Disposer d'une ailière gauche doubienne, formée et révélée à Besançon, c'est une règle tacite dans le groupe France. Or, en cette première semaine internationale post-olympique, Chloé Valentini a reçu une dispense de stage (comme Nze Minko, Foppa et Flippes) pour services rendus à la nation. Afin d'assurer la continuité de l'appellation géographique protégée, et accessoirement d'épauler Coralie Lassource, Marine Dupuis arrive chez les Bleues. Née à Pontarlier, marquée au fer rouge par l'ESBF (elle y a passé 22 saisons), la capitaine de l'OGC Nice depuis la rentrée prolonge ainsi son acclimatation réussie sur la Côte d'Azur : quatrième meilleure buteuse de la Ligue (6 buts par rencontre), quatrième place en championnat.
Avec Suzanne Wajoka, l'actuelle tenancière du coin gauche bisontin, Clarisse Mairot qui respire à pleins poumons l'air brestois, et l'arrière gauche parisienne Coura Kanouté, la spécialiste des jets de 7 mètres symbolise l'ouverture, à dose homéopathique s'entend, du collectif par son nouveau boss, Sébastien Gardillou. A un âge (32 ans) auquel certains et certaines cessent leur carrière internationale, ou y pensent fort, Dupuis démarre la sienne en A. Une précision d'importance : à l'été 2012, elle partageait son poste avec Manon Houette dans la sélection U20 médaillée d'argent mondiale. « Entre les anciennes Nantaises (Horacek, Ondono, Grandveau, André), les anciennes Bisontines (Mairot, Granier), et celles que j'avais côtoyées en équipe de France juniors (Glauser, Zaadi) », le comité d'accueil qu'elle énumère lui était très familier...
Marine, votre convocation en bleu (le 1er octobre) a-t-elle été une immense surprise ?
C'était une sacrée surprise, une belle récompense. J'étais très heureuse, très émue. J'avais hâte d'être à ce stage, de le commencer. Après, j'étais déjà dans la liste des réservistes pour les JO. Je devais faire une préparation physique individuelle.
Quatre jours de vie commune avant le premier test-match, est-ce suffisant pour s'imprégner de tous les codes de la maison ?
Il y a énormément de choses à apprendre, de systèmes à découvrir et à mettre en pratique. Il n'y a pas beaucoup de séances avant les matches amicaux, il faut donc vite les intégrer, vite les comprendre. Je travaille de mon côté pour essayer de compenser mon retard, pour que ça ne se voie pas sur le terrain.
Tactiquement, ce que vous voyez de l'intérieur diffère-t-il beaucoup de ce que vous observiez de l'extérieur ?
Quand je regardais l'équipe de France, c'était en tant que spectatrice, fan. Je ne déchiffrais pas tous les systèmes de jeu. Il y a beaucoup de choses faites pendant les JO qu'on retrouve actuellement à l'entraînement. On prend le temps, Sébastien Gardillou nous explique. J'ai eu des vidéos en plus, pour vite m'imprégner du projet. Là, c'est plus précis, je comprends mieux pourquoi c'est fait, pour quelle joueuse. C'est hyper intéressant.
Doit-on en déduire que le nouveau sélectionneur s'inscrit entièrement dans la continuité d'Olivier Krumbholz ?
La prochaine compétition arrive très vite (l'Euro, 30 novembre-15 décembre), avec un stage maintenant et un stage en novembre. Comme il l'a dit, on a déjà commencé la préparation de la compétition. Il va s'appuyer sur ce qui a marché, sur les qualités des filles, leur habitude de jouer et bien jouer, et peaufiner des choses.
Le lieu du premier France – Hongrie de la semaine n'est pas neutre. Vous avez en effet joué à Toulon de 2020 à 2022. Gardez-vous d'agréables souvenirs de cette période ?
Ces deux saisons ont été très importantes pour moi. Juste après Besançon, je recherchais du temps de jeu. J'avais envie de m'épanouir, de découvrir autre chose. Après 22 ans à Besançon, j'avais l'impression d'avoir fait le tour, même si je m'y sentais encore très bien. J'ai rencontré de superbes personnes à Toulon, pu ouvrir mon handball, et faire encore plus de choses.
« Rester moi-même » chez les Bleues, c'est un leitmotiv répété à longueur d'interview ces jours-ci. Est-ce possible quand on représente son pays, a fortiori pour la première fois ?
Quand je dis cela, c'est surtout dans ma combativité, mon envie de ne rien lâcher quoi qu'il arrive. Toujours être positive, donner le meilleur de moi-même, quoi qu'il arrive et quel que soit le maillot. C'est vrai qu'en équipe de France, il faut être très rigoureuse. Et en tant qu'ailière, on n'a pas forcément droit à l'erreur. Il faut donc être performante, vraiment au niveau. Ca ajoute une pression.
La double confrontation avec la Hongrie, est-ce une chance de postuler pour l'Euro à ne pas laisser passer ?
C'est ce que j'ai en tête. Si je suis performante, j'ai envie d'aller au bout et de faire une compétition. En espérant que cela puisse aider l'équipe.
France – Hongrie (match amical), jeudi 24 octobre au Palais des sports de Toulon. Coup d'envoi à 21h10. Diffusion sur L'Equipe et beIN Sports 1. Second match samedi 26 octobre, à Tremblay-en-France (17h15).