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Delphine Royer marquera obligatoirement l'histoire

France

mercredi 26 mars 2025 - © Yves Michel

 5 min 56 de lecture

A la prochaine rentrée, Delphine Royer aura déménagé. Après trois années passées à la Montpellier Academy HB, elle change de climat et d'environnement pour prendre la direction du centre de formation de Chartres. Mais sa mission avec "ses" gamins dans l'Hérault n'en est pas pour autant terminée. Il y a le championnat de France UNSS qu'elle veut mener à bien avec le lycée Jean Mermoz, une qualification pour le Final Four des Moins de 18 ans et un recrutement pour l'univers chartrain qu'elle doit verrouiller.

Toujours ce regard bienveillant et maternel à l'égard de "ses" minots qu'elle dorlote sans les ménager depuis trois saisons au sein de l'Académie de Montpellier. Delphine Royer est sur le point d'entrer dans l'histoire du handball hexagonal en devenant la 1ère femme à prendre la responsabilité d'un centre de formation. Ce sera à Chartres dès l'été prochain. Tout en accompagnant les joueurs de la section sportive du lycée Mermoz de Montpellier, cette semaine au championnat de France Lycée Garçons Excellence à Tournefeuille (l'équipe s'est brillamment qualifiée pour la poule haute du 2ème tour) et en ayant à court terme, l'objectif de valider le plus rapidement possible, son billet pour le Final Four du championnat de France avec les moins de 18 ans du MHB, la technicienne d'origine mosellane a un emploi du temps très chargé. D'autant qu'elle met la touche finale au recrutement de la structure de formation chartraine.

Delphine Royer est le style de fille que tout le monde aimerait avoir comme... pote ! Elle n'élève jamais la voix, trouve toujours les mots justes pour faire passer ses idées et a un pouvoir de persuasion inégalé. Sa progression dans un monde quasiment composé en totalité de "mecs" n'a jamais été démentie et sa légitimité, jamais contestée. Flashback sur une ascension fulgurante et sur ce nouveau cap qu'elle s'apprête à donner à sa vie professionnelle. « Je pensais vraiment rester à Montpellier sur du long terme mais ce qu’on ne m’a pas proposé ici, je l’ai trouvé dans le projet chartrain. Il tourne essentiellement autour des jeunes joueurs et il y a une véritable passerelle pour moi et pour eux avec le secteur pro. Quand je suis allé sur place, j’ai senti beaucoup de confiance de la part des dirigeants. » Que de chemin parcouru depuis que la jeune Messine a remisé dans le placard, sa tenue de joueuse pour se lancer dans le coaching. « A 18 ans, je me suis ‘’fait les croisés’’ et comme l’équipe de ma sœur cherchait un entraîneur, j’ai saisi l’opportunité. Avec le recul, je suis convaincue que j’ai pris la bonne décision. De toute façon comme joueuse, je n’étais pas destinée au très haut niveau (sourires). » Après plusieurs expériences dans la région mosellane, c’est à Metz qu’elle commence à asseoir sa notoriété. Très vite, elle devient adjointe au centre de formation de la structure multi-étoilée et s’occupe de la N1. Et puis un message en provenance du sud de la France, vient chambouler tous les projets. « Je n’avais pas l’intention de quitter l’Est mais David Degouy (voir plus bas), m’a proposé de rejoindre la MHB Academy avec la responsabilité des U18 France. J’ai eu plusieurs entretiens avec lui et bien-sûr avec Patrice Canayer. Très vite, j’ai réalisé qu’on partageait les mêmes valeurs même si j’ai une culture différente sur le coaching, je suis influencée par le hand nordique et allemand. Mon ADN, c’est bien défendre et beaucoup courir. Et je ne fais aucun distingo entre les filles et les garçons. Il y a des choses à prendre partout. » L’expérience aurait pu être semée d’obstacles mais Delphine Royer a su délimiter un cadre afin que l’adhésion soit complète. « En 3 ans au MHB, je n’ai jamais eu de problèmes avec les garçons. Dès le moment où ce que tu fais est convaincant, ça se passe bien. Je trouve même qu’ils sont plus protecteurs. S’ils te sentent en danger, ils te défendent. Et même certaines fois, je dois les freiner (rires). » La blondinette aux longs cheveux est insatiable. Si l’objectif pour les U18 du MHB est de participer au Final Four (et depuis le succès face à Nice il y a une semaine et demie, cela se présente plutôt bien), c’est aussi avec le lycée Jean Mermoz où elle intervient régulièrement qu’elle a un autre défi à relever. L'équipe composée à 100% d’éléments de la MHB Academy est engagée en championnat de France scolaire repêchée après des "inter-académiques" perdus face au poil-à-gratter toulousain. Et c'est en banlieue de la ville rose, que Delphine et son inséparable Rodolphe Palau ont retrouvé les onze autres délégations dont celle du lycée Raymond Naves. « Je crois au destin et à la chance. C’est vrai, lors du dernier tournoi de qualif, alors qu’il nous manquait quelques joueurs, on a été battu par Toulouse. On a longtemps mené, on a dépensé beaucoup d’énergie et il faut reconnaître qu’on n’a pas été avantagé par l’arbitrage. A Tournefeuille, il n’y a pas d’esprit de revanche mais tout simplement l’envie de montrer ce qu'on vaut et surtout, aller au bout. » Après une entrée en matière plutôt difficile avec une défaite face au lycée Emile Zola d'Aix et un carton rouge infligé à Arnaud Diaz qui privera l'ailier ce jeudi, du 1er match du 2ème tour, Mermoz a bien redressé la barre en s'imposant de six unités face au lycée de Tocqueville de Cherbourg. Sur cette rencontre, la formation héraultaise a perdu un joueur, son arrière droit, Léo Gisbert-Pinedo victime d'une commotion cérébrale et évacué par le SAMU. La revanche face à Toulouse n'est pas encore au programme mais elle pourrait intervenir ce vendredi.  


Delphine Royer, vue par… David Degouy. 
Il en parle avec un profond respect et une certaine fierté. Leurs destins se sont séparés lorsqu’en plein mois de juillet, il a quitté ses fonctions de responsable de la MHB Academy et s'est mis au service de l’USAM Nîmes. David Degouy n’a pas arrêté pour autant de suivre le parcours de Delphine Royer. « En juin 2022, on cherchait un profil féminin et dans les titres 5-6, il y en a peu. Elle n’a pas frappé à la porte de l’Academy, c’est moi qui l’ai appelée. Elle a vite fait l’unanimité de par la dynamique qu’elle met dans l’entraînement et dans la vie du groupe. Daniel Costantini disait qu’un entraîneur doit être entraînant. Delphine, c’est tout à fait ça. Il n’a pas été nécessaire de lui donner du temps, elle s’est vite intégrée au fonctionnement de l’Academy. Et je ne suis pas étonné de sa progression. Elle s’intéresse à tout, c’est ce qui fait aussi sa richesse. » 1ère féminine à prendre la direction d’un centre de formation d’un club pro masculin. Doit-elle être considérée comme une pionnière qui va ouvrir une voie ? « Pourquoi pas. Il existe aujourd’hui des passerelles entre l’entraîneur masculin et féminin. Elle a je crois, un penchant pour coacher des garçons et je trouve que c’est un plus pour eux, d’avoir une fille à leur tête. » Ceux de Mermoz nagent apparemment en plein bonheur !

Delphine Royer marquera obligatoirement l'histoire 

France

mercredi 26 mars 2025 - © Yves Michel

 5 min 56 de lecture

A la prochaine rentrée, Delphine Royer aura déménagé. Après trois années passées à la Montpellier Academy HB, elle change de climat et d'environnement pour prendre la direction du centre de formation de Chartres. Mais sa mission avec "ses" gamins dans l'Hérault n'en est pas pour autant terminée. Il y a le championnat de France UNSS qu'elle veut mener à bien avec le lycée Jean Mermoz, une qualification pour le Final Four des Moins de 18 ans et un recrutement pour l'univers chartrain qu'elle doit verrouiller.

Toujours ce regard bienveillant et maternel à l'égard de "ses" minots qu'elle dorlote sans les ménager depuis trois saisons au sein de l'Académie de Montpellier. Delphine Royer est sur le point d'entrer dans l'histoire du handball hexagonal en devenant la 1ère femme à prendre la responsabilité d'un centre de formation. Ce sera à Chartres dès l'été prochain. Tout en accompagnant les joueurs de la section sportive du lycée Mermoz de Montpellier, cette semaine au championnat de France Lycée Garçons Excellence à Tournefeuille (l'équipe s'est brillamment qualifiée pour la poule haute du 2ème tour) et en ayant à court terme, l'objectif de valider le plus rapidement possible, son billet pour le Final Four du championnat de France avec les moins de 18 ans du MHB, la technicienne d'origine mosellane a un emploi du temps très chargé. D'autant qu'elle met la touche finale au recrutement de la structure de formation chartraine.

Delphine Royer est le style de fille que tout le monde aimerait avoir comme... pote ! Elle n'élève jamais la voix, trouve toujours les mots justes pour faire passer ses idées et a un pouvoir de persuasion inégalé. Sa progression dans un monde quasiment composé en totalité de "mecs" n'a jamais été démentie et sa légitimité, jamais contestée. Flashback sur une ascension fulgurante et sur ce nouveau cap qu'elle s'apprête à donner à sa vie professionnelle. « Je pensais vraiment rester à Montpellier sur du long terme mais ce qu’on ne m’a pas proposé ici, je l’ai trouvé dans le projet chartrain. Il tourne essentiellement autour des jeunes joueurs et il y a une véritable passerelle pour moi et pour eux avec le secteur pro. Quand je suis allé sur place, j’ai senti beaucoup de confiance de la part des dirigeants. » Que de chemin parcouru depuis que la jeune Messine a remisé dans le placard, sa tenue de joueuse pour se lancer dans le coaching. « A 18 ans, je me suis ‘’fait les croisés’’ et comme l’équipe de ma sœur cherchait un entraîneur, j’ai saisi l’opportunité. Avec le recul, je suis convaincue que j’ai pris la bonne décision. De toute façon comme joueuse, je n’étais pas destinée au très haut niveau (sourires). » Après plusieurs expériences dans la région mosellane, c’est à Metz qu’elle commence à asseoir sa notoriété. Très vite, elle devient adjointe au centre de formation de la structure multi-étoilée et s’occupe de la N1. Et puis un message en provenance du sud de la France, vient chambouler tous les projets. « Je n’avais pas l’intention de quitter l’Est mais David Degouy (voir plus bas), m’a proposé de rejoindre la MHB Academy avec la responsabilité des U18 France. J’ai eu plusieurs entretiens avec lui et bien-sûr avec Patrice Canayer. Très vite, j’ai réalisé qu’on partageait les mêmes valeurs même si j’ai une culture différente sur le coaching, je suis influencée par le hand nordique et allemand. Mon ADN, c’est bien défendre et beaucoup courir. Et je ne fais aucun distingo entre les filles et les garçons. Il y a des choses à prendre partout. » L’expérience aurait pu être semée d’obstacles mais Delphine Royer a su délimiter un cadre afin que l’adhésion soit complète. « En 3 ans au MHB, je n’ai jamais eu de problèmes avec les garçons. Dès le moment où ce que tu fais est convaincant, ça se passe bien. Je trouve même qu’ils sont plus protecteurs. S’ils te sentent en danger, ils te défendent. Et même certaines fois, je dois les freiner (rires). » La blondinette aux longs cheveux est insatiable. Si l’objectif pour les U18 du MHB est de participer au Final Four (et depuis le succès face à Nice il y a une semaine et demie, cela se présente plutôt bien), c’est aussi avec le lycée Jean Mermoz où elle intervient régulièrement qu’elle a un autre défi à relever. L'équipe composée à 100% d’éléments de la MHB Academy est engagée en championnat de France scolaire repêchée après des "inter-académiques" perdus face au poil-à-gratter toulousain. Et c'est en banlieue de la ville rose, que Delphine et son inséparable Rodolphe Palau ont retrouvé les onze autres délégations dont celle du lycée Raymond Naves. « Je crois au destin et à la chance. C’est vrai, lors du dernier tournoi de qualif, alors qu’il nous manquait quelques joueurs, on a été battu par Toulouse. On a longtemps mené, on a dépensé beaucoup d’énergie et il faut reconnaître qu’on n’a pas été avantagé par l’arbitrage. A Tournefeuille, il n’y a pas d’esprit de revanche mais tout simplement l’envie de montrer ce qu'on vaut et surtout, aller au bout. » Après une entrée en matière plutôt difficile avec une défaite face au lycée Emile Zola d'Aix et un carton rouge infligé à Arnaud Diaz qui privera l'ailier ce jeudi, du 1er match du 2ème tour, Mermoz a bien redressé la barre en s'imposant de six unités face au lycée de Tocqueville de Cherbourg. Sur cette rencontre, la formation héraultaise a perdu un joueur, son arrière droit, Léo Gisbert-Pinedo victime d'une commotion cérébrale et évacué par le SAMU. La revanche face à Toulouse n'est pas encore au programme mais elle pourrait intervenir ce vendredi.  


Delphine Royer, vue par… David Degouy. 
Il en parle avec un profond respect et une certaine fierté. Leurs destins se sont séparés lorsqu’en plein mois de juillet, il a quitté ses fonctions de responsable de la MHB Academy et s'est mis au service de l’USAM Nîmes. David Degouy n’a pas arrêté pour autant de suivre le parcours de Delphine Royer. « En juin 2022, on cherchait un profil féminin et dans les titres 5-6, il y en a peu. Elle n’a pas frappé à la porte de l’Academy, c’est moi qui l’ai appelée. Elle a vite fait l’unanimité de par la dynamique qu’elle met dans l’entraînement et dans la vie du groupe. Daniel Costantini disait qu’un entraîneur doit être entraînant. Delphine, c’est tout à fait ça. Il n’a pas été nécessaire de lui donner du temps, elle s’est vite intégrée au fonctionnement de l’Academy. Et je ne suis pas étonné de sa progression. Elle s’intéresse à tout, c’est ce qui fait aussi sa richesse. » 1ère féminine à prendre la direction d’un centre de formation d’un club pro masculin. Doit-elle être considérée comme une pionnière qui va ouvrir une voie ? « Pourquoi pas. Il existe aujourd’hui des passerelles entre l’entraîneur masculin et féminin. Elle a je crois, un penchant pour coacher des garçons et je trouve que c’est un plus pour eux, d’avoir une fille à leur tête. » Ceux de Mermoz nagent apparemment en plein bonheur !

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