La formule peut paraître imparfaite, bricolée, mais elle a le mérite d'exister. « C'est la moins mauvaise solution. On s'adapte », philosophe la gardienne de Paris 92, Catherine Gabriel. Afin d'éviter une deuxième saison sans champion, de terminer celle en cours du mieux possible, le « groupe de travail » de la Ligue a convenu, mi-décembre, de scinder l'élite en deux. Pendant que les six équipes de bas de tableau devront jouer quinze matches pour éviter la dernière place synonyme de D2 (deux dates de plus qu'initialement...), les huit premiers des matches aller en disputeront neuf pour le titre, les places européennes et les accessits.
Avec six points et trois succès d'avance au terme de la demi-phase régulière, Brest et Metz (37 unités, goal-average favorable au BBH) semblent tout désignés pour occuper encore les rangs 1 et 2 au terme de ce sprint long de plus de deux mois, haché par une séquence internationale courant mars, les coupes d'Europe et d'éventuels reports sanitaires. Existe-t-il, d'ailleurs, une autre issue qu'une finale titre entre Finistériennes et Mosellanes, comme en 2017 et 2018 ? « Normalement, c'est mathématiquement impossible », croit Catherine Gabriel. Pas si vite, suggère Méline Nocandy. « Le championnat devient de plus en plus compliqué. Tous les matches qui arrivent seront difficiles, raisonne la demi-centre de Metz. En plus, il y en a beaucoup à l'extérieur (4 sur 7, dans le cas lorrain). Si on est premières, c'est très bien. Si on est deuxièmes, on se battra comme il faut. Si on en a trois, c'est qu'on aura vraiment déconné... Pour l'instant, on est à égalité. Rien n'est gagné pour personne. »
Quand Nice se déconfine...
L'ordre d'arrivée ne se jouerait pas nécessairement lors du prochain Metz – Brest, début avril. Le revers breton à Paris (23-20, le 10 février), privant la troupe de Laurent Bezeau d'un 100 % de victoires en LBE, est un autre garde-fou. Et même en partant de plus loin que le Big Two, le reste du plateau entend bien « faire un coup » (Gabriel). Prenez l'OGC Nice, dans la nasse au cœur de l'automne (12ème, 5 défaites sur les 6 premières journées) et déconfiné depuis le début de l'année. Il a enquillé dix victoires d'affilée, championnat et Coupe de France confondus, et est remonté jusqu'à la cinquième place (29 pts). « La défaite à Mérignac (24-21, le 24 octobre) a été un déclic, confie Noémie Lachaud. Nous étions dans une série négative, nous avions deux blessées à cette époque. On a essayé de se remettre toutes dans le même sens, avec un projet collectif. Nous voulons aller le plus loin possible. Si on est épargnées par les blessures, on a encore de belles choses à faire. » Avant de recevoir Metz dimanche après-midi, seule Marija Colic est incertaine.
Dans l'hypothèse où les deux favoris tiennent leur rang, le véritable sel de ces play-offs de secours se situera dans leur dos. De Nantes (3ème, 31 pts) à Bourg-de-Péage (8ème, 26 unités), invité pour la première fois dans le grand octogone, le peloton est groupé en cinq longueurs. Autrement dit, tout peut aller très vite dans un sens ou dans l'autre. « Toutes les équipes sont en capacité de battre tout le monde. C'est l'équipe qui commettra le moins d'erreurs qui sera la mieux placée », envisage le coach ligérien Guillaume Saurina. Sa formation aura « sept finales à jouer », sans négliger ses quarts de Coupe EHF (contre Zvenigorod, fin mars-début avril) et de France (à Fleury-les-Aubrais, le 7 avril). « On va se concentrer sur nous-mêmes. On est capables, aujourd'hui, de faire du très, très bon, et par moments du moins bon. On va essayer de réduire au maximum nos temps faibles, capitaliser sur nos temps forts, et tout jouer de la première à la soixantième minute. »
Chambray très accueillant
De la régularité, il en faudra au NAH pour juguler la pression de Paris 92 (4ème, 30 points), qui débutera par deux réceptions (Bourg-de-Péage dimanche) sa mission de « finir dans les quatre premiers », énoncée par Catherine Gabriel, échaudée par l'éviction de la Coupe EHF avec une seule défaite en poule sur le terrain. La pression de Niçoises libérées, donc, mais aussi celle de Bisontines (6ème, 29 unités) désireuses de terminer dignement l'ère Raphaëlle Tervel, et celle de Chambray-les-Tours (7ème, 28 pts), qui disposera d'une botte pas si secrète, découlant de ce format singulier : cinq rencontres à domicile. « C'est un plus, convient Nina Brkljacic. Il faut profiter de cette chance de recevoir. Nous ne nous cachons pas : nous cherchons une place européenne. » Une fois encore, pour les compétitions continentales, la demande sera largement supérieure à l'offre...