À quelques jours des quarts et demi-finales de la Coupe de France départementale masculine (20 avril), HandZone est allé à la rencontre des derniers clubs en lice, dont le rêve, d’atteindre Bercy, n’a jamais été aussi proche. Portés par la passion du handball, et surmontant des obstacles financiers et logistiques inhabituels, chaque rencontre est une épreuve de force qui illumine la vie des clubs. En atteignant les quarts, une envie trotte dans la tête de tous ces dirigeants et joueurs « Et si c’était nous ! »
La Coupe, un impact crucial sur les clubs
Les défis économiques sont au cœur de cette aventure. Comme l’exprime Théo Sabatier, Président du Coudon Gapeau, : « Les déplacements sur de longues distances parfois jusqu’à 1200 km aller-retour, entraînent des coûts d’hébergement et de logistique qui ne sont que partiellement remboursés par la fédération. Ce décalage de trésorerie peut mettre en péril les finances d’un club et oblige les dirigeants à redoubler d’efforts pour attirer des sponsors. Chaque voyage devient ainsi une opération financière stratégique, où chaque euro compte pour maintenir la compétitivité et la pérennité du club. » Pour Cyrille Carillo, président de Lourdes, c’est aussi un moyen d’attirer de nouveaux partenaires : « Ça représente un défi de taille pour notre club amateur. Nous travaillons activement à la recherche de sponsors afin de financer ce long déplacement, incluant le transport et l’hébergement. »
Au-delà de l’aspect financier, l’organisation des déplacements, le recrutement d’un bus pour transporter les supporters et la mobilisation de toute une communauté exigent une coordination sans faille. Les clubs apprennent à gérer des contraintes logistiques d’envergure, à anticiper les imprévus et à créer une véritable cohésion autour d’un objectif commun comme nous explique Antonin Van Der Straeten, responsable sportif du Bourg et du lac : « On a affrété un bus pour les quarts, Besançon est à 3h30 de route, les joueurs partiront la veille, à notre niveau, c’est impensable d’habitude ! » Cette gestion rigoureuse, souvent menée par de petits bureaux composés de quelques bénévoles passionnés, transforme chaque déplacement en une expérience collective inoubliable comme nous témoigne le président de Coudon Gapeau : « Le club était au bord du gouffre il y a deux ans, notre bureau est composé de trois joueurs seniors, du coach senior et d’une maman de jeune joueur. Et ce parcours en coupe de France est en quelque sorte la concrétisation de notre travail et montre l’implication de toutes les personnes qui sont à nos côtés et qui sont indispensables à cette réussite. »
Cette Coupe de France renforce le sentiment d’appartenance et insuffle une dynamique de groupe qui transcende le simple cadre sportif L’engouement des supporters, l’attention des médias locaux comme à Lourdes (ou le club connaît une forte progression de ses réseaux) et même l’intérêt des autorités municipales De nombreux éléments viennent souligner la portée sociale de cette aventure comme nous rappelle Antonin Van Der Straeten: « Des médias nationaux du handball nous ont contactés, le Dauphiné Libéré a nommé un de nos joueurs parmi les sportifs du mois en Savoie, à notre échelle, c’est très inhabituel. On est très suivi localement, la mairie s’intéresse plus à nous qu’à l’accoutumée. »

Une véritable aventure humaine au sein des collectifs
Au fil des tours, quelque chose d’invisible mais profondément réel s’est tissé entre les joueurs : une complicité, une solidarité, une foi commune en l’impossible. Car si la Coupe de France départementale est un rêve de ballon, elle est avant tout une aventure humaine. À Bourg et du Lac, on parle d’un renouveau. Après une saison compliquée, cette campagne a ravivé la flamme. « Être à deux victoires de Bercy, forcément, ça donne des idées et on est ambitieux. Le groupe est mobilisé et ça a redonné de la vie au club après une année difficile ! » L’adrénaline des victoires, le frisson des matchs couperets… Le sport amateur n’a rien à envier au monde pro quand il s’agit de vraies émotions.
Au Blanc Mesnil, Ahmed Masmoudi, l’entraîneur de l’équipe sénior, mesure l’impact de l’épopée bien au-delà du terrain. C’est toute une génération, soudée depuis l’enfance dans ce club, qui s’offre un rêve en commun : « Sur les sept tours qu’on passe, on en a joué 6 à l’extérieur : ça forge un groupe ! 95 % de mes joueurs n’ont jamais connu un autre club que Le Blanc Mesnil HB. Ils jouent ensemble depuis qu’ils sont petits. Alors pouvoir s’offrir cette aventure, c’est une chance dont ils se rappelleront longtemps ! » témoigne l’entraîneur. Ce genre de parcours soude à vie. Il développe la maturité, la confiance, et crée des souvenirs indélébiles. Et en toile de fond, un juste travail de fond : du jeu sans gardien aux séances spécifiques de penalty, chaque détail compte. Et tout cela dans une atmosphère d’excitation plus que de pression. Du pur handball de passionnés.
Même son de cloche du côté de Lourdes, où la magie opère chaque week-end. « Ce groupe ne cesse de surprendre et de repousser ses limites. » Là aussi, l’énergie collective dépasse les attentes. Il n’y a plus de petits clubs, il n’y a que des histoires de cœur, de sueur, et de courage.

Bercy, un rêve à portée de main
Dans moins d’une semaine, deux clubs seulement auront le luxe ultime de célébrer leur qualification en finale à Bercy. Si certains se projettent et souhaitent anticiper, d’autres ne préfèrent pas y penser et se concentrer sur ce nouveau week-end de qualification. Du côté du Blanc Mesnil, on garde la tête froide, sans cacher les ambitions. « Je vais aussi leur rappeler de ne pas brûler les étapes, de ne pas se voir déjà à Bercy avant de jouer le quart contre Coudon Gapeau. Mais oui, c’est sûr : on veut notre place à Bercy et on fera tout pour y être ! » Un équilibre entre humilité et envie, entre gestion du présent et projection sur l’impossible.
Même prudence à Orvault avec le président Emmanuel Bignan et l’entraîneur, Maël Clement où l’objectif est clair, mais pas question de s’égarer : « Évidemment, Bercy est dans un coin de nos têtes. En ce qui concerne l’organisation, nous avançons étape par étape. Il serait prématuré de planifier quoi que ce soit pour Bercy tant que nous n’avons pas franchi cette dernière étape. » Une gestion rigoureuse, à l’image du sérieux avec lequel ces clubs amateurs abordent cette compétition hors norme.
L’approche se veut plus festive, plus spontanée chez la présidente d’Épernon, Audrey Kekener où l’on garde en mémoire les émotions de 2023 (finale CDF régionale) « L’objectif est avant tout de prendre un maximum de plaisir et si la victoire est au bout, c’est encore mieux ; mais cela ne nous empêchera pas de faire la fête, peu importe l’issue de l’événement ! »
Et puis il y a Lourdes, où l’on ose rêver grand, tout en préparant chaque détail pour que le rêve devienne réalité. « Atteindre la finale à l’Accor Arena est un rêve pour nos seniors, et pour tout le club. Conscients du potentiel de notre équipe, nous anticipons déjà une éventuelle qualification à Paris… » Dans ces clubs, ce n’est pas seulement un match qui se prépare, c’est un moment de vie. Un instant suspendu, entre fierté et frissons, où des amateurs, des vrais, peuvent toucher du doigt un lieu mythique, devant leurs familles, leurs amis, leurs communes entières.
Et si le handball amateur, c’était justement ça : prouver que les plus belles histoires naissent parfois loin des projecteurs, mais tout près du cœur.
Programme des quarts et demi-finales de la Coupe de France départementale masculine :
Quarts de finales
QF1 : Lourdes / Blangy Bouttencourt
QF2 : Epernon / Orvault
QF3 : Coudon Gapeau / Blanc-Mesnil
QF4 : Le Bourg et du Lac / Strasbourg ASPTT
Demi-finales
DF1 : Vainqueur du QF1 / Vainqueur du QF2
DF2 : Vainqueur du QF3 / Vainqueur du QF4
Rendez-vous le week-end du 17-18 mai à l’Accor Arena pour vivre cette grande finale.