi, la France (qui reste sur 13 succès consécutifs entre 1994 et 2015). « La Suisse, ça veut dire plus de densité, explique Guillaume Gille. Une adversité plus importante que les Etats-Unis. Tout est à refaire pour les analystes vidéo et il va falloir se remettre à plancher sur ce nouvel adversaire.» 

dernière minute... L'équipe  suisse se rendra en Egypte, ce jeudi matin, sans Jonas Schelker et Luka Maros. Les deux arrières de Kadetten Schafhausen ont été déclarés positifs asymptomatiques à la Covid 19. Ils subiront un nouveau test dans la journée. Leurs 17 autres partenaires et le staff se sont envolés destination Le Caire à 9h30.

Lundi 18 ou même peut-être avant, ce groupe E aura livré sa vérité et les trois élus pour le Tour Principal. Les adversaires sont identifiés puisqu'issus du groupe F.  
 

Ce serait une catastrophe si la France ne parvenait pas à décrocher un des trois billets pour le tour suivant où elle aurait à affronter trois nouvelles sélections parmi lesquelles : 

- le Portugal (une de nos bêtes noires lors du dernier Euro) des Montpelliérains Gilberto Duarte (notre photo) et Alexis Borges ainsi que du Tremblaysien Pedro Portela et du Nantais Alexandre Cavalcanti. Très performants dans les catégories jeunes, les Portugais "A" ont retrouvé des vertus à l'entame de cette décennie. On ne les avait pas revus sur un Mondial depuis... 2003. Et c'était organisé chez eux ! Lors du dernier Euro où ils revenaient après 14 ans d'absence, ils ont grillé la politesse aux Tricolores et ont progressé dans le Tour Principal avant de prendre une très belle 6ème place après avoir notamment épinglé la Suède (de 10 buts).

- L'Islande de l'Aixois Kristján Kristjánsson qui devra se passer des services de Aron Palmarsson (blessé au genou). Les hommes du pays de la glace sont toujours dans les bons coups même s'ils ne sont plus montés sur un podium depuis 11 ans (lors de l'Euro autrichien). Sans leur star du Barça, ils ont récemment affronté le Portugal en phase qualificative à l'Euro 2022. Battus à l'aller par les Lusitaniens (26-24), ils ont pris une belle revanche dimanche dernier en s'imposant à domicile (32-23). 

- et vraisemblablement le vainqueur de la confrontation entre l'Algérie d'Alain Portes et le Maroc de Yassine Idrissi.  (voir ICI)

« Il faut avancer marche par marche, martelait Vincent Gérard dimanche dernier lorsqu'il s'est adressé aux médias. Je ne sais pas s'il faut parler de relance pour nous dans ce Mondial mais en tout cas, on va essayer de jouer le plus de matches possible. Il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas. On a conscience d'être tous dans le même bateau.» Ou plutôt dans la même bulle. On l'aura compris, le gardien parisien se veut prudent mais ne s'interdit pas de rêver. « Nous ne sommes pas les favoris de l'épreuve comme ont pu l'être nos prédécesseurs mais on a quand même des armes à faire valoir. Si on pensait dans le groupe qu'on n'est pas capable d'atteindre les demi-finales, alors on n'aurait pas tous pris sur notre temps, sur nos congés, sur nos familles pour pouvoir être performants et travailler dans les meilleures conditions.» Les résultats sont donc attendus même si certaines cicatrices vont mettre du temps à se refermer.

                                Le Tour Préliminaire - Groupes E et F 
 

           H.F (Heure Française) H.L (Heure Locale)